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Saladin, et avait promis de trahir les | l'Amaury, et par ce mariage il joignit à

Croisés; mais cette assertion d'un auteur
anglais a été contredite. Quoi qu'il en
soit, il est prouvé par d'autres faits qu'il
n'était pas très scrupuleux. En 1204,
Philippe-Auguste servit avec zèle et suc-
cès au siége de Rouen. Il prit part aussi
à la guerre des Albigeois et se distingua
à la bataille de Bouvines. Son frère PHI-
LIPPE de Dreux, évêque de Beauvais,
est renommé pour son ardeur belliqueuse
et pour ses exploits guerriers à la croi-
sade et à Bouvines. Son second fils,
PIERRE de Dreux, fut la tige de la der-
nière branche des ducs de Bretagne. Une
de ses filles, ALIX, épousa en secondes
noces Raynard III, sire de Choiseul, de
qui descend toute la maison de Choiseul
(voy.). Cette Alix de Dreux est l'héroïne
d'un nouveau roman où l'on suppose
qu'elle se battit en duel, déguisée en
homme, pendant l'absence de son mari,
contre Valeran de Corbie, qui, déses-
péré de n'avoir pu obtenir sa main, l'a- |
vait accusée d'adultère, et, renversé par
elle, l'avait frappée mortellement d'une
dague, comme elle se jetait sur lui pour
le forcer à faire l'aveu de sa calomnie.

Le fils aîné de Robert II, ROBERT III, surnommé Gáte-Blé, parce que dans sa jeunesse il avait fortuitement gâté quelques moissons, devint en 1218 comte de Dreux et de Braine. Déjà, par mariage, il était seigneur de Saint-Valery. Il eut quelque réputation à la guerre, fut quelque temps prisonnier du roi Jean d'Angleterre, et accompagna en 1216 Louis, fils de Philippe-Auguste, dans l'expédition entreprise de l'autre côté du détroit, contre Jean-Sans-Terre. Dix ans après, il participa à la prise d'Avignon. Il ne fut pas étranger aux troubles qui agitè rent la régence de Blanche de Castille durant la minorité de saint Louis, et mourut en 1234. Son fils JEAN Ier lui succéda en bas âge, sous la tutelle de sa mère, puis sous celle de Henri de Sully, son beau-père. Il accompagna saint Louis dans sa première croisade, et mourut en 1248 à Nicosie, en Chypre. RoBERT IV, son fils ainé, encore enfant, devint en conséquence comte de Dreux et de Braine. En 1259, il épousa Béatrix, fille unique de Jean, comte de Montfort

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ses domaines le comté de Montfort et la seigneurerie de Rochefort. Il accompagna Philippe-le-Hardi dans la guerre du Languedoc, et mourut en 1282. Il fut remplacé par JEAN II, le Bon, son fils, qui devint grand-chambrier de France, prit une part éclatante aux guerres soutenues par Philippe-le-Bel, et mourut en 1309. Son fils, ROBERT V, mort en 1329, disposa du comté de Braine en faveur de Jean de Rouci, son cousin, qui le transmit à ses descendants. JEAN III remplaça Robert V, son frère, et mourut en 1331. PIERRE, frère des deux précédents, devint alors comte de Dreux. Il se signala dans les guerres de Philippe de Valois contre les Anglais. A sa mort, arrivée en 1345, il ne laissait qu'une fille, JEANNE, née cette même année, comtesse de Dreux et dame de Montpensier sous la tutelle de sa mère, Isabelle de Melun et de Tancarville. Elle avait à peine un an lorsqu'elle mourut en 1346. JEANNE II, seconde fille de Jean II et tante de Jeanne Ire, succéda au comté de Dreux à sa nièce, avec Louis, vicomte de Dreux, son mari. Lorsqu'elle mourut, en 1355, son fils SIMON devint comte; il épousa Jeanne d'Artois, fille de Jean d'Artois, comte d'Eu, et fut tué dans un tournoi, le jour de ses noces, l'an 1365. Ses deux sœurs, Péronelle et Marguerite, vendirent leurs droits à Charles V, et tout le comté de Dreux se trouva réuni à la couronne. En 1382, Charles VI le donna à ARNAUD-AMANIEN, sire d'Albret, le reprit à la mort de celui-ci, en 1401, et, en 1407, en gratifia sou frère Louis, duc d'Orléans. Le comté de Dreux retourna alors dans la maison

d'Albret; on a prétendu qu'il appartint, dans la première moitié du xve siècle, au connétable Stuart, mais ceci n'est pas prouvé. En 1559, il fit partie du douaire de Catherine de Médicis; en 1569, il fut érigé en duché-pairie, et donné en apanage à FRANÇOIs de France, duc d'Alençon, puis d'Anjou, mort en 1584. Par une suite d'héritages, il passa aux ducs d'Orléans. Il y avait aussi des vicomtes de Dreux, dont l'histoire est peu connué et était probablement peu inté

ressante.

