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rien d'aussi touchant que l'élégie latine Stabat mater dolorosa, et le génie du Pergolèse a prêté à cette ineffable douleur des accents qui semblent dérobés | aux harmonies du ciel. Les anciens faisaient la douleur fille de l'Érèbe et de la Nuit. Dans sa Théogonie, Hésiode fait naître les douleurs d'Éris ou la Discorde, et il leur donne pour famille le travail, l'oubli, la peste, les combats, les meurtres, en un mot une foule de fléaux. On représente ordinairement la douleur sous la figure d'une femme assise et couverte d'un long voile, dans l'attitude de l'accablement; à ses pieds l'on voit une urne cinéraire. Dans les représentations religieuses, on substitue à cette urne un monument funèbre surmonté d'une croix.

P. A. V.

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ou sembleraient être appuyés par des raisons d'égale force. Le doute se distingue de l'ignorance en ce qu'il conçoit un jugement possible et des raisons égales ou à peu près égales pour et contre. On n'est donc pas proprement dans le doute relativement à un jugement que l'on ne conçoit point, ni même par rapport à un jugement que l'on conçoit, mais sans du reste apercevoir de raisons ni pour ni contre. On distingue le doute sceptique et le doute méthodique. Le premier n'est qu'un parti pris de tout aier, même les vérités les plus évidentes (voy. Scepti¬ CISME). Le doute méthodique au contraire n'est jamais que provisoire: on ne doute alors que pour sortir légitimement du doute, même pour se donner le temps d'examiner la question, d'en voir le fort et le faible, afin de pouvoir ensuite se décider en conséquence.

Le doute suppose toujours quelque connaissance, ne fût-ce que l'idée de la chose même dont on doute. Le doute par→ fait, si on ne le confond pas avec l'ignorance complète de la question, c'est-àdire quand il n'est pas doute négatif absolu, est un état idéal qui se rencontre difficilement. En effet, il est rare que l'esprit aperçoive rigoureusement autant de raisons pour que contre, ou réciproquement; et pourtant s'il n'en est pas ainsi, il y a probabilité plus ou moins grande, mais non pas doute. Cependant si la probabilité n'est pas assez grande pour que l'esprit puisse se déterminer, cet état intellectuel s'appelle encore doute, mais par extension.

DOURO, en espagnol Duero, un des principaux fleuves de la péninsule hispanique. Il a sa source au haut des montagnes de la Vieille-Castille, un peu audessus de l'emplacement de l'ancienne Numance. Dans cette province il arrose Soria, Almazan et Aranda; puis il entre dans l'ancien royaume de Léon, et y baigne les murs de Valladolid, Tordesillas, Toro et Zamora. Coulant toujours vers l'ouest, il atteint, à Miranda, les frontières du Portugal, prend une direction méridionale, en séparant les deux royaumes de Portugal et d'Espagne; puis, reprenant la direction de l'ouest, il traverse le premier dans sa largeur, en limitant au sud les provinces portugaises de Tra-los-Montes et Entre-Douro-et-Minho, et il se jette dans l'Océan au-dessous de Porto, dont il remplit le beau port. Ce fleuve reçoit un grand nombre de rivières, parmi lesquelles on remarque le Carrion, l'Elza, le Torme en Espagne; le Sabor et la Tamega en Portugal. La navigation trouve dans ce fleuve de deux royaumes de grandes facilités pour les communications entre le nord de l'Espagne et l'Océan. D-G. DOUTE. Le doute est l'état de l'esprit qui ne peut ni adhérer ni refuser son assentiment à un jugement qu'il conçoit. C'est, par exemple, une question dou- Mais comment chercher? en examiteuse pour nous autres habitants de la nant bien tous les côtés de la question. terre de savoir si la lune et les autres pla- Mais comment examiner? La méthode nètes sont habitées. Le doute parfait se-pourrait peut-être faire encore quelques rait colui où le pour et le contre seraient réponses à ces sortes de questions pro→

Quand il y a lieu de douter et qu'on s'en aperçoit, douter est assez facile; ce qui est plus difficile c'est d'apercevoir les raisons de douter.

