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avec la piété d'un religieux. Une de ses dernières pensées, fut pour Pie IX. Il pronnonça encore une fois son nom avec amour; puis il communia, prit ensuite un crucifix qu'il couvrit de ses baisers, ne parla plus: puis quelque temps encore, il rendit son âme à Dieu vers onze heures et demie, en vaillant chrétien après avoir récu en vaillant soldat.”

C'est avec bonheur que nous saluons la réapparition de la Gazette des Campagnes dont nous avons reçu le 1er numéro. Il nous a paru des plus intéressant.

ANECDOTES.

Un matelot à bord d'un vaisseau, ayant eu le malheur de laisser tomber une théière d'argent, alla trouver l'officier commandant, et lui dit :

"Capitaine, peut-on dire d'une chose qu'elle est perdue, lorsqu'on sait où elle est ?

-Non, mon ami.

-En ce cas-là, votre théière n'est pas perdue, car je sais qu'elle est au fond de la mer."

Un fermier breton, avec sa longue chevelure et le costume primitif, apportait chez son propriétaire le terme de son fermage. Il était venu tout exprès à la ville; sa figure avec l'apparence de l'antique simplicité, laissait cependant entrevoir la finesse.

Le propriétaire s'avise de lui demander: quel est ton âge?

-Je n'en suis pas très-sûr, répond le fermier, c'est trente-huit ou quarante-huit ans.

-Comment peux-tu ignorer ainsi ton âge?

-Parbleu, monsieur, dit le fermier, je compte mes revenus, mon argent, mes bestiaux ; mais pour mes années, je ne les compte jamais, parce que je sais bien que je n'en saurais rien perdre et que personne ne m'en pren

dra.

Un sot raillait un homme d'esprit sur la longueur de ses oreilles: "Il est vrai, lui répondit la personne raillée, j'ai des oreilles trop longues pour un homme; mais convenez aussi que vous en avez de trop petites pour un âne."

Des jeunes gens en poursuivant un bossu de leurs sarcasmes, lui demandaient quelle différence il y avait entre lui et Esope. Elle est bien simple, répondit-il, Esope faisait parler les bêtes, tandisque moi je les fais rire.

Nos remercîments bien sincères pour plusieurs pièces qui nous ont été adressées, notamment: l'Exposé financier de l'hon. Dunkin; statuts du Canada, 1867.-Table analytique du Code Civil.-Rapport sur les chemins de colonisation, &c., &c.

HISTOIRE DE LA COLONIE FRANÇAISE

EN CANADA.

DEUXIEME PARTIE.

LA SOCIÉTÉ DE NOTRE DAME DE MONTRÉAL COMMENCE A RÉALISER LES RELIGIEUX DESSEINS DES

ROIS DE FRANCE.

CHAPITRE I.

DESSEIN ET FORMATION DE LA COMPAGNIE DE MONTRÉAL.

I.

Importance du dessein de la Société de Montréal.

Si le P. Vimont craignait si fort de voir échouer l'entreprise de Montréal, quoiqu'il en désirât vivement le succès, c'est qu'à la considérer en elle-même, il n'y avait nulle apparence qu'elle pût réussir. Les auteurs de ce dessein se proposaient, en effet, de bâtir à soixante lieues plus haut que Québec, et dans l'île même de Montréal, une ville fortifiée qui pût être tout à la fois un rempart contre les excursions des Iroquois et une sauvegarde assurée pour la colonie chancelante de Québec, de laquelle pourtant cette ville future devait dépendre, comme du siége déjà désigné pour le gouvernement du pays. Ils avaient résolu de peupler cette nouvelle ville de Français, tout dévoués aux intérêts de la gloire de Dieu, de fervents catholiques, dont la vie sainte fût une image de celle des premiers chrétiens, et d'inviter les sauvages à venir se fixer tout auprès, tant pour être aidés par eux à cultiver la terre que pour se former, par les exemples qu'ils auraient sous les yeux, à la vie civile, ainsi qu'à l'amour et aux pratiques de la religion. Voulant faire de cette ville future un boulevard du catholicisme dans le nouveau monde, ils se proposaient de la dédier à la sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph; de la placer sous la protection spéciale de cette divine Vierge, le bouclier de la foi dans tous les temps, et de la nommer, pour cela, Ville-Marie; et, afin de donner plus de con

sistance et de stabilité à la religion dans ce pays, ils avaient résolu d'y faire ériger un siége épiscopal. Enfin, ils espéraient qu'étant une fois bien établis dans l'île de Montréal, eux ou leurs successeurs pourraient, de ce poste avancé, s'étendre dans les terres et y faire de nouvelles colonies, tant pour la commodité du pays que pour y faciliter la conversion des sauvages.

