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LE MOIS DE MARIE.

Après un long chemin au milieu du désert, | La lumière a pâli sous ses noirs tourbillons, Sous un soleil de feu, sans ombre ni rosée ; Et les morts par milliers couvrent au loin la De torrents de sueur quand son front est [terre. [couvert, Et dans des flots de sang un malheureux Quand de son sein s'échappe une haleine [blessé [embrasée; De ses cris suppliants implore aide, assis[tance. Si sa mère était là !!! mais le bruit a cessé, Sa voix se perd dans le silence.

De ses yeux égarés, le pauvre voyageur
Interroge le ciel... et, suspendant sa course,
Il appelle en pleurant l'ombrage et la fraî-
[cheur,

L'eau murmurante de la source.
Egaré comme lui dans un désert brûlant,
Dévoré par les feux d'un soleil sans nuage;
Des sueurs du chemin mon front est ruisse-
lant,
Et je demande aussi la fraîcheur et l'ombrage.
A notre Dieu jamais on n'eut recours en vain!
Il fait jaillir pour moi la source de la vie,
Et je bois à longs traits, au bord de mon
[chemin,

Aux sources du MOIS DE MARIE.

Au sein de l'océan, ballotté par le flot, Quand le vaisseau gémit sous l'affreuse temjête; La terreur vient glacer le cœur du matelot : L'abîme sous ses pieds... la foudre sur sa [tête!... Oh! qui lui donnera d'échapper à la mort ? Dans cette sombre nuit, où chercher un asile? Etoile du marin, viens le conduire au port Où son vaisseau sera tranquille!

Je navigue aussi moi sur des flots furieux;
Le vent des passions agite ma nacelle:
La mort de toutes parts se présente à mes
[yeux.
La mer au loin mugit, et l'éclair étincelle.
O Dieu, maître des flots, de moi prenez
[pitié..!!!

A l'instant m'apparaît une étoile bénie
Et ma nacelle dort à sa douce clarté

Dans le port du MOIS DE MARIE.

La mort vole en éclats au sein des bataillons, Le canon la vomit, grondant comme un ton[nerre.

Engagé comme lui dans de rudes combats,
Autour de moi l'enfer fait pleuvoir la mi-
traille.
De tous côtés je vois les plus braves soldats,
En expirant tomber au fort de la bataille.
Et moi, je suis blessé, la mort est dans mon
[sein..

Par pitié, par pitié, du secours je vous prie!
Ma mère est près de moi, je sens sa douce
[main.
Je suis dans le MOIS DE MARIE.

Quand l'exilé revient au foyer paternel,
En saluant de loin les toits de son village,
Le vent, l'oiseau, la fleur, tout lui semble un
[appel,
Et malgré sa fatigue il retrouve courage.
Mais la pluie a grossi le rapide torrent...
On l'attend sur le bord et du geste on le
[presse..
Qu'on lui donne une barque, il rejoindra
[content

Le doux objet de sa tendresse.

Exilé, je retourne au bienheureux pays
Où l'on m'a dit cent fois que j'ai reçu nais-
[sance.
Je vois dans le lointain ses pavillons chéris;
Marchons, marchons encor, le cœur plein
[d'espérance.

Salut mon beau pays, salut toit paternel!!!
Je vais franchir gaîement le fleuve de la vie,
Une barque m'attend pour me conduire au
[ciel,

La barque du MOIS DE MARIE.

F. M.

HISTOIRE DE LA COLONIE FRANÇAISE

EN CANADA.

DEUXIEME PARTIE.

LA SOCIÉTÉ DE NOTRE DAME DE MONTRÉAL COMMENCE A RÉALISER LES RELIGIEUX DESSEINS DES

ROIS DE FRANCE.

CHAPITRE I.
(Suite.)

DESSEIN ET FORMATION DE LA COMPAGNIE DE MONTRÉAL,

XV.

Première tentative des Associés pour acquérir l'Isle de Montréal.

