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ses habitudes, lui conserver sa physiono- Jura, dans un village où il fut arrêté mie particulière, et cela avec cette cor- par les officiers municipaux. Il put cerection de formes que donne la nature, pendant continuer sa route, et habita choisie avec discernement et scrupuleu- successivement dans plusieurs cantons de sement imitée. Ce peintre a gravé à l'eau- la Suisse. Pendant près de huit mois, forte et d'une pointe légère, spirituelle dans un pays dont il ignorait la langue, et savante, une suite de 52 sujets de paysa- il ne dut son existence qu'au travail de ges et animaux de sa composion, mar- ses mains: c'est le dessin qui fut sa prinqués tantôt K. D. L., tantôt K. D. V. I. fe- cipale ressource. Après le 9 thermidor, cit, avec l'année de leur exécution, L.C. S. il écrivit à la Convention pour lui deDULAURE (JACQUES-ANTOINE) né, mander des juges. Le manufacturier le 3 décembre 1755, à Clermont - Fer- chez lequel il travaillait, lui fournit tout rand, fit ses premières études au collége ce qui lui était nécessaire pour retourner de cette ville, et, désirant vivement d'en- en France avec sécurité. En même temps trer dans le corps des ingénieurs des ponts Dulaure apprit par les journaux qu'un et chaussées, il s'appliqua avec passion au décret, rendu le 8 décembre 1794, le dessin et aux mathématiques. Mais quel- rappelait à la Convention et lui rendait ques raisons étrangères à ses goûts le tous ses droits. Rentré dans le sein de détournèrent de ce projet. Il se rendit cette assemblée, il se rendit de suite au à Paris en 1779 pour y suivre des cours Comité de sûreté générale pour demander d'architecture, et travailla sous M. Ron- communication des pièces qui avaient delet, célèbre comme continuateur de servi de base à son accusation. On lui dé Soufflot, dans l'érection du beau temple clara qu'il n'en existait pas et qu'il n'en de Sainte-Geneviève (Panthéon). Appelé avait jamais existé. Par un décret du 20 par un ingénieur en chef à concourir à germinal an III de la république (9 avril l'entreprise du canal projeté entre Bor- 1795), Dulaure fut nommé membre du deaux et Bayonne, il y exécuta plusieurs Comité d'instruction publique, et, envoyé travaux; mais la guerre qui éclata entre en mission dans les départements de la la France et l'Angleterre empêcha le Corrèze et de la Dordogne, il n'employa ministère de fournir les fonds nécessaires l'autorité dont il était revêtu qu'à cicatripour cette construction. Dulaure chan- ser des plaies et à réparer des malheurs. gea alors ses vues, se livra à la géogra- Le 1er thermidor suivant (19 juillet), il phie, et publia quelques cartes, princi- fut, de même que tous les autres dépalement celle d'Auvergne, qui fut très putés en mission, rappelé pour assister bien accueillie par l'intendant de cette à la discussion de l'acte constitutionnel. province. Puis il fit paraître quelques Le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795), écrits sur les monuments de Paris, par- la Convention ayant terminé sa session, ticulièrement sur la nouvelle salle des Dulaure fut nommé député par trois déFrançais, appelée depuis Odéon, et sur partements, le Puy-de-Dôme, la Corrèze celle des Italiens. Nommé en septembre et la Dordogne. Il opta pour le premier. 1792 député à la Convention nationale Ayant moins de 40 ans, il fut classé par les électeurs du département de dans le conseil des Cinq-Cents; en gerPuy-de-Dôme, il ne parut que rarement minal an V, le sort le conserva membre à la tribune, mais il vota la mort de de ce conseil. En l'an VI il fut, pour Louis XVI sans sursis ni appel. Accusé la troisième fois, nommé député au ensuite de conspiration par le Comité de Corps-Législatif. Pendant tout le temps salut public, il dut se cacher, soit à Paris, qu'il y siégea, il s'occupa principalement soit à Saint-Denis, pendant deux mois; des travaux qui concernaient l'instrucmais craignant de compromettre les per- tion publique et fit plusieurs rapports sonnes qui lui donnaient asile, il voulut sur cette intéressante matière. Après le s'exposer seul au péril et se réfugia en 18 brumaire, Dulaure ne fut pas rééà Suisse. Ce voyage ne fut pas sans dan-lu: rentré dans la vie privée, il renonça ger il se vit contraint de séjourner la politique et reprit ses études favoquelque temps dans les montagnes du rites. Mais la faillite d'un notaire, qui avait

en dépôt toute sa fortune, l'obligea, en 1808, à solliciter un emploi dans une administration financière: c'est alors qu'il obtint une place de sous-chef de bureau. L'ayant perdue à la première Restauration, il n'eut plus de ressources que dans son talent littéraire, mais il y trouva des compensations suffisantes pour adoucir les rigueurs du sort. Dulaure termina sa longue et laborieuse carrière à Paris, le 19 août 1835.