Dreux, anciennement célèbre comme siége du culte des Druides (voy.), est aujourd'hui un chef-lieu de sous-préfecture du département d'Eure-et-Loir, et renferme un tribunal de première instance, un tribunal de commerce, etc. La ville est située dans une belle et fertile contrée, sur les bords de la Blaise. Elle est peuplée de 6,249 habitants. Les caveaux de l'église collégiale servaient de tombeau à la famille d'Orléans*. On voit encore, sur un coteau, les ruines de l'ancienne forteresse des comtes de Dreux. En 1562, sous le règne de Charles IX, il se donna, près de cette ville, une bataille sanglante, dans laquelle le prince Louis de Condé, chef des réformés, fut fait prisonnier. Henri IV la prit d'assaut en 1593. Elle est la patrie de Rotrou et du musicien Philidor. A. S-R.

DREUX-BRÉZÉ (FAMILLE DE). D'après les titres dont l'examen a été fait par ordre du roi Louis XVIII et qui sont déposés aux archives du royaume, la famille de Dreux-Brézé se rattacherait, par une filiation non interrompue, jusqu'à Pierre de Dreux, frère de Simon, dont il a été parlé dans l'article précédent. Les dévastations des guerres civiles, le manque de ressources et le grand nombre d'enfants, réduisirent souvent, dans les siècles passés, les cadets des maisons régnantes même à la qualité de simples gentilshommes: la maison de Dreux, plus multipliée peut-être qu'aucune autre, en fournit de fréquents exemples. On trouve dans les anciennes histoires beaucoup de ses membres simples hommes d'armes, un autre auditeur au Châtelet de Paris, en 1378, etc., etc. Dans le xvi° siècle, MERY de Dreux, arrière petit-fils de Pierre de Dreux, cité plus haut, avait eu deux fils dont la postérité subsiste encore. CLAUDE de Dreux, seigneur de la Maison-Neuve, de qui descendent les Dreux - de - Nancré, restés dans la carrière des armes, et THOMAS de

(*) On connaît le tableau de M. Gosse ayant pour sujet le duc de Penthièvre qui, en 1783, présente cette église les cercueils des princes de sa famille jusque-là déposés à Rambouillet. Le Musée de Versailles reuferme un autre tableau, de M. Alfr. Johannot, représentant François de Lorraine, duc de Guise, faisant sa cour à Charles IX, après la bataille de Dreux. S.

Dreux, seigneur de la Pommeraye, qui entra dans la magistrature et dont les descendants, pendant trois générations, occupèrent diverses charges aux parlements de Bretagne et de Paris. Ce dernier est la tige des Dreux-Brézé, qui ne prirent le nom de Brézé que dans le XVIIe siècle, lors de l'échange que fit avec le grand Condé du marquisat de la Galissionnière, pour la terre de Brézé, Thomas de Dreux, conseiller au parlement de Paris, etc.; il s'appela dès lors marquis de Brézé, la terre de ce nom ayant été en sa faveur érigée en marquisat par lettres d'août 1685, enregistrées en la chambre des Comptes et au parlement de Paris les 23 juillet et 5 août 1686.

Quant à la famille de Brézé proprement dite qui s'est éteinte, et dont la terre et seigneurerie de Brézé en Anjou est entrée au commencement du xv siècle dans la maison de Maillé, par l'alliance de Jeanne de l'Estang, dame de Brézé, avec Payen ou Péan de Maillé, seigneur de Saint-Georges-du-Bois, elle a donné des grands sénéchaux d'Anjou, un maréchal de Normandie, un grandveneur et un grand-aumônier de France, évêque de Meaux. Le premier membre de cette ancienne famille qui nous soit bien connu est Jean de Brézé, seigneur de la Varenne, mort en 1351; puis vient Pierre de Brézé, 2o du nom, grand-sénéchal de Poitou, d'Anjou, etc., qui suivit le roi au secours de la ville de SaintMaixent, en 1440, et reçut, quatre années après, au mois de décembre, en considération de ses services, plusieurs terres confisquées sur le roi de Navarre. Il assista en 1447 au siége de la ville de Mans, et en 1450 à la bataille de Formigny. Après la mort de Charles VII, le roi Louis XI le fit renfermer au château de Loches, d'où il ne sortit qu'à condition d'aller servir le duc d'Anjou en Sicile et de consentir au mariage de son fils avec la sœur naturelle du roi. Il fut tué le 17 juillet 1465 à la journée de Montlhéry, laissant entre autres enfants Jacques de Brézé, maréchal et grand-sénéchal de Normandie, etc., mort le 14 août 1494; il avait épousé Charlotte, bâtarde de France, fille naturelle

