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l'Echo ne pourra manquer de continuer à rencontrer l'approbation et l'encouragement des différentes classes de la société.

"Je souhaite done grande prospérité à votre louable entreprise, et demeure avec estime, Messieurs,

Votre tout dévoué serviteur,

JEAN, EVÈQUE DE ST. GERMAIN DE RIMOUSKI."

Ces illustres témoignages seront pour nous le plus puissant de tous les encouragements. Déjà de grandes améliorations se sont opérées dans la rédaction.

Une chronique, une Revue Scientifique rendent compte des principaux évènements de l'histoire et des progrès de la science. De nombreux articles touchant aux faits historiques, doctrinaux ou scientifiques les plus intéressants par leur actualité, lui ont donné un nouvel intérêt. D'autres, non moins utiles, se préparent encore et auraient déjà parus si l'abondance des matières ne nous en avait empêché.

Reconnaissants de la haute et vénérable approbation que nous venons de recevoir, nous poursuivrons notre course avec plus d'ardeur que jamais pour le bien de la Religion et du Pays.

HISTOIRE DE LA COLONIE FRANÇAISE

EN CANADA.

DEUXIEME PARTIE.

LA SOCIETÉ DE NOTRE DAME DE MONTRÉAL COMMENCE
A RÉALISER LES RELIGIEUX DESSEINS DES
ROIS DE FRANCE.

(Suite.)

CHAPITRE II.

M. DE MAISONNEUVE ET MADEMOISELLE MANCE. PREMIÈRE RECRUE QUI HIVERNE A QUÉBEC.

M. De Maisonneuve désire d'aller servir Dieu en Canada.

Les Associés de Montréal, résolus d'envoyer dans ce pays une recrue d'hommes, tous exercés au métier des armes, et en état de faire face aux Iroquois, étaient surtout en peine de trouver un chef vertueux, brave, prudent, expérimenté, pour le mettre à la tête de la future colonie. Ils avaient souvent demandé à Dieu de susciter lui-même un homme selon son cœur, qui assurât le succès de cette entreprise; et, dans le moment même où il leur était devenu nécessaire, cet homme, qu'ils ne connaissaient pas encore, et qui lui-même ignorait entièrement leur dessein, venait de se rendre à Paris. C'était Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, gentilhomme Champenois, exercé de longue main au métier des armes, et doué de toutes les qualités les plus propres à former un gouverneur de place accompli. Dès l'âge de treize ans, il avait donné les premières preuves de son courage, dans la guerre de Hollande, et avait su conserver son cœur pur, parmi les hérétiques et les libertins au milieu desquels il vivait alors. Dans une profession aussi dissipante que l'est celle de la guerre, la crainte de Dieu l'avait toujours éloigné des compagnies qui auraient pu être funestes à sa vertu ; et il avait même appris à pincer du luth, afin de pouvoir s'occuper seul, lorsqu'il ne trouvait pas de société qui pût lui être profitable. Enfin, l'appréhension des écueils si nombreux qu'un jeune militaire rencontre au milieu du monde, et la volonté ferme de demeurer

toujours fidèle à Dieu, lui inspiraient souvent le désir d'aller le servir, dans la profession des armes, en quelque pays lointain, où il fût à l'abri de toutes les occasions de péché. Une résolution si chrétienne était, sans doute, le fruit des entretiens qu'il avait eus fréquemment avec la Mère de Chomedey, sa sœur, Religieuse de la Congrégation de Notre-Dame, à Troyes, connue en religion sous le nom de Louise de Sainte-Marie. Cette sainte fille, touchée du dévouement héroïque des Ursulines et de celui des Hospitalières, qui étaient allées s'établir à Québec, désirait avec beaucoup d'ardeur de partager leurs travaux apostoliques en faveur des sauvages de la Nouvelle-France; et, ne pouvant mettre ce dessein à exécution, on dit qu'elle détermina son frère à mépriser tous les avantages que le monde lui offrait, et à aller au delà des mers pour consacrer son repos, ses services et sa vie, au bien et à la sanctification de ces peuples.

II.

