Sayfadaki görseller
PDF
ePub

moindre résistance. D'un autre côté, la partie était tout à fait inégale, n'ayant que 4,000 hommes contre 13,000.

Il n'y avait cependant pas à hésiter dans le choix, et je fus bientôt décidé à sauver la Colonie par une défense hardie et désespérée, ou à mourir glorieusement les armes à la main.

Je fis travailler fortement tout le monde, toute la nuit du 7 au 8 juillet, à abattre les arbres pour former un parapet ou retranchement. Une fois fait, il se trouva faible, insignifiant, et à peine capable de servir d'abri pour couvrir les troupes.

Les ingénieurs avaient malheureusement fait couper les branches, et placer les arbres en travers trois ou quatre, les uns sur les autres. C'était à peine un mètre environ de haut, en sorte que vos soldats auraient pu sauter facilement par-dessus.

Ils firent ensuite une ligne avec les branches, à quatre mètres en dehors du retranchement. Il est certain que si les ingénieurs eussent placé les arbres la tête en avant, avec leurs branches taillées en pointe à leur extrémité, le retranchement aurait été bien plus fort, son obstacle bien plus difficile à vaincre, et sa construction bien plus rapide.

Je n'eus pas le temps de continuer la ligne jusqu'au ravin au pied de la hauteur, et je plaçai là deux compagnies de grenadiers.

Le ravin sur la droite de la hauteur, où le retranchement était le plus faible de toute ma ligne, fut confié aux compagnies de Marine. Les régiments garnissaient le reste.

Le jour suivant, 8 juillet, l'armée anglaise se montra sur la lisière du bois, à 600 mètres de nos retranchements de la colline. Elle s'avança aussitôt sur trois colonnes pour nous attaquer, sans prendre un moment pour examiner les lieux. Deux d'entre elles s'élancèrent vers la hauteur avec une ardeur et une impétuosité extrême; mais elles furent bientôt embarrassées au milieu des branches, qui les arrêtèrent devant le retranchement. Beaucoup de soldats périrent là, et très-peu d'entre eux purent franchir l'obstacle, et arriver à notre ligne, où nos hommes les tuèrent avec la baïonnette.

Les travailleurs Américains avaient été postés sur deux hauteurs situées au sud, qui commandaient nos lignes, et d'où ils voyaient de côté quelquesuns de nos hommes, et les autres par derrière. Le régiment de Berry, entre autres, fut maltraité et fatigué par leur feu, car une de ces hauteurs était à peine à 200 mètres des retranchements.

La troisième colonne attaqua le ravin à notre droite, mais elle reçut en tête le feu bien nourri des troupes de la Colonie, et en même temps à son flanc droit, celui des régiments qui étaient sur la hauteur. Elle fléchit bientôt, puis tourna à droite, et présenta sa tête à la colline, mais en se mettant hors de la portée des troupes de la Colonie.

M. Raymond, qui commandait celles-ci, sortit aussitôt de son retranche

ment avec une partie de ses troupes, et prit cette colonne par le flanc, pendant que nos soldats du haut de la colline faisaient feu sur sa tête et sur le flanc droit.

Malgré ses pertes, cette colonne anglaise tenait ferme, et elle finit même par faire plier le régiment de Berry, qui abandonna un moment cette partie du retranchement.

Aussitôt que j'aperçus ce désordre, j'accourus, et ranimant le courage des soldats, je les fis revenir à leur poste, et je les fis soutenir par les grenadiers, que j'avais mis en bataille à une petite distance en arrière, comme une réserve destinée à se porter au point de la ligne que vos troupes forceraient, et à se précipiter sur elles tête baissée, la baïonnette en avant, et sans faire feu.

Je n'avais rien négligé, dans le peu de temps dont je pouvais disposer, pour faire une vigoureuse défense, et je n'aurais rien eu à me reprocher, si j'avais été battu. J'ai toujours conservé mon sang froid et ma présence d'esprit, et j'ai pu remédier immédiatement aux désordres qui survenaient pendant cette attaque si longue et si opiniâtre.

Après avoir continué ses efforts pendant plusieurs heures, avec le plus grand acharnement, le général Abercrombie fut enfin obligé de se retirer, avec une perte de 2,000 hommes (1).

Je me suis acquitté de mon devoir, témoignage doux et précieux dans tous les événements de la vie. Cette pensée soutient et console les vaincus et les malheureux.

