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SUR

L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN ANJOU

Des origines jusqu'à nos jours

CHAPITRE III

XVII SIÈCLE

I. Les premières congrégations enseignantes en Anjou. - II. Henri Arnauld évêque d'Angers (1650-1692); son plan d'éducation populaire. III. Les « petites écoles »; les premières communautés hospitalières et enseignantes. IV. Médiocrité des résultats au XVII' siècle. V. Persécutions contre les « petites écoles jansénistes de Jean Gallard et contre l'Académie protestante de Saumur; prétentions de l'Église en matière d'enseignement.

I

Affaiblie par la lutte religieuse du xvie siècle, l'Église catholique n'en reste pas moins maîtresse absolue de l'éducation populaire. Un édit royal de 1608 porte en effet que « les régents, précepteurs ou maîtres d'écoles des petites villes ou villages devront être approuvés par les curés des paroisses ou personnes ecclésiastiques qui ont droit d'y nommer' ».

Mais, en Anjou, il semble qu'un demi-siècle d'effort ait épuisé le zèle du clergé. Malgré la présence de nombreux protestants à Saumur, à Angers' et dans plusieurs

' Cf. Bourrilly, ouvr. cité, p. 210.

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D'après Miromesnil, intendant de la généralité de Tours, la ville de Saumur, qui comptait 6.500 âmes en 1699, avait perdu plus de la moitié de sa population en 1685, et Angers avait perdu aussi

paroisses', les prêtres se désintéressent des questions d'éducation et retombent dans les plus graves désordres. Les évêques Charles Miron, en 1613', Fouquet de la Varenne, en 1617, dénoncent cette situation et l'évêque Henri Arnauld, en 1651, se plaint encore du relâchement qui se voit aujourd'hui dans l'Eglise ». Il n'est pas rare à cette époque de voir les maisons des ecclésiastiques servir de cabaret' et il n'est pas jusqu'aux locaux des écoles qui ne soient parfois eux-mêmes loués à des taverniers".

Aussi toute la première moitié du xvII° siècle serait à peu près perdue pour notre étude si nous n'avions à signaler

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14.000 âmes sur 50.000. (Cf. Miromesnil, Mémoire publié par Marchegay, dans Archives d'Anjou, Angers, Labussière 1843, t. I pp. 21 et 40.)

A Baugé, en 1582, fut installé au faubourg Saint-Michel un prêche protestant créé par l'arrêt du 7 décembre 1581, qui supprimait ceux de Sorges, Cantenay, Avrillé. La ville, qui était alors d'une faible importance, fut encore diminuée par la suppression du prêche et l'exode des protestants en 1685. (Cf. C. Port, Dict., t. I, pp. 226-8.)

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Cf. Statuts synodaux, p. 348.

« Ce ne peut estre qu'avec un extrème déplaisir que nous voyons en notre diocèse un grand nombre de Curéz... délaisser leurs désolées Églises comme épouses abandonnées par un triste veufvage de leurs présences. » (Ibid., p. 401.)

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Ibid., p. 441.

« L'on voit souvent servir de cabarets, les maisons principales des Prieurez, cures et autres bénéfices, lesquelles sont spécialement affectées pour le logement des ecclésiastiques; ce qui se pratique encore dans quelques Abbayes et Monastères de nostre diocèse >> 1651. (Ibid., p. 488.)

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* Le collège des Portes de Fer, devenu désert à la fin du xvi' siècle est loué par le chapitre à un tavernier en 1608, avec une clause qui annulait le bail au cas où il se présenterait un régent pour ouvrir les classes. Les Oratoriens en prirent possession en 1682. (Cf. Péan de la Tuilerie, ouvr. cité, note C. Port, p. 121.)

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Nous n'avons trouvé la trace pour cette période que d'une dizaine de nouvelles fondations, la plupart contemporaines de Henri IV Brion (1603); Chazé-sur-Argos et Saint-Rémy-laVarenne (1604); Lézigné (1605); Cuon (1607); Soulaire (1609);

dans plusieurs villes et grosses paroisses de la province l'établissement des premières congrégations enseignantes. Les Ursulines, appelées par l'évêque Fouquet de la Varenne, se fixent à Angers en 1618 et dès l'année suivante font, rue Lyonnaise, « l'ouverture des escoles pour monstrer aux petites filles et les enseigner, où il en est allé grand nombre. En 1619, elles s'installent à Saumur; en 1630 à Châteaugontier'. Les Cordelières, établies à Cholet en 1640, y dirigent un pensionnat de « demoiselles »; à Saint-Florent-le-Vieil', à Vezins', elles ont aussi un pensionnat pour « familles riches » et il en était sans doute de même dans leurs autres maisons, à Châteaugontier, à la Flèche, aux Ponts-de-Cé, etc. C'est encore vers ce moment qu'a lieu la création du collège des Jésuites à La Flèche (1604) et que les Oratoriens se fixent à Angers (1619), où ils prennent la direction du collège d'Anjou, et à Saumur (1615) où ils fondent un collège à côté de

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l'Académie

plus tard Jarzé (1611); Champigné (1631); Étriché (1641). [Voir les références aux Annexes.]

Journal de Louvet, Bibl. mun. d'Angers, ms. publié par la Revue d'Anjou, 1855, t. I, p. 283.