M. de Maisonneuve consent à passer à Montréal et à commander la recrue. Du moins, il était dans cette disposition, lorsqu'un jour il alla visiter à Paris un avocat de ses amis et mit la main sur un livre qu'il trouva là par hasard: c'était une des Relations du Canada, que les PP. Jésuites publiaient tous les ans. Il voit qu'il y est fait mention du P. Lalemant, revenu depuis quelque temps de la Nouvelle-France à Paris; et pense en lui-même qu'il trouverait peut-être en Canada quelque emploi où il pût s'occuper selon sa profession, et servir Dieu dans une entière séparation du monde. Là-dessus, il va se présenter à ce Père et lui ouvre entièrement son cœur. Dans le même temps, M. de la Dauversière, étant allé trouver le même Religieux, lui fait part de l'embarras des Associés de Montréal sur le choix d'un homme capable de conduire leur entreprise. "Je connais, lui répond ce Père, un gentilhomme de l'une des meilleures "familles de Champagne, qui pourrait peut-être bien convenir à votre des"sein ;" et, là-dessus, il nomme M. de Maisonneuve, dont il dépeint toutes .es belles qualités. Ce récit fait naître dans M. de la Dauversière un désir ardent de le voir et de le connaître; et, pour lui en fournir l'occasion, le P. Lalemant lui indique l'hôtel où M. de Maisonneuve était logé. M. de la Dauversière, avant de lui faire aucune proposition, était bien aise de le sonder d'abord; et, pour cela, il va se loger dans le même hôtel, comme s'il n'eût eu d'autre dessein que d'y avoir un gîte et d'y prendre ses repas. Pendant le dîner, sachant que M. de Maisonneuve était au nombre des commensaux, il se met à parler de l'affaire de Montréal; et, afin de lui donner lieu d'entrer lui-même en conversation avec lui sur cette matière, il expose l'embarras où il se trouve de n'avoir personne pour commander la recrue qu'il se propose d'envoyer dans cette île. Ce moyen eut tout le succès qu'il pouvait en attendre. M. de Maisonneuve ne se

contente pas de lui adresser lui seul plus de questions que ne lui en font tous les autres ensemble; dès qu'on est levé de table, il prend M. de la Dauversière à part, et l'invite à passer dans son appartement. Etant ainsi seul à seul, il lui dit tout le plaisir qu'il a pris à l'entendre, lui fait connaître qu'il a passé sa vie dans le métier des armes; qu'il y a acquis quelque expérience, et qu'il n'a d'autre ambition que de servir Dieu et de travailler pour sa gloire le reste de ses jours. Que, pour tout revenu, il a deux mille livres de rentes; mais que, si ses services sont agréables à ces Messieurs, il s'offre pour commander lui-même la recrue, et qu'il est tout prêt à partir. "Je n'ai, ajouta-t-il, aucune vue d'intérêt. Je puis, par "mon revenu, me suffire à moi-même; et j'emploierais, de grand cœur, "ma bourse et ma vie dans cette nouvelle entreprise, sans ambitionner "d'autre honneur que d'y servir Dieu et le roi dans ma profession." Il serait difficile de dire la joie et la reconnaissance dont M. de la Dauversière se sentit pénétré en entendant ce discours. Il reçoit M. de Maisonneuve comme un présent que la divine Providence fait à la Compagnie ; et, se croyant déjà assuré du succès de cette œuvre, il l'embrasse avec affection, le remercie de ses services, et l'encourage à persévérer dans une si sainte et si généreuse résulution.

III.

Le père de M. de Maisonneuve consent au départ de son fils.

