Sayfadaki görseller
PDF
ePub

12-1-43

49116

L'ECHO

DU

CABINET DE LECTURE PAROISSIAL

DE MONTRÉAL.

HISTOIRE DE LA COLONIE FRANÇAISE EN CANADA.

LIVRE SECOND.

SECONDE COLONIE FRANÇAISE,

TOUTE COMPOSÉE DE CATHOLIQUES.

[Depuis 1632 jusqu'à l'arrivée des colons pour l'île de Montréal, en 1641.] CHAPITRE III. (*A.)

EFFORTS DE LA CHARITÉ CHRÉTIENNE EN FRANCE ET EN CANADA POUR PROCURER LA CIVILISATION ET LA CONVERSION DES SAUVAGES.

(Suite.)
XXIII.

Madame de La Pelterie augmente le nombre des Ursulines.

De son côté, madame de la Pelterie n'avait conduit aussi, en Canada, que trois Ursulines. Voyant que ce nombre était insuffisant, elle en demanda une quatrième à l'archevêque de Paris, qui lui en envoya deux, les mères Anne de Sainte-Claire et Marguerite de Saint-Athanase. Elles s'embarquèrent, avec les deux Hospitalières, sur le vaisseau nommé l'Espérance, conduit par M. de Courpon, honnête gentilhomme, qui leur

(A.) Voir l'année 1867, et pour le chapitre page 881.

rendit de grands services dans cette traversée. Deux fois elles pensèrent être englouties au fond des eaux, dans la rade même, où les trois navires. de la flotte restèrent, depuis le 26 de mars jusqu'au 28 d'avril, battus par les vents les plus furieux, sans avoir perdu autre chose qu'un câble et un bateau, qui furent emportés par la tourmente. Cette tempête, qui retint les vaisseaux près du port, les défendit contre les frégates ennemies, qui les attendaient au passage. Mais le cardinal de Richelieu, informé de cette embuscade par la duchesse d'Aiguillon, ordonna de leur faire escorte, et M. de Beaulieu, qui commandait la flotte royale, fit entourer les trois navires par quarante vaisseaux, qui les accompagnèrent jusqu'à l'entrée de la Manche, où ils n'eurent plus à craindre l'ennemi.

XXIV.

Hospitalières à Sillery, pour soigner les malades et instruire les enfants.

Le 9 de juillet de la même année 1640, les Hospitalières, accompagnées des Ursulines et de quelques Jésuites, se rendirent à Sillery, où l'on posa, en grande cérémonie, la première pierre du nouvel hôpital, et l'on en poussa immédiatement les travaux avec beaucoup d'activité, afin que les Hospitalières pussent, dès l'hiver suivant (*), l'occuper en partie. Le bâtiment se trouvant, en effet, en état de les recevoir, elles résolurent d'aller s'y établir, et fixèrent le jour du départ au 1er du mois de décembre de la même année. Les sauvages de Sillery, touchés de la charité de ces saintes filles, allèrent les chercher eux-mêmes à Québec, et les conduisirent en canot à leur bourgade, où les autres accoururent sur le rivage, pour les recevoir, en donnant mille démonstrations de reconnaissance et de joie. Les Hospitalières ne bornèrent pas leur zèle au soin des malades; elles l'étendaient encore à l'instruction des petites filles sauvages, qui, trop éloignées de Québec, ne pouvaient aller commodément se faire instruire chez les Ursulines. Elles furent bien. dédommagées de leurs peines, dans ce surcroît d'occupation; car, à Sillery, ces enfants avaient un si grand désir d'apprendre, que leur ardeur pour l'instruction allait jusqu'à l'importunité. Quoique le bâtiment des Hospitalières fût tout construit en pierres, elles eurent à souffrir les rigueurs du froid durant l'hiver, et aussi la privation de beaucoup de choses, et vécurent assez solitaires, les sauvages ayant quitté momentanément Sillery, pour aller à la chasse dans les bois. A leur retour, ils témoignèrent de nouveau, une joie très-vive de les voir dans ce lieu;

હૈ

(*) En attendant que le bâtiment fut en état de les loger, quelques Hospitalières allèrent occuper, vers la fin du mois d'août, une maison dans le voisinage de Sillery, que M. de Puiseaux, dont nous parlerons dans la suite, leur offrit, et qui était appelée la maison de Saint Michel. Quoiqu'elle ne se composât que de trois petites chambres, elles trouvèrent le moyen d'y recevoir des malades et d'y vivre elles-mêmes en communauté cloîtrée, s'étant ménagé une petite chapelle où leur chœur était séparé de l'espace qu'occupaient les séculiers, qui s'y rendaient en petit nombre pour assister à la sainte Messe.

et, de leur côté, elles eurent la consolation de contribuer à la conversion de plusieurs, par les secours charitables qu'elles leur prodiguèrent. Nous avons dit que la duchesse d'Aiguillon, en dédiant son hôpital au sang du Sauveur, répandu pour le salut de tous, avait demandé que les Hospitalières engageassent les sauvages qu'elles y recevraient à prier, particulièrement, pour le salut du cardinal de Richelieu, et pour le sien propre, après la mort de l'un et de l'autre ; et ce fut sans doute, pour leur rappeler sensiblement ce pieux devoir, et les aider à s'en acquitter, qu'elle envoya, cette année, à Sillery, un grand tableau, représentant Notre-Seigneur en croix, avec le cardinal d'un côté, et elle-même de l'autre ; à quoi elle joignit un parement d'autel noir, une chasuble et d'autres objets, pour servir à l'ornement de la chapelle et au culte divin.

