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CHRONIQUE.

CANADA.-Les Retraites pastorales. - Départ des Missionnaires Algériens.-Le D'Estrées. Salle St. Patrice.-L'Association Médicale.-Nouvelle Ecosse.-Iberville.St. Boniface.

ROME-Armement.-Population.-Mgr. Lavigerie.-Les gloires de Pie IX.-La fête de l'Empereur des Français.-Desséchement des marais d'Ostie.-Les cigares.-Le IIIme et IVme détachement de Zouaves Canadiens.

FRANCE.-Préoccupations. — La triple alliance.- La question religieuse.-Les Saints

Lieux.

ANGLETERRE.-L'Eglise d'Irlande et la polémique religieuse.

PRUSSE ET AUTRICHE.-Les quatre empires et la révolution cosmopolite.-Attitude de l'épiscopat Autrichien.

AMÉRIQUE.-Le 40me Congrès américain.-La campagne électorale.

I.

Le dernier mois a été le mois des retraites pastorales, elles se sont faites dans presque tous les diocèses de la Puissance.

La retraite ecclésiastique du diocèse a été prêchée cette année par M. l'abbé Nercam du Séminaire de St. Sulpice. L'affluence des auditeurs a été plus considérable que de coutume, et Messieurs les Curés sont retournés dans leurs paroisses enchantés de l'éloquence du prédicateur, profondément édifiés de la modestie, du ton de conviction, de la force et de l'air de sainteté avec lesquels il leur a exposé les grandes vérités de la Religion, de l'onction et de la sagesse avec lesquelles il leur a développé les redoutables devoirs du sacerdoce.

La Retraite pastorale du diocèse de St. Hyacinthe s'est terminée par une scène de famille qui a profondément touché les coeurs de ces vénérables prêtres.

Le clergé de tout le diocèse, réuni sous la présidence de Mgr. Chas. Larocque et de Mgr. J. Larocque, a offert à leurs Grandeurs avec l'expression de ses sentiments un témoignage sensible de son respect, de son obéissance et de son amour. Ce sont trois portraits dûs au pinceau de M. Nap. Bourassa. Le premier est celui de Mgr. Prince, premier évêque de Saint-Hyacinthe, les deux autres sont ceux de ses dignes Successeurs : ainsi s'ouvre la galerie de portraits des Evêques de Saint-Hyacinthe. Les deux prélats ont été vivement touchés et émus de cette attention délicate et de cet hommage de leur clergé.

Nos bons Missionnaires Algériens, les dignes MM. Lemauff et Rion nous ont quitté depuis deux semaines; c'est avec regret que nous les avons vus partir; ils ont laissé, par leurs vertus autant que par leur exquise bonté. un doux souvenir au sein de nos populations; mais aussi ils emportent de notre Canada une impression excellente qui ne vieillira pas dans leurs cœurs si éminemment catholiques et Français.

M. l'Abbé Tassé, Curé de Saint-Rémi, a traversé dernièrement Montréal, s'acheminant vers Sainte Thérèse où il va de nouveau prendre la direction du Collége dont il a été déjà le Supérieur plusieurs années. C'est un noble dévouement à une mission non moins noble qui ne peut que continuer de prospérer entre des mains si habiles. M. l'Abbé H. Beaudry prend sa place à Saint-Rémi et continuera avec non moins de succès le bien déjà très-grand qu'en si peu d'années son digne prédécesseur avait opéré dans cette paroisse où il laisse une mémoire comblée de bénédictions.

Nous avons eu la visite de l'aviso Français, le D'Estrées. C'a été une bonne fortune pour la population de Montréal et pour celle des environs; pendant une semaine entière les visiteurs n'ont pas cessé de se présenter en si grande affluence que parfois des milliers de personnes stationnaient aux abords du quai et de la corvette; le vieux sentiment français s'était réveillé à la vue de frères arrivant de la vieille mère-patrie. Si le commandant, les officiers et l'équipage du D'Estrées ont été flattés des sympathies qu'ils ont excitées, notre population n'a pas été moins enchantée de leur courtoisie, de leur politesse et de leur distinction ainsi que de la brillante tenue de cette jolie corvette.

Cette dernière quinzaine a été signalée par l'inauguration de la salle Saint Patrice. Le concert a répondu à la noble architecture du bâtiment; l'assistance dépassait 2000 personnes. Nous aurons donc enfin une belle et vaste salle pour les concerts nombreux qui récréent un si grand nombre de nos soirées d'hiver. Tous s'accordent, en effet, à en faire l'éloge, visiteurs et artistes. Elle restera comme un monument du bon goût et de la libéralité de la population irlandaise.

L'Association médicale de la Puissance et celle des dentistes ont tenu, pendant plusieurs jours, des séances où ont été débattues des questions d'un intérêt élevé et pratique. Puissent-elles réussir dans leurs nobles efforts pour élever leurs professions à la hauteur de leur noble mission, par le service du public, par le respect d'elles-mêmes et surtout par cet éclat du savoir et du talent résultant d'épreuves et d'études sérieuses, pouvant seules leur conserver la confiance et le respect dont elles sont dignes!