II.

Désintéressement des Associés de Montréal.

Un tel dessein était, sans doute, fort extraordinaire; mais, ce qui ne l'est pas moins, c'est que les Associés, quoique en très-petit nombre, se proposaient de l'exécuter à leurs propres frais, sans être à charge au roi,, au clergé, ni au peuple; et aussi sans en retirer aucune sorte de bénéfice, ni même de dédommagement, malgré les grandes dépenses que devrait exiger une si onéreuse entreprise. Ce fut ce qu'ils écrivirent au Pape Urbain VIII, en le priant de la bénir: "Très-Saint-Père, un certain nom"bre de personnes, éloignant d'elles toute vue de lucre temporel et d'in"térêt de commerce, lui disaient-ils, et ne se proposant d'autre fin que la gloire de Dieu et l'établissement de la religion dans la Nouvelle-France, "sont entrées dans cette société, afin de contribuer, par leurs soins, leurs "richesses et leurs voyages au delà des mers, à répandre la foi parmi ces "nations barbares. Il ne faut pas," disaient-ils encore, en mettant à découvert la pureté de leurs motifs, " mesurer les pensées de Dieu avec les "nôtres, ni estimer qu'il nous ait ouvert des chemins auparavant inconnus, "à travers tant de mers, pour en rapporter seulement des castors et des pelleteries cela est bon pour la bassesse des desseins des hommes, mais "trop éloigné de la majesté et de la profondeur de ses voies et des inven"tions secrètes et admirables de sa bonté."

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:

III.

Quelque audacieux qu'il put paraître, le dessein de Montréal a été exécuté en tout point..

Un projet si étonnant, on pourrait même dire si audacieux, entrepris par un petit nombre de personnes, qui affectaient même de cacher leurs noms, pour garder le secret sur les sacrifices qu'elles s'imposaient; ce nouveau dessein pouvait bien passer pour une picuse chimère. Mais ce qui est plus étonnant encore, c'est que le succès, qu'ils s'en étaient promis, ait été justifié, de point en point, par l'événement, comme on le verra par toute la suite de cette histoire. Ville-Marie a été bâtie dans l'isle de Montréal, sans que le roi, le clergé, ni le peuple y aient contribué en rien, et sans que les fondateurs aient retiré du pays une seule obole. Cette colonie a été un rempart, que les Iroquois n'ont jamais pu forcer; et,

quoique ces barbares aient massacré ou dispersé près de trente mille Hurons leurs ennemis, la petite colonie de Montréal, qu'ils avaient résolu de ruiner, et qui n'était composée alors que d'une poignée d'hommes, leur fit tête, dans une multitude d'occasions. Elle leur donna l'alarme à eux-mêmes; elle les repoussa, les battit, les mit en fuite et sauva plusieurs fois Québec, et tout le reste de la colonie Française, qui eussent péri, sans le secours de Montréal. Bien plus, le succès inattendu de cet établissement détermina la Cour, après vingt-quatre ans, à s'intéresser à Québec, et à donner quelque consistance à cette colonie, à laquellle elle avait semblé jusqu'alors ne faire aucune attention. Montréal devint même l'occasion de l'érection d'un siége épiscopal dans l'Amérique du Nord, par conséquent, de l'établissement solide et de la propagation dela religion catholique, dans cette partie du nouveau monde, et fut enfin l'origine de plusieurs autres colonies Françaises, qui se sont formées, par la suite, dans le cœur de ces vastes contrées, jusqu'à l'embouchure du Mississipi, comme la suite de cet ouvrage le montrera.

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IV.

Le dessein de Montréal a été regardé comme inspiré de Dieu.

