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n'est guère possible de se reconnaître au milieu des nombreuses hypothèses dont on a entouré le berceau des peuples anciens. M. Ottfr. Müller (Les Doriens) et Niebuhr (Histoire romaine) ont surtout dépensé une immense érudition et une rare sagacité, pour la reconstruction des origines grecques et latines. Sans préjuger ici leur système, nous nous en tiendrons aux témoignages des anciens et surtout à celui du père de l'histoire.

Disons cependant que la plupart des modernes, appuyés sur les témoignages d'Apollodore, de Strabon, de Diodore et de quelques autres, font descendre les Doriens de Dorus, et les Ioniens d'Ion, l'un et l'autre issus de Deucalion par Hellen. D'après ce système, les Doriens et les Ioniens seraient deux peuples frères, deux peuples de race hellénique venus du Nord vers la fin du xv1° siècle avant notre ère, pour disputer la Grèce aux Pélasges, leurs prédécesseurs.

Mais ces peuples qu'on veut faire sortir d'une même souche se présentent à nous dans une perpétuelle hostilité. Lois, mœurs, culte, langage, tout est opposé. Voyez Sparte et Athènes : n'y a-t-il pas là deux principes rivaux? Aussi, selon Hérodote (I, 56-58), les Doriens sont les mêmes que les Hellènes; cet historien voit en eux les anciens habitants du pays, tandis que les Ioniens, qu'il identifie avec les Pélasges, sont pour lui des étrangers qui vinrent civiliser la Grèce à une époque très reculée. Il dit formellement, et à plusieurs reprises, que les Pélasges s'établirent au milieu des Hellènes, les assujettirent, et se confondirent avec eux. Ils leur donnèrent leur culte, remarquable par sa simplicité et sa gravité (II, 52, sqq.); mais, en même temps, leur langage étranger, Búpbapos, se transforma et se perdit par son mélange avec l'idiome des indigènes.

Le culte des Pélasges, les débris de leur architecture, le goût des arts et de la poésie qu'ils répandirent de si bonne heure dans la Thrace, cette molle douceur qui se conserva dans les mœurs et dans le dialecte des Ioniens, semblent attester une origine orientale, au lieu qu'on est tenté d'assigner une origine septentrionale à la

population primitive de la Grèce.

Ce fut après l'établissement des Pélasges que des colons égyptiens, phéniciens, lydo- phrygiens* vinrent se fixer sur différents points du Péloponèse, de l'Attique et de la Béotie. Pendant que ces étrangers étendaient leur influence et modifiaient la civilisation pélasgique (Hérod., II, 52), les anciens habitants expulsés par la conquête, les Hellènes, ou, si l'on veut, les Grecs (Tpazoi), comme les appellent Aristote (Meteor., lib. 1, sub finem) et quelques auteurs moins anciens (Pline, H. N.,VI,7, etc.), s'étaient réfugiés dans les montagnes du Nord, où ils conservaient leur indépendance et leur sauvage énergie.

Hérodote (I, 56) nous les montre d'abord sous Deucalion dans la Phthiotide; puis, sous Dorus, fils d'Hellen, dans l'Histiæotide, au pied de l'Ossa et de l'Olympe. Ils furent chassés de cette résidence par les Cadméens, après que les Épigones eurent détruit Thèbes. Alors ils occupèrent le Pinde et prirent le nom de Macédoniens. Peu de temps après, sous la conduite d'Hyllus, fils d'Hercule, ils attaquèrent le Péloponèse. Ayant échoué dans cette tentative, ils trouvèrent leurs anciennes demeures occupées par les Perrhæbes. Alors la Dryopide leur offrit un asile. Ce fut de là qu'en 1190 ils repartirent pour la conquête du Péloponèse, où ils s'établirent sous le nom de Doriens. Comme ils avaient à leur tête trois descendants d'Hercule, Aristodème, Téménus et Cresphonte, l'honneur de cette grande expédition fut attribué aux Héraclides.

Ce qui empêcha les Pélasges de consolider leur puissance dans la Grèce, ce fut, selon Hérodote (I, 58), leur origine étrangère. Les Doriens, au contraire, furent reçus comme des exilés, qui marchaient à la délivrance de leurs frères et à la conquête de leur première patrie.

(*) Inachus, Ogygès, Lélex, Cécrops, Danaus, Cadmus, Pélops. L'auteur de l'article suit l'ancienne tradition telle qu'elle nous a été conservée par Hérodote. Nous nous en sommes écartés dans

les articles auxquels on renvoie ici, et nous croyons devoir persister dans notre manière d'envisager les événements de l'histoire primitive de la Grèce, mais sans l'imposer à nos lecteurs. J. H. S.

