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neuse que jamais ne nous apparaît Vénus, par la raison qu'ils peuvent la voir de très-près lorsqu'elle est complètement éclairée par le soleil, au lieu que les époques où Vénus se trouve plus près de nous, sont précisément celles où elle présente son croissant le plus effilé.

Le jour leur apporte toutes les magnificences auxquelles nos yeux sont accoutumées. Vénus, en effet, est entourée d'une atmosphère transparente au sein de laquelle se combinent mille jeux de lumière. Quand l'astre éclatant du jour, deux fois plus grand qu'il ne paraît de la terre à cause de son moindre éloignement, lève à l'orient son disque énorme et se penche le soir vers l'horizon, le crépuscule développe ses splendeurs ravissantes. Le ciel bleu tant célébré par les poëtes se montre là dans toute sa beauté, et les nuages aux formes capricieuses qui flottent au-dessus de nos têtes, nous abritent contre les ardeurs du soleil, développent aussi autour de Vénus leurs nuances neigeuses, argentées, dorées, empourprées. Que pourraient être ces taches qui apparaissent sur divers points de cette planète, grandissant, changant sans cesse de forme, s'évanouissant pour aller se reformer plus loin, sinon des nuages en tout semblables aux nôtres ? Les nuages forment la pluie... On parle donc sur Vénus de pluie et de beau temps! quel avantage pour ceux de ses habitants qui, semblables à une grande partie des humains, ne savent de quelle manière entretenir la conversation!

Ce n'est pas tout! La nature ne produit rien en vain et l'on ne saurait admettre que la pluie ait été créée dans l'unique but de venir au secours des esprits bornés. Nous devons croire que les pluies et les rosées tombent sur le sol pour faire végéter des plantes et que les plantes prennent racine, croissent et produisent des semences pour nourrir des animaux; comme nous savons d'ailleurs que la nature est uniforme et constante dans ses procédés, que les mêmes choses servent aux mêmes fins, pourquoi ne conclurions-nous pas qu'il y a des plantes et des animaux dans Vénus ? à quoi bon, sans cela, cet appareil de provisions qui paraît si bien leur être destiné ?

Ainsi il y a sur Vénus de riants bosquets, des prairies émaillées de fleurs, des forêts vierges, où des animaux nombreux ont choisi leur retraite, où des nuées d'oiseaux font entendre leurs chants; il y a des ruisseaux, des lacs, des fleuves aux eaux profondes et rapides. Ces fleuves, si nous en jugeons par l'analogie, doivent être plus vastes peut-être que ceux dont s'enorgueillit le Canada, car les montagnes de Vénus, excessivement élevées, sont par là même couvertes de neiges éternelles, et donnent naissance à des glaciers immenses qui peuvent alimenter les plus puissants cours d'eau.

Le monde que nous étudions est-il aussi favorisé que nous sous le rapport du climat et de la variété des saisons? possède-t-il un printemps, un été, un automne et un hiver, ou bien tous les temps de l'année sont-ils semblables?

Tout dépend ici de la position de l'axe de Venus par rapport à son orbite. S'ils sont perpendiculaires l'un à l'autre, toute trace de saisons disparaît: certaines zones seront éternellement brûlées par une chaleur excessive, d'autres éternellement tempérées, et d'autres, celles qui se trouvent vers les pôles, éternellement ensevelies dans les glaces. Faites en sorte que l'axe de Vénus et le plan de son orbite soient inclinés de 23°, tout se passera comme sur la terre. Mais si l'inclinaison devient plus grande, on n'aura plus que des saisons disparates dont la brièveté et l'inconstance nous seraient fatales. C'est justement là ce qu'on remarque.

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La planète qui doit offrir les plus curieuses circonstances climatologiques, dit Babinet, c'est sans contredit Vénus qui, pour la grosseur, la masse, est presqu'exactement semblable à la terre. Elle tourne très-obliquement sur elle-même. Si nous prenons la terre pour point de comparaison, le soleil arrive, l'été, jusqu'au-dessus de Syène, en Egypte, ou de Cuba, en Amérique. Pour Vénus l'obliquité est telle que, l'été, le soleil atteint des latitudes plus élevées que celles de Belgique ou même du Labrador. Il en résulte que les deux pôles soumis tour à tour à un soleil presque vertical et qui ne se couche pas (et cela à quatre mois de distance, puisque l'année de cette planète n'est que de huit mois), ne peuvent laisser la neige et la glace s'accumuler. Il n'y a point de zone tempérée sur cette planète la zone torride et la zone glaciale empiètent l'une sur l'autre et règnent successivement sur les régions qui, chez nous, composent les deux zones tempérées. De là des agitations d'atmosphère constamment entretenues, et d'ailleurs tout à fait conformes à ce que l'observation nous apprend sur la difficile visibilité des continents de Vénus à travers le voile de son atmosphère tourmentée incessamment par les variations rapides de la hauteur du soleil, de la durée des jours et des transports d'air et d'humidité que déterminent les rayons du soleil deux fois plus ardents que pour la terre.

