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à vue courte, promu depuis bien des années au grade de Rose-Croix. Ce pauvre homme ne voyait dans le cérémonial des Loges que des momeries historiques. "Il n'épargnait rien, racontait ce prêtre, pour me donner une meilleure idée d'une société dans laquelle il se glorifiait d'avoir exercé des fonctions importantes. Il voulait absolument me convertir à la maçonnerie. Je savais qu'il ne lui restait plus qu'un pas à faire pour arriver au point où le voile se déchire, où il n'est plus possible de se faire allusion sur le but ultérieur des arrières adeptes. Pour me convaincre, il voulut aller jusque-là.

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Très-peu de jours après, je le vois entrer chez moi dans un état impossible à dépeindre. "Oh mon cher ami, mon cher ami! s'écriait-il, que vous aviez bien raison!..Ah! que aviez raison! Où étais-je, mon DIEU! où étais-je ?" Il s'assit ou plutôt tomba sur un siège, ne pouvant que répèter: "Où étais-je ? où étais-je ?... Ah! que vous aviez bien raison !" J'aurais voulu qu'il m'apprit quelques-uns des détails que j'ignorais encore. Il se contenta de répondre: "Vous avez raison, mais c'est tout ce que je puis vous dire." Il ajouta cependant que s'il acceptait ce qu'on lui proposait, il réparerait sa fortune ruinée par la révolution. "Si je veux, me dit-il, partir pour Londres, pour Bruxelles, pour Constantinople, ou pour toute autre ville à mon choix, ni ma femme, ni mes enfants, ni moi, nous n'avons plus bescin de rien.--Qui, lui observai-je ; mais à condition que vous irez prêcher partout l'égalité, la liberté et toute la révolution !—Tout juste, murmura-t-il. Mais encore une fois, c'est là tout ce que je puis vous dire. Ah! mon DIEU! où étais-je !..."*

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Le pauvre homme était tout simplement dans les hauts grades de la Maçonnerie extérieure; et on venait de lui laisser voir le dessous des cartes. A notre tour, jetons-y un regard.

XV.

De la vraie Franc-Maçonnerie, qui est occulte et toute secrète.

Cette Franc-Maçonnerie n'est plus celle des Loges, elle n'est plus même celle des hauts grades: elle est purement et simplement la société secrète.

Dans l'arrière-Loge, les Maçons jettent le masque; ils dédaignent et repoussent le symbolisme à la fois ridicule et pervers des initiations premières; ils vont droit au fait: Guerre à DIEU, à son Christ et à son Eglise! guerre aux rois et à toute puissance humaine qui n'est pas avec nous! Telle est leur devise; tel est leur cri de ralliement.

Là, plus de Grands-Orients, plus de Grands-Maîtres, mais une unité effrayante, réalisée par un gouvernement occulte, aussi simple que s

L'abbé Barruel, le Jacobinisme dévoilé, tome II, p. 312 et suiv.

savam

ment organisé. "Souvenez-vous, disait récemment le scélérat Mazzini, souvenez-vous qu'une association d'hommes libres et égaux (toujours la même formule!), qui veulent changer la face d'un pays (il aurait pu dire: de tous les pays) doit avoir une organisation simple, claire et populaire.

A la tête de toute cette armée ténébreuse, il y a un chef unique et inconnu, qui reste dans l'ombre et qui tient tous les Ateliers et toutes les Loges dans sa main; chef mystérieux et terrible auquel sont liés, par un serment d'obéissance aveugle, tous les Maçons de tous les rites et de tous les grades, qui ne connaissent même pas son nom, et qui, pour la plupart, ne veulent pas croire à son existence. Cet homme diabolique est plus puissant qu'aucun roi de ce monde. Au dernier siècle, ce fut pendant de longues années, un Allemand obscur, nommé Weishaupt.

Le patriarche des sociétés secrètes n'est connu que de quatre ou cinq adeptes choisis, qui le mettent en rapport chacun avec une section ou vente ou Loge (le nom importe peu), et les adeptes de cette section ignorent le rôle que le lieutenant du grand chef remplit parmi eux. Chacun des Maçons de la section la représente à son tour dans une section ou Vente inférieure, toujours à l'insu des adeptes réunis là; et ainsi de suite jusqu'aux Loges les plus insignifiantes de la Maçonnerie extérieure, jusqu'aux assemblées maçonniques en apparence les plus étrangères aux complots des sociétés secrètes.

Dans cette hiérachie sous-maçonnique, chacun est conduit sans savoir par qui, et exécute des ordres dont il ignore et l'origine et le but réel. C'est la vraie société secrète, pour ceux-là même qui en font partie. Il y a une quarantaine d'années, la police romaine fut sur le point d'atteindre le chef même de la grande conspiration : le cardinal Bernetti, Secrétaire d'Etat de Léon XII, parvint à saisir une partie de la correspondance intime des chefs de la Vente suprême, c'est-à-dire de cette première Loge maçonnique que dirige immédiatement le grand chef. Un de ces scélérats était attaché à la personne du prince de Metternich, premier ministre de l'empereur d'Autriche, qui avait en lui toute confiance. Son nom` de guerre était Nubius. Un autre était un juif qui avait pris pour nom de guerre le nom de Petit-Tigre. La correspondance d'un troisième dénotait un riche propriétaire italien. A cette époque, le centre du grand complot était en Italie.