Aussi, pour exprimer leur entrée dans le Péloponèse, Pausanias se sert-il habituellement du mot retour (xálodos).

les Romains firent de la Grèce une pro-
vince du grand empire, ils n'y laissèrent
qu'un seul peuple, un seul culte, un
même langage, un abaissement commun.
Voy. GRÈCE.
L. D-c-o.

Les Doriens dont on vient de parler ont attaché leur nom aux deux petits territoires helléniques appelés DORIDE. La première Doride, ayant au nord le mont OEta et que le Parnasse bornait vers le sud, faisait partie de la Hellade proprement dite en Europe; Strabon l'appelle la Té

A la suite de l'expédition des Héraclides, les Doriens renouvelèrent toute la face du Péloponèse, où ils formèrent une aristocratie militaire et territoriale. Leur triomphe fut une réaction violente, qui s'appliqua à faire disparaître l'ordre de choses établi par les étrangers. On détruisit la civilisation orientale avec l'enthousiasme du patriotisme et l'aveuglement de la vengeance. La barbarie vic-trapole de Doride, à cause de ses quatorieuse creusa comme un abîme entre la Grèce des Pélasges et celle des Doriens. Du XII au vi siècle, les Hellènes eurent leur moyen-âge.

Les vaincus, chassés du Péloponèse, se retirèrent dans l'Attique, où s'étaient conservées religieusement les antiques semences de la culture orientale. Athènes devint la métropole des cités ioniennes; Sparte fut la capitale des Doriens. Dès lors recommence, sur un nouveau théâtre, la lutte acharnée de ces deux races, qui ont imprimé le cachet de leur génie dans les deux législations de Lycurgue et de Solon. A l'élégance des mœurs altiques, à la passion des arts, au goût des plaisirs, vous reconnaissez l'esprit pélasgique ou ionien; à la rude sévérité de Sparte, à son patriotisme ignorant et farouche, vous reconnaissez le caractère hellénique ou dorien. Ici une aristocratie fortement constituée, là une démocratie orageuse; d'un côté, l'agriculture, l'économie, les richesses du sol, des armées nombreuses et bien aguerries: de l'autre, le commerce, les entreprises aventureuses, les richesses de l'industrie, une grande puissance maritime.

L'inimitié des deux races se signala encore dans la guerre du Péloponèse. Sparte triompha sur les champs de bataille; mais Athènes dut au génie de ses artistes et de ses écrivains des conquêtes plus pures et plus durables que celles des armes. La monarchie militaire de Philippe et d'Alexandre sortit encore du milieu des Doriens; mais les écoles d'Athènes continuèrent à régner sur les intelligences. Cependant les distinctions de races s'effaçaient de plus en plus au sein d'une civilisation uniforme, et quand

tre principales villes qui étaient de son temps Érinée, Boon, Pinde et Cytinie. Il n'est pas certain toutefois qu'elles aient toujours appartenu toutes les quatre à la Doride. C'était, comme on voit, un pays de montagnes, sur les confins de la Trachinie (Thessalie) au nord, l'Étolie à l'ouest, de la Locrie (ozolienne) et de la Phocide au sud et à l'est; pays arrosé par le Céphissus et d'une étendue très bornée (environ 4 milles carrés géographiques).

de

La Doride de l'Asie-Mineure, généralement comprise dans la Carie, tire son nom d'une colonie de Doriens venue d'Europe comme celle qui s'établit en Crète et y devint la race dominante. Ces colons helléniques paraissent avoir fondé sur la côte, et sur les îles voisines de Rhodes et de Cos, une fédération de villes ou de bourgs qu'on retrouve dans ce qui fut appelé ensuite l'hexapole de Doride, à laquelle appartenait Halicarnasse (voy. ce nom).

Du reste nous réservons l'importante question sur l'origine des Pélasges et celle des Hellènes pour les articles qui seront consacrés à ces deux races; et quant à la nature du dialecte dorique connu par sa rudesse et que ses formes vieillies ont rendu poétique, il en a déjà été parlé au

mot DIALECTES Grecs.

S. DORIQUE (Ordre), voy. OrdrES

D'ARCHITECTure.

DORIS, voy. NÉRÉIDES. DOROTHÉE, dernière duchesse de Courlande, voy. COURLANDE.

