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Onde, come nel cor m'induro e inaspro,
« Cosi nel mio parlar voglio esser aspro. »
IV. Che parlo? o dove sono? e chi m'inganna
Altri ch' io stesso, e il desiar soverchio ?
Già, s'i trascorro il ciel di cerchio in cerchio,
Nessun pianeta a pianger mi condanna.
Se mortal velo il mio veder appanna,
Che colpa è delle stelle

O delle cose belle?

Meco si stà chi dì e notte m'affanna,
Poichè del suo piacer mi fè gir grave

« La dolce vista, e 'l bel guardo soave. » V. Tutte le cose, di che 'l mondo è adorno,

Uscir buone di man del Mastro eterno :
Ma me, che così addentro non discerno,
Abbaglia il bel che mi si mostra intorno.
E s'al vero splendor giammai ritorno,
L'occhio non può star fermo;

Così l'ha fatto infermo

Pur la sua propria colpa, e non quel giorno
Ch' i volsi inver l'Angelica beltade

« Nel dolce tempo della prima etade. »

Même à travers une traduction, voile toujours grossier sur lequel vient se projeter en se déformant, l'ombre de l'idée et des expressisns de l'original, on peut cependant s'apercevoir des perfectionnements que Pétrarque avait déjà apportés dans l'art de parler en vers. Les idées se suivent et s'enchaînent; l'intérêt qu'elles présentent, gradué avec art, augmente à chaque strophe; et une fois que le poète a rendu une pensée il n'y revient plus. Quant à l'expression, ce n'est plus comme dans la Chanson de Dante, des éclairs foudroyants au milieu d'une nuit souvent obscure; mais, chaque phrase, chaque mot développent et fortifient la pensée en satis

faisant l'Esprit du lecteur et en plaisant à son imagination.

Mais, ce qui sollicite toute notre attention, en comparant ces deux Chansons, dont le fond du sujet est à peu près le même; c'est la clarté de l'argument de celle de Pétrarque, opposée à l'étrange obscurité qui règne dans le dessein général de celle de Dante. Et quoique la différence du génie de chacun de ces hommes, puisse servir, jusqu'à un certain point, à en rendre raison; toutefois, je pense qu'elle résulte bien plus encore des progrès que l'esprit humain avait déjà faits depuis que Boccace et Pétrarque, par leurs savants travaux d'érudition, avaient rendu la connaissance des auteurs classiques de l'antiquité, plus facile et par conséquent plus générale. J'ajouterai que Pétrarque, non moins orthodoxe que Dante, avait un caractère et une tournure d'esprit qui le rendaient infiniment plus propre que son illustre prédécesseur, à sentir, à pratiquer et à répandre la doctrine de la morale évangélique; en sorte que la supériorité de cette Chanson de Pétrarque, sur la X de Dante, peut être attribuée à deux causes : d'abord au progrès qu'avait fait l'art d'écrire, puis au caractère du poète dernier

venu.

Ceux des lecteurs studieux qui auront relu la pièce de Dante, avec l'espérance d'en découvrir le véritable sens, seront frappés de la simplicité et de la beauté de l'argument de celle de Pétrarque, qui traitait à peu près le même sujet, et qui, sans aucun doute, pensait à la composition de Dante, en travaillant à la sienne.

L'amant de Laure se plaint de voir ses espérances toujours trahic, il demande à son Seigneur, Amour, de chanter encore une fois avant sa mort, n'attendant

d'autre récompense que d'obtenir un sourire approbateur de celle qu'il aime et sert; alors il sera le plus heureux des amants.

Ces deux premières strophes contiennent encore les machines de la vieille poétique amoureuse, employées depuis l'empereur Frédéric II, qui en faisait usage luimême. Le Souverain maître Amour, la Mort qui menace sans cesse l'amant découragé, les yeux saints, pour désigner ceux de Laure,

