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IV.

La campagne électorale se poursuit dans les Etats-Unis, à grand renfort de voyages des prétendants, de discours et de promenades aux flambeaux, les Etats-Unis sont surtout la patrie des lampions.

Les radicaux profitent de l'occasion pour envenimer les haines des nègres contre les blancs, et déjà le sang a coulé plusieurs fois.

Cependant une réaction s'opère parmi les hommes de couleur, ils s'aperçoivent que jusqu'ici ils n'ont été que les instruments des passions radicales. Le Nègre Rollins, le plus distingué de leur race, s'applique, en toute occasion, à prouver à ses compatriotes que leur émancipation n'a été qu'une manoeuvre militaire, leur avénement à la politique un moyen d'oppression brutale et honteux, dont ils seront aussi bien la victime que leurs anciens maîtres.

Ces discours ont leur effet, les noirs commencent à réfléchir, et à traiter eux-mêmes leurs propres affaires. Persuadés que l'esclavage est à jamais aboli, que les colons du sud n'y songent plus, ils comprennent également que le parti le plus avantageux pour eux sera de se réunir aux démocrates dont ils peuvent espérer plus de justice.

De leur côté les démocrates secondent ces dispositions et cherchent à les réunir en un corps compact en vue des prochaines élections: de là, la rage des radicaux qui contre-carrent leurs projets par tous le smoyens bons et mauvais. Aussi partout on n'entend parler que de meurtres, de pillage et d'incendie, presque tous commis par les nègres au service des radicaux sous un prétexte politique ou autre.

Le parti au pouvoir se plaint amèrement de l'opposition qu'il rencontre dans le Sud, mais cette opposition n'est-ce pas lui qui l'a créée: sous l'empire injuste de cette loi de Reconstruction qu'il veut maintenir à toute force et qu'il applique de la manière la plus impolitique?

On a dépossédé les blancs de leurs droits, pour les livrer aux nègres et aux caprices d'une administration presque entièrement étrangère au Pays. Sur sept gouverneurs dans le Sud, deux sont du pays; sur dix sénateurs qu'il envoie à Washington, deux seulement encore représentent vraiment leurs compatriotes; sur trente trois membres envoyés au Congrès, onze en tout ont été choisis parmi les anciens colons. La même proportion règne dans tous les détails de l'administration, et l'on s'imagine que tant d'injustices ne maintiennent pas le pays dans un état habituel d'irritation. Mais en vérité, est-ce que les causes qui ont tant de fois soulevé l'Irlande contre l'Angleterre et la Pologne contre la Russie ne peuvent pas amener les même résultats, et tôt ou tard faire arborer dans le Sud l'étendard de la sécession. Ce serait là l'âge d'or qui nous serait réservé si les désirs de certains partis étaient réalisés. Dieu nous préserve de l'annexion?

La guerre entre le Brésil et le Paraguay se poursuit toujours, on espère cependant que Lopez ne pourra pas résister longtemps.

La forte position d'Humaïta dont il avait fait son boulevard a été emportée par là flotte Brésilienne; l'Assomption, capitale du Paraguay, a été évacuée, et Lopez s'est retiré dans l'intérieur. Cette victoire a donné lieu à de grandes réjouissances chez les alliés, au Brésil, dans la République Argentine et dans l'Uraguay. Humaïta barrait la navigation du Rio-Paraguay, et sa chute ouvre au commerce le plus vaste réseau de rivières navigables qui existe; le Parana, l'Uraguay, le Paraguay, le Vermejo et le Pilcomayo sont des cours d'eau qui arrosent de magnifiques régions assez fécondes pour fournir à tous les besoins de l'homme.

UN ANGE DE PLUS AU CIEL.

C'est le jour même de la Fête du Saint Nom de Marie, le Dimanche, 13 Septembre dernier, à 3 heures de l'après-midi, que notre cher petit ange, Alexandre Turgeon, a rendu son âme à son Créateur, et a pris son vol vers les cieux.

Cet excellent enfant a laissé une mémoire si douce dans l'esprit de tous ceux qui l'ont connu et aimé ; il a montré sur son lit de mort tant de marques de prédestination, que nous n'avons pu résister au désir de mettre par écrit les vertus que ce cher petit a pratiquées pendant sa vie et dans sa dernière maladie, et dont nous tenons tous les détails de témoins oculaires.

Puissent ces quelques lignes si simples et si vraies édifier ceux qui les liront! Puissent-elles surtout leur inspirer le dégoût de la terre et un saint désir du ciel!

Joseph Alexandre Turgeon, cinquième fils de M. Théophile Turgeon et de Dame Cécile Fréchette, naquit à Montréal, le 22 janvier, 1859. Il fut baptisé le même jour dans l'église de la paroisse.

On a remarqué avec beaucoup de justesse que cet enfant béni vit la lumière du jour et fut enfanté à la vie de la grâce, un samedi, jour consacré à la Reine du ciel; comme si cette bonne Mère eût voulu adopter, d'une manière toute spéciale, cette âme privilégiée.

Son éducation, donnée par une mère chrétienne, fut toute embaumée du parfum de la piété.

