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cratique consacré par les lois, n'offre qu'une vaste agrégation d'individus dépourvus de lien; tandis que pour maintenir, sous le nom de liberté, la démocratie des opinions, on proclame, sans aucunes limites, le principe du jugement privé, également destructif de tout lien dans l'ordre spirituel.

C'est là ce qu'il faut considérer, bien plus que les vieilles objections de la philosophie contre le christianisme, pour comprendre quelle est la source de cette opposition violente, de cette haine effrénée dont la religion catholique est aujourd'hui l'objet. Fondée sur l'autorité, elle proscrit tout ensemble et la souveraineté politique du peuple et la souveraineté de la raison, qui n'est que l'indépendance absolue d'un être supérieur. Le désir de cette indépendance, ou de l'extinction totale de la société humaine, tourmente une foule d'insensés; elle est', de leur aveu, le but constant de leurs efforts. Chose effrayante à dire, Dieu et l'homme sont en présence: il s'agit de savoir à qui l'empire res

tera.

D'un autre côté, les gouvernements engagés dans un système d'athéisme légal, favorable à la fois et par les mêmes raisons au despotisme et à la démocratie, regardent avec défiance la seule vraie religion, qui tend par son essence à régler et à modérer l'exercice du pouvoir qu'elle affermit; et

ne se croyant jamais assez en sûreté contre elle, ou ils la persécutent ouvertement, ou ils essaient de l'affoiblir par une guerre sourde non moins dangereuse peut-être. Qu'on ne s'y trompe pas cependant, son culte, sa doctrine, ce n'est pas là ce qui les inquiète; rien ne leur est, au contraire, plus indifférent. Et comme le caractère de loi qu'elle imprime à ses dogmes blesse seul les sectaires, irrités uniquement de ce qui porte atteinte à la souveraineté de la raison; ainsi l'autorité qui commande la foi excite seule les craintes et l'aversion

des gouvernements, parceque seule inconciliable avec la liberté absolue de croyance que proclament les lois, seule encore elle oppose un obstacle insurmontable aux vues du pouvoir, qui, de la religion, base nécessaire de l'ordre social, voudroit faire une simple branche de l'administration civile.

De là cet état de contrainte où l'on s'efforce de la maintenir, ce poids de servitude que sans cesse on aggrave sur elle, cette prédilection marquée pour les sectes, toujours plus dociles à mesure qu'elles sont plus vides de vérité; de là les calomnies, les injures, les cris de rage du parti révolutionnaire, ses déclamations éternelles contre le clergé catholique et son chef; de là cet amour pour les libertés de l'église gallicane, qui les a saisis tout-à-coup, et qui n'est bien clairement que la haine de l'unité; de là enfin, le projet exécrable avoué des uns,

mal dissimulé par les autres, de précipiter la France dans un schisme semblable à celui du seizième siècle.

Le protestantisme se ploie partout à ce qu'on demande de lui, parcequ'il n'a rien à conserver, ni dogmes, ni discipline; partout il est esclave de la puissance temporelle, parceque, dépourvu de sacerdoce, il n'offre pas même les premiers éléments d'une société. L'absence de liens, d'autorité et d'obéissance, voilà ce qui le constitue fondamentalement. Il n'a d'organisation nécessaire, d'existence publique, que celle que l'État lui donne, et dès lors il vient de lui-même se ranger sous la main de l'administration. Cette dépendance civile a, il est vrai, sa source dans les mêmes maximes qui produisent une indépendance politique féconde en révolutions; mais c'est le propre des gouvernements foibles, de bien plus redouter ce qui gêne le pouvoir que ce qui le tue.

Divine par son institution, indépendante par sa nature, l'Église catholique subsiste par ellemême avec sa hiérarchie, ses lois, sa souveraineté inaliénable, elle est la plus forte des sociétés ; sa durée seule le prouve. Des liens que l'homme n'a point formés, et qu'il ne peut rompre, unissent toutes les parties de ce grand corps. Que des individus, que des peuples même s'en séparent, il reste entier. Telle fut l'Église aux premiers jours,

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telle encore elle est aujourd'hui ; elle ne change point, elle ne vieillit point; il y a dix-huit siècles que l'éternité a commencé pour elle. Sa destinée n'est pas de posséder la terre et de la gouverner avec un de ces sceptres que le temps brise; un plus haut empire lui est réservé ; elle a reçu la mission de conduire et les rois et les peuples dans les voies où Dieu même leur commande de marcher; elle instruit, reprend, conseille, ordonne, non pas en son nom, mais au nom du suprême Législateur. Elevée au-dessus de ce qui passe, elle domine les établissements humains, qui empruntent d'elle leur force toujours si fragile, et cette vie qui s'épuise si vite. Sans elle que seroit l'Europe, que seroit le monde? Et cependant on verra les gouvernements qui lui doivent tout ce qu'ils ont de stabilité, la combattre, parceque l'homme aveuglé, enivré par le pouvoir, ne sait plus supporter la règle. Que n'a point essayé la puissance séculière pour soumettre l'Église à ses volontés? Quel est le genre d'attaque que l'on n'ait point employé contre elle? Naguère on démolissoit ses temples, on traînoit ses prêtres à l'échafaud. Maintenant on lui laisse l'exercice de son culte, puisqu'enfin le peuple en veut un; mais on tente de la dissoudre comme société. Afin d'arriver à ce but, on gêne sa discipline, on entrave son gouvernement, on trouble

sa hiérarchie. Entrons dans le détail de cette persécution nouvelle.

La discipline, sauvegarde de la foi et fondement du bon ordre, sert encore à maintenir, au moyen d'un régime et d'une législation uniforme, les liens extérieurs de l'unité si essentielle à l'Église. Elle fait de tant de pasteurs, dispersés dans le monde entier, un seul corps dont les membres, unis par des rapports intimes, agissent constamment sous l'autorité du chef souverain selon des règles communes. De cet accord, qui est aussi un caractère de vérité, dépend et toute la vigueur du gouvernement spirituel, et la vénération des peuples pour des lois partout les mêmes, malgré quelques usages particuliers, qui, prévus et sanctionnés par elles, n'y forment pas même de véritables exceptions.

Mais comment conserver cet admirable ensemble, comment établir solidement l'empire de ces lois et sur les fidèles et sur les pasteurs, sans tribunaux qui s'élèvent de degré en degré, jusqu'au tribunal suprême ? Or, à peine reste-t-il en France quelque trace de cette juridiction graduée. Celle des métropolitains, nulle de fait, n'est plus qu'un vain nom. Qu'en arrive-t-il? On ne le sait que trop, des différends interminables, et, dans l'absence d'un juge canonique, de scandaleux appels aux cours séculières, lorsqu'il naît quelques conflits de droits

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