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vertes de riantes habitations et de belles cultures,grâces à l'excellente méthode anglaise de colonisation. Avant d'arriver à Vanikoro, M. Dumont-d'Urville vit les iles Norfolk et de Philippe, le volcan et l'ile Matheus, reconnut Erronan, fixa la position de Fataka et Anouda, (Mitre et Cherry de la Pandora), et enfin il fixa à Vanikoro celle des récifs de Paiou et de Vanou.

et

le

soin l'archipel de Tonga, malgré les désastres de son séjour dans cet archipel; il a désigné avec précision les îles Viti (Fidgi), renfermant plus de cent îles ou ilots imparfaitement connus avant lui, le groupe des iles Loyalty, au milieu duquel il détermina l'existence de trois grandes îles et de sept ou huit autres plus petites que nul n'avait aperçu ; il reconnut la côte S.-E. de l'ile Rossel, leva le plan du cap de la Délivrance de Bougainville et des îles Laughlan, explora dans un espace de 100 lieues la côte du sud de la Nouvelle-Bretagne, et, entre autres iles, il découvrit celles du duc d'Angoulême. Dans la Nouvelle-Guinée, M. d'Urville trouva sur la côte septentrionale une douzaine d'iles échappées à l'observation de ses devanciers; il opéra le relèvement de plus de 350 lieues de côtes, releva et détermina toutes les îles qui bordent cette terre et qu'on connaissait déjà, en découvrit quinze à vingt autres plus rapprochées et que personne n'avait vues, reconnut l'entrée occidentale de la baie de Geelvink, et, poursuivant sa route par détroit à peine pratiqué de Jobie, il traça les contours de cette grande ile, de celles de Mysore et de Bultig, et de l'ile Longue; il termina son travail où d'Entrecasteaux avait commencé le sien et donna dans le havre Dory. Sur cette côte, M. d'Urville ne trouva qu'une seule baie remarquable, et qui lui parut susceptible de procurer un abri sûr en tout temps aux vaisseaux qui voudraient y relâcher et à laquelle il donna le nom de baie Humboldt; hommage auquel ont dû applaudir toutes les nations civilisées. Deux énormes montagnes semblables à deux sentinelles gigantesques en signalent l'approche aux navigateurs à plus de 20 lieues de distance; ils reçurent les noms de Brogniart et Cordier. De Dory l'expédition de l'Astrolabe détermina la position des petites îles Doïf, toucha à Amboine, sortit des Moluques par les détroits d'Ombai, de Timor et de Simao, fit le tour de l'Australie, dirigea sa course vers la Tasmanie, mouilla sous les murs de la cité naissante de Hobart-Town qui en est le chef-lieu, et vit les rives du beau fleuve Derwent, qui n'avaient offert que des solitudes stériles à d'Entrecasteaux, couEncyclop. d. G. d. M. Tome VIII.

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M. d'Urville a lié pour jamais son nom aux noms illustres de d'Entrecasteaux et de La Pérousé, moins par le succès de sa découverte que par les grands et importants travaux scientifiques accomplis par l'Astrolabe. Il semble que de nouvelles terres soient surgies devant lui dans son expédition à travers l'Océanie; et certes, quand la gloire se donne si facilement aux guerriers qui achètent souvent de faibles conquêtes au prix du sang national, à combien plus juste titre doitelle être la récompense de tant de terres explorées ou reconnues, de tant de découvertes précieuses, de tant de richesses amassées pour la science, dont M. d'Urville a enrichi son pays et le monde savant!

En 1830, le gouvernement de juillet donna à ce brave officier le commandement du bâtiment de guerre qui transporta Charles X et sa famille en Angle

terre.

Peu d'années après son retour à Paris (1830 et suivantes), M. d'Urville a publié son voyage de l'Astrolabe (composé d'un grand nombre de vol. in-8°, in-4° et in fol.) et plusieurs articles remarquables dans diverses revues. On lui doit le Voyage pittoresque autour du monde (1834, 2 vol. in -4°), dont le héros, personnage fictif, espèce d'Anacharsis circumnavigateur, a cherché à faire pas-. ser la science sous l'enveloppe du roman. S'occupant en outre, de l'étude

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de la linguistique M. d'Urville s'est chargé | lui-même de l'enseigner à son jeune fils Jules, qui, à peine âgé de 10 ans, éludie avec fruit le grec et le chinois.