Je n'avais eu que douze heures pour mes préparatifs, et je n'avais que 4,000 hommes contre 13,000. Comment expliquer la conduite téméraire et aveugle du général Abercrombie qui nous a attaqués sans examiner et sans connaître notre position. C'est une chose inconcevable; car pendant les douze heures qu'il est resté à la Chute, après son débarquement, il avait le temps d'envoyer étudier le terrain, où est situé le fort de Ticondéroga, et de prendre une parfaite connaissance de notre retranchement, qui était dominé par une montagne, couverte de gros arbres, et située de l'autre côté de la rivière de la Chute. Elle était beaucoup plus élevée qu'aucun point du plateau, et à une portée de mousquet seulement. Abercrombie aurait pu y aller lui-même, sans danger, puisque la rivière nous séparait. S'il s'était même arrêté un petit instant à son arrivée sur la lisière du bois, à 600 mètres environ de nos lignes, il pouvait de là examiner la position à son aise mais impatient d'agir, il commença l'attaque immédiatement. Ce n'est pas au moment où une action s'engage, que l'on a le loisir de se rendre compte de la situation de l'ennemi. Ou bien si, au lieu de perdre douze heures à la Chute, il eût marché sur nous le 7 aussitôt après son débarquement, il n'aurait pas trouvé ces misérables retranche(1) Les rapports anglais eux-mêmes reconnaissent une perte de 3,000 hommes.

(Note du Traducteur.)

ments, et à son approche, j'aurais été obligé, avec si peu de troupes et sans les Canadiens, de lui abandonner toute cette partie du pays, et de me retirer à Montréal, en laissant seulement une garnison au fort Carillon.

Certainement c'est à son ignorance des lieux que je dois cette victoire, au lieu d'une défaite; car la retraite m'était impossible, et mes soldats auraient tous été tués ou faits prisonniers.

Si sa troisième colonne eût suivi la lisière du bois à sa gauche, où elle était à l'abri du feu de notre colline, et si elle eût attaqué la droite de nos retranchements, où étaient les troupes de la Colonie, celles-ci n'auraient pas soutenu un moment ce choc; ou bien, si, au lieu de tourner sur elle-même et de changer son plan d'attaque en présentant sa tête à la colline, cette colonne eût continué sa marche vers le retranchement de la marine, elle l'aurait facilement forcé; puis tournant à droite, elle aurait gravi la colline qui est là d'un accès facile. Nos troupes, qui tenaient tête à vos deux premières colonnes, auraient été alors prises par derrière et forcées de fuir,

en abandonnant le retranchement.

En voyant votre troisième colonne s'approcher de la colline, j'aurais été obligé de faire immédiatement ma retraite au fort. du mieux que j'aurais pu, et alors d'embarquer mon armée sur mes bateaux, et de descendre le lac Champlain, sans pouvoir essayer une résistance dans le fort Saint-Frédéric, à cause des hauteurs qui le commandent par derrière à 400 mètres de distance, et qui rendent ce poste défavorable; mais j'avais à craindre encore un plus grand malheur si mon retranchement eût été forcé. Il y a cinq lieues du fort Saint-Frédéric à Ticondéroga, en suivant la rivière Saint-Frédéric. Pendant environ la moitié de la distance, cette rivière a à peine 100 ou 120 mètres de largeur.

Ce poste était donc très-avantageux puisqu'il empêchait le passage de tout bateau, et qu'il coupait la communication sur le lac Champlain. Or, comme il est à égale distance de la Chute et de Ticondéroga, le général Abercrombie pouvait envoyer un corps de troupes pour s'y établir, et dans ce cas nous étions obligés de mettre bas les armes, et de nous constituer ses prisonniers, puisque nous ne pouvions plus nous procurer de provisions, et que nous étions dans l'impossibilité de nous retirer par terre.

De plus, le général Abercrombie aurait pu facilement pénétrer dans le ravin, que je n'avais pas eu le temps de retrancher, et où j'avais placé deux compagnies de grenadiers. Ce mouvement aurait eu pour moi les mêmes fatales conséquences que si la troisième colonne nous eût attaqués par l'autre côté de la colline, où la montée est aisée et l'accès facile. Mais il était toujours obstiné à nous assaillir par le côté le plus difficile, comme s'il eût eu devant les yeux un nuage qui lui cachait à droite et à gauche, ce qui devait être visible à l'officier le plus ignorant.

A continner.

BIBLIOGRAPHIE.

Bibliothèques Paroissiales.-Leur utilité.-Histoire des bibliothèques anciennes.

I.

Il est une œuvre que les Pères du dernier Concile de Québec voudraient voir fleurir et prospérer dans tout le pays, et qu'ils recommandent au zèle du Clergé, dans leur Lettre Pastorale, du 14 Mai 1868, que nous avons publiée, c'est l'ŒUVRE des BIBLIOTHÈQUES PAROISSIALES.

En présence des efforts prodigieux de la mauvaise presse et du colportage impie ou immoral, cette Euvre est devenue UNE NÉCESSITÉ.