Le précepte de la méthode relatif au doute est donc moins celui-ci : Dans le doute abstiens-toi de juger, que cet autre: Cherche si dans l'apparence de la certitude ou même de la probabilité il n'y aurait pas encore quelque raison de douter.

aux sceptiques de dire je doute, sans dire par le fait même je ne doute pas.

gressives, mais à la fin elle serait obligée d'abandonner l'esprit à lui-même, à sa propre méthodicité, à sa propre sagesse. Il en est de même sur tous les points. La méthode n'est utile, en dernière analyse, qu'aux esprits méthodiques; tout esprit porte donc avec lui sa méthode ou n'en a pas. Ce que peut faire l'enseignement, sous ce rapport comme sous beaucoup d'autres, ce n'est pas d'apprendre à voir, mais de conseiller de regarder. I n'est donc pas facile de douter à propos; car les préjugés aussi ont leur tyrannie, et une tyrannie d'autant plus grande qu'elle est moins aperçue. Le doute vient de la défiance, et la défiance vient de l'erreur et des réflexions qu'elle a fait naître lorsqu'une fois elle a été reconnue.

Ne doute donc pas qui veut, mais qui peut. Pour pouvoir douter il faut donc avoir été corrigé de son extrême facilité à croire par les inconvénients même de la crédulité, l'erreur. L'expérience et le temps sont donc aussi des maîtres en fait de méthode. Ce n'est pas en un jour que l'on apprend à douter, parce que ce n'est pas en un jour que l'on apprend beaucoup; et cependant savoir douter, dit très bien Malebranche, c'est savoir beaucoup.

Tout jugement qui dépasse les raisons sur lesquelles il se fonde, ou qui ne tient aucun compte des raisons opposées à celles-là, est contraire au doute légitime.

Il y a lieu de douter plus ou moins, suivant que les raisons pour et contre sont plus ou moins fortes. S'il n'y a pas de raisons pour ou de raisons contre, et qu'il y ait au contraire toute raison contre ou toute raison pour, il n'y a pas lieu de douter. Ce serait être sceptique que de douter en pareil cas.

Le doute méthodique est donc essentiellement différent du doute sceptique : l'un se conforme au sens commun, l'autre le nie. On ne peut ni commencer ni finir par le doute absolu ou universel; car si l'homme s'avise de douter de tout, il ne gardera le souvenir d'aucune vérité, pas même de celle de sa propre existence. Si❘ d'un autre côté on ne doute pas de tout en principe, au moins ce dont on n'aura pas douté restera dans l'entendement. Le doute absolu serait le suicide de l'intelligence; en conséquence il est défendu

Dans quelle circonstance spéciale fautil douter, et jusqu'à quel point? La méthode ne répond point à ces questions, car les règles qu'elle donne sont générales; et comme cependant elles ne s'appliquent que dans des circonstances déterminées, un esprit faux pourra toujours les méconnaître, comme un esprit juste est toujours à même de s'y conformer. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il faut grandement veiller sur ses jugements, et savoir douter quand on ne peut être certain. Nescire quædam magna pars sapienJh T.

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tiæ.

DOUVRES, en anglais Dover, ville maritime du comté de Kent, à 72 milles anglais de Londres, située sur le Pas-deCalais, et la plus voisine de France. Elle est surtout remarquable par son port, aujourd'hui accessible à des bâtiments de 4 à 500 tonneaux, et qui fait partie des cinque ports (voy.). Il offre souvent un refuge aux vaisseaux pendant les tempêtes. La ville, située sur un rocher calcaire de 570 pieds de hauteur, se compose de trois rues principales qui viennent se joindre à l'extrémité, et compte 20,000 habitants. Il s'y trouve deux églises, celle de Saint-Jacques, le patron des marins, grand édifice élevé en 1216, et l'église de Sainte-Marie, fondée par les Normands. Tous les dissidents anglais y ont des oratoires ou des chapelles. Il croît toujours le long du rocher, comme au temps de Shakspeare, le grand fenouil marin, excellent assaisonnement pour les sauces. Parmi les édifices publics on distingue surtout le superbe hôpital militaire, la halle de la ville ou marché, le théâtre d'été et le casino. Douvres est d'abord connu comme lieu de passage, et ensuite par ses bains de mer froids et chauds. Ce n'est que depuis la dernière paix que la ville s'est véritablement élevée; comme l'entrée du port est très étroite et dangereuse pendant le mauvais temps, des côtiers adroits viennent prendre les passagers dans de petites barques en rade, lorsque le bateau à vapeur n'arrive pas assez tôt pour entrer dans le port avec la marée. Toute l'aunée un bateau part journellement de Douvres pour aller à Calais

loupe qu'on peut apprécier l'étendue de sa patience et l'adresse admirable de sa main. Sandrart lui a entendu dire avoir passé plusieurs jours à peindre une main, un simple accessoire tel qu'un manche à balai.

