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CHANSON. VII.

I. Une Dame miséricordieuse, ornée de jeunesse et de toutes les distinctions humaines, était là dans le lieu où j'appelais souvent la mort. A la vue de mes yeux pleins de tristesse, et en entendant les paroles vides de sens que je laissais échapper, épouvantée, elle se mit à pleurer abondamment. D'autres dames, averties par elle de mon état, la firent sortir puis s'approchèrent de moi pour s'assurer si je pourrais les entendre. L'une me dit : « Ne dormez plus; » l'autre : « Pourquoi vous laissez-vous aller ainsi au découragement? » Alors je quittai mes imaginations, et me mis à prononcer le nom de ma Dame.

CANZONE. VII.

I. Donna pietosa e di novella etate,
Adorna assai di gentilezze umane,
Ch'era là ov'io chiamava spesso morte,
Veggendo gli occhi miei pien di pietate,
Ed ascoltando le parole vane,

Si mosse con paura a pianger forte;

Ed altre donne che si furo accorte

Di me, per quella che meco piangia,
Fecer lei partir via,

Ed appressarsi per farsi sentire.

Qual dicea: Perchè sì ti conforte?

Allor lasciai la nuova fantasia,

Chiamando il nome della donna mia.

II. J'éprouvais une douleur si vive en parlant, tant ma voix était altérée par les angoisses et les pleurs que moi seul pus entendre au fond de mon cœur, le nom que je prononçais. Alors Amour fit tourner mon visage qui exprimait la honte, vers ces dames. Et mon aspect leur parut tel, qu'il donna l'idée de la mort. « Ah! disaient-elles, ranimons son courage. » Toutes ensemble priaient humblement, et me répétaient souvent : « Qu'astu vu? Tu manques donc de courage?» Et dès que j'eus repris un peu de force, je leur répondis : « Mes dames, je vous le dirai. »

III. Tandis que je réfléchissais sur ma frèle existence et sur l'incertitude de sa durée, Amour pleura au fond de mon cœur, son habitation ordinaire, et mon âme en fut si troublée que je me dis ces mots en soupirant:« Il faudra donc que ma Dame meure? Le chagrin s'em

II. Era la voce mia sì dolorosa,

E rotta sì d'all' angoscia ed dal pianto,
Ch'io solo intesi il nome nel mio core;
E con tutta la vista vergognosa
Ch'era nel viso mio giunta cotanto,
Mi fece verso lor volgere Amor :
Ed era tale a veder mio colore
Che facea ragionar di morte altrui.
Deh! consoliam costui :

Dicea l'una all'altra umilemente.

E dicevan sovente :

Che vedestù che tu non hai valore ?
E quando un poco confortato fui,
Io dissi Donne dicerollo a vui.
III. Mentre pensava la mia frale vita,
E vedea'l suo durar com'è leggero,
Piansemi Amor nel cor ove dimora ;

para si fortement de moi alors, que je laissai lâchement mes yeux se fermer. Bientôt mes Esprits se sentirent tellement troublés que chacun d'eux alla à l'aventure. Enfin, privé de ma connaissance, et hors de la réalité, j'eus une apparition de femmes dont l'expression indiquait la colère; elles me criaient : « Il faut que tu meures! il faut que tu meures! »

IV. Ensuite j'aperçus une foule de choses épouvantables au commencement de mon rêve. J'ignorais en quel lieu je pouvais être; je croyais voir des dames marchant avec les cheveux épars; les unes pleurant, les autres poussant des cris de douleur qui lançaient le feu de la tristesse. Bientôt il me sembla apercevoir le soleil qui se troublait et l'étoile du soir apparaître. Tous deux pleuraient. Les oiseaux, arrêtés dans l'air, tombaient,

Perchè l'anima mia fù sì smarrita
Che sospirando dicea nel pensiero :
Ben converrà che la donna mia mora.
Io presi tanto smarrimento allora,
Che chiusi gli occhi vilmente gravati;

Ed eran sì smagati

Li spiriti miei, che ciascun giva errando;

E poi imaginando

Di conoscenza e di verità fuora,

Visi di donne mi parver crucciati

Che mi dicean: Se' morte; pur morrati !

IV. Poi vidi cose dubitose molte

Nel vano imaginar ov'io entrai:

Ed esser mi parea non so in che loco,
E veder donne andar per via disciolte,
Qual lagrimando, e qual traendo guai,
Che di tristizia saettavan foco.
Poi mi parve vedere a poco a poco

et la terre tremblait. Alors un homme faible et pâle s'étant présenté à moi, me dit : « Que fais-tu ? Ne sais-tu pas la grande nouvelle? Ta Dame, cette personne si belle, elle est morte. »

V. Je levai au ciel mes yeux baignés de larmes, et je vis les Anges qui, semblables à une pluie de manne, retournaient au ciel guidés par une nuée derrière laquelle ils chantaient ensemble : « Hosanna! » S'ils en avaient dit davantage je vous le dirais. Alors Amour me dit : « Je ne te cache plus rien; viens voir notre Dame qui est gisante morte; » L'image trompeuse me conduisit en effet vers ma Dame, qui était sans vie. Et quand je fus près d'elle, je m'aperçus que des dames la couvraient d'un voile. Son visage exprimait quelque

Turbar sole, ad apparir la stella,
E pianger egli, ed ella ;
Cader augelli volando per l'a're
E la terra tremare:

Ed uom m'apparve scolorito e fioco
Dicendomi: che fai? Non sai novella?
Morta è la donna tua ch'era sì bella.
V. Levava gli occhi miei bagnati in pianti,
E vedea, che parean pioggia di manna,
Gli Angeli che tornavan suso in cielo,
Ed una nuvoletta avean davanti,
Dopo laqual gridavan tutti: Osanna!
E s'altro avesser detto a voi dire❜lo.
Allor diceva Amor : Più non ti celo;
Vieni a veder nostra donna che giace.
Lo imaginar fallace

Mi condusse a veder mia donna morta:
E quando io l'avea scorta,

Vedea che donne la covrian d'un velo;

chose de si pur et de si modeste, qu'elle semblait dire: « Je suis en paix. »

VI. En observant son air si humble, la douleur me rendit si humble moi-même, que je m'écriai : « O Mort! je te tiens maintenant pour une très-douce chose, puisque tu as pénétré jusque dans ma Dame; et loin d'être irritée, tu dois ressentir de la compassion, ô Mort, puisque te ressemblant déjà, ( par la pâleur), je m'avoue désireux d'être mis au nombre des tiens. Viens donc, car mon cœur t'appelle. » Après avoir épuisé ma douleur, je me retirai; et quand je fus seul, je m'écriai en regardant le royaume d'en haut : « Belle âme! Heureux qui te voit!... » Alors les dames m'éveillèrent et je les remerciai.

Ed un' avea seco umiltà verace

Che parea che dicesse : Io sono in pace.
VI. Io divenia nello dolor sì umile

Veggendo in lei tanta umiltà formata
Ch'io dicea Morte assai dolce ti tegno;
Tu dei omai esser cosa gentile,

Poichè tu se' nella mia donna stata,

E dei aver pietate, e non disdegno:

Vedi che si desideroso vegno

D'esser de' tuoi ch'io ti somiglio in fede:
Vieni, ch'il cor ti chiede.

Poi mi partii, consumato ogni duolo:
E quando io era solo

Dicea, guardando verso l'altro regno :
Beato, anima bella, che ti vede!

Voi mi chiamaste allor, vostra mercede.

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