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Mais ce n'est pas seulement dans la discipline que l'Église est attaquée, elle l'est encore dans l'exercice de son gouvernement. Que ne lui a-t-on pas ravi? On avoit cru toujours, chez les peuples chrétiens, que l'éducation de la jeunesse lui appartenoit essentiellement, et les lois, et les arrêts du conseil d'état et des tribunaux, et les déclarations royales s'accordoient à reconnoître ce droit divin. Maintenant ce n'est plus cela ; à la place d'une éducation religieuse, la seule réelle, la seule nécessaire, la seule sociale, on veut une éducation politique, pour former peu à peu une nation digne en effet de cette politique qui rejette Dieu de la législation; qui déclare qu'elle se passera de lui; que sa souveraineté l'inquiète ; qu'elle saura bien, sans son assistance, créer un pouvoir purement humain, et que ce pouvoir lui suffit; politique sans croyances, et dès lors sans devoirs, qui jette au hasard quelques intérêts entre le berceau et la tombe, et puis dit en s'admirant : Voilà la société, et c'est moi qui l'ai faite! Des générations entières seront élevées selon ces maximes, et elles rapporteront dans l'état les principes que l'état leur aura donnés. En vertu du droit d'examen et de la liberté des opinions, un enfant de dix ans, sous l'influence des exemples dont l'esprit de l'institution l'aura environné, formera sa foi comme il l'entendra, ou plutôt croîtra sans aucune foi; et cependant l'on

parlera encore de morale, comme si bien croire n'étoit pas le fondement de bien vivre (1). Certes on ne se trompe pas quand on annonce que quelque chose d'inconnu se prépare dans le monde, et l'avenir dira ce qui arrive lorsque l'homme entreprend de se faire seul sa raison, sa conscience et ses destinées.

En usurpant, pour l'éducation la corrompre, publique, respectera-t-on du moins les droits inaliénables des évêques sur l'éducation cléricale? Non. Il leur faudra recevoir de l'autorité civile la permission de remplir leurs devoirs les plus importants, la permission de perpétuer le saint ministère. Ils ne pourront ouvrir aucune école que de son consentement. Le nombre en sera fixé d'après les vues, les craintes et les défiances de l'administration, Vainement un évêque représentera les besoins de son troupeau, on lui répondra qu'il n'en est pas le juge. Mais le sanctuaire se dépeuple, mais les paroisses sont abandonnées. Soyez tranquille, l'administration qui sait tout, qui veille à tout, y remédiera dans une juste mesure. Or, qu'estce que cela sinon s'arroger le gouvernement spirituel? Qu'est-ce que cela sinon déclarer que le sacerdoce vivra, ou mourra, au gré de l'administration ? Il ne resteroit qu'à ôter aux premiers pasteurs le

(1) Bossuet.

pouvoir de rappeler les lois canoniques et de les faire exécuter. Ce genre d'oppression, en partie renouvelé des anciens parlements, a été en effet tenté comme tous les autres. On n'a pas oublié avec quel froid et barbare acharnement on tourmentoit, il y a peu d'années, la conscience des prêtres, à l'occasion des refus de sépulture. Un légiste s'étoit mis en tête de forcer l'Église à tolérer le duel, le suicide, tous les crimes, pourvu que la mort ne laissât point de place au repentir. Quel bruit, plus récemment, n'a-t-on pas fait d'une ordonnance épiscopale, dont les dispositions relatives, pour la plupart, à l'administration des sacrements, et toutes de l'ordre purement spirituel, n'offroient que le texte même des statuts et des rituels qui règlent partout la dispensation des choses saintes. Certains journaux crièrent au scandale, à l'envahissement, s'épuisèrent en homélies sur la tolérance et la charité, et finalement menacèrent du protestantisme l'Église catholique, si elle ne réformoit pas, d'après les lumières du siècle, sa discipline sur le baptême, le mariage et les inhumations (1). Le parti se procura l'avantage de quelques troubles, et même, dit-on, de quelques apostasies officielles pour donner du poids à ses conseils. Le

(1) Voyez le Constitutionnel du 28 mai 1825.

gouvernement alarmé chercha un coupable, et ce coupable fut le vénérable grand-vicaire du prélat, cause innocente de cette rumeur.

Nous ignorons si elle fut le motif d'une autre tentative du ministère: toujours est-il sûr qu'il essaya de persuader aux évêques de soumettre à sa censure, avant de les publier, leurs lettres pastorales et leurs mandements. Ils repoussèrent comme ils le devoient cette ignominie, et M. de Corbière, si fécond en attentions délicates, ne réussit pas mieux, on doit l'avouer, lorsqu'il leur proposa de recevoir, pour leurs séminaires, des économes de sa main.

Le projet d'une censure ministérielle, si propre à relever la dignité de l'épiscopat, rappelle naturellement la lettre célèbre de M. le cardinal de Clermont-Tonnerre, supprimée par le Conseil d'état. Ainsi, lorsque la presse est libre pour tout le monde, lorsque le dernier Français peut, en se conformant aux lois, qu'on n'accusera pas certes d'être sévères, publier ses pensées et ses opinions; lorsque la France est inondée de livres, de journaux, de pamphlets, où l'on verse à grands flots le mépris et le ridicule sur les objets les plus sacrés, il a été déclaré solennellement qu'un évêque n'a pas le droit d'exprimer ses vœux en faveur de la religion. On lui fait un crime des désirs même que la foi lui commande, lorsqu'il ne les renferme pas

dans son cœur. Il seroit temps, ce semble, qu'on cessât ou d'opprimer si tyranniquement l'Église, de vanter la protection qu'on lui accorde,

Deux ministres de l'intérieur se sont efforcés tour à tour d'envahir jusqu'à l'enseignement (1), exigeant des évêques qu'ils fissent souscrire par les professeurs de théologie et par les directeurs de séminaires, des promesses incompatibles avec les règles conservatrices de la foi, et des formulaires de doctrine imposés au nom de l'autorité séculière. Que deux avocats aient tenté de singer Henri VIII, c'est un des plus curieux phénomènes de notre siècle. Selon leurs idées, les bureaux de l'intérieur fussent devenus comme un concile œcuménique permanent, présidé par un ministre révocable, en sa qualité de Pape civil; et l'on auroit vu M. de Corbière, le front orné de la tiare ministérielle, après avoir invoqué les lumières de l'esprit qui jadis inspira les parlements, libeller et contresigner des ordonnances dogmatiques obligatoires, sauf appel aux chambres, pour les consciences constitutionnelles des Français.

Tout cela ne seroit que risible, si l'expérience ne montroit que le ridicule et l'absurdité sont de foibles garanties contre les suites de certaines

(1) M. Lainé, en 1818, et M. de Corbière, en 1824.

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