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exclusif des pelleteries et la propriété des immenses contrées dont se composait la Nouvelle-France. "Il est certain, dit le P. de Charlevoix, que "les esprits étaient, en France et en Amérique, dans les meilleures dis "positions du monde pour peupler cette colonie et pour établir toutes les bran"ches de commerce que peut produire un si bon fonds. Le merveilleux con"cert de tous les membres qui composaient cette colonie, de laquelle on "avait conçu de si grandes espérances, ce concert, le seul peut-être qu'on "avait vu aussi parfait dans le Nouveau Monde, répondait du succès de "toutes les entreprises qu'on y aurait tentées. Tant de secours spirituels, "venus de France tout à la fois, ne pouvaient manquer de donner une "grande activité aux affaires de la religion. L'établissement des Hospi"talières, celui des Ursulines, toutes les missions renforcées d'ouvriers "infatigables, qui ne s'épargnaient point; la piété et la charité des principaux habitants, qui ne se refusaient à rien pour les seconder, jusqu'à prê"ter leurs propres lits pour y coucher des malades: c'étaient là autant "de conjectures précieuses qui auraient dû faire entrer dans le sein de l'Eglise la plus grande partie des nations du Canada. Mais la compa"gnie des Cent-Associés demeurait dans une inaction qui sera toujours incompréhensible, et il arrivait de là que les missions et les communautés, qui devaient tirer leur principal appui de la colonie, en étaient presque le seul soutien. Cependant le fonds qui faisait subsister les mission"naires et les Religieuses n'était, en bonne partie, que casuel; on ne "devait pas compter qu'il continuât toujours sur le même pied, et il fut "réduit, en effet, peu à peu." C'est pourquoi la colonie et l'œuvre de la sanctification des sauvages ne firent que languir, comme nous allons l'exposer au chapitre suivant. (A continuer.)

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DE L'AUTORITÉ EN PHILOSOPHIE. (*)

LIVRE III.

DE L'AUTORITÉ HUMANO-DIVINE OU DE L'ÉGLISE.

DE L'AUTORITE HUMANO-DIVINE EN PHILOSOPHIE.

NEUVIÈME ET DERNIER CHAPITRE.

CONCLUSION-DÉFINITION DE LA PHILOSOPHIE-DIFFÉRENCE ENTRE LA PHILOSOPHIE ET LA THÉOLOGIE.

Depuis quarante siècles l'individualisme est à l'œuvre. Il a cultivé le champ de la science avec de rudes labeurs; les produits de son activité

(*) Voir l'année 1866, pages 238, 273, 290, 322, 343, 375, 395, 410, 412, 492, 451.

l'année 1857, pages 2, 96, 177, 256, 331, 419, 493, 572, 664, 755, 761, 834, 897.

sont immenses, et tout à la fois d'une valeur bien minime. Non seulement il n'a pu se faire un symbole; mais même il ne lui a pas été possible de formuler et d'établir un seul dogme, c'est-à-dire, une vérité universellement obligatoire. Il n'a produit qu'une masse énorme d'opinions contradictoires. Toujours, il s'est vu livré en proie à la guerre intestine. Maintes et maintes fois l'on a imaginé des projets de pacification, des réformes qui devaient satisfaire tous les esprits. Les plus grands génies se sont usés vainement dans ces tentatives sans résultat.

Aujourd'hui, autant que jamais, les représentants divers de la philosophie rationaliste sont divisés entr'eux. Or, comme l'avenir a ses racines dans le passé, et qu'en outre les perpétuelles contradictions qui éclatent dans le domaine de l'individualisme, résultent de la nature même de cette philosophie combinée avec celle de l'esprit humain, nous devons tenir pour indubitable, que l'individualisme n'aura jamais de symbole, et même, qu'à l'exception du dogme prétenda de la suprématie de la raison de chacun, qui est tout le fond du rationalisme, et son expression rigoureuse, il n'aura jamais de croyance constante et uniforme. Non seulement l'individualisme n'a point et n'a jamais en de symbole, mais encore il a constamment battu en ruine le symbole de l'humanité, et il ne tient pas à lui que nous. ne soyons devenus tour à tour, matérialistes, athées, panthéistes, sceptiques, voire même nihilistes.

A la vue de ces aberrations épouvantables de la raison, que devonsnous faire? Nous laisser aller au découragement, conspuer et maudire, comme un présent funeste, cette lumière d'origine divine, qui fait l'homme roi de la nature et lui donne de magnifiques traits de ressemblance avec son Créateur?