à Douai en 1719, que la dévotion de ses parents avait fait entrer dans un couvent dès l'âge de 18 ans, jeta bientôt, suivant l'expression vulgaire, le froc aux orties, et se sauva en Hollande. Il y publia un assez grand nombre d'ouvrages libres ou irréligieux, qui lui firent une certaine réputation et lui valurent quelque aisance. Le plus remarquable fut le roman intitulé le Compère Mathieu, ou les Bigarrures de l'esprit humain. Pendant quelque temps on l'attribua à l'au teur de Candide, et à quelques égards, sauf le style du moins, on pouvait s'ỳ tromper.

Doué de plus de facilité que de mesure et de correction, Dulaurens a aussi composé deux poèmes (le Balai et la Chandelle d'Arras) beaucoup trop diffus, répréhensibles sous plusieurs rapports, mais qui, à ne les considérer que litté rairement, offrent parfois de la gaîté et de la verve.

Lors d'un voyage qu'il fit en Allemagne, la Chambre ecclésisatique de Mayence, inquisition au petit pied, le fit arrêter et le condamna, en réparation des divers scandales qu'il avait donnés, à une détention perpétuelle dans une maison d'asile pour les prêtres indigents, située près de Mayence. Dulaurens y est mort, dans un âge avancé, vers le milieu de l'année 1797. M. O.

Ses ouvrages sont nombreux; presque tous se rapportent à Paris, à la France et à la révolution. Le plus important est son Histoire civile, physique et morale de Paris, publiée à Paris depuis 1821 (7 vol. in-8°) et qui est aujourd'hui à sa 7° édition, ouvrage savant et curieux, mais trop passionné, et qui fit à son auteur un grand nombre d'ennemis. Les Esquisses historiques des principaux événements de la Révolution française, depuis la convocation des États-Généraux jusqu'au rétablissement de la maison des Bourbons (1823,6 vol. avec gravures et le portrait de l'auteur), portent les traces de la précipitation avec laquelle elles furent écrites, et l'on en peut dire autant de l'Histoire physique, civile et morale des environs de Paris, depuis les premiers temps historiques jusqu'à nos jours (Paris, 1825, 6 vol. in-8°), qui devait former le pendant de son Histoire de Paris. Outre ces grands travaux, Dulaure a enrichi de plusieurs autres moins étendus les Mémoires de la Société des Antiquaires de France, dont il fut jusqu'à sa mort un des membres les plus actifs et les plus assidus; il a écrit une Pogonologie ou Histoire de la barbe, divers mémoires sur les cultes anciens, entre autres sur le phallus; enfin il a laissé plusieurs manuscrits qui n'ont pas encore vu le jour, notamment une Histoire d'Auvergne, et un mémoire sur l'État géographique de la Gaule pendant la domination_romaine, qui reçut de l'Institut une mention honorable. On doit à M. A. Taillandier, son collègne à la Société des An-rieur de ménage forcèrent Dumarsais tiquaires, une Notice biographique sur M. J.-A. Dulaure, à laquelle nous avons emprunté quelques-uns des faits renfermés dans cet article. F. R-D. DULAURENS (HENRI-JOSEPH), né

DUMARSAIS (César ChesnEAU), philosophe grammairien, né à Marseille le 17 juillet 1676. Sa vie fut une longue suite de malheurs et de vicissitudes. Il avait perdu son père et sa mère de bonne heure, et le seul bien que deux de ses oncles lui avaient laissé, et qui consistait en une fort belle bibliothèque, avait été dispersé et vendu. Il entra chez les pères de l'Oratoire de sa ville natale, où il reçut une éducation solide; mais ne pouvant s'habituer à leur genre de vie, il prit la résolution de venir à Paris, où il se maria à 25 ans et se fit recevoir avocat en 1704. Divers embarras de fortune et d'inté