Du climat d'un pays dépend naturellement le caractère du peuple qui l'habite.

Les septentrionaux, dit Bodin, (livre de la république) sont hauts et grands, blonds, sociables, grands mangeurs et grands buveurs. Les méridionaux sont petits, mélancoliques, ils ont la voix grêle, le cuir dur et les poils crépus. Les moyens sont médiocres et tempérés en toutes choses. Laissons à nos lecteurs le soin d'appliquer ces remarques aux habitants de Vénus, et de se faire ainsi une juste idée de leurs habitudes et de leurs

mœurs.

Pour nous, nous pourrions considérer notre tâche comme terminée ici, si nous n'avions promis de considérer notre belle planète au point de vue de la poésie et des sentiments que son aspect fait naître dans les cœurs. Ajoutons quelques lignes pour remplir nos engagements.

Depuis les origines de la poésie antique, comme le remarque un astro

nome distingué, Vénus fut l'étoile de tous ceux qui aiment à rêver. Au moyen-âge, un bon père fait un voyage extatique dans le ciel, et ne voit dans Vénus que des jeunes gens d'une beauté ravissante, vivants au sein d'un parfait bonheur. Plus tard, l'auteur de Paul et Virginie fait encore de Vénus la description la plus merveilleuse : c'est un véritable paradis terrestre. De nos jours, enfin, le poëte des Contemplations, visitant l'île antique de Cythère, qui n'est plus aujourd'hui qu'un roc désert, reporte as pensée dans le ciel, et c'est là qu'il cherche désormais le séjour de Vénus:

Vénus! que parles-tu de Vénus? elle est là.
Lève les yeux. Le jour où Dieu la dévoila
Pour la première fois dans l'aube universelle,
Elle ne brillait pas plus qu'elle n'étincelle.
Si tu veux voir l'étoile, homme, lève les yeux.
L'île des mers s'éteint, mais non l'île des cieux;
Les astres sont vivants et ne sont pas des choses
Qui s'effeuillent, un soir d'été, comme les roses.
La terre a Cérigo, mais le ciel a Vénus.

Voulez-vous des vers plus gracieux, mieux sentis, d'une inspiration plus vive, plus noble et plus élevée, lisez Alfred de Musset:

Etoile qui descends sur la verte colline,
Triste larme d'argent du manteau de la nuit,
Toi qui regarde au loin le pâtre qui chemine
Tandis que pas à pas son long troupeau le suit.
Etoile ! où t'en vas-tu dans cette nuit immense ?
Où t'en vas-tu si belle à l'heure du silence,
Tomber comme une perle au sein profond des eaux?
Ah! si tu dois mourir, bel astre, et si ta tête
Va dans la vaste mer plonger ses blonds cheveux,
Avant de nous quitter, un seul instant arrête,

Etoile de l'amour, ne descends pas des cieux!

Voilà certes de la belle poésie ! mais comme elle doit paraître pâle et froide quand on la met en regard de l'inspiration chrétienne! Ici ce n'est plus je ne sais quelle divinité payenne, divinité dont le seul souvenir blesse la vertu, c'est Marie, la Vierge Immaculée, que vous saluez dans l'étoile du matin! Jamais rapprochement ne fut plus frappant :

L'étoile du matin resplendit de beauté ; Marie est si belle qu'elle ravit d'admiration les esprits célestes.

L'étoile du matin ne s'éloigne jamais du soleil ; Marie a son trône dans le ciel à côté de celui de son divin Fils.

L'étoile du matin emprunte son éclat au soleil ; Marie n'est grande que parce qu'elle a été revêtue du Soleil de justice.

L'étoile du matin précéde le lever du soleil; Marie a été l'étoile de Jacob envoyée pour annoncer le Rédempteur, et c'est elle qui l'a attiré sur la terre par l'admirable pureté de son cœur.

L'étoile du matin devient aussi étoile du soir; Marie, comme un astre bienfaisant, descend vers nous au déclin du jour, se penche sur la couche du moribond, et de sa main maternelle lui montre le chemin du ciel.

Enfin, l'étoile du matin apparaît quelquefois au milieu du ciel, à travers les nuages; Marie se montre aussi au nautonier que trouble le grondement de l'orage. "Tout à coup, dit Chateaubriand, un trait de lumière perce la tempête; l'étoile des mers, Marie, patronne des mariniers, paraît au milieu de la nue; elle tient son Enfant dans ses bras, et calme les flots par un sourire !" Il est des tempêtes plus redoutables que celles de l'Océan ; ce sont celles les passions soulèvent au fond du cœur. Ecoutez ce que doit faire le chrétien pour les surmonter. C'est St. Bernard qui parle :

que

Si le vent de la tentation se lève, si le souffle de la tribulation se fait sentir, regardez l'étoile, invoquez Marie; si vous êtes ballotés par les flots de l'orgueil, de l'ambition ou de la jalousie, regardez l'étoile, invoquez Marie; si la colère, l'avarice ou l'aiguillon de la chair vous agitent, comme une frêle barque tourmentée par la tempête; si votre cœur, épouvanté par l'énormité de vos crimes et par la pensée du jugement, se sent prêt à tomber dans la défaillance et le désespoir, regardez l'étoile, invoquez Marie!