DOROW (GUILLAUME), antiquaire prussien né le 22 novembre 1790 à Kœnigsberg, reçut à l'école de Marienbourg sa première instruction et ne revint dans

sa ville natale qu'en 1804, pour se consacrer à l'architecture. Mais bientôt le fléau de la guerre atteignit la vieille Prusse, et la misère générale qui en fut la suite dérangea les projets du jeune Dorow, qu'on fit entrer alors dans une des premières maisons de commerce à Koenigsberg. Il y resta jusqu'en 1811, mais sans discontinuer son étude des mathématiques et autres sciences, dirigée par son beaupère, le conseiller de guerre Bock, connu par une traduction allemande de Virgile. Ces études l'éloignèrent de la carrière qu'il avait embrassée, et en 1811 il quitta Koenigsberg pour entreprendre un voyage et visiter la France et l'Italie. Il parcourut l'Allemagne à pied, et arriva à Paris. Au bout d'un mois, l'ambassadeur prussien de Krusenmark le chargea d'une mission pour le chancelier d'état de Hardenberg, qui l'attacha, en 1812, à la légation prussienne de Paris. M. Dorow en fut rappelé au mois de décembre de la même année, et l'année suivante il entra, à Breslau, comme volontaire, dans le deuxième régiment de la garde. Le général de Scharnhorst, qui lui voulait du bien, l'envoya avec le major de Roder au quartier-général de Winzingerode, et plus tard au près du prince de Volkhonsky, Pendant l'armistice le chancelier d'état employa M. Dorow en Pologne. A la suite de la prise de Paris il se rendit à Dijon auprès du prince, qui l'envoya à Francfort-sur-le-Mein, siége de l'administration centrale des alliés, où il fut chargé de l'inspection des hôpitaux de leurs armées. Après la guerre, M. Dorow rentra au service civil et alla, en 1816, comme secrétaire d'ambassade à Dresde, puis en 1817 dans la même qualité à Copenhague ; mais une maladie dangereuse, suite d'une blessure qu'il avait reçue la bataille de Lutzen, le força de quitter son poste pour se rendre aux eaux de Wiesbaden. Ce fut à cette époque qu'il entreprit les fouilles et recherches d'antiquités qui lui ont donné de la célébrité. Mais en même temps une enquête dirigée contre lui par la commission de Mayence le retint à Wiesbaden, bien qu'il eût été nommé en 1820 directeur des antiquités dans les provinces rhénanes et westphaliennes. On l'accusait d'avoir pris

à

part à des menées démagogiques et de professer des idées révolutionnaires; cependant il ne fut pas donné suite à cette accusation. Il fonda alors le musée des antiquités nationales à Bonn, où il demeura jusqu'en 1822, année dans laquelle il rentra au ministère des affaires étrangères. Après la mort du prince de Hardenberg il fut mis à la retraite; mais en 1827 le roi de Prusse lui accorda un secours pour entreprendre un voyage en † Italie. On sait qu'il fit des découvertes importantes dans l'ancienne Étrurie, et que c'est par ses soins que fut acquise la grande collection d'antiquités étrusques qui fait maintenant partie du musée de Berlin. Indépendamment de quelques autres écrits il a publié les ouvrages suivants relatifs à ses études archéologiques : Lieux consacrés et tombeaux des Germains et des Romains sur le Rhin (Wiesbaden, 1819-1821, 2 vol. in-4o); Antiquités orientales (Wiesbaden, 18191821, 2 livraisons in-4°); Monuments germaniques et de la domination_romainc dans les provinces rhénanes et westphaliennes (Stuttgart, 1823-1827, 2 vol. in-4°); Monuments de langue et d'art antiques (Bonn et Berlin, 18231824, 2 vol. in-8°): ces quatre ouvrages furent écrits en langue allemande; Notizie intorno alcuni vasi etruschi (Pesaro, 1828, in-4°); L'Étrurie et l'Orient (Heidelberg, 1829), aussi en allemand; Voyage archéologique dans l'ancienne Étrurie (Paris, 1829, in -4°). En français, M. Dorow a publié, en société avec Klaproth, un catalogue de la collection égyptienne du chevalier Palin, et on lui doit encore différents autres travaux archéologiques et paléographiques. C. L.