brigadier d'infanterie; en mars 1741, lieutenant général; commandant pour le roi à Tournay en 1745; gouverneur de Loudun, prévôt et maître des cérémonies des ordres, et de plus commandant en chef des provinces de Flandre et de Hainaut. Élant mort sans enfants, son frère cadet, JOACHIM de Dreux, d'abord chevalier, fut après lui grand-maître des cérémonies et lieutenant général, sous le titre de marquis de Dreux. Il épousa, le 27 mai 1755, Louise-Marie de Courtavel de Pézé, nièce de Hubert de Courtavel, le mênie qui fut tué à la bataille de Guastalla en 1734. Nous voici arrivés au marquis de Dreux-Brézé, fils du précédent, dont le nom se trouve si souvent mêlé aux luttes orageuses de notre révolution.

du roi Charles VII et d'Agnès Sorel. Louis de Brézé, leur fils, grand-veneur de François Ier, fut fait chevalier de l'ordre de ce prince, à la cérémonie de Compiègne, le jour de saint Michel, 1527. Il épousa en premières noces Catherine de Dreux, dont il n'eut point d'enfants, et ensuite Diane de Poitiers (voy.), depuis duchesse de Valentinois. Deux filles naquirent de cette union, Françoise de Brézé, mariée à Robert de La Marck, quatrième du nom, duc de Bouillon, maréchal de France, et Louise de Brézé, qui épousa Claude de Lorraine duc d'Aumale, fils puiné de Claude duc de Guise. Viennent ensuite Gaston de Brézé, dont le fils, Louis de Brézé, évêque de Meaux et trésorier de la sainte Chapelle de Paris, fut nommé grand-aumônier de France, par lettres du 1er juin 1556, à la sollicitation de la duchesse de Valentinois. Il assista au concile de Trente. Les deux filles de Gaston, frère de Louis de Brézé, épousèrent, Catherine, Nicolas de Dreux, et Françoise, Gilles le Roy, seigneur de Chillon, d'où sont sortis les seigneurs de Breuil et de Gaignouville. Les armes de la maison de Brézé étaient d'azur, à huit croisettes d'or, posées en orbe autour d'un écusson d'or comblé d'azur et l'azur rempli d'argent.

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Mais revenons à la maison de DreuxBrézé, qui n'a, comme on le voit, avec l'ancienne famille de Brézé, d'autres rapports que la possession de la terre de ce nom et quelques relations de parenté fort éloignées par des alliances prises dans les mêmes familles. Le fils de Thomas de Dreux, dont nous avons parlé plus haut, nommé de même THOMAS de Dreux, baron de Berrye, connu sous le nom de marquis de Dreux, seigneur et marquis de Brézé, fut lieutenant général, gouverneur des villes et châteaux de Loudun, du Loudunois, des iles Sainte-Marguerite, Saint-Honorat, etc., ancien grandmaître des cérémonies, depuis mars 1701; il mourut après s'être démis, le 26 mars 1749. Il eut pour successeur dans ses places civiles et militaires son fils MICHEL de Dreux, marquis de Brézé, etc., né en 1699, d'abord colonel, ensuite grand-maître des cérémonies; en 1720,❘

HENRI-EVRARD, marquis de Dreux et de Brézé, baron de Berrye, grand-maitre des cérémonies, pair de France, chevalier des ordres du roi, maréchal-decamp, etc., etc., avait épousé Adélaïde Philippine de Custine, fille du fameux général de ce nom (voy.). Nommé, dès l'âge de 16 ans, à la charge de grandmaître des cérémonies de France, dont sa famille était en possession depuis près de deux siècles, le marquis de DreuxBrézé fut chargé, peu d'années après son entrée en fonctions, de pourvoir aux préparatifs des états- généraux. La tâche était difficile, parce qu'elle le mettait en contact avec les hommes les plus marquants et les plus impétueux de la représentation nationale, contre lesquels il était souvent obligé de lutter pour soutenir la prérogative royale; et cependant le grandmaître déploya, dans les circonstances les plus épineuses, une sagesse et une fermeté qui auraient fait honneur à l'expérience la plus consommée. Il débuta dans ce rôle délicat le 20 juin 1789. Ce jour avait été, comme on le sait, choisi par la majorité des membres du clergé pour se réunir aux députés du tiers-état, Pour prévenir cette réunion, la cour ordonna la fermeture des salles d'assemblée des États, sous le prétexte de préparatifs à y faire pour une séance royale indiquée au 22; et le 20 juin au matin le marquis de Brézé dut faire au président Bailly la notification de l'arrêté du roi. Ce fut

