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appela Dominique, qui donnait alors des
leçons publiques d'Écriture sainte à Pa-
lencia. Ses biographes racontent en dé-
tail ses prières ferventes, ses études et
les austérités qu'il pratiqua dès qu'il fut
nommé chanoine et sous-
- prieur. Il ac-
compagna son évêque en France, quand
il alla négocier le mariage d'Alphonse IX
avec la fille du comte de la Marche; il
l'accompagna encore quand il alla cher-
cher la princesse, qu'ils trouvèrent morte,
et quand il se rendit à Rome pour de-
mander à Innocent III la permission
d'instruire les Albigeois (voy.).

c'est ce qu'il fit l'année suivante, ayant fait le voyage de Toulouse pour les dresser et étant retourné à Rome pour les présenter à Honorius III, successeur d'Innocent, qui les approuva et le nomma lui-même maître du sacré Palais. A dater de cette époque il parcourut, pendant trois ou quatre ans, l'Italie, la France et l'Espagne pour les intérêts de son ordre et la prédication de la foi. On rapporte de lui plusieurs miracles, parmi lesquels on remarque la résurrection du jeune Napoléon, neveu d'un cardinal, et à laquelle on attribue une prodigieuse influence. En 1219 il fixa sa résidence à Bologne, d'où il ne faisait des excursions que dans les villes voisines, em

devoirs de son état. Il y mourut le 6 août
1221. Il ne reste aucun ouvrage de lui 2
quoiqu'il en ait composé. Il existe plu-
sieurs Vies de saint Dominique, mais la
plus étendue et la plus estimée est celle
que publia le P. Touron en 1739, Pa-
ris, 1 vol. in-4o.
J. L.

De retour à Montpellier en 1205, ils virent avec peine que douze abbés de Citeaux employassent, pour la conversion des Albigeois, la terreur au lieu deployant tout son temps à la pratique des la persuasion; Dominique fit des représentations qui eurent quelque succès. Séparé des Cisterciens et de son évêque, le zélé missionnaire en obtint de plus grands par l'éloquence de ses sermons, par ses conférences et par les écrits qu'il composa et qu'il fit lire aux Albigeois. Il ne prit aucune part aux cruelles exécutions qui suivirent en 1208 le massacre de Pierre de Castelnau. Les dominicains et même les bollandistes ont soin d'insister là-dessus pour venger saint Dominique de l'accusation d'avoir fondé le tribunal de l'Inquisition (voy.), tel qu'il existait dans ces derniers temps.Selon l'abbé Fleury et plusieurs autres écrivains, le plan de ce tribunal tracé par le concile de Vérone, en 1184, reçut quelques développements en 1204 par Pierre de Castelnau et les douze abbés de Citeaux, mais ne fut parfaitement organisé qu'en 1229 par le concile de Toulouse.

En 1206 Dominique fonda le monastère de Notre-Dame-de-Prouille, qui a toujours été regardé comme le berceau et le chef-lieu des religieuses dominicaines. Quelques années après, il institua la dévotion du rosaire, et en 1215 il établit l'ordre des frères précheurs dans la ville de Toulouse (voy. DOMINICAINS). Il en partit aussitôt pour Rome où il assista au quatrième concile de Latran et obtint d'Innocent III l'approbation verbale de son ordre. Il ne lui manquait que d'en rédiger les constitutions et de les soumettre à l'autorité du Saint-Siége:

DOMINIQUE (PIERRE-FRANÇOIS BIANCOLELLI, dit), l'un des acteurs-auteurs qui surent obtenir des succès dans les deux genres, naquit à Paris en 1681. Il était fils de l'un des meilleurs comédiens de la troupe italienne appelée à Paris sous le règne de Louis XIV, de celui qui, par une ingénieuse équivoque, avait obtenu du monarque, pour lui et ses camarades, la permission de jouer des pièces en langue française. Un avocat au parlement, parrain du jeune Biancolelli, le plaça au collège des Jé¬ suites, où il fit de très bonnes études, dont sans doute les révérends pères espéraient un autre résultat. Mais leur élève avait de bonne heure deviné sa double vocation: aussi, au sortir du collége, engagé dans une troupe de province sous le nom de Dominique, déjà illustré par son père, il se rendit bientôt célèbre, ainsi que lui, dans les rôles et sous le masque d'Arlequin.