[ocr errors]

XXV.

Pieuse curiosité des Sauvages pour les offices chantés des Ursulines.

A Québec, madame de la Pelterie et les religieuses Ursulines, en rendant aux sauvages les charitables services que nous avons dits, contribuaient encore à les édifier, dans leur chapelle, par leur modestie et par la beauté de leur chant, surtout les Dimanches et les jours de Fêtes, où leurs Vêpres étaient toujours chantées. "Si, en France, écrivait, au sujet de ce chant, la mère de l'Incarnation, on ne mangeait que du "poisson et des viandes salées, comme nous faisons ici, on serait malade, "et on n'aurait point de voix; nous nous portons fort bien, et nous "chantons mieux qu'on ne le fait en France." Il paraît que la douceur de ce chant, auquel les sauvages n'étaient pas accoutumés, ne les attirait pas moins que le son d'une viole, le seul instrument de musique religieuse qu'il y eût alors en Canada. "On est tout ravi, écrivait la sœur de "Sainte-Croix, d'entendre nos Mères chanter les Vêpres, les Fêtes et "Dimanches. Il y a du plaisir à voir les sauvages et les sauvagesses "auprès de la viole, quand on en joue. Ils en sont émerveillés. L'un "d'eux disait qu'il fallait apprendre à leurs filles à jouer de cet instrument. "Mais nous ne nous en servirons que pour les attirer à la prière."

XXVI.

Agnès, ses dispositions pour la piété et la musique religieuse.

Dans ce dessein, et pour se former une aide qui pût les suppléer, elles communiquèrent la pratique de ce petit art d'agrément à une de leurs élèves, âgée de douze ans, remarquable pour la beauté de sa voix et la douceur de son caractère, qui sans doute lui fit donner, dans son baptême, le nom d'Agnès. "Elle a fait de très-grands progrès au"près de nous, écrivait encore la mère Marie de l'Incarnation, tant dans "la connaissance des mystères que dans les bonnes mœurs, ayant de "plus appris à travailler, à lire, à jouer de la viole, et mille autres petites

"adresses." Cette enfant, ayant ensuite été retirée du séminaire par ses parents, elle se plaisait à chanter aux sauvages des Cantiques spirituels que les Ursulines lui avaient appris; et, dans les bois, elle était, comme leur directrice de chant, déterminant elle-même ce qu'ils devaient chanter, et les édifiant autant par la sagesse et la modestie de sa conduite, qu'elle les charmait saintement par la beauté de sa voix. Elle aurait même voulu se consacrer à Dieu par la profession religieuse, et ses maîtres pensaient à la recevoir, lorsqu'elle mourut à l'âge de quinze ans, au mois de décembre 1643, à la suite d'un accident, qui pensa la faire périr dans le fleuve Saint-Laurent, et d'où elle avait été retirée presque sans vie.

XXVII.

Zèle de madame de la Pelterie pour la conversion des sauvages.

L'affection que madame de la Pelterie témoignait aux femmes et aux filles sauvages était bien propre à gagner leurs cœurs et à leur faire aimer la religion. Elle ne pouvait modérer son ardeur dans les services qu'elle leur rendait, et voulait se trouver elle-même partout, quand il s'agissait des sauvages. Le jour de l'Assomption 1639, dans les Processions, rapporte la sœur de Sainte-Croix, "elle servait de "conductrice aux femmes sauvages, et marchait en tête." Le Jeudi Saint de l'année 1640, la cérémonie du lavement des pieds devant avoir lieu à l'hôpital, elle s'y rendit, et se joignant aux Hospitalières, elle lava les pieds à des femmes et à des filles sauvages, avec autant de charité que de modestie, exemple qui fut imité par madame de Répentigny. C'est que le zèle pour la conversion des sauvages n'était pas particulier aux missionnaires et aux Religieuses; et nous devons dire, à la louange des pieux colons de Québec, qu'avant l'arrivée des Hospitalières et des Ursulines, il était déjà très-commun parmi eux. Il devint même général, à l'occasion d'un voeu que les PP. Jésuites firent, en 1635, dans toutes leurs résidences, et que, l'année suivante, les colons commencèrent à prononcer, et qu'ils renouvelaient depuis, tous les ans, le jour de l'Immaculée-Conception, quoique par simple dévotion, et sans obligation de conscience.

[ocr errors]

XXVIII.

Vou public des colons pour la conversion des sauvages.

Nous le rapporterons ici, comme un monument remarquable de la piété de ces premiers temps. "Adorable Jésus, Sauveur du Monde, quoique nos péchés nous doivent éloigner de votre présence, néanmoins, " étant épris d'une sainte affection de vous honorer, vous et votre Sainte "Mère et poussés du désir de correspondre fidèlement à ce que vous "désirez de vos serviteurs, pour vous faire connaître et adorer des

« ÖncekiDevam »