Les Associés de Montréal, apprenant cette heureuse rencontre, ne rendirent pas de moins vives actions de grâces à Dieu, qui venait ainsi à leur aide dans leur plus pressant besoin; et leur satisfaction sembla même n'avoir plus de bornes, lorsque, voyant M. de Maisonneuve lui-même, et s'entretenant avec lui, ils eurent connu sa vertu, son caractère, ses qualités distinguées, et enfin son entier dévouement à leur œuvre. Il leur en donna, peu après, une preuve décisive, qui dut encore augmenter, pour lui, leur estime et leur affection. Le père de M. de Maisonneuve, qui n'avait que ce fils, unique espérance de sa noble et ancienne famille, dès qu'il fut informé de ce dessein, s'y opposa d'abord de tout son pouvoir, et protesta qu'il ne consentirait jamais à le voir s'engager dans une pareille entreprise, qu'il regardait comme tout-à-fait contraire aux intérêts de son fils. Mais celui-ci, pour triompher sûrement de cet obstacle, par des motifs capables de faire impression sur l'esprit de son père, l'assura qu'au contraire il se rendrait illustre en prenant la conduite de cette colonie, qu'il acquerrait de très-grands biens, et serait riche à jamais. En s'exprimant ainsi, il faisait allusion à ces paroles de l'Evangile: "Tout homme qui quittera sa maison, ses frères, ses sœurs, son père, sa mère, pour la gloire de mon nom, recevra cent fois autant, et possédera la vie éter"nelle;" et comme la résolution où il était de pratiquer à la lettre le conseil que Notre-Seigneur donne ici sur le détachement des parents le faisait

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toujours fidèle à Dieu, lui inspiraient souvent le désir d'aller le servir, dans la profession des armes, en quelque pays lointain, où il fût à l'abri de toutes les occasions de péché. Une résolution si chrétienne était, sans doute, le fruit des entretiens qu'il avait eus fréquemment avec la Mère de Chomedey, sa sœur, Religieuse de la Congrégation de Notre-Dame, à Troyes, connue en religion sous le nom de Louise de Sainte-Marie. Cette sainte fille, touchée du dévouement héroïque des Ursulines et de celui des Hospitalières, qui étaient allées s'établir à Québec, désirait avec beaucoup d'ardeur de partager leurs travaux apostoliques en faveur des sauvages de la Nouvelle-France; et, ne pouvant mettre ce dessein à exécution, on dit qu'elle détermina son frère à mépriser tous les avantages que le monde lui offrait, et à aller au delà des mers pour consacrer son repos, ses services et sa vie, au bien et à la sanctification de ces peuples.

II.

M. de Maisonneuve consent à passer à Montréal et à commander la recrue.

Du moins, il était dans cette disposition, lorsqu'un jour il alla visiter à Paris un avocat de ses amis et mit la main sur un livre qu'il trouva là par hasard: c'était une des Relations du Canada, que les PP. Jésuites publiaient tous les ans. Il voit qu'il y est fait mention du P. Lalemant, revenu depuis quelque temps de la Nouvelle-France à Paris; et pense en lui-même qu'il trouverait peut-être en Canada quelque emploi où il pût s'occuper selon sa profession, et servir Dieu dans une entière séparation du monde. Là-dessus, il va se présenter à ce Père et lui ouvre entièrement son cœur. Dans le même temps, M. de la Dauversière, étant allé trouver le même Religieux, lui fait part de l'embarras des Associés de Montréal sur le choix d'un homme capable de conduire leur entreprise. "Je connais, lui répond ce Père, un gentilhomme de l'une des meilleures "familles de Champagne, qui pourrait peut-être bien convenir à votre des"sein;" et, là-dessus, il nomme M. de Maisonneuve, dont il dépeint toutes .es belles qualités. Ce récit fait naître dans M. de la Dauversière un désir ardent de le voir et de le connaître; et, pour lui en fournir l'occasion, le P. Lalemant lui indique l'hôtel où M. de Maisonneuve était logé. M. de la Dauversière, avant de lui faire aucune proposition, était bien aise de le sonder d'abord; et, pour cela, il va se loger dans le même hôtel, comme s'il n'eût eu d'autre dessein que d'y avoir un gîte et d'y prendre ses repas. Pendant le dîner, sachant que M. de Maisonneuve était au nombre des commensaux, il se met à parler de l'affaire de Montréal; et, afin de lui donner lieu d'entrer lui-même en conversation avec lui sur cette matière, il expose l'embarras où il se trouve de n'avoir personne pour commander la recrue qu'il se propose d'envoyer dans cette île. Ce moyen eut tout le succès qu'il pouvait en attendre. M. de Maisonneuve ne se

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