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ENTRE

LES FIDÈLES D'AMOUR.

Pour ne point surcharger le texte de la Vie nouvelle d'une note trop longue, et donner aux correspondances des poètes contemporains de Dante, toute l'attention qu'elles réclament, j'ai reporté ici ce qui a été conservé de ces étranges documents littéraires, afin de les présenter en ordre et de manière à ce que les efforts que l'on tentera pour en pénétrer le véritable sens, se fassent plus facilement.

Au commencement de la Vie nouvelle (page 156), Dante, après avoir eu une vision, dit : « Qu'il se décida à composer un sonnet dans lequel il saluerait tous les Fidèles d'Amour ; » puis il ajoute que, pour les prier de juger sa vision, il leur envoya ce sonnet qui commence par ces mots : A chaque âme éprise, etc. Il dit ensuite qu'au nombre de ceux qui lui répondirent est Guido Cavalcanti, et que cette correspondance fut en quelque sorte l'origine de l'amitié qui s'établit entre eux.

Non-seulement on a le sonnet que répondit Cavalcanti, mais on possède aussi ceux que Cino de Pistoia et Dante de Maiano ont faits et envoyés en cette même occasion. Parmi les bizarreries sans nombre que présente

les compositions des poètes dantesques, il n'y en a peut-être pas de plus étranges que ces réponses à l'appel du grand poète demandant l'explication de sa vision aux Fidèles d'Amour. Est-ce le résultat d'un jeu d'esprit, comme les cours d'Amour; ou, sous ce langage rendu obscur volontairement, ces poètes du xive siècle s'entretenaient-ils des questions politiques les plus sérieuses, comme on le prétend de nos jours? C'est ce qu'il n'est pas facile de décider encore. Mais ce qui est certain, est que l'esprit se refuse à admettre l'idée que des hommes tels que Dante Alighieri, Guido Cavalcanti et la plupart de leurs contemporains, se soient contentés d'un verbiage qui, pris à la lettre, n'offre absolument aucun sens et ne fait naître aucun intérêt. Le bon sens porte donc à penser que, sous ces allégories forcées et incohérentes, il y avait des idées et par conséquent des sentiments et des opinions. Je donne donc le texte et la traduction de ces sonnets avec le même respect aveugle qui fait conserver dans nos bibliothèques des manuscrits inintelligibles, dans l'espérance que quelque savant OEdipe en déchiffrera les énigmes.

DANTE

AUX FIDÈLES D'amour.

A chaque âme éprise, à tout noble cœur à qui ce présent sonnet parviendra, afin qu'ils en disent leur avis, salut! au nom de leur seigneur, c'est-à-dire Amour.

Le tiers des heures, pendant lesquelles les étoiles sont le plus brillantes, était passé, quand Amour m'apparut tout-à-coup; Amour dont l'essence me remplit de crainte quand j'y repense.

Amour me semblait gai, tenant mon cœur dans sa

DANTE ALIGHIERI

AI FEDELI D'amore.

A ciascun' alma presa, e gentil core
Nel cui cospetto viene il dir presente,
In ció che mi riscrivan suo parvente,
Salute in lor signor, cioè Amore.

Già eran quasi ch'aterzate l'ore

Del tempo ch' ogni stella n'è lucente,
Quando m'apparve Amor subitamente,
Cui essenza membrar mi dà orrore.

Allegro mi sembrava Amor, tenendo

main, et soutenant dans ses bras une Dame endormie et enveloppée dans un voile.

Puis il la réveillait, et faisait repaître humblement la Dame épouvantée de ce cœur ardent. Après je le voyais fuir en pleurant.

RÉPONSE

DE GUIDO CAVALCANTI A DANTE ALIGHIERI.

Tu as vu, selon moi (dans ton songe), tout ce qu'un homme peut connaître de fort, d'agréable et de bon, si en effet tu as été mis à pareille épreuve par le puissant seigneur Amour qui domine le monde de l'honneur.

Mio core in mano, e nelle braccia avea
Donna avvolta in un drappo dormendo.
Poi la svegliava, e d'esto core ardendo
La paventosa umilmente pascea :
Appresso gir lo ne vedea piangendo.

RISPOSTA

DI GUIDO CAVALCANTI,

Vedesti a'l mio parere, ogni valore

E tutto gioco, e quanto bene huom sente;
Se fosti in pruova de'l signor valente
Che signo reggia il mondo de'l honore.

D'ailleurs (l'amour) vit là où il n'y a pas d'ennuis; il tient la raison dans son esprit compatissant, et se montre si agréable aux hommes dans leurs songes, qu'il enlève leur cœur sans qu'ils en souffrent.

Il emporta votre cœur, voyant que votre Dame désirait la mort ; et dans la crainte que cela lui fit ressentir, il s'avisa de la nourrir de votre cœur.

Lorsqu'il t'apparut, s'en allant tout en pleurs, ton songe fut doux, car il s'achevait alors que son contraire (un songe pénible) venait le vaincre.

RÉPONSE

DE CINO DE PISTOIA A DANTE ALIGHIERI.

Tout amant désire naturellement de faire savoir au

Poi vive in parte dove noia muore ;
E tien ragione nella pietosa mente.
Si va soave ne' sonni alla gente
Che i cor ne porta senza far dolore.
Di voi lo cor se ne portó veggendo

Che vostra Donna la morte chiedea;
Nudrilla desto cor di ciò temendo.
Quando t'apparve, che sen gìa dogliendo,
Fu dolce sonno, ch' allor si compiea
Che'l suo contraro lo venia vincendo.

RISPOSTA

DI M. CINO DA PISTOIA.

Naturalmente chere ogni amadore

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