Revenu à Paris en 1710, il y fut un des soutiens du théâtre forain de l'Opéra-Comique, jusqu'au moment où, par ordre du régent, il fut admis dans la troupe de la nouvelle comédie italienne, qui, malgré ce titre, ne jouait que des

pièces françaises, presque toujours mê- | rissée de montagnes volcaniques dont

lées de couplets.

Dominique qui, dans ses voyages dramatiques, s'était déjà exercé à la composition, fut très utile à ses camarades par sa fécondité, et surtout par l'esprit et la gaîté de ses ouvrages; ces qualités brillaient surtout dans ses parodies. CEdipe travesti et le Mauvais ménage parurent deux critiques fort plaisantes des deux premières tragédies deVoltaire, et Agnès de Chaillot, parodie de l'Inès de Castro de Lamothe, a conservé la réputation de l'un des chefs-d'œuvre du genre.

A la vérité, Dominique eut dans presque tous ces ouvrages des collaborateurs, tels que Legrand, Romagnesi et les deux Riccoboni, dont le talent seconda puissamment le sien; mais ces associations tournaient au profit des plaisirs du public, qui les adopte encore aujourd'hui; car, ainsi que l'a dit feu Piis dans la pièce où il mit Dominique en face du fameux Santeul :

Le Pégase du Vaudeville, Comme celui des fils Aymon, Porte souvent dans le sacré vallon

Deux, trois, quatre auteurs à la file.

On sait que ce fut le poète génovéfain, l'auteur de nos plus belles hymnes d'église, qui, à la sollicitation de Dominique, lui donna, pour le rideau de son théâtre, cette célèbre devise ou inscription Castigat ridendo mores, qui fut loin d'être toujours justifiée.

Dominique ne se borna pas, comme acteur, à hériter de la renommée paternelle dans les rôles d'arlequin; il créa, à la comédie italienne, le personnage de Trivelin, valet rusé et fécond en ressources, le pendant de notre Scapin. Regretté également du public et de sa troupe, il mourut en 1734, à peine âgé

de 53 ans.

M. O. DOMINIQUE, en anglais Dominica, île des Indes-Occidentales, et l'une des petites Antilles située sous 15° 30' de lat. sept. et sous 63° 36' de long. occid., a été découverte par Christophe Colomb, qui la nomma Dominica, parce que le jour où il y aborda était un dimanche. Cette ile petite, mais très fertile, est hé

quelques-unes lancent encore des flammes, de la fumée et du soufre brûlant. Ces volcans chauffent aussi sans doute les sources thermales qui jaillissent au bas des montagnes ; d'autres sources sont bitumineuses. Une belle végétation couvre ici, comme ailleurs, les vallées au bas des volcans. Les forêts de l'île donnent de l'acajou, du bois de rose et d'autres bois des climats tropicaux. Dans ces forêts on recueille aussi beaucoup de cire et de miel dus à des abeilles qui paraissent avoir été transportées de l'Europe. Les principales denrées coloniales de la Dominique sont le café et le coton, qui y réussissent parfaitement. Cependant on récolte aussi une quantité assez considérable de sucre, et l'on exporte en outre du rhum. On évalue les exportations annuelles à plus de 6 millions de francs. Du temps de l'esclavage, on comptait dans cette petite ile, 16,000 nègres sur 4,000 blancs d'origine espagnole, anglaise et française. Ces trois nations ont en effet possédé l'île. Les Anglais la prirent en 1763, et quoique les Français la leur aient enlevée dans la guerre de l'indépendance de l'Amérique, elle leur fut restituée en 1783. Les ouragans y font quelquefois des ravages terribles. Toute l'île n'a que 10 lieues de long, et ses côtes offrent une grande ressource pour la pêche. D-G.

DOMINIQUIN (DOMINIQUE ZAMPIERI, dit DOMENICHINO, en français le), naquit à Bologne en 1581. Son père était cordonnier, mais il n'en fut pas moins initié de bonne heure à la connaissance des sciences et des lettres, qu'il négligea ensuite, voulant se livrer tout entier à l'étude des arts pour lesquels il avait une vocation plus déterminée. Il devint à la fois peintre, sculpteur, architecte et musicien distingué. Denis Calvart, peintre flamand établi à Bologne, lui donna les premières leçons de son art, mais il resta peu de temps sous la direction de ce maître qui, l'ayant surpris comme il dessinait d'après une gravure d'Augustin Carrache, le chassa ignominieusement de chez lui après l'avoir rudement frappé. Cette mésaventure ouvrit à Zampieri l'atelier des Carraches. Là, travaillant sans re