et un autre se rend à Boulogne. En outre, cieux à l'excès, il prenait des précaudeux navires français croisent régulière- tions infinies pour préserver de la pousment entre Calais et Douvres. Le passage sière sa palette et son ouvrage; à l'instar en bateau à vapeur dure trois à quatre de Léonard de Vinci et des peintres antéheures. Depuis la descente dont la France rieurs à ce grand homme, il ne se repomenaçait l'Angleterre, Douvres a été for- sait que sur lui du soin de broyer et de tifié du côté de la mer par des batteries et préparer ses couleurs : de là, sans doute, des bastions. Il est encore protégé par des la belle conservation de ses tableaux. Il tours et par un fort placé sur le rivage, à avait l'habitude de travailler seul. L'exac320 pieds au-dessus de la surface de latitude, la servilité même d'imitation est mer. Ce fort, d'une étendue de 25 acres, telle chez lui que ce n'est qu'à l'aide d'une a des casemates à l'épreuve des bombes pour 2,000 hommes, et un puits de 370 pieds de profondeur qui le garantit du manque d'eau; 300 gros canons et 60 mortiers sont distribués sur les hauteurs. Des mines de poudre rendent dangereux tout essai de prendre le fort d'assaut. Dans les édifices et aux tours de ce beau fort on montre des antiquités que l'on dit remonter aux Romains, et il est au moins certain que le revêtement d'une redoute près du fort est le débris d'une ancienne tour romaine. Quant aux tours du fort, elles portent les noms de leurs fondateurs. On voit sur la pointe du rocher la plus élevée le château; il a 92 pieds de haut, et sert actuellement d'arsenal et de magasin.

Le port de Dover ne doit pas être confondu avec d'autres villes anglaises du même nom, notamment avec le chef-lieu du comté de Strafford. C. L. DOUZE TABLES (LOI DES), voy. TABLES.

Le dessin de Gérard Dow n'est ni noble ni correct; mais il n'a rien de trivial et s'accorde avec le style de ses compositions; ses expressions ont beaucoup de naturel. Ce peintre ressemble à Rembrandt par l'harmonie de la couleur, par une entente admirable du clair-obscur; comme lui, il a souvent éclairé ses sujets d'en haut et avec des lumières étroites; mais ce qui différencie le maître de l'élève, c'est la touche parfois heurtée jusqu'à l'affectation du premier, et ce pinceau délicat, fin, précieux à l'excès qui distingue le second. Rembrandt calculait l'effet de ses tableaux sur la distance nécessaire entre la peinture et l'œil du spectateur: Gérard Dow voulait que les siens DOW ou Douw (GÉRARD), né à Leyde gagnassent encore à être vus de près, en 1613 et mort dans la même ville en et il a atteint ce but. Quelque achevé 1680, est le peintre le plus étonnamment qu'en soit le travail, les parties sont touvrai, le plus prodigieusement exact et jours subordonnées au tout, et l'on n'adminutieux dans l'imitation de la nature mire pas moins l'accord, la justesse de que les siècles aient encore produit. Son l'ensemble que la finesse et l'exactitude père, qui était vitrier, lui fit apprendre des détails. Mais Rembrandt a cet avanà dessiner chez Barthélemi Dolendo, tage sur son élève que parfois il est plein graveur, et peindre sur verre chez Pierre de poésie, tandis que Gérard Dow n'est Rouwenhorn. Après avoir travaillé pen- le plus souvent qu'un patient et laborieux dant quelque temps à colorer des vitraux imitateur d'une nature immobile ou faid'église, il entra, fort jeune encore, sous blement animée. Excepté sa Femme hyla direction de Rembrandt. Après trois dropique du musée du Louvre, si bien années d'études chez ce maître, qui lui gravée par Claessens, et le plus considérasuffirent pour devenir habile, il le quitta ble,comme le plus étonnant de ses ouvrages et ne consulta plus que la nature. Le par le nombre de figures, la justesse et la portrait l'occupa d'abord; mais sa len- variété d'expression, la diversité des acteur minutieuse au travail ayant fait cessoires, l'effet magique de la lumière fuir tous ses modèles, il se borna à pein- et l'immensité du travail qu'il a nécessité; dre en petit des scènes domestiques. Pré-excepté encore son Charlatan, passé de