« Cela est vrai, dit avec autant de franchise que de modestie M. de Thou, j'ai eu tort; je ne connaissais pas tout le « mérite de maître Charles Dumoulin. » Il se livra au travail avec une ardeur

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L'inaction dans laquelle le gouvernément laissa quelque temps M. d'Ur-incroyable, et il eut bientôt porté ses ville a profité aussi à l'Encyclopédie des Gens du Monde, qui s'est enrichie des articles BOUGAINVILLE et Cook, premiers fruits de sa collaboration à cet ouvrage. Depuis, il fut employé comme commandant de port dans la préfecture maritime de Toulon; et rappelé à Paris il y a très peu de temps, il préside dans ce moment aux préparatifs d'un nouveau voyage de découvertes qui doit être entrepris par ordre du roi et dont le commandement est confié à cet habile navigateur. Nos vœux les plus ardents le suivent dans ce troisième voyage autour du monde, grande et difficile expédition dans laquelle M. d'Urville doit reconnaître plusieurs îles importantes de l'Océanie, telles que l'archipel de Salomon, les îles Carolines, une partie des côtes de la Papouasie et de Borneo encore inconnues, traverser le dangereux détroit de Torrès et explorer, d'après l'invitation expresse de Louis-Philippe, les mers voisines du pôle austral. G. L. D. R.

DUMOULIN (CHARLES), célèbrejurisconsulte français, né à Paris l'an 1500, mort le 27 décembre 1566. Il signait du Molin, en latin Molinous. Sa famille était alliée à Anne de Boulen, mère d'Élisabeth, reine d'Angleterre, qui ne désavouait pas cette alliance. Dumoulin fit ses premières études à Paris et son droit à Poitiers et à Orléans, où il professa en 1521. Reçu avocat en 1522, il réussit mal dans la plaidoirie, ce qui lui valut à l'audience, de la part du président de Thou, une apostrophe désobligeante, bientôt suivie d'une éclatante réparation.

Fatigué de l'entendre, ce magistrat lui dit un jour : « Taisez-vous, maître Dumoulin, vous êtes un ignorant. » L'ordre des avocats ressentit vivement cette injure, et il fut arrêté que le bâtonnier, avec une députation des anciens, irait s'en plaindre à M. le premier président. Admis à son audience, le bâtonnier lui dit avec toute la gravité du temps: Læsisti hominem doctiorem quàm unquam eris.

études au point de devenir un des plus
savants hommes de son temps. Il fut pour
le droit français ce que Cujas était pour
le droit romain, le premier de tous les
interprètes. Son commentaire sur le titre
des fiefs de la coutume de Paris fut ac-
cueilli comme un chef-d'œuvre de bon
sens, de logique, de profondeur et d'é-
rudition. Seulement il avait les défauts
des commentaires: il était peu méthodi-
que et diffus. M. Henrion de Pansey a dû
sa première réputation à l'analyse qu'il
en a faite, et en tête de laquelle il a placé
un éloge de Dumoulin, où se trouve un
magnifique portrait de l'avocat. « Libre
des entraves qui captivent les autres
hommes, trop fier pour avoir des pro-
tecteurs, trop obscur pour avoir des pro-
tégés, sans esclaves et sans maîtres, ce
serait l'homme dans sa dignité originelle,
si un tel homme existait encore sur la
terre.» Ce que Henrion de Pansey fit
pour les fiefs, Pothier l'avait fait sur le
fameux traité De dividuo et individuo,
dans lequel Dumoulin avait poussé au
plus haut degré l'esprit d'analyse et la
métaphysique du droit. Pothier en fit
d'abord un abrégé en latin qui n'est pas
venu jusqu'à nous, et il s'en est appro-
prié ensuite la substance dans son Traité
des obligations, qui est certainement le
plus beau traité de droit français que
nous ayons. Un génie comme celui de
Dumoulin était trop à l'étroit dans les
limites de la législation ordinaire. Déjà
il avait porté ses regards sur l'ensemble
de nos coutumes, avait cherché à les con-
cilier, à les ramener à des principes fixes
et uniformes; il avait le projet d'un seul
code
pour toute la France.

Sa femme était la compagne de ses travaux; sa vertu, sa douceur et l'attachement pour son ménage furent d'un grand soulagement pour Dumoulin au milieu des orages presque continuels dont il fut assailli. Le repos qu'il désirait avec tant d'ardeur sembla le fuir sans cesse.