jamais l'envie ou la jalousie vinssent troubler leur union. Doux, affable, modeste, régulier dans ses mœurs, le Dominiquin méritait d'être aussi heureux qu'il était estimé des âmes honnêtes; mais la jalousie, l'injustice, les intrigues de ses rivaux empoisonnèrent sa vie, tissu inouï d'événements révoltants. L'acharnement de ses ennemis fut tel qu'ils réussirent à fasciner les yeux de la multitude et à faire passer pour détestables des ouvrages que la postérité a rangés au nombre des chefs-d'œuvre de l'art; ils corrompirent ses domestiques, et même son neveu pour arriver à détériorer ses peintures pendant leur exécution, et poussèrent la témérité jusqu'à le menacer du poignard et du poison s'il n'abandonnait pas les fresques de la chapelle du trésor dans l'église de Saint-Janvier de Naples, objet de leur convoitise. C'est avec peine qu'on voit figurer au nombre de ses plus implacables persécuteurs l'Espagnolet et Lanfranc. Après la mort prématurée du Dominiquin, le 15 avril 1641, causée par le chagrin et plus probablement par le poison, Lanfranc obtint l'autorisation de faire abattre plusieurs ouvrages de son rival pour faire place aux siens; non content de ce triomphe, il fit tant, par ses machinations, que la veuve de Zampieri dut rendre la majeure partie des sommes comptées à son mari pour ses travaux.

lâche, effaçant, corrigeant, recommen- | cédés, s'aider réciproquement, sans que çant sans cesse le même dessin, afin d'arriver à la justesse d'expression, à la correction d'un modèle dont chaque nouvelle étude lui dévoilait de nouvelles perfections, il devint la risée de ses camarades qui, prisant davantage la prestesse d'exécution que la science, le goût et le jugement, et prenant ses éternelles irrésolutions pour de l'ineptie, de la lourdeur d'esprit, ou tout au moins pour le fait d'une intelligence bornée, crurent le caractériser en le surnommant le bœuf. Mais Annibal Carrache était trop bon juge pour ne pas reconnaître dans son élève une intelligence peu commune : aussi dit-il aux détracteurs de Zampieri: « Laissez, laissez faire! le bœuf un jour << labourera le champ de la peinture et << le fera prospérer plus qu'aucun de vous << peut-être. Ce pronostic ne tarda pas à acquérir un commencement de vérité. Louis Carrache avait établi parmi ses élèves un concours trimestriel dont le lauréat devenait le prince de l'Académie jusqu'à ce qu'il fût détrôné par un rival plus heureux. Zampieri, trop timide pour faire ouvertement l'essai de ses forces, glissa furtivement son dessin parmi ceux de ses camarades. L'ouvrage fut remarqué et obtint la préférence; mais l'auteur, caché dans un coin, serait resté ignoré si son silence, sa rougeur, son embarras ne l'eussent trahi. On le combla de témoignages d'estime et d'amitié, De tous les grands peintres d'histoire, et dès ce moment il jouit, sous le nom de le Dominiquin est peut-être celui qui a Domenichino ou petit Dominique, au été le plus naturel dans ses compositions. milieu de ses égaux, de la considération S'il a été surpassé dans l'élévation des due à son talent et à son noble caractère. pensées, la richesse et le feu de l'imagiAprès cet éclatant succès, Zampieri nation, rarement il a été égalé pour la se mit à peindre. Ses premiers tableaux correction du dessin; le sien est touse ressentirent de son irrésolution natu- jours vrai, et personne n'a porté plus relle; néanmoins, il devint peu à peu plus loin que lui l'expression sentimentale et expéditif. Une fois sa composition arrè- cette simplicité enchanteresse qui émeut tée, ses contours tracés, on le voyait tra- l'âme en la pénétrant de doux sentivailler sans relâche et prendre à peine le ments. Le beau idéal se rencontre raretemps nécessaire aux besoins de la vie, ment, il est vrai, dans ses ouvrages; mais jusqu'à l'entier achèvement de l'ouvra- il a su si bien choisir sa nature, il l'a ge. Plus tard, quand il se fut lié avec imitée avec une exactitude si parfaite que l'Albane de cette amitié si pure, si dés- ses productions seront à jamais des mointéressée et si rare parmi les hommes dèles précieux. Dans ses paysages, le exerçant une même profession, on vit Dominiquin brille des qualités qui le disles deux émules se communiquer mu- tinguent comme peintre d'histoire. Nul tuellement leurs découvertes, leurs pro-avant lui n'avait aussi bien saisi le ca