'C. Port, Dict., t. III, p. 493.

3 En 1699 les Ursulines avaient dans leurs couvents: 66 religieuses à Angers, 49 à Château Gontier et 65 à Saumur. (Cf. Miromesnil, dans Arch. d'Anjou, t. I, p. 90.)

* Arch. du greffe du tribunal civil de Cholet. Cité par Spal, Manuscrit.

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C. Port, Dict., t. III, p. 368.

• Ibid., t. III, p. 702.

En 1699, les couvents des Cordelières comprenaient à ChâteauGontier 40 religieuses, à Cholet 30, à La Flèche 38, à SaintFlorent, 20, aux Ponts-de-Cé 16, au Puy-de-la-Garde 30, à Vezins 33 (Cf. Miromesnil, dans Arch. d'Anjou, t. I, p. 88.)

En 1699, l'établissement de l'Oratoire établi à Angers comptait 22 religieux; celui de Saumur Notre-Dame 4, et celui de Nantilly, pour le collège, 10. (Ibid., t. I, p. 89.)

• Charles Colbert de Croissy frère du surintendant J.-B. Colbert, dans son rapport au roi, 1664, oppose à « l'Université d'Angers,

Ainsi les nouveaux ordres religieux suscités par la Réforme commençaient à suppléer à l'insuffisance du clergé séculier en ce qui concerne l'éducation des classes dirigeantes, noblesse et bourgeoisie; mais ils ne se préoccupaient guère de la masse du peuple, qui d'ailleurs vivait encore dans la misère'.

II

La seconde moitié du xVIIe siècle forme un contraste frappant avec la première, grâce à Henri Arnauld, frère d'Arnauld d'Andilly et du célèbre Antoine Arnauld de Port-Royal, qui devint évêque d'Angers, le 29 juin 1650. << Fort habile docteur en Sorbonne, faisant tous les devoirs d'un très bon évêque avec la dernière exactitude, même la plupart de ses visites à pied, sobre dans ses repas, doux et affable; bref d'une vie fort exemplaire et fort intègre1»,

dont les professeurs négligent leurs fonctions », l'Université de Saumur où les huguenots rassemblent tout ce qu'il y a de gens d'esprit dans leur parti pour la rendre célèbre et florissante ». Il y avait alors à Saumur cinq classes d'humanité et de rhétorique, deux classes de philosophie, un professeur de langue hébraïque, un autre de langue grecque, deux professeurs de théologie qui faisaient tous les deux jours deux leçons publiques, et de plus une école particulière d'éloquence. Les écoliers affluaient de tous les points de l'Europe pour entendre les leçons de maîtres célèbres : Duneau, Cappel, Cameron, Amyraut, Bouchereau, Doull, etc. Cette prospérité dura jusqu'en 1685. (Cf. Rapport de Ch. Colbert de Croissy au roi 1664, document publié dans Arch. d'Anjou, t. I, pp. 126 et 174). Voir aussi, C. Port, Dict., t. III, p. 493. En Anjou, les guerres civiles sous la minorité de Louis XIII, la peste et la famine de 1626 à 1630, les impôts très lourds prélevés par Richelieu, les exactions du gouverneur le maréchal de Brézé au temps de la Fronde, rappellent la situation de cette province à l'époque de la guerre de Cent-Ans et au moment des guerres de religion. (Cf. Debidour, ouv. cité, pp. 66-68.)

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Rapport de Charles Colbert de Croissy au roi, 1664; dans Arch. d'Anjou, t. I, p. 123.

Henry Arnauld gouverna le diocèse jusqu'en 1692 et, pendant près d'un demi-siècle, partagea ses efforts entre la réforme des abus du clergé et une constante sollicitude pour l'instruction populaire.

Avec lui, il semble qu'un peu du zèle des jansénistes pour l'enseignement pénètre en Anjou et les « petites écoles » que les solitaires de Port-Royal ouvrirent seulement à quelques enfants, l'évêque d'Angers essaya, avec un programme plus modeste, de les établir dans toutes les paroisses de son diocèse.

Ce qu'il voulut faire, les statuts synodaux nous l'apprennent. Ces statuts et les exhortations qui les précèdent constituent un véritable plan d'éducation qu'aucun autre évêque avant lui n'avait formulé avec autant de soin et qui indique très nettement le caractère de l'enseignement populaire donné au XVIIe siècle sous l'autorité de l'Église.

Comme Luther, Henri Arnauld pose en principe que l'instruction est nécessaire à « quiconque veut estre sauvé1»; mais, tandis que le premier veut aussi instruire les hommes par eux-mêmes et pour la société, le second se place exclusivement au point de vue religieux.

Pour lui, l'école n'est que le vestibule de l'Église et doit seulement préparer l'enfant à recevoir l'éducation religieuse. Les petites écoles sont destinées à « soulager >> les prêtres; ce qu'il faut y enseigner, c'est ce qui est utile << pour le salut des âmes ».

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Le principal soin des maîtres sera de veiller à ce que les enfants sachent lire suffisamment pour réciter l'office divin» et pour « recevoir les sacrements ». Aussi, il ordonne de ne mettre entre leurs mains que des ouvrages capables de leur inspirer de la « piété » et il bannit << les livres

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