DORPAT (UNiversité de). Dorpat, en esthonien Tart-Lin, ville importante du gouvernement russe de Livonie (voy.), et chef-lieu d'un des districts esthoniens ou plutôt esthiens de ce gouvernement, est appelé en russe* et quelquefois aussi en allemand Derpt, ce qui se rapproche davantage du Terbaten des chroniques et des monnaies épiscopales frappées dans cette ville assez ancienne, et de Terpa, Tarpata, ou Tarbata et Tarpoth,

(*) L'ancien nom russe de Derpt est lourief.

|

l'attention des voyageurs et offrent de grandes ressources aux habitants pour les recherches scientifiques et littéraires.

noms qui appartiennent aux premiers temps de son existence et qui se sont conservés dans le Tehrpata des Lettons. Traversée par la grande route qui mène | L'observatoire, enrichi par les soins de

de Koenigsberg à Saint-Pétersbourg et qui y franchit, au moyen d'un beau pont de pierre, l'Embach, rivière dont les bords sont assez pittoresques, la ville est animée et commerçante, et les belles maisons de sa principale rue, rebâtie après l'incendie de 1763, annoncent l'aisance de ses habitants et la richesse des nobles du pays qui viennent y passer l'hiver.

Mais c'est à son université, renouvelée le 18 décembre 1802, que Dorpat doit surtout le nom dont cette ville jouit même dans les pays étrangers. Fondée par Gustave-Adolphe le 21 septembre 1632, puis abandonnée pendant les guerres cruelles qui ravagèrent si longtemps le pays, jusqu'à ce que Paul Ier s'occupât de son rétablissement enfin réalisé par son fils Alexandre, cette excellente école est pour les provinces baltiques de la Russie un foyer de lumières qui entretient dans toute la population allemande de l'empire l'ardeur pour les bonnes études, en même temps qu'il fait servir au progrès de la littérature nationale l'incontestable supériorité des Allemands dans tout ce qui est du domaine de la pensée et de l'érudition. Toutes les écoles civiles de Livonie, d'Esthonie et de Courlande relèvent de l'université de Dorpat, fréquentée annuellement par environ 550 étudiants (il y en avait 567 en 1835) et, dont les professeurs, souvent très distingués, forment de vrais savants ou de bons praticiens. Dans notre ouvrage intitulé La Russie, la Pologne et la Finlande, Tableau historique, statistique, etc., etc. (p. 574), nous avons donné la description de tous les établissements divers, collections, musées, cliniques, etc., qui dépendent de l'université de Dorpat; ici nous nous bornerons à dire que le jardin botanique, dirigé par M. Ledebour, et la bibliothèque, riche (1835) de 60,473 volumes de toutes grandeurs (mais en comptant les thèses!) placés dans l'édifice construit sur les ruines de l'ancien dôme (cathédrale à l'invocation de Saint-Denis) sur la montagne, sont dignes de fixer

M. Struve d'instruments très remarquables et tout-à-fait au niveau de la science, mérite aussi une mention particulière. Après l'université, nous devons nommer encore le gymnase de Dorpat, école supérieure organisée sur le pied allemand et dont les élèves reçoivent toute l'instruction nécessaire pour être suffisamment préparés aux cours académiques.

La population de la ville, composée d'Allemands, d'Esthiens et de Russes, s'élève à 9,500 âmes.

Son histoire certaine ne remonte pas au-delà de celle de l'évêché, qui fut fondé en 1224, quoique la ville, associée alors à la ligue anséatique, soit incontestablement plus ancienne. Ce fut l'évêque Hermann qui, le premier, y établit sa résidence, båtit le dôme et le château, placés sur deux éminences réunies par un pont, ainsi que le château d'Odenpæ,celui de Koikel, et un couvent qu'il peupla de dominicains appelés de la Poméranie. L'évêque de Dorpat, assez puissant seigneur, souverain dans ses terres, mais vassal du Saint-Empire, fut presque toujours en guerre avec la Russie et très souvent avec l'archevêque de Riga ou avec les chevaliers de l'Ordre teutonique, ses protecteurs naturels. Il avait le droit de régale et faisait battre monnaie au moins à partir de la fin du xiv siècle. En 1558, sa ville, déjà envahie par la réforme, fut prise par les Russes qui la gardèrent jusqu'en 1582; plus tard, elle fut sécularisée et passa avec le nouveau duché de Kettler sous la souveraineté de la république polonaise; puis elle tomba au pouvoir des Suédois et elle fut réunie enfin, avec toute la Livonie, sous la domination russe, au temps de Pierre-le-Grand (1718).