Pour distinguer la Franc-Maçonnerie occulte on l'appela Charbonnerie. Comme la Franc-Maçonnerie, la Charbonnerie est une et universelle; elle est" la partie militante de la Franc-Maçonnerie." On ignore le nombre de ses adeptes.

Le Fr..Louis Blanc admire, en la constatant officiellement, l'organisation de la Charbonnerie; c'est, dit-il, " quelque chose de puissant et de

• Manifeste d'avril 1854.

merveilleux.." Il fut convenu qu'autour d'une association mère (Quelle mère, grand DIEU!) appelée la Haute-Vente, on formerait sous le nom de Ventes centrales d'autres associations au-dessous desquelles agiraient des Ventes particulières (le mot Vente veut dire réunion). On fixa le nombre des membres à vingt par association, pour échapper au Code pénal. La Haute Vente se recrutait elle-même.

"Pour former les Ventes centrales, on adopta le mode suivant: Deux membres de la Haute Vente s'adjoignaient un tiers sans lui faire confidence de leur qualité, et ils le nommaient Président de la Vente future en y prenant eux-mêms, l'un le titre de Député, l'autre celui de Censeur. La mission du Député étant de correspondre avec l'association supérieure, et celle du Censeur de contrôler la marche de l'association secondaire, HauteVente devenait par ce moyen comme le cerveau de chacune des Ventes qu'elle créait, tout en restant vis-à-vis d'elles maîtresse de son secret et de ses actes...Il y avait dans cette combinaison une admirable élasticité (celle du serpent). Bientôt les Ventes se multiplièrent à l'infini."

Le Fr.. Louis Blanc ajoute avec la naïveté d'un enfant terrible: "On avait prévu l'impossibilité de jouer complètement les efforts de la police (1) pour en diminuer l'importance, on convint que les Ventes agiraient en commun, sans cependant se connaître les unes les autres, et de manière que la police ne pût qu'en pénétrant dans la Haute-l'ente saisir tout l'ensemble de l'organisation. Il fut conséquemment interdit à tout charbonnier appartenant à une Vente de chercher à s'introduire dans une autre. Cette interdiction était sanctionnée par la peine de mort.

"Les devoirs du Charbonnier étaient d'avoir un fusil et cinquante cartouches (précaution éminemment philantropique), d'être prêt à se dévouer (on sait ce que cela veut dire), d'obéir aveuglément aux ordres des chefs inconnus."-(2). Cette organisation redoutable, éventée par le F... Louis Blanc, avait été combinée dans la Loge des amis de la vérité.

Ainsi derrière la Loge est l'arrière-Loge; derrière le Franc-Maçon Apprenti, Compagnon, Maître, et même derrière les Franc-Maçons des hauts grades se cache le Franc-Maçon Charbonnier, l'homme de la société secrète et des Ventes. Les Loges que la Franc-Maçonnerie affirme cachent à tous les regards les arrière-Loges, les grades cachent les arrière-grades, la doctrine avouée cache la doctrine mystérieuse, les rites et les cérémonies grotesques cachent les trames occultes; les secrets ridicules n'ont été imaginés que pour mieux cacher le vrai secret; en un mot, la Maçonnerie publique cache la Maçonnerie secrète.

(1) Pour y mieux réussir et pour attirer les milltaires, la secte avait joint à l'organisation communes des l'entes une organisation militaire, ou plutôt des dénominations militaires : Légions, Cohortes, Centuries, Manipules; et, selon les besoins du moment, elle présentait tantôt une face tantôt l'autre.

(2) Histoire de dix ans, tome Ier.

Il y a union intime, mais occulte, entre la Franc-Maçonnerie et la Charbonnerie: l'une est le corps, l'autre est l'âme ; l'une est l'armée des soldats, l'autre l'armée des chefs, l'une est menée, l'autre mène.

Telle est l'innocente Franc-Maçonnerie qui se prétend calomniée par l'Eglise.

XVI.

A quels affreux excès se portent les Maçons des arrières-Loges.

Bon nombre de ces sectaires ne reculent ni devant le sacrilège, ni devant l'assassinat. A Rome, durant les troubles de 1848, on découvrit plusieurs réunions nocturnes, une entre autres au faufourg du Transtevere, où les adeptes, hommes et femmes, se réunissaient pour célébrer ce qu'ils appelaient "la messe du diable." Sur un autel orné de six cierges noirs, on déposait un ciboire; chacun, après avoir craché sur le crucifix et l'avoir foulé aux pieds, apportait et mettait dans le ciboire une hostie consacrée, qu'il avait été recevoir le matin dans quelque église ou bien qu'il avait achetée de quelque méchante vieille pauvresse à prix d'argent, comme Judas. Puis commençait je ne sais quelle cérémonie diabolique, qui se terminait par un ordre donné à tous de tirer le poignards, de monter à l'autel et de frapper le Saint-Sacrement à coups redoublés. La messe finie, on éteignait toutes les lumières....