Ce succès si étonnant de la colonie de Villemarie, que ses fondateurs avaient annoncé d'avance comme assuré et infaillible, montre évidemment que leur dessein avait pour principe quelque chose de plus que la sagesse de l'esprit humain, et les efforts ordinaires du zèle des âmes. Il fallait bien qu'il en fût ainsi, puisque, quand cette œuvre commençait à peine, et avant même qu'on eût encore rien vu du succès qu'elle devait avoir, le P. Vimont ne craignait pas d'en parler, en ces termes, dans la relation qu'il composa à Québec, l'année 1642: "Cette entreprise paraîtrait autant "téméraire, qu'elle est sainte et hardie, si elle n'avait pour base la puissance de Celui qui ne manque jamais à ceux qui n'entreprennent rien. "qu'au branle de sa volonté ; et qui saurait ce qui se passe, pour faire "réussir cette grande affaire, jugerait aussitôt que Notre-Seigneur en est "le véritable auteur." Ce dessein, en effet, n'inspirait aux Associés tant de confiance et de courage, que parce qu'ils étaient convaincus qu'il avait été manifesté à plusieurs saints personnages, suscités pour en procurer l'exécution; et depuis qu'il a été pleinement justifié par l'événement, les vues surnaturelles qui y donnèrent naissance ne doivent rien avoir aujourd'hui de suspect, et entrent essentiellement dans l'histoire de cette colonie.

V.

M. de la Dauversière croit avoir reçu l'ordre d'établir une Colonie.

Le premier qui ait eu le mouvement de l'établir paraît avoir été Jérôme le Royer de la Dauversière. C'était un pieux laique, engagé dans l'état

du mariage et receveur des finances à la Flèche, en Anjou. Un jour de la Purification, 2 février, après avoir reçu la sainte Eucharistie, il eut la dévotion de se consacrer, avec Jeanne de Beaugé, son épouse, et leurs enfants, à la sainte Famille ; et, dans ce moment, il demeura convaincu que le Sauveur lui ordonnait d'instituer un Ordre de Religieuses hospitalières, qui honorassent saint Joseph; comme aussi d'établir, dans l'île de Montréal, en Canada, pour le soulagement des malades, tant Français que sauvages, un Hôtel-Dieu, qui fût desservi par des filles de ce futur institut, en ajou tant que la sainte Famille serait particulièrement honorée dans cette île. (*) Un commandement si extraordinaire jeta M. de la Dauversière dans un abattement qu'il serait difficile d'exprimer; et, quelque persuadé qu'il fût que Dieu lui avait parlé dans cette circonstance, il éprouva une répugnance presque insurmontable à exécuter un pareil dessein, qu'il jugeait être tout à fait au-dessus de ses forces, contraire à sa condition et nuisible aux intérêts de sa famille. Il s'agissait, en effet, pour lui, simple laique, chargé d'une femme et de six enfants, d'instituer un nouvel Ordre de Religieuses; et, ensuite, pour qu'il pût y avoir à Montréal des malades que ces filles assistassent, il était nécessaire qu'il y établit, auparavant, une colonie de Français. Cette île était alors déserte, inculte, exposée aux courses des Iroquois; elle appartenait, d'ailleurs, en propre, à M. Jean de Lauson comme il a été dit, et M. de la Dauversières n'en avait aucune connaissance particulière, ni même du Canada, et était d'ailleurs sans fortune. Aussi le directeur de sa conscience, le P. Chauveau, Jésuite à la Flèche, et les autres Religieux de cette Compagnie, à qui il fit part de ce dessein, ne purent le goûter, et le regardèrent tous comme un projet extravagant et chimérique. Il était naturel d'en juger de la sorte; et Dieu, qui fait tout avec une souveraine sagesse, voulait sans doute que, par cette disproportion étrange des moyens avec la fin, on portât d'abord ce jugement, afin de montrer ensuite, avec une entière certitude, que le dessein de Montréal, n'ayant pu être inventé par aucun homme, venait manifestement de lui seul.

(*) M. Dollier de Casson, dans son Histoire de Montréal, assez mal informé de ce qui concerne M. de la Dauversière, suppose que celui-ci conçut le projet de la fondation de Villemarie, à l'occasion d'une des relations des RR. PP. Jésuites, sur la Nouvelle-France qu'il eut par hasard, et où il était parlé de l'île de Montréal comme d'un lieu très-propre à un établissement. Mais M. Dollier de Casson semble n'être pas tout à fait d'accord avec luimême sur ce point, en disant ailleurs que M. de la Dauversière avait reçu de Dieu une connaissance claire et distincte de la situation de cette île. Au reste, avant que les PP. Jésuites en eussent donné la description, dans aucune de leurs relations, ce qu'ils firent pour la première fois dans celle de 1637, M. de la Dauversière avait déjà formé le dessein d'y établir une colonie. Car, il est certain, qu'avant l'année 1637, ils n'avaient point fait la description de cette île, et que, dès l'année 1635 ou 1636, comme on le voit dans les véritables motifs de MM. et Dames de Montréal, publiés en 1643, M. de la Dauversière avait déjà eu la pensée de cet établissement.

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