Les idées se brouillent à la Nouvelle-Ecosse et le vertige commence à tourner les têtes de nos fiers Ecossais. Ils ne veulent décidément point de l'Union, et ils en demandent le rappel; ils nous menaçent, en cas de refus, de se donner aux Etats-Unis. A quoi aboutira cette tempête; aboutira-t-elle à une nouvelle guerre d'émancipation, ou s'évanouira-t-elle en vent? Les Ecossais sont opiniâtres comme les rochers de leurs montagnes; nous saurons bientôt le dernier mot, il faut du moins l'espérer.

Les plus tristes nouvelles nous sont venues d'Iberville où le feu a passé sur les bois et les champs et dévoré les granges et les habitations sur l'espace d'un mille.

Le même fléau a réduit les colons de la Rivière-Rouge à la famine. L'incendie a peu épargné dans les prairies et les champs, et ce qu'il a épargné a été dévoré par des nuées de sauterelles qui sont venues s'abattre sur le pays. Pour comble de calamité, la chasse a complètement manqué et les chasseurs sont revenus au village exténués de fatigue et mourant de faim. Mgr. de Saint-Boniface, en ce moment, fait entendre le cri de détresse et fait appel à la pitié et à l'assistance de toutes les âmes charitables en Canada.

II.

Rome demeure tranquille, malgré les agitations de la Révolution autour des Etats Pontificaux; la France veille sur le domaine de Saint Pierre et le gouvernement pontifical se tient sur ses gardes.

Les correspondances d'Italie insistent, en effet, sur deux faits incontestables; le premier c'est que la Révolution prépare une revanche de Mentana, le second c'est qu'à Rome tous les projets sont connus et qu'on veut les déjouer. En conséquence, le Cardinal Antonelli, d'accord avec le général Dumont, fait armer les fortifications de la ville de pièces du plus gros calibre.

La Chambre apostolique a publié le recensement de Rome pour 1868. La population totale est de 201,183 habitants; dont 107,560 hommes sur lesquels on compte 6.319 ecclésiastiques. Mgr. Lavigerie, archevêque d'Alger, a passé la fin de juillet à Rome et a eu l'honneur de rendre compte à Sa Sainteté de l'état de son grand diocèse.

Il a exposé la situation des oeuvres entreprises, des orphelinats, des maisons de veuves et des hospices de vieillards, toutes œuvres placées sous la conduite des prêtres, des ordres religieux et des sœurs.

Comme si ce n'était point assez de ce vaste diocèse d'Alger, où la moisson du Seigneur est à la fois si abondante et si difficile, le pape a confié à Mgr. Lavigerie un territoire de vingt-cinq mille lieues carrées, un territoire grand comme l'Europe, qui comprend le Touarik, le Sahara et tout l'intérieur de l'Afrique jusqu'au Sénégal. Là vivent ignorées des peuplades jadis chrétiennes, que l'islamisme vainqueur a refoulées. On sait qu'elles retiennent quelque chose de la foi antique, qu'elles ont en usage la croix, ne se gouvernent point d'après le Koran et sont monogames. Il s'agit de les réveiller de leur long sommeil.

Le Saint Père vient de créer Baron, M. le grand Commandeur Visconti, pour les éminents services qu'il a rendus à la science et aux arts par les récentes découvertes d'amas de marbres précieux entassés pendant des siècles, par les Empereurs romains et dont on ne soupçonnait pas l'existence; cette faveur accordée à l'illustre archéologue qui vient d'enrichir la Ville de Rome d'une manière si imprévue, montre l'état que Sa Sainteté sait faire des hommes qui font la gloire de son Pontificat. Cette gloire

en effet ne ressort pas seulement des luttes et des triomphes de la Papauté mais aussi de l'impulsion que Pie IX comme tous ses prédécesseurs ont su donner aux nobles industries, aux arts, aux sciences et aux lettres.

Sur l'ordre de S. Em. le cardinal vicaire, une commission de la sainte congrégation des rites, assistée par des médecins, a procédé, le 1er août, à la reconnaissance du corps de la vénérable Anne-Maria Taïgi, morte en 1837, et qui, après avoir demeuré dix-sept ans au cimetière, fut transférée à Sainte-Marie della Pace et de là à Saint-Chrysogone. La bière, qui a séjourné si longtemps dans des lieux humides, était à l'intérieur recouverte d'une sorte de mousse blanche; mais quand le corps a été retiré, il est apparu dans un état de conservation extraordinaire : les vêtements euxmêmes étaient intacts. Exposés dans une salle contiguë à la chapelle du Saint-Sacrement, dans laquelle ils doivent être bientôt placés, les précieux restes de la vénérable ont reçu les hommages d'une multitude immense de peuple, et l'on dit que la ferveur, l'enthousiasme de cette multitude ont obtenu de Dieu, par l'intercession d'Anna Maria Taïgi des grâces nombreuses, grâces sur lesquelles il ne nous appartient pas de devancer les décisions de l'Eglise.