Il

L'enfant avait une confiance et une tendresse toute filiales pour la TrèsSainte Vierge. Il prononçait souvent son doux nom avec amour. voulait avoir autour de lui ses images chéries. Il visitait les sanctuaires qui lui sont dédiés. Chaque jour, il l'honorait par le tribut de louanges et de prières qui font le bonheur et la joie des âmes d'élite. Mais c'était lorsqu'il était malade que le pieux enfant redoublait ses invocations et ses prières. Il ne pouvait passer un seul instant sans invoquer celle qu'il appelait, à si juste titre, sa bonne Mère.

A cette dévotion si aimable et si douce, le petit Alexandre joignait une charité compatissante pour les pauvres, ces membres souffrants de JésusChrist. Il ne pouvait les voir sans être ému et attendri. Son plus grand bonheur était de leur distribuer des aumônes. Quand il recevait le pain que sa famille distribue régulièrement chaque semaine à tout pauvre qui se présente à la porte de la maison, il disait à sa mère: "Un morceau "seulement, maman, ce n'est pas assez; donne m'en deux, je t'en prie, "le malheureux n'en aura pas de trop." Quand on lui donnait quelque argent pour ses menus plaisirs, on était sûr d'avance qu'il ne le dépenserait pas et qu'il le distribuerait bientôt à ses bons amis, les pauvres.

A ces heureux dons de la grâce, Alexandre joignait des qualités naturelles qui y répondaient dans une admirable harmonie.

D'un esprit vif, enjoué; d'un caractère aimable, plein de franchise et d'une spirituelle gaieté qui n'était pas toujours exempte de malice, il eut bientôt conquis l'affection de ses parents, de ses maîtres et de ses condisciples. Tous sont unanimes à affirmer qu'il possédait le don de se faire aimer au haut plus haut degré.

Envoyé de très-bonne heure à l'académie de Mme. Clarke, l'enfant y fit des progrès rapides dans la lecture et l'écriture. Il apprenait très-vite tout ce qu'on lui enseignait et il le retenait avec une étonnante facilité. Nous ne dirons pas cependant qu'il fût toujours appliqué. Il avait besoin quelquefois d'être rappelé à l'ordre et au silence. Mais ce qui est certain, c'est qu'il n'eût voulu, pour rien au monde, faire la moindre peine à ses vertueux instituteurs. On pouvait le citer, dans toute l'école, comme un modèle de bonne tenue et le type parfait de l'enfant bien élevé.

Admis au cœur de la paroisse de Notre-Dame vers la fin de 1866, n'ayant pas encore atteint sa huitième année, l'enfant s'y fit promptement remarquer par une aptitude rare pour les cérémonies. Il s'acquitta bientôt de ses fonctions d'enfant de choeur avec une grâce et une intelligence remarquables.

Au sein de la famille, il aimait son père et sa mère de la plus tendre et de la plus vive affection. Son plus grand plaisir était de les aider et de leur rendre service. "Toutefois," rapporte sa bonne mère, "il faisait "des fautes, de temps en temps, mais il était le premier à les reconnaître, "à les avouer et à les faire oublier."

Il vivait dans une étroite union avec son jeune frère et son excellente sœur, mais comme il était très-vif et très-ardent, il faisait naître quelquefois de petites querelles. Alors, en voyant qu'il avait pu blesser ceux qu'il aimait tant, son bon cœur n'y tenait plus. Il demandait pardon, et pour me servir de l'expression de sa sœur: "Il était toujours le premier " à revenir, la rancune lui était absolument étrangère."

Tant et de si belles qualités dans un âge encore tendre promettaient un bel avenir à cet aimable enfant, mais Dieu, dont la conduite est toujours pleine de bonté et de sagesse, n'a pas voulu laisser à la terre un trésor aussi précieux. Il s'est hâté de le retirer du monde, de peur que la malice du siècle ne ternit l'éclat de sa pureté et de son innocence.

Au commencement de septembre de cette année, Alexandre fut atteint d'une maladie cruelle qui a résisté à tout l'art et à toute la science des médecins. Elle a duré 13 jours avec des douleurs très-aigues. Il les supporta, néanmoins, avec une rare patience, puisant sa force dans son amour pour Jésus-Christ en croix. Cet amour était si grand qu'il ne se rassasiait pas de baiser le Crucifix. de baiser le Crucifix. Il collait ses lèvres mourantes sur

les plaies sacrées du Sauveur, avec tant de foi et d'amour, qu'il arrachait des larmes d'attendrissement à tous ceux qui avaient le bonheur de le

voir.-"Oh! que je souffre! s'écriait-il, de temps en temps, mais le Bon "Dieu, sur la croix, a beaucoup plus souffert que moi."-Lorsque ses mains affaiblies par la maladie ne pouvaient plus soutenir l'image sacrée de notre Rédemption, on la lui présentait au pied de son lit, et alors le pieux enfant, faisant un effort sur lui-même, disait:-"Levez plus haut, "levez plus haut, afin que je puisse mieux voir le Bon Dieu crucifié. Cela "fait tant de bien!"