à quitter le barreau : il entra en qualité de précepteur chez le président de Maisons, et occupa successivement la même place chez le fameux contrôleur Law, | puis chez le marquis de Beauffremont,

génie. Cette faveur, sa naissance, d'un père trésorier de France et d'une mère qui appartenait à une famille de magistrature, lui permettait d'y prétendre, et le résultat favorable de l'examen qu'il subit en 1770 le fit en effet recevoir parmi les 25 premiers candidats pour la plus prochaine promotion. Mais la suppression de 30 places d'élèves empêcha que cette promotion n'eût lieu, et le jeune aspirant, hors d'état de prolonger à Paris un séjour trop coûteux pour son père, qui avait eu treize enfants de sa femme déjà morte à cette époque, n'hésita pas à accepter un brevet de sous-lieutenant dans le régiment de Médoc, infanterie. Le service actif ne le détourna pas de ses études: en garnison à Briançon, il dessina, sous la direction du major de la place, les cartes d'un ouvrage sur les guerres des Alpes; et lorsque son régiment fut envoyé à Valenciennes, il s'exerça

Mais ses élèves moururent ou le quittèrent, et il se vit forcé, pour vivre, d'aller ouvrir au faubourg Saint-Victor un pensionnat, dans lequel il trouva à grand' peine des moyens de subsistance. Enfin des infirmités de toute espèce achevèrent de l'accabler, et il mourut assez misérablement le 11 juin 1756, à l'âge de 80 ans. Dumarsais, comme beaucoup d'autres hommes de mérite, ne fut réellement apprécié qu'après sa mort. Homme honnête, pauvre, étranger à toutes les coteries et aux intrigues littéraires, il put à peine, pendant sa vie, vendre un seul de ses livres. Son meilleur ouvrage, le Traité des Tropes (voy.), qu'il avait composé pour un de ses élèves, resta plus de trente ans dans la boutique du libraire. Il ne put parvenir à faire adopter une méthode de son invention pour apprendre la lan- | gue latine, et qui a quelques rapports avec la méthode dont on a attribué de nos jours l'idée à M. Jacotot. Les œuvres de Dumarsais, réunies en sept volumes in-8°, ont été publiées par Duchosal et Millon (Paris, 1797, chez Pougin). On y remarque, outre les ouvrages déjà cités, sa Logique, ses Principes de Grammaire, divers mélanges de grammaire et de philosophie, et d'excellents articles faits pour l'Encyclopédie etinsérés dans les premières lettres. En 1804, l'Académie Française mit au concours l'éloge de Dumarsais, et le prix offert fut remporté par M. de Gérando. Il existait déjà un éloge de lui, par d'Alembert, que ses éditeurs ont placé à la tête de ses œuvres. D. A. D. DUMAS (le comte MATHIEU), lieute-garde de l'armée rassemblée pour l'exnant général, conseiller d'état en service ordinaire, pair de France et grand-cordon de la Légion-d'Honneur, naquit à Montpellier, le 23 novembre 1753, au sein d'une famille considérée, et dut aux soins d'un oncle, chanoine et grand-ar-si controversés de l'ordre mince et de chidiacre du chapitre diocésain, une excellente éducation qui le dirigeait vers l'état ecclésiastique auquel cet oncle le destinait. Mais le jeune Mathieu Dumas, qui se sentit de bonne heure une vocation décidée pour la carrière des armes, obtint d'être envoyé à Paris, dès l'âge de 15 ans, pour y continuer ses études en mathématiques, et dans l'espérance de se faire admettre à l'école d'application du

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à faire des reconnaissances militaires et particulièrement celles des champs de bataille de Malplaquet, Fontenoy, etc. Ainsi ses études pratiques soutenaient et éclairaient déjà celles qu'il poursuivait dans les veilles du cabinet. Elles recommandèrent notre jeune officier à la bienveillance du maréchal de Castries et du comte de Puységur. Ce dernier, alors inspecteur général d'infanterie et qui fut depuis ministre de la guerre, devint son protecteur; il l'employa souvent près de lui en qualite d'aide-de-camp et le présenta au comte de Rochambeau qui commandait, au camp de Saint-Malo, l'avant

pédition d'Angleterre. M. Dumas s'était déjà trouvé sous les ordres de ce général au camp de Lisieux (1778), où le maréchal de Broglie faisait exécuter des essais de manœuvre dans les deux systèmes

l'ordre profond. Ces manœuvres, entreprises au moment où la France déclarait la guerre à l'Angleterre pour soutenir l'insurrection des colonies américaines de cette puissante rivale, masquaient les préparatifs d'une descente au-delà de la Manche.

