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ressortir ce phénomène merveilleux et unique dans 1 histoire de populations entières qui, grâce à une très-habile organisation, ont su, pendant trois cents ans, et sans prêtres, en dépit d'une persécution toujours en éveil, conserver le dépôt de la foi. Nous pouvons ajouter quelques nouveaux détails aujourd'hui.

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L'ensemble de la doctrine et des prières catholiques s'est retrouvé chez eux dans une plus grande intégrité qu'on n'avait cru d'abord. Le signe de la croix, les noms de Dieu, de Jésus, de la sainte Vierge, leur étaient familiers. La vue de la statue de Notre-Dame avec l'enfant Jésus a suffi pour amener sur leurs lèvres le nom de Noël. Ils ont parlé du temps de tristesse, le carême. Saint Joseph ne leur est pas inconnu: ils l'appellent o yaso samano yo fou, le père adoptif de Jésus; ils avaient une idée trèsnette du célibat ecclésiastique et de la primauté du siége de Rome. A part quelques fautes de prononciation, ils avaient une traduction littérale de l'Oraison dominicale, de la Salutation angélique, de l'Acte de contrition, du Symbole des Apôtres, du Confiteor, dans lequel plusieurs inséraient les deux mots beato Francisco, addition touchante et qui se trouve avoir ici une véritable portée historique, car elle tend à prouver un fait peu connu, c'est que les jésuites n'ont pas été les seuls apôtres du Japon, et que les franciscains partagent avec eux le sanglant honneur d'avoir évangélisé cette vaste et hospitalière contrée.

A quel chiffre approximatif on doit évaluer le nombre des chrétiens japonais, il est impossible de le dire encore. Au départ de la frégate Guerrière, qui vient d'arriver à Lorient, Mgr. Petitjean en avait déjà officiellement inscrit quarante-cinq mille. Mais il n'y avait pas de semaine que de nouveaux groupes se présentassent au vicaire apostolique ou à ses collaborateurs; et quelquefois ils recevaient des députations venues de 30, 40 lieues; de sorte qu'on pense qu'il y a des chrétientés éparses dans toutes les parties de l'empire. Cette lenteur à se faire connaître s'explique par les habitudes de prudence et de défiance qu'une persécution toujours au guet a dû nécessairement faire contracter aux chrétiens. Cette crainte d'être trompés ou trahis, ils la portent un peu partout. Sachant que la religion anglicane rejette le culte de Marie et n'a pas l'Eucharistie, ils ne pouvaient comprendre qu'on dît la messe dans les frégates anglaises, et ils interrogeaient d'un ton défiant et inquiet Mgr. le vicaire apostolique. Pour les convaincre qu'on peut être Anglais et cependant catholique, Mgr. Petitjean fit venir, un jour de grande fête, à sa cathédrale de Nangasaki, deux des plus importants baptiseurs; quand ils virent le commandant en second du vaisseau amiral britannique, le pieux et sympathique lord Keane, recevoir la sainte communion de la main de monseigneur, ils furent enfin rassurés et rassurèrent leurs coreligionnaires.

Si le temps ne nous manquait pour achever notre tournée auprès des missions catholiques, nous pourrions signaler chez les autres nations infi

dèles, en Amérique et en Océanie comme dans l'extrême Orient, partout mêmes succès, même vertu d'attirer et de convertir. Et le secret de cette vertu, nous le trouverions comme toujours dans le commandement divin, que seuls nos missionnaires savent mettre en pratique, de se donner tout entiers, de se dévouer jusqu'à la mort. Sans parler de nos martyrs de Cochinchine et de Corée, nous rappellerions que quatre prêtres, dix sœurs de Charité, six frères de la Doctrine chrétienne, en tout dix-huit missionnaires, viennent de succomber en Algérie, par suite des maladies qu'ils ont contractées en soignant les pauvres Arabes faméliques ; qu'à Tunis, des religieuses de Saint-Joseph de l'Apparition, consacrées au service des mahométans décimés par la famine, meurent l'une après l'autre. A ces dévouements quotidiens, à ces héroïques sacrifices, qu'ont à opposer les missions protestantes?

De cette trop incomplète revue des missions, tout esprit impartial devra conclure, il nous semble, que la vérité n'est pas avec les sociétés bibliques et leurs impuissants missionnaires, et cela pour la raison qu'on a droit de juger une religion à ses œuvres comme on connaît un arbre à ses fruits. Depuis dix-huit siècles l'arbre catholique est debout, toujours vert, toujours fécond, toujours abritant sous ses maternels rameaux de nouveaux rejetons. La branche protestante a à peine trois cents ans d'existence, et éjà elle est privée de sève et ne porte plus de fruits. Entre la branche stérile et l'arbre fécond, peut-il y avoir lieu d'hésiter?

III.

Nous venons de parler des inutiles efforts des sociétés bibliques, et, malgré les sommes considérables que la propagande protestante dépense tous les ans, nous avons montré les pauvres résultats qu'elle obtient. A côté de si minces succès nous avons placé le tableau des conquêtes pacifiques de nos missionnaires parmi les nations infidèles, et on a pu voir la profonde différence qui existe entre les stériles tentatives des uns et les merveilleux progrès des autres.