cet incident qui décida la fameuse séance du Jeu de paume, qui eut tant de retentissement dans toute la France. Cependant la séance royale, fixée d'abord au 22 juin, avait été remise au 23. Le marquis, qui avait signifié cet ajournement à l'assemblée, eut encore à supporter la responsabilité du mécontentement des députés du tiers, blessés du peu d'égards qu'on leur témoignait en leur assignant pour lieu de réunion une galerie de bois servant de vestibule à une porte détournée, et en les laissant longtemps exposés à une pluie battante, avant de leur permettre l'entrée de la salle, dans laquelle les représentants du clergé et de la noblesse étaient déjà commodément assis, bien avant qu'ils fussent eux-mêmes introduits.

Ici commence véritablement la partie difficile du rôle confié au marquis de Dreux-Brézé. La déclaration impérieuse par laquelle le roi venait de clore l'espèce de lit de justice pour lequel les trois ordres avaient été convoqués, avait révolté l'assemblée et déposé au fond de tous les cœurs un mécontentement et une indignation qui se révélaient par un morne silence. Les dernières paroles du monarque étaient une injouction formelle de se retirer de suite: toute la noblesse et une partie du clergé avaient obéi; mais les députés des communes et l'autre partie du clergé étaient demeurés à leur place dans une immobilité froide et résolue, lorsque tout à coup Mirabeau se lève, et, dans une improvisation entraînante, propose la motion de ne se séparer qu'après avoir donné une constitution au pays. En ce moment, le grand-maître des cérémonies paraît et s'adressant au président: " :« Monsieur, lui dit-il, vous avez << entendu les ordres du roi? Je vais prendre ceux de l'assemblée, répond ¦ Bailly; elle s'est ajournée après la séance royale, et je ne puis la séparer sans Est-ce là votre qu'elle en ait délibéré. réponse, et puis-je en faire part au roi? « Oui, monsieur. »Puis se tournant vers les députés qui l'entouraient : « Je crois, ajouta-t-il, << que la nation assemblée ne « peut recevoir d'ordre. Ce fut alors que Mirabeau, s'élançant vers le marquis fui adressa la fameuse apostrophe sur laquelle on a fait tant de variantes et

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que l'on trouvera à l'article MIRABEAU Ici, nous nous bornerons à dire que, à l'occasion d'un incident qui s'éleva entre le marquis de Dreux - Brézé actuel et M. Villemain, dans une discussion à la Chambre des pairs (15 mars 1833), le premier entreprit de rétablir le véritable texte des paroles de Mirabeau: « Je remercie l'orateur qui descend << de la tribune, a-t-il dit, d'avoir rap« pelé un souvenir historique qui se rat<< tache à la mémoire de mon père; les << historiens du temps ont tous rapporté <«< ce fait d'une manière plus ou moins << inexacte. Mon père voulut, au retour << du roi Louis XVIII, rétablir la vérité; << mais ce prince lui demanda de n'en << rien faire, et il se soumit à sa volonté. << N'étant plus retenu par les mêmes considérations, je puis dire aujourd'hui <«< comment les choses se passèrent. Mon père fut envoyé par Louis XVI, pour « ordonner à l'assemblée nationale de se séparer; il entra couvert: tel était son << devoir, puisqu'il parlait au nom du roi. << De grandes clameurs se firent entendre « à sa vue: on lui cria de se découvrir; << mon père s'y refusa énergiquement. << Alors Mirabeau se leva et ne lui dit point: Allez dire à votre maître, etc., « mais Nous sommes ici par le vœu de << la nation; la force matérielle seule « pourrait nous faire désemparer. Mon

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père prit alors la parole, et s'adressant << à Bailly: Je ne puis reconnaître, dit-il, << en M. de Mirabeau que le député du bailliage d'Aix, et non l'organe de « l'assemblée. Puis il se retira quelques « minutes après, et alla rendre compte << au roi de cet incident. Voilà exacte« ment, messieurs, comment les choses « se passèrent ; j'en appelle aux souvenirs « des membres de cette chambre qui siégeaient alors dans l'Assemblée na<«<tionale. >> Nous devons à la vérité de déclarer la rectification proposée par M. de Dreux-Brézé obtint l'assentiment de ceux de MM. les pairs qui avaient été membres de l'Assemblée nationale.