ractère du genre et ne l'avait envisagé | touche franche et légère qu'on ne remar

sous un point de vue plus convenable; le premier, il a trouvé le secret d'agrandir un site et d'ajouter à ses charmes sans en altérer la ressemblance. Son œuvre est considérable *; et comment en serait-il autrement, quand l'amour de la gloire lui faisait accepter tous les travaux qu'on lui offrait sans s'inquiéter souvent si les dépenses en modèles et en couleurs n'absorberaient pas toute la rétribution convenue? Son tableau de la Communion de saint Jérôme, que l'on voyait au Louvre sous l'empire, mais qui, en 1815, fut restitué au pape et que le Poussin regardait comme une des trois merveilles de la peinture, ne lui fut payé que 50 écus. Après ce tableau, comparable pour la sublimité de l'expression et du dessin à la Transfiguration de Raphaël et à la Descente de croix de Daniel deVolterre, ses ouvrages à l'huile les plus capitaux sont : le Martyre de Sainte-Agnès, rendu à la ville de Bologne, chef-d'œuvre d'expression qui excite au plus haut degré l'attendrissement, l'admiration et la terreur, le seul qui lui ait peut-être été raisonnablement payé (le Guide, consulté sur ce qu'on devait offrir au peintre pour un tel ouvrage, fixa la somme de 1,200 écus); le Martyre de saint Sébastien; la Vierge du Rosaire; saint Pierre délivré de prison par l'ange, l'un de ses premiers ouvrages. Ses fresques sont pour la plupart des suites de sujets tirés d'une même histoire, comme la Vie de la Vierge, qu'il peignit en 15 tableaux dans la chapelle Nolfi à Fano; la Vie de saint Nil et de saint Barthélemy, en 18 sujets, à Grotto-Ferrata ; l'Histoire d'Apollon, en 10 sujets, au Belvédère à Frascati; les 7 compositions de l'Histoire de Diane, au château de Bassano; les célèbres peintures de l'église de Saint-André della Valle, et celles de l'église de Saint-Janvier à Naples, qui causèrent sa mort. Généralement, ses peintures à fresque ont l'avantage sur ses tableaux à l'huile; on y trouve une fraîcheur et une vivacité de teintes dignes des plus grands coloristes, et cette

(*) Il a été recueilli par Landon, en 158 planches au trait, précédées de la vie de l'artiste, et forme 3 v. in-4°, à Paris, chez Treuttel et Würtz.

que pas dans ses autres ouvrages. Beaucoup de ses tableaux ont poussé au noir par l'effet des mauvaises impressions de ses toiles; ses fresques ont conservé leur éclat. Comme type de sa grande manière de traiter le paysage, nous citerons seulement son Hercule et Cacus et sa Sainte Famille en Égypte, conservés au Musée du Louvre, et son Martyre de SaintPierre Dominicain, à Bologne. Les titres qui placent Zampieri au nombre des architectes distingués du xvnR siècle, sont : l'Église de Saint-Ignace à Rome, dont le plan est son ouvrage ; la grande et belle Porte du palais Lancelotti; le Casino de la villa Ludovisi. Quelques sculptures en marbre au tombeau du cardinal Aguachi, son protecteur, sont les seules productions connues de son ciseau, mais on vante diverses statues dont il a fourni les modèles. L. C. S.

DOMINO. Cet ornement mondain, inventé dans le siècle dernier pour cacher les traits du visage et la forme du corps, au milieu des intrigues du bal masqué, est emprunté, le croirait-on, à l'un des accessoires du costume ecclésiastique. Le camail (voy. ), qui sert à protéger les prêtres contre le froid des grands édifices, reçut le nom de domino, sans doute de quelque passage de la liturgie. La ressemblance que l'on remarqua entre ce costume et celui qu'adoptèrent plus tard les amateurs du bal masqué lui fit conserver son nom, quoique pour un usage bien éloigné de son origine.

Dans le principe, la mode affecta à l'un et l'autre sexe ce déguisement; mais il est principalement réservé de nos jours aux dames; elles se couvrent de ce manteau quand elles fréquentent le bal de l'Opéra. Nul doute que sa forme peu gracieuse ne le fasse bientôt entièrement disparaître. D. A. D.

