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mortels). Vous fîtes votre débarquement aux pieds d'une colline escarpée. Quelques hommes placés au sommet, et armés seulement de bâtons et de pierres, auraient pu facilement vous arrêter au moment où vous vouliez la gravir. Nous avions là sur cette côte trois postes de 100 hommes chacun ; un d'eux commandé par le capitaine Douglas du régiment de Languedoc, l'autre par le capitaine Remini du régiment de la Sarre, et le troisième par Vergor, capitaine des troupes de la Colonie. C'est près de celui-ci que vous avez débarqué. Si ces 300 hommes eussent fait leur devoir, c'était plus qu'il n'en fallait pour vous repousser honteusement. En sorte que supposant la plus faible résistance, vous n'auriez jamais pu atteindre le sommet de la colline.

J'avoue que votre témérité dépasse tout ce que je puis imaginer.

WOLFE.

Je ne prétends pas justifier mon plan par le succès obtenu, mais par les combinaisons que j'avais faites d'avance, et qui se sont trouvées justes. En vous racontant l'événement, je suis persuadé que vous ne me blâmerez pas d'avoir fait une tentative si imprudente en apparence, et cependant si raisonnable quand on l'examine avec impartialité.

Dans toute expédition où concourent les forces de terre et de mer, il surgit presque toujours des contestations, des animosités, des jalousies, des disputes entre les commandants des deux armes s'ils ont une autorité égale ; et c'est un miracle que de voir un général et un amiral parfaitement d'accord, au sujet des opérations.

Le service de terre et celui de mer constituent deux sciences dont les principes sont entièrement différents. Il est évident qu'il ne peut pas y avoir de similitude entre la manoeuvre d'un vaisseau, et celle d'un régiment. Cependant il arrive que l'amiral se mêle fréquemment des opérations sur terre, et que le Général exige de la flotte des choses souvent impossibles, chacun ignorant au même degré ce qui est du service de l'autre. Quand ils sont envoyés avec des pouvoirs égaux, il y a là une source de désordres graves dans leur action. Si l'un et l'autre se renfermaient dans sa partie, et n'avaient à cœur que le bien et l'avantage de son Prince et de son pays, ces expéditions mixtes de forces de terre et de mer réussiraient beaucoup mieux qu'il n'arrive ordinairement.

Les officiers de marine me tourmentaient beaucoup, et ils devinrent beaucoup plus exigeants à mesure que la saison avançait. Le 10 septembre, il y a eu à bord du vaisseau amiral, un conseil de guerre qui décida qu'on ferait immédiatement voile pour l'Europe, à cause du danger imminent que couraient les vaisseaux de Sa Majesté dans ces mers orageuses, en restant plus longtemps devant Québec. En conséquence, l'ordre fut donné à quelques vaisseaux de lever l'ancre et de descendre le fleuve, tandis que

tous les autres étaient avertis de faire immédiatement leurs préparatifs de départ.

Le 12 je reçus deux déserteurs de l'un des trois postes que vous venez de me mentionner. Ils appartenaient à un régiment Français et étaient bien informés. Après les avoir interrogés, je découvris que ces postes étaient gardés avec beaucoup de négligence,-que M. de Bougainville au Cap Rouge, se proposait la nuit suivante de faire descendre quelques bateaux chargés de provisions, et que les trois postes avaient reçu ordre de les laisser passer librement. L'idée me vint de suite de profiter de cette circonstance.

Je communiquai à l'Amiral ce que j'avais appris par les déserteurs, et je lui demandai très-instamment de me laisser faire une dernière tentative avant d'embarquer mon armée. Je lui promis que si les Français de ce poste tiraient 20 coups de fusil, je me désisterais immédiatement de mon projet, sans penser à autre chose qu'à faire voile de suite pour l'Angleterre. Le Conseil consentit à ma demande, et je commençai mon débarquement à 11 heures du soir.

Quand mes bateaux approchèrent des deux postes de Douglas et de Remini, les sentinelles crièrent qui vive? et mes soldats répondirent en français: bateaux des vivres. Sur quoi on les laissa passer sans les arrêter, comme on aurait dû faire, pour recevoir le mot d'ordre. Ne trouvant pas de sentinelle au troisième poste, commandé par Vergor, je mis pied à terre promptement, et toute ma troupe était débarquée avant que ce poste s'en fût aperçu. Il n'y eut qu'un seul coup de fusil de tiré, et il blessa Vergor au talon. Il fut fait prisonnier immédiatement, mais on ne trouva avec lui aucun homme de son détachement.