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Dusseldorf à Munich, autre chef-d'œuvre | chez les Romains, le mot decanus déde patience, mais non d'invention, ni signait un juge inférieur qui rendait la de caractère, ni d'esprit, on ne peut justice à dix villages. Dans le palais des guère citer de lui que des tableaux d'une empereurs de Constantinople, il y avait ou de deux figures au plus, représentées aussi des decani préposés sur dix officiers dans des actions insignifiantes, comme inférieurs. Le gouvernement de l'Église sont : l'Épicière de village, la Cuisinière ayant adopté les divisions de l'adminishollandaise, l'Intérieur d'un ménage où tration civile, l'Église, et surtout l'église grecque, eut aussi ses doyens. Ils étaient d'abord laïques; on en établit ensuite d'ecclésiastiques dans les cathédrales et les collégiales. Les compagnies séculières, et particulièrement les corps judiciaires ou savants, établirent aussi des doyens.

la mère de Gérard Dow lit la Bible à son
vieil époux, le Médecin aux urines, l'Ar-
racheur de dents, le Joueur de violon,
et beaucoup d'autres semblables répan-
dus dans les galeries souveraines de l'Eu-
rope et chez quelques riches amateurs;
car il faut être riche pour posséder des
ouvrages de ce peintre, dont les produc-
tions ont toujours été payées au poids de
l'or, même de son vivant. La Femme hy-
dropique avait coûté 30,000 fr. au roi
de Sardaigne; l'Épicière du musée du
Louvre s'est vendue 17,000 fr. chez le
marchand de tableaux Le Brun; le Den-
tiste, composition de huit figures, qui a |
été submergée dans son transport en
Russie, avait été payé 14,000 florins.
Selon le marchand Le Brun, une figure
à mi-corps de ce maître vaut 12,000 fr.,
une composition un peu riche 42,000 fr.
A la vente des tableaux du duc de Berry,
avril 1837, le portrait de Gérard Dow,
peint par lui-même, a été adjugé pour
la somme de 10,700 fr. L. C. S.
DOXOLOGIE, terme emprunté à la
langue grecque (doğa, gloire, et Xiyo, je
dis), signifie en général une prière pour
célébrer la grandeur et la majesté de
Dieu. Dans l'église chrétienne, on nom-
mait ainsi autrefois l'hymne des anges ou
cette fin de l'Oraison dominicale : « Car
« c'est à toi qu'appartiennent la gloire,›
etc. La grande doxologie est une am-
plification du Gloria in excelsis Deo,
qui se chante à la messe et à laquelle
viennent se joindre d'autres passages de
la Bible relatifs à la grandeur de Dieu.
La doxologie figure aussi dans la liturgie
anglicane et dans d'autres liturgies pro-
C. L.

Le doyen d'áge est celui qui se trouve le plus âgé du corps dont il fait partie. Cette qualité donnait autrefois quelque pouvoir dans les assemblées d'habitants; mais il y a longtemps qu'elle ne donne plus droit qu'à des déférences. Le doyeu en ancienneté est le plus ancien en réception de tous les membres d'un corps: ainsi le doyen des avocats est le premier inscrit dans la matricule. Il n'a aucune autorité; seulement, dans les réunions, il siége après le bâtonnier. A Verdun, le doyen des bourgeois était le premier officier du corps de ville. Le doyen des cardinaux ou du sacré-collége est le plus ancien en promotion des cardinaux. Le prêtre placé à la tête du chapitre d'une cathé drale, s'appelle aussi doyen; il y a des doyens en dignité au bénéfice desquels ce titre est attaché: ils ont rang au→ dessus de tous les chanoines. Le doyen en ancienneté, c'est-à-dire le plus ancien des chanoines, n'a rang qu'après le doyen en dignité. On appelait doyen en charge un des membres d'une compagnie séculière qui faisait ordinairement pendant un an les fonctions de doyen, veillait au maintien de la discipline et administrait les affaires de la compagnie. Jadis on donnait le titre de doyen des doyens au plus ancien maître des requêtes. Le doyen d'une faculté universitaire est celui qui est à la tête de cette faculté, soit par ancienneté, soit par charge. Il est DOYEN. Ce mot vient du latin decanus, choisi parmi les professeurs de la faculté en grec dexadaρxos, chef de dix hommes et souvent élu par eux-mêmes sans interd'où les Franes ont fait le dixainier, titrevention du gouvernement (voy. FACUL qui se conserva jusque dans les derniers temps parmi les officiers de l'ancienne municipalité de Paris. Quelquefois aussi,

testantes.

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TÉ). Le doyen d'un monastère était un religieux établi sous l'abbé pour le soulager et avoir inspection sur dix moines.