L'Angleterre ne sait donner que son argent; mais cela ne suffit pas pour remuer les âmes, pour faire pénétrer en elles la vraie foi et pour évangéliser avec fruit de vastes contrées comme l'Océanie, l'Inde, la Chine ou le Japon. Pour mériter le glorieux titre d'apôtre, il faut savoir faire autre chose que colporter des milliers de Bibles ou répandre çà et là quelques pièces d'or. Comme l'a dit Châteaubriand, il faut avoir avant tout cet enthousiasme divin qui inspire les plus grands et les plus héroïques sacrifices; il faut aimer les pauvres, les ignorants, secourir les uns, instruire les autres, accepter toutes les fatigues, affronter tous les périls, et, s'il le faut, donner sa vie pour ceux que l'on voudrait sauver. Voilà le vrai missionnaire, le seul que nous admirons, et le seul aussi dont Dieu bénit les

travaux.

Nous sommes fiers de le dire, car nous aussi nous sommes français; ces magnifiques exemples d'abnégation et de dévouement, c'est la France surtout qui les donne; c'est de son sein que partent la plupart des missionnaires; ce sont ses enfants que l'on retrouve dans presque toutes les parties du monde, heureux de se donner tout entiers et de répandre leur sang pour le salut de leurs frères. Et de peur qu'on ne nous soupçonne de quelque partialité à cet égard, de peur qu'on accuse un journal français d'élever trop haut les missions françaises, nous allons appuyer notre opinion sur des autorités dont on ne contestera pas la valeur.

Il y a quelque temps s'est tenu à Londres un meeting solennel convoqué et présidé par Mgr. Manning, entouré de huit évêques, d'un clergé nombreux et de plusieurs personnages de distinction. Cette importante réunion avait pour objet l'établissement d'un séminaire des Missions étrangères récemment fondé à quelque distance de Londres. Plusieurs orateurs ont pris successivement la parole, et à cette occasion, tous ont rendu à l'apostolat de la France les plus éloquents hommages.

Mgr. Manning en particulier a payé à la France et au clergé français un juste tribut d'éloges, et il a engagé ses auditeurs à imiter l'exemple de tous ces catholiques de notre pays dont les générosités soutiennent l'œuvre de la propagation de la foi. C'est dans un langage vigoureux et élevé que l'archevêque de Westminster a montré quelle est la profonde influence de cette association dont nous avons bien raison de nous énorgueillir: "Qu'est-ce qui a tant élevé l'esprit du clergé catholique en France? Qu'est-ce qui a rendu ce corps un corps si mâle et si actif au service du Christ? Qu'est-ce qui a fait ce clergé le modèle des autres? Ne serait-ce pas avant tout parce qu'ils savent, ces prêtres, que pendant qu'ils travaillent chez eux, dans un pays chrétien et catholique, il y a des hommes de leur chair et de leur sang, des frères de leurs maisons et de leurs familles, des compagnons de leurs études, des prêtres qui ont consacré sur les mêmes autels, qui maintenant meurent martyrs au milieu des païens ? Oui, c'est là ce qui allume si puissamment la flamme de la charité parmi les prêtres et en général parmi les catholiques de France, et ce qui augmente continuellement leur force généreuse."

L'évêque de Clifton a prononcé quelques paroles qui ont provoqué les applaudissements de l'assemblée. Après avoir dit qu'il espérait voir réussir l'œuvre fondée en Angleterre, il n'a pu lui aussi, s'empêcher d'exprimer son admiration pour l'esprit apostolique du clergé de France. Le noble prélat le sait: fonder en Angleterre un séminaire des missions étrangères, c'est là une entreprise importante, il est vrai, mais si difficile qu'il est impossible de l'exécuter sans une grande persévérance. “Il est naturel que nous regardions autour de nous, a-t-il dit, pour découvrir des exemples qui puissent nous inspirer le courage nécessaire. Et quel exemple pourrions-nous trouver plus puissant que celui qui nous est donné par le

clergé de France? Si nous promenons nos regards sur le monde, nous découvrirons partout des missionnaires français."

Puis, après avoir montré les évêques et les prêtres relevant en France l'édifice de la religion à demi détruit par la révolution, réparant avec le zèle le plus intelligent les ruines du dedans, l'évêque de Clifton a ajouté : "Cependant tous leurs travaux, si fructueux dans l'intérieur de leur pays, ne les empêchent pas de travailler courageusement au dehors, et le clergé français est encore, et surtout maintenant, un clergé éminemment apostolique. Puisse ce clergé se réjouir bientôt de nous voir marcher vaillamment sur ses traces, joindre nos efforts aux siens et participer à sa gloire!"

Un autre orateur, M. Marshall, a reconnu sans peine la prééminence du clergé français dans les missions: "A de rares exceptions près, les missionnaires français forment la majorité dans les missions. Sans oublier les immenses obligations que nous avons aux saints missionnaires d'Espagne, d'Italie et d'autres nations, nous devons avouer que les représentants de ces nations ont été, je ne dirai pas supplantés, mais surpassés au moins en nombre par les enfants de la France."