Mais la descente ne pouvait s'effectuer qu'à la condition que les flottes française et espagnole réunies sous le pavillon

amiral du comte d'Orvilliers resteraient maîtresses de la Manche. Après une vaine démonstration contre Plymouth et les habiles manœuvres de l'amiral Hardy, d'Orvilliers fut obligé de rentrer à Brest et l'on renonça à l'expédition.

Alors un autre hémisphère offrit un vaste champ à l'ambition du jeune Dumas, depuis quelque temps capitaine de chasseurs. Nommé aide-de-camp de Rochambeau il le suit en Amérique : il débarque à Rhode Island (17 juillet 1780) et prend part aussitôt à divers travaux de fortification et à des reconnaissances militaires. Dans les campagnes de 1781 et 1782, Rochambeau concertait avec Washington différentes opérations, et Dumas nommé aide-maréchal-général-des-logis, fut fréquemment employé dans les communications entre ces généraux. Dans la campagne de Virginie (1782), dont le plan fut concerté entre Washington, Rochambeau et l'amiral comte de Grasse et qui se termina par la capitulation de lord Cornwallis (vor.), ainsi que de la place d'Yorktown, M. Dumas, avec son ami et fidèle compagnon, le chevalier Charles de Lameth, ouvrait les marches, et il dirigea le passage de l'Hudson, de la Delaware et de la Susquehannah. Après le départ de Rochambeau, il fut nommé chef d'état-major du corps d'armée sous les ordres du général de Vioménil des tiné à faire partie de l'expédition contre la Jamaïque. Cette division dont M. Dumas eut à disposer l'embarquement à bord de l'escadre de douze vaisseaux français commandée par l'amiral marquis de Vaudreuil, devait attendre au port de Porto-Cabello l'arrivée de la grande flotte réunie à Cadix et que le comte d'Estaing allait encore une fois conduire dans le Nouveau-Monde. Mais au lieu de cette flotte arriva la nouvelle de la paix de Versailles, conclue le 3 septembre 1783 et qui proclama l'indépendance des ÉtatsUnis. On se rendit donc à Saint-Domingue, et M. Dumas, quoique malade par suite de ses fatigues et de l'insalubrité du climat, continua ses fonctions pour l'embarquement et le débarquement des troupes et pour toutes les dispositions relatives au retour en Europe.

Il n'y trouva point le repos : à peine

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débarqué à Brest, il reçut l'ordre de se rendre à Paris, où il fut promu au grade de major. On l'envoya aussitôt à Toulon, s'embarquer avec le comte de Bonneval, capitaine de vaisseau avec qui il devait faire une reconnaissance détaillée des îles et des côtes de l'Archipel; le but ostensible de cette mission était l'inspection générale des échelles du Levant. Bonneval et Dumas s'en acquittèrent à la satisfaction du maréchal de Castries; mais le dernier ne revint à Paris que pour recevoir de nouveaux ordres et se rendre en Allemagne et dans les PaysBas, où l'Autriche semblait faire contre la France des préparatifs hostiles.

Pendant plusieurs années, le temps de M. Mathieu Dumas fut ainsi partagé entre les voyages et les travaux du cabinet; on l'envoya d'une frontière à l'autre, on le chargea tantôt d'une mission de paix, tantôt d'une reconnaissance militaire; on l'attacha à l'état-major, on le fit asseoir au conseil de la guerre, et ainsi employé sans relâche, il s'enrichit, jeune encore, d'une expérience précieuse qui multiplia ses services en les faisant rechercher par ses supérieurs.

Promu, en 1787, au grade de colonel et décoré de la croix de Saint-Louis, il devint, sous le ministère du comte de Puységur, membre titulaire et rédacteur du conseil, auquel il était attaché depuis plusieurs années, et directeur du dépôt de la guerre qu'il ne tarda pas à transférer

de Versailles à Paris.

La révolution marchait à grands pas; les ruines fumantes de la Bastille attestaient le triomphe du peuple et présageaient des événements encore plus graves. La population de Paris en armes allait recevoir une organisation régulière, quoique insuffisante pour préserver la France du cataclysme où l'entraînait la fougue révolutionnaire. Lafayette connaissait l'activité, l'expérience et le patriotisme de son ancien compagnon d'armes: il l'appela près de lui l'aider pour dans l'organisation des gardes nationales. Le colonel Mathieu Dumas ne voulut accepter d'autre place que celle de maréchal-général-des-logis, purement honorifique et dont le titre seul pouvait lui servir à se rendre utile. Saint-Marcel Du

