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d'Honorius, mais la trouvant répréhensible à cause des arguments qu'elle pouvait fournir aux hérétiques par son défaut de précision et par le silence qu'elle recommandait, associa les deux lettres dans une même réprobation. Jugeant leur résultat également mauvais pour l'orthodoxie, il déclara indistinctement, d'une manière générale, qu'elles étaient en opposition avec les dogmes apostoliques, les définitions des saints Conciles et de tous les saints Pères, et en accord avec les fausses doctrines des hérétiques. Mais il se réservait d'expliquer plus loin sa pensée particulière sur la lettre d'Honorius.

2° Après la formule générale qui commence la sentence, le Concile décrète qu'il retranche de la sainte Église de Dieu les noms de ceux dont il exècre les enseignements impies; il désigne nominativement Sergius, Cyrus, Pyrrhus, Pierre et Paul, tous mentionnés dans la lettre du Pape saint Agathon. Il ne nomme pas ici Honorius. Cette omission volontaire dont la raison n'est pas difficile à trouver, prouve bien que le Concile ne voulait pas le confondre avec les autres; et en réalité, ainsi que nous allons le voir, il emploie à son égard une formule toute différente.

3o En parlant d'Honorius, le Concile, en effet, ne décrète plus, mais il est d'avis qu'il y a lieu de l'exclure également de la sainte Église de Dieu, parce que dans sa lettre à Sergius, il s'est entièrement conformé à la pensée de celui-ci et a donné autorité à sa doctrine impie.

Voilà le motif spécifique et déterminant de de la condamnation.

Ainsi, ce n'est pas parce qu'il a enseigné l'hérésie qu'Honorius est condamné, mais c'est parce qu'il s'est conformé entièrement à la pensée de Sergius et qu'ainsi il a accrédité son erreur; ce qui est bien différent.

Dans sa lettre à Honorius, Sergius exprimait la pensée qu'il valait mieux cesser toute discussion sur les termes nouvellement introduits d'une ou de deux opérations; qu'il ne fallait rien décider à cet égard... Trompé par les artifices du Patriarche, le Pape entra dans sa manière de voir; il se conforma à sa pensée; et ne considérant que l'intention, bonne en apparence, de couper court à des disputes inutiles, en prescrivant le silence, il favorisa, sans le vouloir, l'hérésie contenue dans les termes hétérodoxes qu'il ne condamna pas! C'est ainsi qu'il donna autorité à la doctrine impie de Sergius; c'est pour ce motif qu'il est condamné, mais non pas pour avoir professé l'hérésie.

Le Concile, il est vrai, à plusieurs reprises, le qualifie d'hérétique.

Mais tout le monde sait qu'à cette époque le mot hérétique était loin d'avoir le sens net et précis qu'il a reçu plus tard' et qu'il conserve aujourd'hui. On le prenait alors dans un sens beaucoup plus général qui permettait

(1) Voir la Cause d'Honorius, note L, p. 74.

de l'appliquer à des cas bien différents. « Il était employé pour désigner des fautes de diverse nature contre la foi et même contre la discipline ecclésiastique. Avec cette largeur d'acception donnée au mot et suivant le langage d'alors, Honorius a pu être déclaré hérétique par le Concile de Constantinople, comme Sergius, Pyrrhus et les autres monothélites, sans être coupable au même titre qu'eux; il lui suffisait pour cela d'avoir failli en quelque chose, par simple imprudence de langage ou négligence de conduite envers les hérétiques'. »>

Telles sont les observations particulières que nous inspire le texte même de la sentence.

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XVI. Mais, ainsi que nous l'avons remarqué, ce texte ne doit pas être pris isolément. Si nous voulons avoir la mesure exacte de la condamnation d'Honorius, il faut en rapprocher d'autres documents qui l'éclairent, qui l'expliquent, qui le complètent.

Rapprochons-le d'abord de l'Acte final du Concile dans lequel les Pères de Constantinople donnent l'expression dernière de leurs sentiments.

Nous le rapprocherons ensuite de l'approbation apostolique donnée aux décrets du Concile; c'est là que nous trouverons, dans des termes définitifs, la portée précise de la sentence prononcée contre Honorius.

(1) La Cause d'Honorius, p. 117.

Et d'abord, voici comment s'expriment les Pères de Constantinople dans le discours prosphonétique, qu'ils adressent à l'Empereur, à la fin du Concile :

« Nous proclamons qu'il y a en Jésus-Christ deux volontés naturelles et deux opérations naturelles, procédant en commun et indivisement. Quant aux nouveautés inutiles de mots et à leurs inventeurs, nous les proscrivons de l'Église, et nous anathématisons justement Théodore de Pharan, Sergius et Paul, Pyrrhus et Pierre, évêques de Constantinople, en outre, Cyrus d'Alexandrie; et avec eux, Honorius, évêque de Rome, pour les avoir assistés en cela. »

Comme on le voit, Honorius, séparé des autres hérétiques, n'est pas condamné comme l'un d'eux, mais seulement avec eux; et il est condamné non pour avoir enseigné l'hérésie, mais pour avoir assisté, aidé, servi les hérétiques, par son silence, dans la diffusion de leur erreur.

Il est anathématisé comme fauteur de l'hérésie, pour n'avoir pas fait ce qu'il devait faire, ni empêché ce qu'il devait empêcher; c'est-à-dire pour s'être tu quand il devait

(1) La version latine insérée dans LABBE, t. VI, col. 1,053, porte : « Et cum eis Honorium qui fuit Romæ præsul, utpote qui eos in his secutus est.» Mais la force des mots grecs: 25 ixeivois és toútorS áxolov0ýoavta est mieux exprimée par la traduction suivante : « Utpote qui eis in his ministravit, servivit, famulatus est. » L'idée d'assistance, de service rendu est essentiellement renfermée dans le verbe grec ἀκολουθήσαντα.

parler, et pour n'avoir pas parlé comme il le devait, quand il a prescrit le silence; mais il n'est pas condamné pour avoir professé personnellement le monothélisme.

Il a été coupable dans sa conduite mais il n'a pas pas failli dans la foi.

Tel est le vrai sens de la condamnation portée par le Concile.

XVII. Au surplus, s'il restait un doute dans l'esprit du lecteur, il disparaîtrait devant cette dernière considération qui est décisive.

Un Concile n'est œcuménique que par l'approbation du Siége apostolique, et il n'est œcuménique que dans la mesure de cette approbation. C'est un principe admis par tous les Docteurs catholiques, et qui se fonde tout ensemble sur la nature même de l'œcuménicité, et sur sur la pratique constante de l'Église.

Qui dit un Concile œcuménique dit un Concile où toute l'Église est représentée, où par conséquent le Chef de l'Église a sa part principale et prépondérante. En sorte que tant que la confirmation apostolique n'est pas venue donner à un Concile, quelque nombreux qu'il soit, le caractère d'œcuménicité, il demeure un Concile ordinaire. Il n'y a pas de Concile œcuménique sans le Pape.

Aussi, en pratique, les Conciles généraux ont-ils constamment demandé l'approbation du Siége apostolique, nous en avons vu

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