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"soir, au retour de la journée des ouvriers, enfin des exhortations et les "autres cérémonies de l'Eglise. Parmi les colons, les uns vivent en par"ticulier de leurs revenus; mais la plupart en commun, comme dans une "sorte d'auberge, et tous y sont en Jésus-Christ un seul cœur et une seule âme, offrant en quelque façon une image de l'Eglise primitive." Ce témoignage avantageux, quoique rendu par les Associés mêmes de Montréal, n'était que l'expression simple et naïve de la vérité, si l'on en croit les témoins contemporains les mieux informés et les plus irréprochables.

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XVII.

La colonie de Villemarie offre une image de la primitive église.

Depuis le départ des vaisseaux de l'an passé, écrivait le P. Vimont, une des choses les plus remarquables qui se trouvent dans l'habitation "de Montréal, est la grande union et la bonne intelligence de tous ceux "qui y demeurent. Toutes ces personnes, de différentes humeurs, sont "toutes d'un même cœur et d'un même dessein de servir Dieu, et ne sont qu'un en volonté." Nous ajouterons que cette parfaite unité ne fut pas l'effet d'une ferveur passagère. "Tous ces colons, dit la sœur Morin, restè"rent près de onze ans renfermés dans le Fort, sans que, durant tout ce "temps, il y eût entre eux aucun différend qui pût blesser la ferveur de “la charité. Ceux à qui il échappait quelques paroles trop vives en deman"daient pardon, avant de se coucher, à ceux qu'ils avaient offensés de la sorte, et aussi exactement qu'on aurait pu le pratiquer dans un monas"tère plein de régularité et de ferveur. Enfin, dans ce premier temps, 66 on vivait à Villemarie comme dans la primitive Eglise, selon le témoignage de plusieurs serviteurs de Dieu, à qui je l'ai ouï dire."" Ainsi il "semble, conclut le P. Vimont, que le zèle, la dévotion et la charité de "tous ces messieurs qui se sont associés, en France, à ce pieux et noble "dessein, se sont répandus et communiqués à tous ceux qui demeurent "dans leur habitation, qui ont témoigné avoir reçu beaucoup de faveurs "et de grâces du Ciel, puisque la vie qu'ils ont menée a été une image de "la primitive Eglise." De là le P. Leclerq, Récollet, appelle-t-il Montréal une sainte colonie et les Associés, instruits de tout ce qui s'y passait, ne craignaient-ils pas de dire, dans un écrit dont nous parlerons bientôt : que ce désert, où Jésus-Christ n'avait point été nommé, et naguère le repaire des démons, était alors par sa grâce le délicieux séjour des Anges.

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La vie exemplaire et fervente de ces pieux colons faisait encore dire au P. Vimont: "Il semble que la résolution de se donner entièrement à "Dieu naît avec la pensée de s'établir dans la Nouvelle-France. Ce n'est "pas une petite faveur de Dieu sur ce pays, et elle paraît plus que jamais "en la personne de Messieurs de la Compagnie de Montréal et de tous "ceux qui demeurent en leur habitation. La France en voit une partie

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"nous voyons ici l'autre. Chacun s'est si bien acquitté de son devoir envers Dieu et envers les hommes, qu'on n'a trouvé aucun sujet de se plaindre, l'espace de dix mois entiers (qu'ils ont passés ici). Le com"mandement a été doux et efficace, l'obéissance aisée, et la dévotion aimée "de tous universellement. Si bien que Dieu, qui commande dans cette "habitation, a reçu une satisfaction grande, tant des particuliers que de "leur capitaine; et ceux qui gouvernent l'Eglise ont reçu des uns et des "autres un contentement entier. On y a fréquenté les sacrements avec "profit, écouté la parole de Dieu avec assiduité, et continué les prières "ordinaires avec édification." Il y en avait peu, au rapport de la sœur Morin, qui ne se confessassent et ne communiassent tous les huit jours. D'autres le faisaient plus souvent encore. " On ne voyait, dit-elle, ni "péchés publics, ni haines, ni rancunes; tous n'étaient qu'un cœur en "charité, toujours pleins d'estime et d'affection les uns pour les autres, et prêts à se servir en toute occasion."

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(A continuer.)

LE DIABLE EXISTE-T-IL ET QUE FAIT-IL?

I.

IMPORTANCE DE LA QUESTION.