mas, l'un de ses frères, récemment arrivé de l'Inde, devint l'un des premiers majors des six légions. Malgré la grandeur de la tâche d'un service où tout était à créer, elle était loin pourtant d'absorber le zèle infatigable de l'homme dont la vie,à trente ans, était déjà si pleine, et qui semblait se multiplier pour suffire aux devoirs les plus variés. Des dissensions qui éclatèrent entre Bordeaux et Montauban ayant menacé de guerre civile nos provinces du Midi, M. Mathieu Dumas s'y rendit par ordre du roi et pacifia ces contrées (1790), comme il avait, l'année précédente, apaisé les troubles dont Rouen était devenu le théâtre; puis, après le grand jour de la fédération, il fut nommé commissaire du roi en Alsace avec des pouvoirs civils et militaires. Il rencontra à Strasbourg le jeune Desaix, alors lieutenant au régiment de Bretagne, qui lui servit d'aidede-camp dans ces mêmes lieux où il devait s'illustrer plus tard par de hauts faits d'armes. Cette mission, qui avait pour but de prévenir l'effet des machinations de l'ancien évêque de Strasbourg contre la nouvelle constitution civile du clergé, ne fut pas

moins heureusement terminée que la précédente et n'arrêta pas plus longtemps le colonel Dumas. En 1791, il fut appelé au comité militaire de l'Assemblée constituante, et lorsque le roi Louis XVI eut été arrêté à Varennes, la confiance de ce corps politique l'investit du commandement des gardes nationales accourues de toutes parts au-devant des fugitifs, que Barnave, Latour-Maubourg et Pétion devaient ramener à Paris sous la sauvegarde et sous la responsabilité de M. Dumas, qui s'acquitta avec succès de cette commission pénible et délicate. Nommé peu temps après maréchal-de-camp, il obtint le commandement de la place de Metz et de la subdivision de la divi- | sion militaire; et pendant qu'il y organisait les deux premières compagnies d'artillerie légère, qu'il mobilisait la garde nationale, qu'il ramenait l'ordre et la paix dans la garnison, il fut élu député de Seine-et-Oise à l'Assemblée législative. Ainsi lancé contre son gré dans la carrière parlementaire, le général Mathieu Dumas s'y distingua constamment par son amour de la justice

Encyclop. d. G. d. M. Tome VIII.

et par la modération de ses principes. Malgré les défauts de la constitution votée par l'assemblée précédente et jurée par le roi, il prit à tâche de la consolider, la regardant comme une ancre de salut pour la France. L'amnistie scandaleuse décrétée (le 19 mars 1792) en faveur de Jourdan Coupe-tête et de ses complices, dans les massacres d'Avignon, excita dans, son cœur honnête une vive indignation. De concert avec Becquey, Hua, le marquis de Jaucourt, et tant d'autres amis de la vraie liberté, il s'opposa à ce que la guerre fût déclarée à l'Autriche, et il lutta énergiquement, mais en vain, contre l'anarchie qui fit tous les jours d'effrayants progrès. L'assemblée reconnut ses services en le nommant à la présidence; déjà elle tenait trop à ses conseils comme militaire pour ne pas le refuser au maréchal Rochambeau, lorsque ce vieux guerrier, chargé du commandement de l'armée du Nord, réclama l'assistance de son ancien aide-decamp, qu'il avait élevé, disait-il, et qui maintenant devait un appui à sa vieillesse. Ce fut cette utilité dont il était à l'Assemblée nationale, surtout pour les levées de troupes et pour les travaux de défense, qui, à l'époque où l'anarchie allait croissant, où des journées néfastes se succédaient à peu d'intervalle, lui fit d'abord pardonner son modérantisme. Néanmoins sa vie fut bientôt en danger, et les assassins qu'on aposta contre lui le décidèrent, après avoir rempli son mandat de député jusqu'au dernier jour de la session, à rechercher un lieu sûr d'où il se sauva en Angleterre. Mais la loi sur l'émigration et la crainte que son beau-père, qu'on menaçait d'arrêter, ne fût rendu responsable de sa fuite, le firent revenir avec sa femme et ses enfants. Il n'en perdit pas moins tous ses titres et honneurs, fut rayé de la liste des généraux, décrété d'accusation, et il aurait sans doute partagé le sort de ses amis Barnave et Duport-Dutertre, si, après avoir couru de retraite en retraite, il n'eût trouvé un asile, d'abord aux environs de Paris et ensuite dans plusieurs cantons de la Suisse.

Lorsqu'il reparut à Paris, à l'époque du 13 vendémiaire, il n'y trouva pas

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