«

Il avait une âme vive, ardente, passion

:

plus Romains que Français, l'autorité même du Parlement eut peine à le soustraire aux persécutions que lui suscitèrent ses adversaires. On n'avait pu le perdre légalement, on l'attaqua par la violence : une émeute fut dirigée contre sa maison; elle fut pillée et sa vie mise en danger. Réduit à fuir en Allemagne, alors le refuge de tous les hommes libres persécutés par l'intolérance, il y fut bien accueilli et y professa le droit au milieu d'un concours immense d'auditeurs et avec un applaudissement extraordinaire. Jusque-là il s'était intitulé jurisconsulte parisien; depuis il prit le titre de jurisconsulte de France et de Germanie.

Mais ce succès même ne tarda pas à lui susciter un autre genre d'ennemis: les professeurs de l'université de Tubingue, jaloux de sa supériorité, l'accusèrent de propagande!... Il fut obligé de quitter la contrée.

née, incapable de dissimuler sur rien, surtout quand il croyait la justice ou la vérité compromises, ou qu'il s'agissait des intérêts de son pays, qu'il aimait au-delà de toute expression, » dit le président de Thou. Il n'avait garde de rester neutre au milieu des grandes questions qui, au XVIe siècle, partageaient le monde chrétien et politique. Il ne disait pas comme Cujas Nil hoc ad edictum prætoris; loin de là, il se lança avec ardeur dans la dispute; il n'entendait pas prononcer de sang-froid les mots droit, usurpation, abus: il fallait qu'il en dit son sentiment. Il consulta contre les jésuites, que le chancelier de L'Hospital protégeait au contraire, ne prévoyant pas tout ce que l'introduction de ce nouvel institut apporterait de conflit au sein de la religion et de l'état. Mais lorsqu'il s'agit du concile de Trente, ces deux grands hommes se trouvèrent d'accord pour s'opposer à sa réception et publication dans le royaume. Sollicité d'appuyer de son avis la décision du conseil où L'Hospital l'avait emporté sur le cardinal de Lorraine, Dumoulin publia son Conseil sur le fait du concile de Trente, Lyon, 1564, in-8°; c'est une consultation en cent articles, dans laquelle il examine en détail les décrets du concile, et en démontre l'abus, l'excès de pouvoir, l'illégalité qui avait dominé dans cette assemblée, et quel danger il y aurait pour les libertés du Plusieurs de ses contemporains furent royaume à recevoir ses décrets comme ses émules et peut-être ses envieux. Jean loi de l'état. Son écrit contre l'édit des Bodin (voy.) eut à se reprocher une sorte petites dates et les abus de la chancellerie d'hostilités à l'encontre de Dumoulin. On romaine produisirent aussi le plus grand a accusé d'Argentré de l'avoir quelqueeffet. << Sire, disait à ce propos le conné- fois contredit moins par raison que par table de Montmorency en présentant esprit de rivalité. Mais Dumoulin n'en Dumoulin au roi Henri II, ce que V. M. reste pas moins supérieur à tous. Il le n'a pu faire avec 30,000 hommes, de savait trop, et il eut le tort de le dire; forcer le pape Jules à lui demander la car, dans les derniers temps, il mettait paix, ce petit homme (car Dumoulin en tête de ses consultations cette formule était de petite stature) l'a achevé avec pompeuse: Ego qui nemini cedo, et à son petit livret. »> nemine doceri possum. De Thou, l'hisDetels combats, sur des sujets aussi ar-torien, parlant de Dumoulin, en fait cet dents, lui attirèrent de nombreux et puissants ennemis. D'ailleurs il ne les ménageait pas, et la force de ses arguments était encore accrue par la rudesse de ses expressions. Ses ouvrages furent mis à l'index par le pape, et comme il ne manquait pas en France de gens qui étaient

«

En s'acheminant vers la France, où il lui était permis de rentrer, il s'arrêta quelque temps à Dôle et y donna des leçons publiques de droit; elles furent aussi suivies que celles de Tubingue. Mais comme il refusa d'appuyer par une consultation une prétention injuste que soutenait le comte de Montbéliard, ce petit tyran le fit jeter en prison, dont il ne sortit que par les hardies et courageuses démarches de sa femme.