J'avais commencé mon opération par faire descendre un sergent et dix grenadiers. Ils devaient toujours marcher en avant et avec rapidité, et ne s'arrêter que quand ils seraient découverts par l'ennemi. Je le fis suivre par un lieutenant à la tête d'un détachement de grenadiers avec ordre pareillement de s'arrêter si on faisait feu sur eux. N'entendant aucun bruit, je mis à terre tous mes grenadiers, et je les fis monter à la suite du lieutenant et du sergent. La tranquillité qui régnait me convainquit bientôt que nous n'étions pas découverts. Alors mes inquiétudes cessèrent, j'avais une garantie du succès de mon entreprise.

La tête de la colonne qui guidait tout le reste de l'armée, arriva non sans peine au sommet du coteau. Les autres les suivaient de près. Si vos postes eussent été sur leurs gardes et eussent fait leur devoir, les risques n'étaient que pour le sergent, le lieutenant et quelques grenadiers. Je me serais arrêté à la première décharge. Car il y aurait eu une folie extravagante et impardonnable à exposer mes principales forces dans l'attaque de cette colline si difficile à gravir que mes soldats n'avaient pu la monter qu'avec beaucoup de peine, et encore ils n'avaient trouvé aucune résistance

à son sommet. De plus j'étais certain, d'après vos déserteurs, qu'il n'y avait aucune troupe sur les hauteurs d'Abraham.

Vous voyez maintenant, Monsieur, que ce n'était pas un projet irréfléchi et mal concerté, mais une opération sûre, dans laquelle je ne risquais pas beaucoup. J'ai toujours eu pour principe arrêté d'attaquer les points qui parraissent offrir le plus de difficulté. On le fait ordinairement avec succès, parce qu'ils sont généralement mal gardés, souvent entièrement négligés, et rarement compris dans le plan de défense. Je ne suis pas seul de cette opinion. Le cardinal Ximénès raconte, "que Ferdinand, roi d'Aragon, leva deux armées contre les Maures, et les confia au comte d'Aquilar, avec ordre d'entrer en même temps dans les montagnes de Grenade par les endroits les moins accessibles, et par conséquent les moins. bien défendus. Il remporta sur les Maurès la plus complète victoire."

Dans les gorges les plus difficiles et qui ne sont pas protégées, lorsque un homme peut passer, il en passera cent mille; et immédiatement en sortant de ce mauvais pas, il est facile, si on n'est découvert, de mettre les hommes en bataille.

Quand une fois la tête est capable de faire résistance et de tenir ferme, elle grossira à chaque instant. Vous savez d'ailleurs très-bien que les soldats franchissent les endroits dangereux avec une grande rapidité, et que l'ennemi est toujours troublé et déconcerté dans une surprise.

Effrayé de tout ce qui arrive, et qu'il n'avait pas prévu, il devient timide et tremblant. On peut alors le regarder comme vaincu même avant le commencement de l'action. Le débarquement au Cap Breton fut exécuté d'après ce système. L'ennemi ne veille pas aux posts d'un accès difficile, et c'est là où il ne m'attend pas, que je faisma prinecipale attaque. Les plus grands dangers sont ordinairement là même où l'on se croit le plus en sûreté.

BIBLIOGRAPHIE.

HISTOIRE DES BIBLIOTHÈQUES.-BIBLIOTHÈQUES

MODERNES.

(Suite.)

IV.

Saint Louis fut le premier qui tenta un essai de bibliothèque publique. Comme la plupart des grands hommes de l'Eglise, il fut en avant de son siècle, et fit faire un pas à la civilisation.

Charles V forma le premier noyau de la Bibliothèque du Louvre, qui fut placée dans une des tours appelée depuis Tour de la librairie.

Les plus célèbres bibliothèques princières furent celles de la maison d'Orléans, des ducs de Bourgogne et celle des rois de France. Cette dernière ne fut guère constituée que sous Louis XI.