"Etoile aux rayons purs, Marie, ô la plus belle entre les filles de Juda, ô la plus chaste et la plus sainte d'entre les vierges de Sion, votre sourire ravit les anges dans les cieux et fait tressaillir la terre d'allégresse; brillez, brillez sans cesse à nos regards, Etoile propice et bénie! Que votre douce lumière descende dans la nuit profonde de notre âme pour y répandre le feu sacré de la charité ! qu'elle se repose avec amour sur le tombeau de ceux qui nous ont quittés, et sur ce lit de poussière où nous serons bientôt étendus nous-mêmes, afin qu'à son ineffable clarté, nous puissions nous trouver, nous reconnaître et nous aimer dans le ciel, comme nous nous étions connus et aimés sur la terre !" (C. Clausade.)

L'ANGLETERRE ET L'ABYSSINIE.

N. N.

SOMMAIRE. A quoi sert la guerre ?-L'Amba-Les Troglodites-Flore et Faune, le Zemb.-Caractère des Abyssins-Fêtes et jeux, le Kersa-L'armée-SupertitionsCommerce-Instruction-Arts et métiers--Origines-Religion-Histoire-Gouvernement-Kasa, l'aventurier-Les missionnaires anglais.-L'expédition.—Difficultés et chances de succès-Que fera Théodoros ?-Que veut l'Angleterre ?

A quoi sert la guerre ? à apprendre la Géographie? répond un plaisant. Il faut avouer que le procédé coûte bien cher, et qu'on pourrait en trouver de plus expéditif et de moins meurtrier.

Cependant, comme beaucoup d'autres, nous profiterons de l'intérêt qu'excite en ce moment l'expédition anglaise, en Abyssinie, pour jeter un coup d'œil sur cette contrée, et nous rendre compte du pays qui va devenir le théâtre d'événements importants et de la population qui l'habite.

L'Abyssinie est une vaste région située au sud de l'Egypte et de la Nubie, et dont les frontières ont varié et varient sans cesse avec les révolutions qui continuent d'agiter le pays; du nord au sud elle peut compter deux cents lieues de long, de la mer Rouge aux frontières du désert elle compte 230 lieues de largeur. Elle forme un plateau très-élevé qui s'incline doucement au nord vers la mer Rouge, et au sud vers l'intérieur de l'Afrique. L'aspect général de cette contrée, coupée de chaînes de montagnes et de nombreuses rivières, lui a fait donné le nom de Suisse Africaine. Parmi les pics nombreux de ce plateau, et qui, une partie de l'année, sont couverts de neige, on distingue avec une surprise profonde le pic de l'Amba. "L'Amba est une montagne très-élevée, dit un missionnaire, qui a parfois plus de 3,000 mètres au-dessus du niveau de la mer, et qui paraît inaccessible. Ses parois abruptes, verticales, qu'on dirait taillées de mains d'homme, ressemblent aux colossales murailles ou aux tours démesurées de quelque château fantastique. Nous disions qu'elles paraissent inaccessibles: elles le sont quelquefois à ce point, que, pour atteindre le faîte, il faut se faire hisser à l'aide de longues cordes, qui pendent au-dessus de l'abîme. Dans les cas plus favorables, où l'on n'est pas réduit à cette extrémité, on découvre sur les flancs du précipice un sentier raide, étroit, qui serpente dans quelque anfractuosité, et c'est par là que doit s'opérer l'excursion. Est-on parvenu sur le rebord du gouffre! c'est le plus grand spectacle qui s'offre aux yeux. Ces immenses citadelles aux murs de roches, sont couronnées de vastes plaines unies, de plusieurs milles d'étendue, que tapisse une fraîche verdure qu'arrosent des eaux vives. Mais, là même, on retrouve un nouveau trait de cette nature tourmentée, dans d'étroites et profondes fissures qui viennent brusquement couper les verdoyants plateaux.

Sur le plateau central, le climat de l'Abyssinie est assez tempéré. Dans les vallées, la chaleur y est étouffante. En juin commence la saison des pluies, qui dure jusqu'en septembre. Elles tombent en si grande abondance qu'elles interrompent tous les travaux et souvent les opérations de la guerre; quand les pluies ont cessé à l'intérieur elles commencent alors sur les côtes de la mer.

Cette large bande comprise entre le plateau et le rivage de la mer Rouge, forme une plaine aride, sablonneuse et presque inhabitable, soit à cause des chaleurs, du manque d'eau et des fièvres qui y règnent constamment. On n'y rencontre que de rares habitants à demi sauvages, vivants dans des cavernes, ce qui leur avait fait donner le nom de Troglodites chez les anciens.

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