Cher lecteur, que faites-vous actuellement sur la terre ?-Vous cheminez vers la maison de votre éternité, dont tout à coup, à quelque détour de la route, la mort vous ouvrira la porte. Pour trouver dans ce séjour nouveau et définitif ce que votre cœur désire, la Félicité, il faut, la religion; l'humanité, la conscience vous en avertissent; il faut passer en faisant le bien, comme passa l'Homme-Dieu, notre maître et notre modèle. L'incomparable prérogative de la liberté ne vous a été donnée que pour vous mettre en état de faire le bien. En êtes-vous convaincu ?-Assurément.-La pratique du bien est-elle honorable ?-Evidemment.-La pratique du bien est-elle conforme à nos véritables intérêts ?-Sans aucun doute; sous un Dieu juste et bon, faire le bien est le moyen unique, mais assuré d'atteindre le véritable bonheur.-A merveille; mais alors pourquoi nous arrive-t-il à tous de commettre si souvent le mal, qui ne nous apporte ni honneur ni réel profit? Quelque chose ou quelqu'un nous y invite, nous y sollicite, nous y entraîne. La route du bien n'est pas toujours douce et aplanie. L'on rencontre des obstacles contre lesquels il devient nécessaire de lutter. Le royaume des cieux, c'est-à-dire l'heureuse immortalité, est le prix de l'effort, les braves seuls y atteignent. La vie de l'homme sur la terre est un combat. Ou soldat de la vertu avec l'espoir de la récompense divine, ou esclave du vice, sous la menace du châtiment divin; pas de milieu.

Cher lecteur, je ne vous demande pas de quel côté incline votre cœur. Vous rejetez avec horreur la servitude du vice; vous êtes soldat de la vertu, soldat du devoir, soldat de Dieu. Au soldat qui veut vaincre, que faut-il ? -Du courage!-Oui; mais le courage seul est trop peu, il faut encore la prudence. La prudence exige qu'on s'applique à connaître les ennemis, leur force relative, leur tactique, les armes qui leur sont plus particulièrement redoutables, enfin qu'on acquière cette science qui, dirigeant le courage, assure la victoire.

Or, une voix qui commande l'attention à ceux mêmes qui ont le malheur d'ignorer qu'elle est la voix infaillible de Dieu, la voix du Christianisme nomme clairement les divers ennemis de nos âmes. Fréquemment, nous ditelle, vous trouverez en vous-mêmes, dans la société humaine, et jusque dans le monde matériel, des excitations à enfreindre le devoir; toutefois, le semeur principal du mal ici-bas, le tentateur le plus redoutable, parce qu'il est le plus habile et le plus actif, c'est l'esprit réprouvé et foudroyé

que la langue populaire, après l'Evangile, appele le diable, c'est-à-dire celui qui divise, qui renverse, qui disperse, qui abat et ruine. Ce grand ennemi une fois mis en déroute, le combat n'est plus qu'un jeu; si, au contraire, il triomphe, tout est perdu. Il a fait d'innombrables victimes; vous-mêmes en grossirez un jour la lamentable liste, si vous négligez les armes que Jésus-Christ et son Eglise ont préparées pour vous. Par JésusChrist, vous pouvez résister, vaincre, échapper au royaume ténébreux de Satan, et recevoir au ciel la palme des triomphateurs. Loin de JésusChrist, vous êtes pour Satan une proie assurée.

Tel est l'enseignement catholique. Il indique assez que la question du diable n'est pas seulement une question curieuse, mais une question pratique de la plus grande importance.

II.

EST-IL BIEN SUR QUE LE DIABLE EXISTE?

Cette demande paraîtra superflue à la plupart de nos lecteurs; mais nous écrivons pour tout le monde et dans un siècle où, sans être envoyé à l'hôpital des fous, on a nié jusqu'à l'existence de Dieu. Oui certainement, il existe un mauvais esprit, et même une multitude de mauvais esprits. Depuis quelque temps, au moins en Europe, les démons évitaient d'attirer l'attention. La philosophie du dix-huitième siècle avait]mis à la mode le matérialisme le plus grossier; on s'était habitué à ne croire qu'à ce qui se palpe. Naturellement, le diable consentait à être oublié, pourvu que Dieu le fût aussi. Mais le matérialisme est trop ignoble, trop absurde pour durer toujours la foi en Dieu, un moment obscurcie, brille d'un nouvel éclat. Aussitôt l'endormi se réveille; cet acteur étrange et terrible, qu'on avait relégué au pays des chimères, reparaît sur la scène, et plus que jamais il fait parler de lui.