On peut le dire, en un mot, son crucifix était tout pour lui. C'est à cette source de vie que notre petit malade puisait son courage, sa résignation et sa force toute chrétienne.

Son amour pour la prière n'était pas moins remarquable. Alexandre a beaucoup souffert pendant 13 jours; c'est un vrai petit martyr, disait sa bonne sœur. Et cependant, au plus fort de son mal, le courageux enfant ne pensait qu'à prier. Chaque fois que ses parents allaient le voir, ce qui arrivait souvent, il les faisait mettre en prières.-" Priez, priez pour moi, leur disait-il. J'en ai tant de besoin."-Et lorsqu'on s'arrêtait:"Continuez, continuez à prier, cela fait tant de bien." Lorsque sa sœur passait auprès de sa chambre, il l'appelait :-" Viens donc me réciter des "prières, je souffre moins quand on prie pour moi." Très-souvent aussi il appelait son frère Edouard et il lui disait :-"Mon bon frère, je t'en "prie, va à Notre-Dame de Pitié, réciter le chapelet pour moi, aux pieds "de la Très-Sainte Vierge. Si tu savais combien les prières me soulagent "et me font du bien." Et dans un de ces moments où il sentait la mort s'approcher, il disait à son papa :--" Va, mon papa, sois tranquille, quand "je serai au Ciel, je prierai pour toi."

:--“

Qui pourrait dire les mérites que cet enfant de bénédiction a acquis pendant le court espace de temps où il a su mettre à profit les épreuves que la Providence lui a ménagées. Le bon Dieu l'a purifié par la souffrance et sanctifié par l'amour.

Alexandre a eu le bonheur insigne de faire sa première Communion sur son lit de douleur et de recevoir le bon Dieu, pour la première fois, la veille même de sa mort, un samedi, jour consacré à Marie, que l'enfant avait tant priée pendant sa vie. Il faut renoncer à peindre les transports de sa joie et de sa piété. Il était heureux, son bonheur se peignait sur tous les traits de son visage. Et cette joie si pure, ce bonheur si légitime, il s'efforçait de les communiquer à tous les assistants. Le lendemain, quelques heures seulement avant sa mort, ce pieux enfant disait à son père et à sa mère :-"Allez donc me chercher encore le bon Dieu. On est si bien avec lui." Encore quelques instants, cher enfant, et tu le possèderas, ton Dieu, sans crainte de le perdre jamais.

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Alexandre, malgré ses cruelles douleurs, a conservé sa connaissance pleine et entière jusqu'à son dernier soupir. Il se voyait mourir et il ne cessait de répéter:-"Oh! que j'ai hâte d'aller au Ciel! Oh! qu'il me "tarde de voir le bon Dieu! La Sainte Vierge va venir me chercher,

"je l'attends." Oui la Sainte Vierge est venue le chercher, le jour même de sa fête. Et, au moment où ses petits compagnons entonnaient des chants de triomphe et d'allégresse en l'honneur de la Mère de Dieu, l'âme si belle et si pure d'Alexandre rompait doucement l'enveloppe terrestre qui la retenait captive sur la terre, et elle s'envolait, sur les ailes des anges, dans le sein de Dieu, pour y être heureuse à jamais. Il est allé au Ciel achever la fête du saint nom de Marie qu'il avait commencée icibas avec tant de piété et de ferveur.

Après sa mort, on a exposé son corps dans le salon au milieu d'un vert feuillage et de fleurs odorantes. Il semblait un Petit Ange, son visage doux et serein n'avait rien perdu de sa grâce ni de sa beauté. Il n'inspirait aucune frayeur aux assistants et les plus jeunes enfants le contemplaient avec joie, le sourire sur les lèvres, il n'avait que neuf ans.

Un grand concours de parents et d'amis se succédèrent sans interruption auprès de sa couche funèbre, et le mardi, 15 septembre, à 8 heures du matin, ses funérailles ont été célébrées à l'église de Notre-Dame avec beaucoup de pompe et de solennité. Tous les condisciples d'Alexandre, tant ceux du chœur de la paroisse que de l'académie, l'ont accompagné, en versant des pleurs, jusqu'à sa dernière demeure.

Et maintenant, cher petit ange, adieu. Repose en paix jusqu'au grand jour de la Résurrection. Ton corps a été déposé dans le tombeau, mais ton âme radieuse et immortelle est allée, nous n'en doutons nullement, au milieu des chœurs des anges, chanter les louanges de Dieu pour toute l'éternité.

Du haut du Ciel, abaisse tes regards sur nous, console tes parents affligés; prie pour eux. Abaisse aussi un regard d'amour sur tes condisciples qui ont tant pleuré ta perte et qui auraient dû plutôt se réjouir de ton triomphe. Ils sont exposés, hélas! à bien des dangers, veille sur eux; intercède pour eux auprès de la Reine des vierges et qu'ils aient tous le bonheur d'aller un jour te rejoindre au séjour de la paix, de l'innocence et de l'immortalité.

ERRATA.

V. L.

Dans le dernier numéro il s'est glissé plusieurs fautes que nous nous empressons de rectifier, ainsi

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