La Bibliothèque paroissiale est le contre-poison à opposer à ces romans infects qui pullulent dans nos villes, et qui déjà envahissent nos campagnes, pénètrent dans le sanctuaire de la famille et y portent la perversion de l'esprit et la corruption du cœur.

La Bibliothèque paroissiale n'est-elle pas d'ailleurs le complément de l'école primaire? Elle en rend l'instruction plus solide, l'étend et la complète.

par

Bien organisée et bien conduite, elle conserve les connaissances acquises l'éducation supérieure, elle la perfectionne en lui ouvrant de plus vastes

horizons.

Et même nous ne craignons pas de le dire, la Bibliothèque paroissiale est le couronnement de la prédication évangélique. Il y a, pour tout homme, deux enseignements nécessaires ou pour le moins très-utiles: celui du Maître, du Docteur, du Pasteur, et celui du livre que le paroissien pourra trouver chaque dimanche dans la Bibliothèque organisé par le zèle de son curé.

Si les mauvais livres aveuglent et corrompent, si, en faisant perdre en lectures frivoles un temps précieux, ils faussent le jugement, pervertissent l'imagination, gâtent le goût, empoisonnent le cœur et y détruisent tout germe de noblesse, d'élévation et de grandeur, les bons livres au contraire perfectionnent les facultés de l'âme, enrichissent la mémoire, embellissent l'imagination, rectifient le jugement, forment le goût, apprennent à penser, élèvent l'âme et lui inspirent de nobles sentiments.

Comme on a yu, parfois, l'enfant pieusement élevé, survenant dans un ménage désuni, conquérir doucement le père au travail, à l'ordre, à l'économie, à toutes les affections domestiques, et le ramener au fidèle accomplissement de ses devoirs de chrétien; ainsi l'on voit le livre prêté par le curé, exercer également une salutaire influence, lorsque circulant dans la paroisse, et visitant chaque famille, il ranime des lumières prêtes à s'éteindre et arrache au naufrage des vertus prêtes à s'oublier.

Le bon livre, en effet, n'est-il pas un sage conseiller qui nous avertit de nos défauts et nous en corrige :-un ami complaisant toujours prêt à nous être agréable, sincère, désintéressé, qui nous instruit dans la jeunesse, nous guide dans l'âge mûr, nous console dans la vieillesse, et nous introduit dans la société des personnes les plus instruites, les mieux élevées, à la fois les plus sérieuses, les plus agréables et les plus vertueuses.

Un bon habitant écrivait en 1865: "Nous sommes deux dans ma commune, M. le Maire et moi qui lisons bien. Tous les soirs nous réunissons les gens du village, et nous leur lisons un des livres donné à l'école : quand l'un est fatigué, l'autre reprend; le temps passe vite et chacun s'en retourne content, mais le cabaretier nous boude."

De tels faits en disent plus que de longs discours sur l'utilité des Bibliothèques paroissiales et du bien qu'elles sont appelées à faire dans toutes les paroisses où elles seront établies; d'où résulte la nécessité de les bien. composer.

Aujourd'hui, ce n'est pas une œuvre qui rencontre de trop grandes difficultés; un peu de zèle et de savoir-faire suffisent pour la faire réussir. Le bon marché des livres est descendu à un taux presque fabuleux, et la Législature en affranchit l'importation des Droits de douanes. Le revenu seul des Abonnements, ne monterait-il qu'à cinquante piastres par an, ou même à vingt-cinq, peut suffire à alimenter chaque année une bibliothèque suffisante, surtout à la campagne.

Il y a, il est vrai, quelques précautions à prendre dans le choix des livres; il faut une certaine connaissance du caractère des librairies étrangères auxquelles on s'adresse; il y en a qui peuvent inspirer toute confiance; il en est d'autres qui exigent que l'on fasse son choix et sa liste: certaines collections de livres doivent être suspectes, d'autres peuvent être demandées tout entière sans qu'on la regrette; il est donc utile de recueillir quelques notions sur ces points essentiels, et c'est ce que se propose l'Echo du Cabinet en publiant désormais de temps en temps quelques notices bibliographiques qui offrent aux personnes qui ont la direction des Bibliothèques paroissiales une suite de renseignements qu'il ne leur est pas toujours facile de se procurer. Nous croyons que par là l'Echo se rendra à la fois utile au pays et à la religion. Mais avant de commencer ce travail, jetons un coup d'œil rapide sur l'histoire générale des Bibliothèques.

II.

La plus ancienne des Bibliothèques dont l'histoire fasse mention est celle d'Osymandias, roi d'Egypte, qui régnait en Egypte environ 1600 avant l'ère chrétienne: elle était installée dans son palais de Thèbes et sur la principale porte d'entrée, il avait fait écrire ces mots : Remèdes de l'âme.

L'Orient eut de bonne heure ses bibliothèques. Il y avait sur les con

« ÖncekiDevam »