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que

Sujet fidèle, le marquis de Brézé n'abandonna pas, quand il le vit dans le malheur, le prince dont il avait partagé la fortune; jusqu'à la journée du 10 août il resta constamment auprès de sa per

sonne, et ce ne fut que du moment où il | désespéra de pouvoir le servir en France qu'il suivit le cours de l'émigration. Plus tard, par déférence pour les ordres de Louis XVIII, qu'il était allé rejoindre à | Vérone, il rentra dans sa patrie. Lorsque la France passa des agitations de la démocratie au séduisant despotisme de l'empire, il ne se laissa pas éblouir par l'éclat de l'astre nouveau qui venait de surgir il eut le courage de l'indépendance et préféra l'obscurité d'une condition privée aux honneurs de l'apostasie qui fit mentir tant de dévouements. Mais, quand la Restauration vint lui rappeler ses anciens serments, le marquis de Dreux-Brézé se hata d'aller recevoir à Calais le chef des Bourbons. Rentré auprès de Louis XVIII dans l'exercice de ses anciennes fonctions de maître des cérémonies, le premier devoir auquel il s'appliqua, en cette qualité, fut de rendre à la sépulture les cendres des rois de France, profanées dans les égarements d'un peuple qui se livrait à mille excès. Les restes de Louis XVI, de Marie-Antoinette et du prince de Condé furent déposés dans ce silencieux palais de la mort, et le marquis présida à la cérémonie expiatoire célébrée à la place même où avait été accompli un des actes les plus terribles de la grande épopée révolutionnaire. Bientôt il fut appelé à fermer la tombe du duc de Berry, presqu'en même temps qu'il installait dans son berceau le jeune duc de Bordeaux; puis enfin il dirigea la pompe funèbre du monarque qui avait passé le nouveau pacte d'alliance des Bourbons avec la France.

Les circonstances dans lesquelles le grand-maître des cérémonies avait autrefois exercé ses fonctions et celles sous

l'empire desquelles il les remplissait maintenant étaient essentiellement différentes; la révolution avait jeté plusieurs siècles entre ces deux périodes de sa vie. M. de Brézé le comprit, et ne s'obstina pas, comme tant d'autres, à résister à l'enseignement des faits. Dans l'ordonnance du sacre de Charles X, il fit preuve de sagacité. Il fallait respecter les anciens usages, conserver à cette solennité son caractère antique et religieux, sans toutefois heurter les mœurs ni les institutions

nouvelles : le clergé, les grands corps de l'état, les chefs de l'administration, de la magistrature et de l'armée, tout était convoqué à Reims; chacun avait ses souvenirs, ses priviléges anciens, ses droits nouvellement acquis à conserver, et tous les intérêts furent conciliés.

Nous n'avons pas à juger les opinions politiques de M. de Brézé et le genre d'influence qu'il exerça à la Chambre des pairs: il suivit la ligne que lui avaient tracée son éducation, sa position sociale et les liens qui l'unissaient à la famille royale des Bourbons. Il mourut avant la catastrophe qui renversa celle-ci du trône, en 1829, laissant plusieurs enfants.

Son successeur dans la pairie et dans la charge de grand-maître des cérémonies fut son fils SCIPION, marquis de Dreux-Brézé, né en 1793 aux Andelys (Eure), où sa famille était venue chercher, au sein de l'obscurité, un abri contre les orages de la révolution. Après de brillantes études à l'école militaire de La Flèche, il entra, en qualité d'officier, dans un régiment de cavalerie, et put encore se distinguer dans les dernières campagnes de l'empire. A la Restauration, il ne quitta son corps que lorsque la paix fut signée, et il sollicita la permission de reprendre son rang dans l'armée, au moment même où son père rentrait, à la cour de Louis XVIII, dans l'exercice des fonctions dont il avait été revêtu sous Louis XVI. Attaché au maréchal Soult en qualité d'aide-de-camp, le jeune officier voulut s'associer, comme simple volontaire, aux chances de la retraite de Louis XVIII à Gand. Promu, peu de temps après la 2o Restauration au grade de capitaine dans le premier régiment de cuirassiers de la garde royale, M. de Dreux-Brézé se fit remarquer par son attachement aux devoirs de la discipline, jusqu'en 1827, où il se retira du service militaire, avec le grade de lieutenant-colonel.

Ce fut en 1829 que le marquis de Dreux-Brézé père légua en mourant à son fils sa charge de grand-maître des cérémonies et son titre de pair de France; jusque-là personne n'avait encore deviné en lui l'homme d'état aux vues nettes et profondes, l'orateur dont la parole in

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