Quoique la Société ne fut composée alors que de six membres, en y comprenant M. de la Dauversière et M. Olier, ils résolurent de faire à leurs frais, un premier embarquement au printemps de l'année suivante, 1641; et pour exécuter avec plus de sagesse les ordres qu'ils croyaient avoir reçus de Dieu, ils jugèrent nécessaire, avant tout, d'acquérir en propre l'île de Montréal. Nous avons vu qu'elle avait été donnée à M. Jean de Lauson, par la Compagnie de la Nouvelle-France, sous la condition expresse d'y établir une colonie; mais celui-ci, devenu depuis intendant du Dauphiné, où il résidait cette année 1640, avait négligé jusqu'alors de faire passer des colons à Montréal et d'y commencer aucun défrichement. Les nouveaux Associés résolurent donc de le prier de les substituer à sa place; et, conformément à la pratique qu'ils voulaient garder inviolablement, de se cacher aux yeux du monde et de faire leur œuvre en secret, ils obligèrent M. de la Dauversière et M. de Fancamp, qui devaient paraître comme agents de la Société, d'aller le trouver à Vienne, en Dauphiné, pour lui demander la cession de cette île, et quelles conditions il y mettrait. Une proposition de cette nature devait rencontrer des difficultés du côté de M. de Lauson, qui avait fait demander et avait obtenu la propriété de l'île de Montréal, uniquement pour y faire un établissement en faveur de son fils, François de Lauson, dont il espèrait élever par là bien haut la fortune. Aussi, dès qu'il eut appris le

LE MOIS DE MARIE.

Après un long chemin au milieu du désert, | La lumière a pâli sous ses noirs tourbillons, Sous un soleil de feu, sans ombre ni rosée ; Et les morts par milliers couvrent au loin la De torrents de sueur quand son front est

[terre.

[couvert, Et dans des flots de sang un malheureux [blessé Quand de son sein s'échappe une haleine [embrasée; De ses cris suppliants implore aide, assis[tance.

De ses yeux égarés, le pauvre voyageur Interroge le ciel... et, suspendant sa course, Il appelle en pleurant l'ombrage et la fraî[cheur,

L'eau murmurante de la source. Egaré comme lui dans un désert brûlant, Dévoré par les feux d'un soleil sans nuage; Des sueurs du chemin mon front est ruisselant, Et je demande aussi la fraîcheur et l'ombrage. A notre Dieu jamais on n'eut recours en vain! Il fait jaillir pour moi la source de la vie, Et je bois à longs traits, au bord de mon [chemin,

Aux sources du MOIS DE MARIE.

Au sein de l'océan, ballotté par le flot, Quand le vaisseau gémit sous l'affreuse temfête; La terreur vient glacer le cœur du matelot : L'abîme sous ses pieds... la foudre sur sa [tête !... Oh! qui lui donnera d'échapper à la mort ? Dans cette sombre nuit, où chercher un asile? Etoile du marin, viens le conduire au port Où son vaisseau sera tranquille!

Je navigue aussi moi sur des flots furieux;
Le vent des passions agite ma nacelle:
La mort de toutes parts se présente à mes
[yeux.
La mer au loin mugit, et l'éclair étincelle.
O Dieu, maître des flots, de moi prenez
[pitié..!!!

A l'instant m'apparaît une étoile bénie
Et ma nacelle dort à sa douce clarté

Dans le port du MOIS DE MARIE.

La mort vole en éclats au sein des bataillons, Le canon la vomit, grondant comme un ton[nerre.

Si sa mère était là!!! mais le bruit à cessé,
Sa voix se perd dans le silence.

Engagé comme lui dans de rudes combats, Autour de moi l'enfer fait pleuvoir la mi

traille.

De tous côtés je vois les plus braves soldats,
En expirant tomber au fort de la bataille.
Et moi, je suis blessé, la mort est dans mon
[sein..

Par pitié, par pitié, du secours je vous prie! Ma mère est près de moi, je sens sa douce [main.

Je suis dans le MOIS DE MARIE. Quand l'exilé revient au foyer paternel, En saluant de loin les toits de son village, Le vent, l'oiseau, la fleur, tout lui semble un [appel, Et malgré sa fatigue il retrouve courage. Mais la pluie a grossi le rapide torrent... On l'attend sur le bord et du geste on le [presse.. Qu'on lui donne une barque, il rejoindra [content

Le doux objet de sa tendresse.

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HISTOIRE DE LA COLONIE FRANÇAISE

EN CANADA.

DEUXIEME PARTIE.

LA SOCIÉTÉ DE NOTRE DAME DE MONTRÉAL COMMENCE A RÉALISER LES RELIGIEUX DESSEINS DES

ROIS DE FRANCE.

CHAPITRE I.
(Suite.)

DESSEIN ET FORMATION DE LA COMPAGNIE DE MONTRÉAL,

XV.

Première tentative des Associés pour acquérir l'Isle de Montréal.