A Dieu ne plaise que nous nous rendions coupables d'une si noire ingratitude! Parce que les hommes ont beaucoup abusé des dons de Dieu, il ne faut pas estimer ces dons moins excellents. La liberté n'a-t-elle pas enfanté autant de crimes que la raison a produit d'erreurs? Il ne nous est pas néanmoins permis de déclamer contre la liberté; ne déclamons pas non plus contre la raison. L'abus d'une chose ne prouve rien contre elle. Or, ici, il y a abus manifeste. Depuis longtemps, les plus grands hommes et les plus vertueux l'ont signalé, cet abus fatal, mais avec trop peu de succès jusqu'à présent. Confiance néanmoins! La masse déjà énorme des expériences grossissant toujours avec les années, met en évidence de plus en plus l'impuissance irrémédiable de la raison individuelle. C'est pourquoi, il y a tout lieu de le croire, les tentatives nouvelles de bons. esprits dirigées dans le même sens, obtiendront de plus heureux résultats, et leurs voix seront probablement écoutées quand elles porteront aux philosophes découragés ces paroles de consolation et d'espérance: Etres d'un jour, pourquoi voulez-vous vous isoler de vos frères? Songez et voyez quelles victoires nous aurions obtenues sur la nature inférieure, si chacun

avait voulu séparer son action de celle de son semblable, si chacun avait prétendu n'appliquer toujours à la résistance que sa puissance individuelle ? L'homme aurait-il dompté les animaux féroces, abattu les forêts, desséché les vallées, défriché la terre, dirigé le cours des fleuves, subjugué les mers, aurait-il, en un mot, imposé son joug à la création terrestre toute entière et nous apparaîtrait-il partout comme le roi de l'univers? Oh! non, sans aucun doute. Tout au contraire, l'homme se verrait en tout lieu esclave de la nature, chargé par elle des plus lourdes chaînes et dans l'impuissance absolue de s'affranchir jamais; si tant est cependant qu'une multitude de causes ennemies n'eussent pas fait disparaître de dessus la terre, déjà depuis longtemps, un être si infirme et si débile. Vous conviendrez sans peine de la certitude de ces assertions diverses. Mais pourriez-vous croire que l'homme soit moins faible dans les régions du vrai que dans celles des réalités physiques? Pensez-vous que le champ de la vérité ne soit pas pour nous aussi stérile et d'une aussi difficile culture que le sol d'où nous tirons, en l'arrosant en commun de nos sueurs, la subsistance de notre organisme? Pourquoi, afin de féconder vos efforts, n'élevez-vous pas souvent votre cœur et vos yeux vers la lumière infinie, dont la conscience et les instincts supérieurs du genre humain ont constamment sollicité l'abondante et extraordinaire communication?

Ce n'est pas d'aujourd'hui, ainsi que nous l'avons remarqué au premier livre, que l'on a exhorté la philosophie à chercher un appui extérieur. Les plus grands esprits et les plus estimables, lui en ont donné le conseil et l'exemple, dans les temps anciens comme dans les âges modernes. Nous avons cité précédemment parmi les païens, Confucius, Héraclite, Platon, Aristote, Cicéron, Sénèque, Plutarque, Quintilien. Nous avons cité Tertulien et Boèce, et au moyen âge, St. Thomas, le prince des Scholastiques. Enfin, dans les temps modernes, nous avons nommé Fénélon, Buffier, Huet, Cudworth, Hook, Bergier, de Bonald, De Maistre et de Riambourg. Nous devons mentionner encore, malgré leurs exagérations et leurs excès, les deux écoles fameuses de M. De La Mennais et de M. Bautin.

Mais, où le trouver cet appui ?

1o. Dans la raison de tous. Une raison individuelle ne diffère qu'en degrés d'un autre raison individuelle. Toute raison, à l'état actuel, a de l'aptitude à saisir le vrai. Il en résulte que la puissance de la somme des raisons individuelles est incomparablement plus grande que celle d'une raison particulière quelconque. Que si cette somme comprend la raison de tous, toujours et partout, l'on ne peut imaginer, dans la création, de motif plus invincible de croire; et si, en pareille conjoncture, son enseignement n'était pas véritable, il faudrait dire que la raison, destinée à percevoir le vrai, serait néanmoins impuissante à le saisir, ce qui répugne. Il est donc certain que la raison particulière doit chercher un

appui dans la raison commune, et tenir pour indubitable, avant toute discussion, tout ce qu'enseigne la raison générale.

Or, la raison générale enseigne, entre autre chose, que la Raison Infinie peut illuminer, par des opérations extraordinaires et tout-à-fait en dehors de l'ordre constant établi de Dieu, la raison créée et finie. Et de toutes les données de la raison générale, il n'en est peut-être pas une seule qui soit, par son évidence intrinsèque et par sa conformité aux besoins de l'homme, plus manifestement proportionnée à la raison de chacun.