A l'appui de son affirmation, M. Marsh 11 a cité des exemples bien remarquables et qui nous montrent quelle est la large part de la France dans cette œuvre si grande, mais si laborieuse des missions étrangères. "N'est-ce pas un fait frappant, a dit l'orateur, que sur 34 vicaires apostoliques que comptent la Chine et les régions d'au delà du Gange, 27 à cette heure soient Français? Quelle autre nation peut revendiquer une telle gloire? L'évêque actuel de Pékin, des lèvres duquel j'ai eu l'avantage, il y a peu d'années, d'entendre le récit des œuvres de la mission qu'il dirige, est Français. Les deux derniers évêques de Corée et les sept prêtres martyrisés avec eux étaient Français. En vérité, ils sont partout, et partout ils font oublier les missionnaires des autres nations."

Nous ne pouvons faire le relevé de tous les pays que nos missionnaires ont évangélisés autrefois et de ceux qu'ils évangélisent en ce moment; mais qu'on prenne, si l'on veut, les Annales de la Propagation de la Foi, et l'on verra combien est considérable le nombre des Français qui travaillent à la conversion des infidèles. On les trouve sur les côtes de l'Asie Mineure et sur les rives de l'Euphrate; on les rencontre en Tartarie, au Thibet, et jusqu'au milieu des peuplades les plus reculées de l'extrême Orient. Ils évangélisent les tribus sauvages de l'Afrique: ils sont au Dahomey, à Natal, dans la Sénégambie, aux Seychelles et à Madagascar. Enfin, il n'y a pas de contrée si barbare ou si inconnue où ils n'aient pénétré; on les trouve partout en Océanie: dans la Nouvelle-Zélande, dans la Nouvelle-Calédonie et dans presque toutes les villes de l'Australie. "Il n'est point d'île ou d'écueil dans l'Océan qui ait pu échapper à leur zèle, dirons-nous avec Châteaubriand; et, comme autrefois les royaumes manquaient à l'ambition d'Alexandre, la terre manque à leur charité."

Et ce qu'il y a d'admirable, c'est que dans nos missions nos religieuses accourent aussi et montrent un courage tout français. Il n'y a pas de pays si éloigné où ces vaillantes femmes n'aillent apporter à l'œuvre des missionnaires un puissant concours. Ce sont elles qui prennent soin des pauvres, qui recueillent les orphelins et qui dirigent les écoles ou les hôpitaux. Comme les missionnaires français, on retrouve aussi partout les religieuses françaises. A Tunis, nous voyons les religieuses de Saint-Joseph de l'Apparition se consacrer au service des mahométans dévorés par la famine; à Saïgon, à Siam, dans nos missions les plus périlleuses de l'Océanie comme dans celles de l'Afrique, jusque dans les régions glacées de la baie d'Hudson, il y de saintes et héroïques femmes dont la vie tout entière n'est qu'une longue suite d'épreuves et de privations de toutes sortes. On ne peut s'empêcher d'être ému en voyant de si nobles et de si intrépides dévouements, qui ne peuvent manquer d'attirer les bénédictions de Dieu sur notre pays. Comme le remarque avec raison M. Marshall dans le discours que nous avons déjà cité: "Qui peut s'étonner si la France, la nourrice de tant de sublimes vocations, la mère de si héroïques missionnaires, a pu survivre à tant d'épreuves, de désordres, de convulsions qui auraient été funestes à toute autre terre ? Cette perpétuité d'honneur et de prospérité n'est-elle pas une des bénédictions que ses apostoliques missionnaires ont attirées sur elle ?"

IV.

L'importante question soulevée en Angleterre par M. Gladstone continue de préoccuper l'opinion publique. C'est avec une ardeur infatigable que les membres les plus influents du parlement britannique, adversaires ou partisans, attaquent ou défendent tour à tour les réformes demandées. La raison et le bon droit sont du côté de M. Gladstone: aussi, nous espérons qu'il réussira. S'il reste encore à vaincre bien des préjugés, à surmonter bien des obstacles, comme l'a dit Mgr. l'archevêque de Paris, la force ne prime pas le droit, et quelles que soient les iniquités commises, si loin qu'elles puissent remonter, il vient toujours une heure où les causes justes finissent par triompher. Nous sentons le besoin de redire à notre tour cette parole que Mgr. Derboy prononça, il y a quelque temps, dans une séance demeurée célèbre. Tel est le nombre des difficultés qui surgissent en ce moment, tel est le crédit des adversaires de M. Gladstone, que nous serions peut-être tenté de douter du succès.

M. Sinclair Aytoun a présenté tout récemment un amendement aux résolutions du chef actuel de l'opposition. Il proposait de retirer à l'établissement catholique de Maynooth la subvention dont il jouit; de plus, il voulait faire déclarer que les revenus de l'Eglise protestante ne pourraient sous aucun prétexte, être affectés au culte catholique. M. Gladstone a accepté volontiers la première partie de cette proposition; mais il a com

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