Quoique la Société ne fut composée alors que de six membres, en y comprenant M. de la Dauversière et M. Olier, ils résolurent de faire à leurs frais, un premier embarquement au printemps de l'année suivante, 1641; et pour exécuter avec plus de sagesse les ordres qu'ils croyaient avoir reçus de Dieu, ils jugèrent nécessaire, avant tout, d'acquérir en propre l'île de Montréal. Nous avons vu qu'elle avait été donnée à M. Jean de Lauson, par la Compagnie de la Nouvelle-France, sous la condition expresse d'y établir une colonie; mais celui-ci, devenu depuis intendant du Dauphiné, où il résidait cette année 1640, avait négligé jusqu'alors de faire passer des colons à Montréal et d'y commencer aucun défrichement. Les nouveaux Associés résolurent donc de le prier de les substituer à sa place; et, conformément à la pratique qu'ils voulaient garder inviolablement, de se cacher aux yeux du monde et de faire leur œuvre en secret, ils obligèrent M. de la Dauversière et M. de Fancamp, qui devaient paraître comme agents de la Société, d'aller le trouver à Vienne, en Dauphiné, pour lui demander la cession de cette île, et quelles conditions il y mettrait. Une proposition de cette nature devait rencontrer des difficultés du côté de M. de Lauson, qui avait fait demander et avait obtenu la propriété de l'île de Montréal, uniquement pour y faire un établissement en faveur de son fils, François de Lauson, dont il espèrait élever par là bien haut la fortune. Aussi, dès qu'il eut appris le

sujet de leur voyage, il ne put écouter paisiblement une proposition qui lui parut si opposée à ses intérêts, et qui renversait en partie ses espérances pour l'avancement de sa famille, et ne répondit à toutes les instances que par des refus

XVI.

M. de Lauson cède aux Associés l'ile de Montréal.

Le mauvais succès de cette négociation, au lieu de ralentir le zèle desAssociés, dès qu'ils en furent informés, sembla n'avoir servi qu'à le rendre plus ardent, tant ils se tenaient pour assurés d'une complète réussite. Ils arrêtèrent donc entre eux que M. de la Dauversière ferait un second voyage en Dauphiné, et que M. de Fancamp, qui ne pouvait alors l'accompagner, lui donnerait sa procuration pour accepter la donation de l'île, au nom des deux : ce qu'il fit, par acte passé le 12 juillet 1640, devant Pierre de Laforest, notaire à la Flèche ; qu'enfin le P. Charles Lalemant, Jésuite, se joindrait à M. de la Dauversière pour presser lui-même M. de Lauson. Ce Religieux connaissait parfaitement le Canada, où il avait été supérieur des missions, confesseur de Champlain et l'un des premiers qui avaient desservi l'église de Notre-Dame de Recouvrance. Revenu depuis deux ans à Paris, il y exerçait l'emploi de Procureur des missions de la Compagnie de Jésus; et, comme il était particulièrement connu et dignement estimé de M. de Lauson, sa médiation semblait assurer d'avance le succès de cette affaire. Leur voyage eut, en effet, l'heureux dénoûment qu'ils s'en étaient promis; car M. de Lauson, quoique précédemment si intraitable, céda, cette fois, l'île de Montréal à M. de la Dauversière et à ses associés, aux mêmes conditions qu'il l'avait reçue. Dans le contrat de cette session, passé à Vienne le 7 août 1640, devant Courdon, notaire (1), il est déclaré que M. Jean de Lauson "leur cède, "donne et transporte purement et simplement l'île de Montréal, située "en la rivière du Saint Laurent, au-dessus du lac Saint-Pierre, tout ainsi qu'elle a été donnée par messieurs de la Compagnie de la Nouvelle"France à M. de la Chaussée, pour en jouir eux et leurs ayant cause, "comme de leur chose propre et à eux appartenant, aux mêmes charges "et conditions." Ce qui fut promis et juré de part et d'autre, dans l'hôtel de Maugiron, où habitait l'intendant. En outre, par un second contrat, passé le même jour, "M. de Lauson, tant en son nom que "comme légitime administrateur de François de Lauson, écuyer, sieur de 66 Lyrée, son fils, leur cède le droit de navigation et de passage sur toute "l'étendue de la rivière Saint-Laurent, ainsi que le droit de pêche dans "cette rivière, jusqu'à deux lieues autour de l'île de Montréal, et cela,

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(1) Dans la Vie de M. Olier (2ème édition, publiée en 1853, tom. II, p. 497) on a donné par erreur à cet acte la date du 17 août 1649.

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