D'Italie, ces pratiques sacrilèges se sont infiltrées chez nous; et tout récemment on a découvert l'existence d'une sorte de sous-Franc-Maçonnerie, déjà tout organisée, dans le bút exclusif de s'entendre sur les moyens de détruire la foi plus efficacement et plus sûrement. La secte est divisée en petites sections de douze à quinze membres chacune, pas davantage, de peur d'éveiller l'attention. Elle se recrute parmi les gens lettrés, ou du moins parmi les personnes qui, par leur position, leurs talents ou leur fortune, exercent autour d'elles quelque influence. Les chefs de sections ne résident point aux lieux des réunions, mais à Paris, qui est leur centre d'action. Chose horrible! chaque adepte, pour être agrégé, doit apporter, le jour de son initiation, le Très-Saint-Sacrement de l'autel et le fouler aux pieds, en présence des Frères? On m'a assuré que cette secte infernale existe déjà dans la plupart des grandes villes de France. On m'a nommé, comme renseignement absolument certain, Paris, Marseille, Aix, Avignon, Lyon, Châlons-sur-Marne, Laval.

On m'a également affirmé, comme la tenant d'un témoin auriculaire, prêtre vénérable on ne peut plus digne de foi, la réalité du fait suivant, qui n'est du reste que la répétition de crimes de même nature, accomplis fréquemment en Italie, depuis une vingtaine d'années.

Un jeune homme s'était fait initier à la Franc-Maçonnerie. Il paraît qu'il fut bientôt trouvé mûr pour les grandes choses. De la Loge il passa à l'arrière-Loge, et un beau jour il fut désigné pour faire disparaître une victime de la secte. Il fut obligé de la poursuivre partout, et ne put

l'atteindre qu'en Amérique. Il revint en France bourrelé de remords, à moitié décidé à ne plus prendre part aux travaux de la Maçonnerie secrète. Mais bientôt un nouvel ordre lui fut intimé: il fallait un second meurtre, une seconde vengeance. Cette fois, son cœur se révolta et il résolut d'échapper par la fuite à cette tyrannie du poignard.

Il quitta donc furtivement Paris pour se rendre incognito en Algérie. A peine arrivé à Marseille, il reçoit à l'hôtel où il était descendu un billet fraternel ainsi conçu: "Nous savons ton projet ; tu ne nous échapperas point. L'obéissance ou la mort." Epouvanté, il rebrousse chemin et s'arrête à Lyon dans une auberge obscure. Une demi-heure après, un inconnu apporte pour lui un billet à peu près conçu dans les mêmes termes : "Tu obéiras, ou tu mourras !"

Il quitte aussitôt l'auberge et la ville, et l'âme pénétrée de repentir non moins que de terreur, il va par des chemins détournés chercher un abri au monastère de la Trappe des Dombes, près Belley. Le lendemain de son arrivée, même avertissement, même menace : "Nous te suivons; en vain tu cherches à nous échapper."

Enfin, éperdu, hors de lui-même, et sachant par expérience que la secte ne pardonne jamais, il alla, d'après le conseil d'un des Pères de la Trappe, consulter le prêtre qui a raconté tout ceci et qui a trouvé moyen, en le confiant à d'intrépides missionnaires, de dépister les terribles limiers attachés à sa poursuite (1).

Ce fait effrayant n'est que la réalisation littérale des instructions précises qui régissent aujourd'hui la secte. Voici quelques-uns des articles de cette constitution occulte, rédigée par Mazzini:

"Art. XXX. Ceux qui n'obéiront point aux ordres de la société secrète ou qui en dévoileraient les mystères, seront poignardés sans rémission. Même châtiment pour les traîtres.

"Art. XXXI. Le tribunal secret prononcera la sentence et désignera un ou deux affiliés pour son exécution immédiate.

“Art. XXXII. Quiconque refusera d'exécuter l'arrêt, sera censé parjure et, comme tel, tué sur le champ.

"Art. XXXIII. Si le coupable s'échappe, il sera poursuivi sans relâche, en tout lieu; et il devra être frappé par une main invisible, fut-il sur le sein de sa mère ou dans le tabernacle du Christ!"

Après cela, allez donc vous faire Franc-Maçon !

(1) Tout récement, la fille d'un Franc-Maçon confirmait, par une innocente indiscrétion la réalité de ces procédés inexplorables. Cette enfant, âgée de douze ans, avait souvent entendu son père parler de la Franc-Maçonnerie et déclarer qu'il en faisait partie. Grâce à l'influence de sa bonne mère, elle fut mise en pension dans une maison d'éducation religieuse; et il lui est arrivé plus d'une fois de répéter devant ses compagnes, comme devant les Religieuses et l'aumônier de l'établissement, ces paroles recueillies de la bouche même de son père: "Si quelqu'un de nous vient à trahir le secret qui lui est confié dans la Franc-Maçonnerie, on le poursuivra jusqu'au bout du monde, et on le fera disparaître, sans que ni la police, ni qui que ce soit, puisse savoir ce qu'il est devenu."

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