éloge : « Charles Dumoulin, grand et célèbre jurisconsulte, dont le nom fut en grande vénération, non-seulement par son jugement solide et sa profonde érudition, mais aussi par la probité et la sainteté de ses mœurs; homme consommé dans la science du droit français, ancien

bientôt en lutte contre toute l'Europe. Né à Cambrai, en 1739, d'une famille parlementaire* de Provence, Dumouriez eut pour père un intendant aux armées du roi, qui lui-même s'est fait, dans le temps, une certaine célébrité par des compositions lyriques et dramatiques, et surtout par un ouvrage important sur l'administration militaire. C'est à lui que le jeune Dumouriez fut redevable d'une in

et moderne, et très zélé pour sa patrie. » On ne peut guère s'étonner que les ouvrages de Dumoulin aient été mis à l'index: ce qui surprend davantage, c'est que, pour éluder cette défense, les Italiens, qui connaissaient tout le mérite de ce grand jurisconsulte, et qui ne voulaient pas se priver du secours de sa science, firent réimprimer ses œuvres de droit sous le nom fantastique de Gaspar Caballinus. Ce n'est qu'à la faveur de ce dé-struction aussi précoce qu'étendue et vaguisement qu'il fut permis de le citer en Italie.

La réputation de Dumoulin était européenne; son autorité dans les tribunaux était immense. « Le parlement de Paris, dit Brodeau, auteur de sa vie, placée | en tête de ses œuvres (1654, in - 4o), « fit une telle estime de sa vertu et de sa « suffisance, qu'il arrêta, toutes les cham« bres assemblées, de le mettre sur le << rôle de ceux qui seraient nommés au | « roi pour être pourvus des offices de a conseillers vacants. »

Dumoulin fut touché, comme il le devait, de l'honneur que lui faisait le Parlement, mais il répondit modestement qu'il trouvait plus de gloire à mériter la charge qu'on lui offrait par le jugement de la cour que de la posséder en effet; que d'ailleurs il croyait qu'il serait plus utile au public et à son pays en s'attachant plus que jamais à la composition de ses livres; qu'il ne pouvait vaquer à tout.

On peut appeler Dumoulin le plus grand de tous les jurisconsultes qui ont écrit sur le droit français, non-seulement par sa profonde dialectique et son immense érudition, mais aussi par l'élévation et la force de son caractère. Il fut, il est vrai, quelque temps calomnié et persécuté (calomnie et persécution sont les compagnes inséparables du génie); mais sa gloire, achetée même à ce prix, n'en est demeurée que plus éclatante aux yeux de la postérité. D.

DUMOURIEZ (CHARLES-FRANÇOIs), l'une des hautes capacités militaires qu'improvisa l'élan patriotique de 1792, pour disputer les frontières de France à l'invasion étrangère, alors que l'émigration laissait en désorganisation et presque sans généraux les armées de ce pays,

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riée; compensation précieuse des disgrâces de son enfance, qui avait été des plus pénibles, étant resté noué jusqu'à six ans et demi, et tenu comme emmaillotté dans des lames de fer, par suite des barbares préjugés de l'époque.

Envoyé au collége Louis-le-Grand pour terminer ses études classiques, il y passa trois ans, et peu s'en fallut qu'en sortant de ce collége il n'entrât chez les jésuites, ainsi qu'on s'était attaché à lui en suggérer la résolution. Mais cette même ardeur d'imagination qui lui faisait concevoir du charme à parcourir en missionnaire des pays lointains, changea aisément de direction quand, en 1757, son père se trouva attaché comme intendant à l'armée qui, sous les ordres du maréchal d'Estrées, devait envahir le Hanovre. Agrégé à l'intendance, le jeune Dumouriez passa à Maubeuge, et y reçut le baptême des armes en se mêlant à quelque détachement des lignes avancées; enfin, à 19 ans, il fit sa première campagne comme cornette dans le régiment d'Escars.

Il était parvenu au grade de capitaine dans ce corps, lorsqu'à la paix de 1763 il se trouva compris dans une réforme nombreuse, n'ayant recueilli de sept années glorieusement remplies, et de vingtdeux blessures, qu'un brevet de pension de six cents livres et la croix de SaintLouis. C'est alors que, par une nécessité de sa position, moins encore que par l'impulsion de cette activité inquiète qui le dominait, et peu scrupuleux d'ailleurs sur le choix des moyens propres à le conduire à la célébrité et à la fortune, il ob

(*) Son nom était Dupérier. Le bisaïeul de Dumouriez avait épousé une demoiselle Mories ou Mauriès, dont ensuite le nom fut adopté par quelques-uns des trente-deux enfants que leur fils eut de deux lits. C'est par corruption que ce nom s'est changé plus tard en celui de Dumouries.

tint, par l'entremise de Favier, l'agent | diplomatique de M. d'Argenson, un rôle subalterne dans les missions secrètes. Voilà comment il se trouva mêlé dans les intrigues qui amenèrent la guerre de Corse, puis la cession de ce pays à la France.