Les affirmations de la raison commune ne s'arrêtent pas à ce qui est purement possible; elles descendent encore jusqu'à l'ordre réel. Tous les hommes, toujours et partout, ont cru aux communications miraculeuses de la divinité avec la nature humaine. Plusieurs, il est vrai, se sont trompés dans l'appréciation des faits, ils ont pris pour révélations divines, le produit de l'illusion ou du mensonge. Mais, encore ici, la raison commune trace, pour servir au discernement de la vérité, des caractères si éclatants et si incommunicables, que toute raison individuelle, bien disciplinée, ne saurait s'y méprendre. Elle nous signale le miracle et la prophétie comme des Lettres-Patentes authentiques de la divinité; et nous donne, pour en vérifier la réalité et en constater la nature, des signes infaillibles. Toute doctrine qui se prétend révélée et veut s'imposer au genre humain, doit,au jugement du sens commun, prouver son origine divine, du moins par l'une ou l'autre espèce de ces faits rigoureusement surnaturels. Il faut, en outre; mais l'on sait à priori que cette nouvelle exigeance est toujours réalisée, quand on a acquis la certitude que la vérité de la doctrine est établie sur le miracle ou la prophétie; il faut, en outre, que la grandeur et la beauté de son enseignement dogmatique et moral, que l'harmonie parfaite de cet enseignement, avec les nécessités de notre nature, manifestent quelque chose de l'infinie sagesse de son

auteur.

Donc, en second lieu, la raison philosophique doit s'étayer de la raison divine. Ce devoir, une des plus solennelles prescriptions de la raison commune, est encore intimé à chaque intelligence particulière par le sentiment de sa faiblesse et de son insuffisance dans la poursuite du vrai, insuffisance à laquelle ne peut convenablement remédier la raison générale elle-même, beaucoup trop limitée dans sa sphère.

Soutenue, éclairée par la raison commune et par la révélation divine, la raison individuelle pourra-t-elle, sans crainte de faire fausse route, s'élancer à la recherche du vrai? Non, pas encore. La révélation, manifestation de l'être infini, aura nécessairement son côté ténébreux. Donc, les interprétations erronées de la révélation seront inévitables à l'individu abandonné à lui-même. Et puis les trois grandes causes d'erreur que nous avons signalées au rationalisme, ne se rencontreront-elles pas ici pareille

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ment? Sans aucun doute; et les vérités révélées les plus lumineuses seront contradictoirement expliquées par plusieurs dont souvent l'on ne pourra suspecter ni le talent, ni la bonne foi. Cette assertion, du reste, est assez confirmée par l'expérience. Comment sortir de ce nouveau dédale? La révélation nous présente un fil conducteur que la raison générale de la société la plus éclairée et la plus étendue, agrée depuis dix-huit siècles, et qu'un profond instinct de notre nature nous presse de saisir. Pour satisfaire aux besoins de l'humanité toujours plus raisonneuse, plus désireuse de connaître et d'expliquer; mais toujours fort débile et peu clairvoyante, et partant, toujours, plus exposée à se repaître d'erreurs de toute sorte, Dieu, en se révélant à elle une dernière fois, lui a laissé jusqu'au jour suprême de ce monde visible, un interprète infaillible de la vérité. Il faudra donc, en troisième lieu, que la raison philosophique porte toujours devant soi, comme un flambeau, les décisions de cet interprète, c'est-à-dire de l'Eglise.

Avec ce triple appui, ce triple critérium, la philosophie pourrait étendre au loin et affermir solidement ses conquêtes. Au lieu des ténèbres qui enveloppent maintenant son domaine, quel jour magnifique se lèverait pour elle, si elle consentait à marcher par la grande voie de l'autorité, et si elle voulait se définir de la manière que voici: La philosophie est le libre exercice de la raison, ou l'explication des choses, sous la discipline du sens commun et de la révélation interprétée par l'Eglise. (1).

Telle est, ce me semble, l'idée la plus générale d'une philosophie catholique, ou d'une philosophie positive et féconde. Si l'on en désirait une notion plus restreinte et moins disproportionnée à la faiblesse de notre intelligence, l'on pourrait emprunter, en la complétant, la définition de M. Lamennais et dire: La philosophie est: "L'exposition des vérités générales, ou de ce qu'il y a de commun dans les diverses branches de la connaissance humaine," sous la discipline du sens commun et de la révélation interprétée par l'Eglise.

Parceque nous soumettons la philosophie, dans plusieurs de ses investigations, au contrôle de la révélation et de l'Eglise, on ne saurait avoir pour cela le droit de nous objecter que nous confondons la philosophie avec la théologie. Ce serait une imputation tout-à-fait erronée. Rien n'est plus distinct d'après notre doctrine. La théologie et la philosophie selon nous, comme selon tout le monde, different par leur objet et par leurs moyens ou lieux communs. La philosophie a pour objet propre les vérités générales naturelles: ce n'est qu'indirectement, par voie d'affinité ou de conséquence, et dans une certaine mesure, qu'elle s'occupe des vérités révélées. De même l'objet propre de la théologie, ce sont les vérités surnaturelles, et si quelquefois elle traite des vérités naturelles, ce n'est aussi

(1) Esquisse d'une philosophie, T. ler.

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