Le doyen rural était un curé de la campagne qui avait droit d'inspection et de visite dans un certain district du diocèse, qu'on appelait doyenné rural, et qui était composé de plusieurs cures.

et

C'est ainsi que, dans l'église protestante, on pourrait encore nommer, qu'on nomme effectivement doyens en Angleterre, les pasteurs auxquels on donne ailleurs le titre de præpositus (prévôt), en allemand Probst.

moisson d'études, Doyen alla à Naples, à Venise, à Bologne, à Plaisance, à Parme, et lorsqu'il passa par Turin pour revenir en France, le roi de Sardaigne tenta vainement de le fixer à sa cour: l'amour de la patrie le rappela dans sa ville natale. Il avait alors 29 ans. Mais quelle fut sa douleur quand il y vit son talent méconnu et bientôt dénigré par une école intéressée à feindre de ne pas le comprendre. Trop ami des saines doctrines pour les sacrifier au goût de ses contemporains, trop fier pour solliciter des travaux qu'il ne voulait devoir qu'à son seul mérite, Doyen résolut de vaincre sa mauvaise fortune par un ouvrage capital, capable d'éclairer la multitude et d'attirer sur lui la protection des Mécènes. C'est alors qu'il exécuta cette Mort de Virginie, si riche de composition, de style et de dessin, où la physionomie du peuple romain est si fidelement rendue, qui excita de telles clameurs à son apparition, que Doyen, après deux ans d'études et de travaux sans fin, s'imagina s'être véritablement trompé et avoir fait un ouvrage ridicule*; mais il fut rassuré par son ancien maître Vanloo, qui, ému jusqu'aux larmes, lorsqu'il eut enfin consenti à voir son tableau, se jeta dans ses bras en lui disant ces seuls mots qu'il put proférer : Je suis content, mon ami; comme on m'avait trompé! Dès ce moment tout changea de face pour Doyen : les amateurs qui avaient témoigné le plus d'indifférence pour ses ouvrages devinrent ses plus ardents admirateurs; chacun voulut posséder quelque chose de sa main. Le grand tableau de sainte Geneviève des Ardents, qu'il exécuta en 1773 pour faire pendant, dans l'église Saint-Roch de Paris, au saint Denis préchant la foi dans les Gaules, par Vien, mit le sceau à sa réputation. Cet ouvrage, de 22 pieds de haut sur 12 de large, étonne par l'énergie de la composition, un heureux choix de contrastes, des caractères de tête bien choisis, où l'expression de la douleur est aussi variée que profondément sentie, enfin par une science de dessin et d'anatomie d'autant plus louable qu'elle était rare alors. Sans doute à côté du ta

Le mot doyenné désigne soit la dignité même du doyen, soit, comme dans les cas que nous avons cités, l'étendue de la juridiction du doyen, soit enfin sa demeure. Voy. l'article DECANAT. A. S-R. DOYEN (FRANÇOIS). Ce peintre, né à Paris en 1726, partage avec Vien l'honneur d'avoir contribué à la régénération de l'école française en produisant des ouvrages plus conformes aux saines doctrines, plus vrais d'expression et de dessin, en un mot plus voisins de la nature que ceux des Boucher, des Vanloo, des Natoire et de leurs imitateurs. Fils d'un tapissier, Doyen refusa, quelque désir qu'en eût son père, de lui succéder dans la charge qu'il exerçait au garde-meuble de la couronne; il était né pour être peintre et il voulut l'être. Le père céda donc et le plaça, à 12 ans, chez Carle Vanloo, le peintre le plus célèbre de l'époque. Ses études prirent de suite une direction favorable, et bientôt il étonna son maître et ses condisciples par des compositions pleines de verve, de génie et de science. A 20 ans il obtint le prix de Rome. Arrivé dans la capitale des arts, il s'y livra avec une ardeur sans égale à l'étude des beaux ouvrages d'Ann. Carrache dans la galerie Farnèse, de Lanfranc à St-André della Valle, du Cortone au palais Barberini. Il se passionna à tel point pour le célèbre plafond du dernier de ces maîtres qu'il en exécuta, sur une toile de 7 pieds, une copie complète dans toutes ses parties, même les dorures. Toutefois sa prédilection pour le Berettini ne l'empècha pas d'apprécier le grand goût de dessin, la force d'expression de Jules Romain, de Polydore, de Michel-Ange surtout, dont la chapelle Sixtine, la première fois qu'il la vit, l'avait plongé dans une extase indicible. (*) Ce tableau, de 26 pieds de proportion, Après avoir recueilli à Rome une ampleété acquis par la cour de Parme,

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