Au retour d'un voyage qu'il avait fait en Italie, à pied et sans ressources pécuniaires, Dumouriez adressa au duc de Choiseul un mémoire en faveur des Corses, dont il le pressait d'embrasser la cause contre les Génois. Dans l'audience publique qu'il eut à ce sujet, il s'éleva entre lui et le ministre une altercation où tous deux oublièrent leur rôle, et à la suite de laquelle une lettre de cachet obligea le pauvre chevalier à sortir de France. Mais en le rappelant bientôt pour concourir à l'expédition qu'il avait conseillée et qui venait d'être résolue, Choiseul, non content de lui adresser une réparation publique aussi honorable pour celui qui la faisait que pour celui qui en était l'objet, nomma Dumouriez aide-maréchal-général-des-logis, et lui fit payer une forte gratification d'entrée en campagne.

L'intelligence, l'activité et la bravoure que Dumouriez déploya dans cette guerre de Corse répondirent à ce qu'on avait attendu de lui; elles furent appréciées par le marquis de Chauvelin et par le maréchal de Vaux, dont il eut à exécuter successivement les ordres.

Les conjonctures politiques continuèrent à offrir une carrière sans limites à son génie, et il ne manqua aucune occasion de déployer la fécondité de ses expédients diplomatiques en se mêlant à toutes les intrigues de l'époque. En 1770 il fut envoyé avec une mission secrète en Pologne, où, pour neutraliser les efforts de Catherine II en donnant plus de consistance au parti patriote, le duc de Choiseul voulait raviver la confédération de Bar (voy.) et rattacher à une vue commune ses membres divisés, dont la mésintelligence n'avait que trop compromis déjà le sort de la république. A la voix insinuante du jeune diplomate, dont les suggestions s'appuyaient d'ailleurs sur des secours considérables en hommes et en argent envoyés incessam

ment de France, la turbulence inquiète des palatins parut se calmer, leur fierté se radoucit; l'insurrection, en se centralisant, allait présenter enfin un point de résistance efficace *. Déjà l'habile Dumouriez était parvenu à rallier cinquante sénateurs à la cause de l'indépendance et à l'unité d'action des confédérés; déjà il avait discipliné leurs milices et la résurrection de la Pologne pouvait s'effectuer, quand Choiseul tomba sous la brigue du duc d'Aiguillon, secondé par la Du Barry.

Remplacé alors par le baron de Vioménil, Dumouriez fut ramené à Paris par le besoin d'assurer une nouvelle base à son crédit. Bientôt il en repartit chargé de l'exécution d'un projet qu'il avait conçu dans le but d'appuyer la révolution que voulait opérer Gustave III à son début sur le trône de Suède. Cette conception de Dumouriez était complétement en dehors de l'action du cabinet français; il s'agissait de lever à Hambourg et dans les autres villes anséatiques des côtes de la Baltique un corps de troupes que l'on enverrait de là pour menacer Stockholm. Le duc d'Aiguillon ayant eu vent de ce projet, sans en connaître le but, prit les devants pour arrêter son accomplissement. Dumouriez, saisi à Hambourg par voie diplomatique (octobre 1773), comme agent d'une prétendue intrigue du duc de Choiseul, fut amené à Paris et jeté à la Bastille, où il resta six mois. Au bout de ce temps on l'envoya au château de Caen.

Dégoûté ainsi de la carrière scabreuse dans laquelle il s'était lancé, il donna une autre direction à l'activité de son esprit. Un mémoire qu'il avait écrit sur la possibilité de donner une haute importance au port de Cherbourg lui valut, à l'avénement de Louis XVI, le commandement de cette place maritime; au mois de juin 1786 il y reçut ce monarque, venu pour assister à l'immersion du premier des cônes sur lesquels s'élevèrent plus tard les travaux de la rade.

(*) Il parait certain que l'influence d'une com. tesse de Mniszek, fille du comte de Bruhl et l'ennemie mortelle de Poniatowski, secondait puissamment Dumouriez dans l'accomplissement de ses vues.

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