La fête de l'Empereur des Français a été célébrée à Rome avec beaucoup d'éclat. Une messe solennelle suivie d'un Te Deum a été chantée à ' l'église nationale de Saint-Louis-des-Français. Mgr Marinelli, sacriste de Sa Sainteté et évêque de Porphyre, officiait en cette circonstance. On remarquait dans l'assistance le comte de Sartiges, ambassadeur de France, et tout le personnel de l'ambassade, les pensionnaires de l'Académie de France, le Colonel d'Argy à la tête de l'Etat-Major de la légion romaine, et un grand nonbre de Français et d'étrangers de distinction.

A Civita-Vecchia les fêtes ont été également brillantes. A sa table, le général Dumont réunissait Mgr. le Délégat, les autorités de la ville et les officiers du corps d'occupation et des corps pontificaux. Les toasts portés à sa Majesté l'Empereur et à Sa Sainteté le Pape ont été accueillis par de chaleureuses acclamations.

Une œuvre remarquable et qui fera un légitime honneur au règne de Pie IX, c'est le dessèchement du marais d'Ostie, l'un des plus terribles éléments de la malaria, cette trop célèbre épidémie endémique qui arracha jadis à Pierre Damiens l'imprécation suivante: Roma vorax hominum "Rome qui dévore les hommes."

Le desséchement, commencé le 17 mai dernier, touche à sa fin: jusqu'à ce jour, deux millions sept cent mille mètres cubes d'eau croupie, infecte, pestilentielle, se sont écoulés dans la mer, le reste aura disparu dans peu, et à la place de ces marais empoisonnés dont on ne pouvait s'approcher sans danger, apparaîtront bientôt des champs que la charrue du paysan aura couverts de riches moissons.

On raconte un nouveau trait de cette bonté enjouée et familière par laquelle Pie IX a le secret de ravir tous les cœurs.

A Grotta-Ferrata, parmi les officiers qui entouraient le saint-père se trouvait M. Jacques d'Arcy, un des plus brillants capitaines de zouaves. Pie IX lui a demandé combien d'hommes il avait amenés de Rome, et le capitaine ayant répondu : " Cent quarante-huit ", le pape a dit en riant: "Il n'y a que cent cigares dans une boite. Il vous faut donc deux de ces boites, les voilà!" Puis il a voulu que les officiers prissent des bouteilles de vieux vin de Tusculum qu'on avait apportées.

Le 21 juillet, Pie IX donnait de sa bonté et de la gaieté de son caractère un second témoignage, et cette fois ce sont nos braves enfants du Canada qui en étaient l'objet.

Le troisième et quatrième détachements de Zouaves Canadiens ont été ce jour admis à l'audience du Saint-Père qui a bien voulu passer une heure entière dans leur compagnie: il les promena dans les jardins du Vatican, il leur distribua de sa main libérale des bouquets de fleurs cueillies dans ses plates bandes, des oranges et des médailles, et la distribution terminée, il leur dit:

"Maintenant, mes enfants, je vais vous bénir et la bénédiction que je vais vous donner sera pour vous, vos familles et tous ceux qui vous sont chers. Cette bénédiction vous accompagnera dans les dangers de la vie, au moment extrême, et sera pour vous tous un gage de bénédiction pour la vie future." *

La foule s'agenouilla émue, respectueuse et recueillie et la bénédiction du Saint Pontife qui préside aux destinées de l'Eglise de Jésus-Christ descendit sur eux et sur leur famille et sur leur patrie bien-aimée.

Au sérieux de cette scène touchante succéda le comique d'une scène d'un autre genre.

Les jeunes volontaires debout, le Saint Père s'informa de chacun de sa famille, de son diocèse, adressant à tous des paroles encourageantes et agréables. Puis la promenade recommença à travers les allées du jardin sous l'ombre odorante des citronniers et des orangers. Quand tout fut visité, le Saint-Père alla s'asseoir sous une arcade dans l'un des angles du jardin, le colonel d'Allet était à ses côtés, les Prélats et les Zouaves formaient couronne autour de Sa Sainteté.

En face de cette arcade est construit sous terre un jet d'eau dont le ressort secret était sous la main de Pie IX. Sur l'invitation d'un des Prélats qui leur désignait cet endroit comme objet de curiosité, les Zouaves s'y précipitèrent au pas de charge, mais au moment où ils mirent le pied. sur ce sol trompeur, mille gerbes d'eau retombant en pluie abondante jaillirent de terre, les enveloppèrent, et nos Zouaves surpris, trempés, inondés, de se sauver à toutes jambes, aux éclats d'une hilarité générale à laquelle le Saint-Père prit part le premier, et se tournant vers le colonel

• L'Union des Cantons de l'Est.

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