Henri II (1556) rendit le premier édit qui obligeait les libraires à y déposer un exemplaire des ouvrages s'imprimant avec privilége.

Depuis Henri IV, à la mort de chaque roi, elle commença à s'enrichir de tous les livres du cabinet du royal défunt.

Ce ne fut toutefois que sous le ministère de Colbert et de Louvois que la bibliothèque royale prit ces accroissements et cette organisation qui en font aujourd'hui la bibliothèque la plus riche du monde.

En 1730, elle fut divisée en quatre départements, celui des Manuscrits, celui des Imprimés, celui des Titres et Généalogies, celui des Planches gravées et Estampes.

En 1757, elle s'ouvrit au public. Sous la République et l'Empire, elle s'enrichit des dépouilles d'un grand nombre de monastères de France et des pays conquis. Quoique dépouillée de bien de trésors par l'invasion de 1815, elle compte cependant, sans parler des dessins et des estampes, 1,000,000 volumes imprimés, plus de 84,000 manuscrits, plusieurs centaines de milliers de pièces historiques renfermées dans les cartons et dont le classement occupe habituellement plusieurs employés.

Outre cette bibliothèque, on visite encore avec intérêt dans Paris, celles de Ste. Geneviève, de l'Arsenal, de la Ville, de l'Université, de l'Institut, qui forment une collection de plus de 514,000 volumes et de 12,500 manuscrits; elles s'accroissent tous les jours par des dons et des acquisitions.

Près d'elles rivalisent les diverses bibliothèques des Musées, des Facultés, des Conservatoires, des Ecoles spéciales, des Colléges et maisons religieuses, des Ministères, des Chambres, des Cours et des Académies, qui ne comptent guère moins de 30 à 40,000 volumes chacune.

En 1833, le nombre des volumes appartenant aux bibliothèques de cent quatre-vingt-douze villes, dans les Départements, montaient à trois millions. Si l'on y avait joint la somme des livres appartenant aux bibliothèques des diverses institutions établies dans ces départements, il eut fallu plus que doubler. Ainsi on peut citer telle ville de province où la bibliothèque seule du grand séminaire compte plus de 30,000 volumes.

Depuis cette époque, ces bibliothèques ont pris de grands accroissements. Les dons particuliers, les acquisitions facilitées par l'extension des plus grandes librairies de Paris, et le bon marché sorti de la concurrence, ont grandement favorisé ce développement.

Mais nul établissement n'a autant contribué au développement des bibliothèques ecclésiastiques que celui de M. l'abbé Migne. Des ouvrages immenses et qui eussent absorbé autrefois le travail d'un siècle dans plusieurs monastères, sont sortis en peu d'années de ses presses toujours en activité, et à des prix fabuleux, tant ils étaient réduits.

C'est ainsi qu'ont été successivement donnés, et à des intervalles trèscourts, le Cours complet de Théologie, dogmatique et morale-Le Cours complet d'Ecriture Sainte-l'Encyclopédie Théologique-La Collection des Orateurs sacrés, et cette magnifique Collection des Pères Grecs et Latins, qui devait compter plus de 200 volumes, mais qui demeure inachevée, à cause du désastreux incendie qui dernièrement a dévoré dans une nuit l'œuvre de tant de sollicitudes et de dévouement. Espérons que M. l'abbé Migne dont les pertes ont été en grande partie couvertes par les assurances, retrouvera dans ses soixante-dix ans, assez de forces pour reprendre son œuvre, et rendre encore à la science et au clergé, de nombreux et d'inappréciables services. Il n'a point été administré, comme on l'a dit, il est encore plein de santé et tout prêt à reprendre ses travaux. Mais que l'œuvre se relève, ou ne se relève pas, il n'en est pas moins vrai qu'il y a là une gloire pour l'Eglise, et une réponse à tous ceux qui l'insultent sans la connaître.

V.

En 1300, la bibliothèque d'Oxford, en Angleterre, ne comptait que quelques volumes renfermés dans des coffres placés sous l'église SainteMarie. Richard de Bury, évêque de Durham, et plus tard, grand chancelier d'Angleterre, "donna en Europe le second exemple d'une bibliothèque publique, en créant dans cette ville un établissement qu'il dota de riches revenus, et auquel il donna tous les livres qu'il avait rassemblés à

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