Mais à partir de la Ille strophe, le poète, philosophe et chrétien, tout à la fois, s'engage dans un autre ordre d'idées, ce qui lui fait modifier aussi les formes de son langage. L'allégorie disparaît, les personnifications s'évanouissent, les mots à double entente ne se reproduisent plus, et la raison pure fait parler le philosophe chrétien, sans qu'il cesse d'être poète. Son âme s'est raffermie, et lui aussi veut être dur et âpre dans ses vers. Mais il le sera envers lui-même; et c'est à son cœur et à son imagination qu'il va intenter un procès. Dans la démence de sa passion il a fait des reproches au ciel; mais il le parcourt de cercle en cercle, et jetant le mépris sur l'astrologie judiciaire, à laquelle son amour l'avait fait croire, il avoue qu'il n'y a pas de planète qui le force de pleurer; et que, si ses sens l'ont trompé, ce n'est ni sur les Étoiles, ni sur les Beautés naturelles offertes par la nature qu'il faut en rejeter la faute; mais seulement sur lui, dont les yeux sont devenus incapables de se fixer sur la vraie splendeur divine, depuis qu'ils ont vu cette Angélique Beauté (Laure) qui les a troublés.

C'est, à ce qu'il me semble, une étude pleine d'intérêt que de rechercher, dans cette Chanson de Pétrar

que, ce qu'il a conservé de de la vieille poésie amoureuse, et de reconnaître avec quelle critique judicieuse et quel bon goût, tout en payant encore tribut à la mythologie gothique, il a su la faire plier aux exigences de la raison, aux lois de la vraie philosophie chrétienne. Il s'est élevé contre le ciel, il accuse l'influence des étoiles, il s'est rejeté sur les séductions que lui offrait le Beau dans la nature? Erreur ! mille fois erreur! A lui seul est le tort; lui seul ne s'est pas défié de ses passions, lui seul a oublié que Dieu lui avait donné la volonté pour garantir son âme des séductions amenées par ses sens. Lui seul a tort!

Cela est beau, grand et vrai. Et je sais d'autant plus de gré à Pétrarque d'avoir écrit cette Chanson, que je la regarde comme le plus sûr commentaire pour nous aider à percer l'obscurité dont est environnée celle de Dante, qui, je le répète avec plus de certitude en ce moment, me paraît contenir au fond le même argument.

Je ne pense pas avoir à craindre d'abuser de la patience des lecteurs, de ceux au moins qui se livrent à l'étude de la poésie italienne, en touchant quelques mots de la forme particulière que Pétrarque a donnée à cette Chanson. Car cette forme, ainsi que le fond, indique la transition du goût du xine siècle à celui du xiva.

La première observation à faire est que cette Chanson n'est pas terminée par nn Envoi. La Chanson n'y est donc pas personnifiée ; et c'est une figure gothique dont le nouveau poète s'est déjà débarrassé. D'ailleurs, il se montre sobre de personnifications comme on a pu le remarquer, et à l'exception de son Seigneur, et des yeux saints, tout est pris au sens propre et positif.

Mais ce qui donne une physionomie plus particulière à cette Chanson, ce sont les vers qui terminent chaque strophe. Ces vers sont empruntés à des compositions connues de vieux poètes célèbres. Le premier est du Provençal Arnaud Daniel, le deuxième de Guido Cavalcanti, l'ami de Dante, le troisième de Dante lui-même, le quatrième de Cino de Pistoia, et enfin le cinquième de Pétrarque, qui ne s'est point trompé en se jugeant digne de continuer la succession de ces poètes fa

meux.

Aux xii et xiv siècles, en musique comme en poésie, l'usage des compositions dites farcies était assez commun. De même que les compositeurs prenaient le motif d'une Chanson mondaine, pour l'emmailloter de contrepoint et en faire une Messe; de leur côté, les poètes s'exercaient à composer des Chansons, des Sonnets ou des Ballades, avec des centons tirés de différents poètes, ne craignant pas même, quelquefois, de les écrire en plusieurs langues. On est fondé à croire que cette bizarre fantaisie était encore une mode tyrannique pendant la vie de Dante, puisque le poète a introduit jusque dans ses grandes compositions, non-seulement du latin, mais des vers en provençal-catalan, qu'il mit dans la bouche d'Arnaud Daniel. (Purg. C. XXVI, v. 140. -147.)

Toutefois ce n'est pas la seule fantaisie de ce genre, que se soit passée le Chantre terrible de l'Enfer; et il reste de lui une Chanson farcie, écrite en vers successivement provençaux, latins et italiens. J'avoue que l'élévation constante qui règne dans les Chansons de ce grand poète que j'ai recueillies dans ce volume, m'en a

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