DOMINO (JEU DE). L'origine de ce jeu, que l'on a essayé de faire remonter jusqu'aux temps anciens des Grecs, des Hébreux et même des Chinois, n'est pas très reculée, du moins chez nous, où pourtant il se trouve aujourd'hui extrèmement répandu. Il consiste, comme on sait, en un certain nombre de petits

corps aplatis, en os, noirs sur le dos, et offrant, de l'autre côté, sur un fond blanc, des points divisés en deux compartiments et formant plusieurs combinaisons. Un jeu ordinaire est composé de 28 dominos; chaque domino contient un nombre, depuis 1 jusqu'à 6, accolé à un nombre différent ou pareil, et quelquefois à un blanc, représentant du zéro. Chaque joueur prend, dans le jeu mêlé du côté noir, une quantité égale de dominos; l'un deux pose le premier un domino, auquel le joueur opposé est forcé d'adjoindre un nombre semblable à l'un des deux que représente le domino posé; la partie continue ainsi jusqu'à ce que l'un des joueurs ait placé tous ses dominos, ou qu'il n'existe pas dans les deux jeux un nombre qui puisse s'allier avec ceux qui sont posés. Le gagnant est celui qui compte le plus de points, par suite de plusieurs parties, où son adversaire n'a pu parvenir à poser les dominos qu'il avait en main.

Les combinaisons de ce jeu ne sont ni très variées ni très savantes, puisqu'on a vu des chiens et des chats gagner en public de bons bourgeois de la capitale; cependant, on cite, dans nos cafés qui regorgent de joueurs de dominos, des experts dont la force est devenue proverbiale; mais la plupart n'y voient qu'un moyen de se disputer la dépense qu'ils ont faite dans ces sortes d'établisD. A. D.

sements.

DOMITIEN (TITUS FLAVIUS SABINUS DOMITIANUS), douzième empereur romain. Ses premières années se passèrent dans l'obscurité, presque dans l'indigence; car l'illustration de cette famille Flavia venait de commencer en Vespasien pour s'éteindre en son second fils. Domitien avait vu sans émulation les travaux par lesquels son père et son frère s'étaient ennoblis; il ne put voir sans envie leur grandeur. N'ayant pas profité des leçons de la mauvaise fortune, il ne prit de son ancienne pauvreté que des inclinations basses, qui n'excluaient pas des sentiments exagérés d'orgueil et de vanité, tels qu'en inspire une élévation soudaine qu'on n'a point obtenue par soi-même et qu'on ne sait pas mériter.

La lâcheté du sénat, il faut l'avouer, con

tribua beaucoup à exalter sa naturelle ambition et son insolence. Il était dans sa dix-neuvième année, lorsque les légions de Syrie donnèrent la souveraineté à son père (an de J.-C. 69, de Rome 822). Après être resté cinq mois dans Rome exposé aux vicissitudes des guerres civiles et aux vengeances des Vitelliens, il fut délivré par l'arrivée de Mucianus. A peine sorti du temple d'Isis, où il s'était caché, la veille, sous un habit de prêtre, dans la chambre d'un esclave, il se vit saluer César par le sénat, et ne se servit dès lors de son nouveau pouvoir que pour exercer des violences, et pour répandre sans choix, sans mesure, les dons et les honneurs en l'absence de Vespasien, qui lui écrivait : « Je te re<< mercie, mon enfant, de vouloir bien << me laisser l'empire et de ne m'avoir ⚫ pas encore nommé un successeur. »> Il ne tint pas à Domitien que cette plaisanterie ne se changeåt en craintes sérieuses; car il essaya d'ébranler la fidélité de Cérialis et de se mettre à la tête des légions dans la Gaule pour se révolter. Mais son impuissance lui tint lieu d'excuse, parce qu'il avait son père pour juge et son frère pour défenseur. Tant qu'ils régnèrent l'un et l'autre, vainement il sollicita un emploi militaire, vainement il engagea des rois et des peuples étrangers à solliciter pour lui le commandement des troupes qu'on envoyait à leur secours; il n'eut de participation à la fortune impériale que par le nom de César et par le rang de prince de la jeunesse, sans aucune autorité. Dans le désespoir de régner, il affecta de se livrer à la culture des lettres, et particulièrement de la poésie, non sans quelque succès, si les éloges qu'il reçut n'étaient pas des hommages de courtisans.

Enfin la mort de Titus, qu'on le soupçonna d'avoir hâtée par le poison, lui livra l'empire (81). Il prononça l'oraison funèbre avec des larmes qui ne durent tromper personne; car il n'était pas permis de louer son frère devant lui; on l'offensait pour peu qu'on doûtat que Vespasien et Titus lui fussent redevables de la sanction donnée par le sénat à leur élection; tous ceux qu'ils avaient aimés encouraient sa haine. Cette soif d'hon

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