Plusieurs recueils ont été publiés à Dorpat en divers temps; aucun d'eux n'a laissé autant de regrets par sa cessation prématurée que les Annales de cette ville (Dorpater Jahrbücher). J. H. S.

DORSET (COMtes et ducs de). Leur premier nom est celui de Sachevilla, que

damna à mort. A l'avénement de Jacques Ier, qu'il fut un des premiers à faire proclamer, il fut confirmé dans ses charges et dignités, et créé en outre comte de Dorset*; il mérita l'amitié du monar

portait Herbrand de Sackville lorsqu'il vint de Normandie en Angleterre, à la suite de Guillaume-le-Conquérant. Cette famille avait ses principaux domaines dans le comté de Sussex (Buckhurst). L'histoire ne parle d'eux qu'à une époque, qui le combla de marques d'attaque bien éloignée de leur premier éta- chement lors de sa dernière maladie en blissement, et, comme pour tant d'autres 1607. La joie qu'en eut lord Dorset profamilles, son silence à leur égard ne cesse longea de quelque temps son existence; qu'après les guerres terribles des deux mais en 1608, le 19 août, il mourut suRoses, où la noblesse vit ses chefs dé- bitement au milieu du conseil des micimés, où les premières et les plus illus- nistres. tres familles, étant éteintes, firent place à de nouvelles qu'on décorait de leur nom.

THOMAS SACKVILLE, comte de Dorset, né à Witham (Sussex) en 1536, fut, à 21 ans, membre de la chambre des communes, et fit paraître son introduction au Miroir des magistrats, où les grands personnages de l'Angleterre racontaient en vers les malheurs qui étaient venus assaillir leur vie politique. En 1561 il fit représenter à Londres sa tragédie de Gordobuc, la première pièce en vers du théâtre anglais.

De nombreuses prodigalités dérangèrent sa fortune: pour échapper à ses créanciers il voyagea successivement en France et en Italie. Ce fut à Rome qu'il apprit la mort de son père, qui l'élevait à la pairie avec le titre de lord Buckhurst. Élisabeth, qui, à titre de parente, l'avait aidé à réparer le désordre de ses affaires, l'envoya à Paris en 1570 pour négocier son mariage avec le duc d'Anjou. Membre des différentes commissions qui jugèrent le duc de Norfolk et l'infortunée Marie Stuart, ce fut lui qui alla signifier à cette reine son arrêt, confirmé par le parlement. Ambassadeur en 1587 auprès des Provinces-Unies, il répara les fautes du comte de Leicester, et reçut l'exil pour récompense de ses services. Rappelé à la mort du favori, Élisabeth le créa chevalier de la Jarretière et lui confia diverses missions importantes. Élu grand-chancelier de l'université d'Oxford, et peu après, en 1599, élevé à la dignité de grand-trésorier d'Angleterre, peu s'en fallut qu'il ne devint premier ministre. Adversaire politique du comte d'Essex, dont il réfuta les libelles et dont il soupçonnait les vues ambitieuses, ce fut lui qui présida la commission qui le con

.

Son fils, ROBERT Dorset, était un savant distingué, dont l'éloquence brilla dans plusieurs parlements; il mourut à Witham en 1609, et laissa plusieurs enfants, dont l'un, RICHARD, comte de Dorset, né à Londres en 1589, est surtout connu pour avoir été l'époux de la célèbre Anne Clifford, successivement comtesse de Dorset, de Pembroke et de Montgomméry. A sa mort, ses titres passèrent à son frère ÉDOUARD SACKVILLE, né en 1590. La jeunesse de celui-ci fut turbulente et il eut plusieurs duels, ce qui cependant n'altéra pas l'amitié que Jacques 1er lui voua comme à son grand-père. Ce fut lui que ce prince mit à la tête des secours qu'il envoya à son gendre l'électeur palatin engagé dans la guerre de Trente-Ans. Il entra au conseil à son retour d'une ambassade en France. Enfin Charles ler, à son avénement, lui voua la même confiance que son père. Il se montra tour à tour zélé défenseur du roi et des libertés anglaises, et souvent sa voix s'opposa aux mesures inconstitutionnelles dans lesquelles Charles Ier fut entraîné. En 1640, étant régent du royaume pendant le voyage de Charles en Écosse, il eut connaissance des projets de massacres qui devaient avoir lieu en Irlande le 23 octobre 1641, et en les dénonçant au parlement il en prévint l'exécution. Président du conseil en 1641, il voulut réconcilier le roi avec le parlement; mais voyant tout espoir perdu après la fameuse déclaration d'York, il

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