Mais où sont les preuves de son existence?

1o Dans la croyance unanime du genre humain.

Au commencement, disent avec l'Eglise catholique, avec la synagogue judaïque, avec les sectes hérétiques et schismatiques, les traditions de tous les peuples, l'Etre suprême créa trois sortes d'êtres des êtres matériels, des êtres spirituels, et l'homme composé d'esprit et de matière. Parmi les purs esprits, plusieurs, s'étant révoltés contre le Créateur, perdirent, par leur crime, le souverain Bien. Une fois condamnés, ils se sont obstinés dans le mal, et ils y poussent l'humanité. La Bible, qui parle souvent de ces mauvais esprits, nomme leur chef Satan, Beelzebuth, Lucifer; elle les appelle eux-mêmes mauvais anges, démons (mot qui, dans les auteurs anciens, signifie quelquefois simplement esprits) et diables.

Cette croyance met en évidence un plan providentiel tellement harmonieux, qu'il s'imposerait par lui-même à une raison calme et droite.-Au

dessus de l'univers créé, l'Esprit infini, dont la pensée a conçu et dont la puissance a réalisé toutes choses. Dans l'univers, tout en bas, des êtres qui reflètent les perfections du Créateur sans les connaître ces êtres forment une échelle ascensionnelle, sur laquelle, d'échelon en échelon, la beauté va croissant toujours. Tout en haut, des êtres qui non-seulement reflètent, mais connaissent les perfections de l'Etre suprême, et vivent d'une vie semblable à la sienne, d'une vie d'intelligence, d'amour, de liberté. Et pour former le nœud entre ces deux ordres, l'humanité qui, par le corps, plonge dans le monde matériel, et, par l'âme, entre dans le monde spirituel. En un mot, matière,-esprit soudé à la matière,-esprit dégagé de la matière, voilà un tout complet. Ces trois parties de l'univers ne doivent point être isolées, autrement cela ferait plusieurs univers; tout se tient, le monde matériel, le monde humain, le monde spirituel. Les êtres spirituels demeurent-ils attachés au souverain Bien, ils nous y attirent; s'en éloignent-ils, ils nous en détournent.

Si donc quelqu'un déraisonne, ce n'est pas le genre humain qui croit aux bons et aux mauvais esprits; c'est l'individu qui s'admire si fort luimême qu'il ne peut plus comprendre la possibilité d'un être créé dont la perfection dépasse la sienne.

2o La croyance du genre humain repose sur la parole divine elle-même. Car nos livres sacrés parlent souvent du diable, et saint Jean affirme formellement non seulement qu'il existe, et que les pécheurs sont sous son influence mais encore que le Fils de Dieu est apparu pour détruire les œuvres du diable. (Ep. I, c. III.)

Comme tout esprit, sans excepter notre âme que l'œil corporel ne voit pas, se fait connaître par des actions qu'on ne peut attribuer qu'à lui, de même (nous le verrons bientôt), les démons ont mille fois manifesté leur existence par des actions qu'il est impossible d'attribuer soit à l'homme qu'elles frappent et dont elles surpassent la puissance, soit à Dieu ou aux bons esprits à la sainteté desquels elles sont opposées.

L'existence des mauvais esprits est donc certaine.

Les démons sont des esprits coupables et condamnés.

D'anciens hérétiques, les Manichéens, enseignaient audacieusement l'existence d'un Principe du mal, éternel comme Dieu, Principe du bien, d'un être foncièrement mauvais, en lutte perpétuelle avec Dieu. Erreur monstreuse ! Le bien seul est éternel et nécessaire. Le mal est la défaillance d'un être sorti bon des mains du Créateur. Quand cette défaillance est volontaire, et par conséquent criminelle, on la nomme péché. Dieu tolère le mal-pour un temps,-afin d'offrir un champ glorieux à l'exercice de la vertu. Mais il est absurde d'imaginer que les créatures puissent insulter sans fin le Créateur, l'heure de la justice arrive.

Satan n'est pas non plus, comme l'ont rêvé de modernes romanciers de religion et de philosophie, une simple personnification allégorique du péché,

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