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Villemarie, et, pour le motif que nous avons dit plus haut, M. de Maisonneuve donna au mari le nom de Joseph. Ce sauvage, ravi de l'accueil qu'on lui avait fait, désirait beaucoup que son oncle, capitaine de la nation de l'Ile, et qui était célèbre parmi les Algonquins, en fût informé au plus tôt, dans l'espérance qu'il viendrait à son tour se fixer à Villemarie; et pria qu'on en écrivît aux Trois-Rivières, où son oncle devait aller. Celuici, appelé par les Français le Borgne de l'île, était le plus fameux orateur qu'il y eût alors parmi les Algonquins; mais, quoiqu'il eût permis à ses enfants de recevoir le baptême, il refusait, par orgueil, d'être instruit luimême, de se soumettre au joug de la Foi; et même, sur la fin de l'été précédent, il avait témoigné de l'aversion pour la prière.

XXIV.

Baptême et mariage du Borgne de l'île.

On ne s'attendait donc point à le voir venir à Villemarie, lorsque, le 1er du mois de mars, il arrive sur les glaces, va droit au Fort, et frappe à la porte de la chambre de M. de Maisonneuve. Joseph, son neveu, qui, deux heures auparavant, avait demandé qu'on lui écrivît, fut étrangement surpris en le voyant, et ne pouvait en croire ses propres yeux. Mais il fut bien plus étonné encore, quand il l'entendit dire à M. de Maisonneuve : "L'unique sujet qui m'amène, c'est la prière; c'est ici que je désire prier, "être instruit et baptisé. Que si vous ne l'agréez pas, j'irai aux Hurons, "où les robes noires m'enseigneront, comme je l'espère." Touché de voir le Borgne de l'île dans ces dispositions, M. de Maisonneuve lui fit répondre que, puisqu'il voulait se faire instruire et s'établir, il n'avait que faire d'aller plus loin; qu'il l'assisterait lui-même à Villemarie et l'aimerait comme son frère. Ce chef témoigna beaucoup de reconnaissance de ces offres si bienveillantes, et demanda avec instance d'être instruit. C'était là, en effet, son unique ambition, pour lui-même et pour ceux de sa nation. Ce sauvage, qui autrefois jugeait l'instruction chrétienne indigne de lui, et en détournait les siens, leur déclara alors la résolution qu'il avait prise de l'embrasser, et passa toute la nuit à les haranguer, afin de les porter tous à suivre son exemple, exaltant les avantages de la Foi, condamnant la conduite qu'il avait tenue jusqu'alors, et protestant qu'avec la grâce de Dieu il ferait mieux à l'avenir. Enfin, après qu'il eut été instruit suffisamment et eut fait paraître les dispositions les plus sincères, il reçut le baptême, à l'admiration de tous les Français et à celle de tous les siens, qui l'avaient vu auparavant si éloigné du Christianisme. M. de Maisonneuve lui servit de parrain et le nomma Paul; et madame de la Pelterie donna le nom de Madeleine, qu'elle portait elle-même, à la femme de ce sauvage, qui fut baptisée et mariée le même jour avec lui. On mit à ces cérémonies toute la solennité que permettait l'état des choses, à cause des

heureux effets que la conversion du Borgne de l'île donnait à espérer sur ceux de sa nation. Plusieurs ne purent en être témoins sans répandre des larmes de joie; et le P. Poncet, qui le baptisa, avait peine à se faire entendre, tant il était ému. Enfin, pour que la joie fût complète, M. de Maisonneuve donna une belle arquebuse à Paul, avec les choses nécessaires pour s'en servir; il fit même un grand festin à tous les sauvages; et en vue de fixer le néophyte à Villemarie, il lui donna, comme à Joseph, son neveu, une terre et deux hommes pour lui apprendre à travailler.

XXV.

Effets du baptême dans le Borgne de l'île.

Immédiatement après son baptême, on reconnut visiblement en lui les effets de la grâce de Dieu. Paul, qui auparavant était l'homme le plus orgueilleux du monde, se montra dès lors plein de douceur et d'humilité. Il était si zélé pour apprendre la doctrine chrétienne, qu'il trouvait les jours trop courts, et couchait souvent chez les Missionnaires, afin de se faire instruire pendant la nuit. Il assurait même, avec étonnement, qu'il y avait au-dedans de lui quelqu'un qui l'instruisait et lui suggérait ce qu'il devait dire à Dieu. Il ne cessait de louer la charité de M. de Maisonneuve, la bienveillance des dames de Villemarie, la bonté et la douceur de tous les colons. Les néophytes étaient surtout ravis de ce qu'ils entendaient dire de la bonté et de la miséricorde de Dieu, et assuraient tous que c'était là ce qui les avait gagnés. Paul, qui s'était chargé d'un jeune Huron, aux besoins duquel il pourvoyait, n'eut pas de repos qu'il ne l'eût instruit et mis en état de recevoir le baptême, qu'il reçut en effet avec le nom de Joseph. Touché de reconnaissance de la grâce d'être chrétien, Paul alla trouver M. de Maisonneuve et lui dit que, pour le remercier d'un si grand bienfait, il avait résolu d'achever ses jours auprès de lui, à Villemarie; et que quand il voudrait aller en traite aux Trois-Rivières, il ne le ferait qu'avec son agrément. M. de Maisonneuve le remercia de ce témoignage d'affection; et, par un effet de sa rare prudence, il lui dit qu'il ne voulait le gêner en rien; qu'il pourrait hardiment aller partout où il lui plairait, et pour autant de temps qu'il le voudrait, et qu'il ne l'en aimerait pas moins pour cela. Il jugea que cette liberté serait beaucoup plus avantageuse à Paul pour le maintenir dans la pratique de ses devoirs ; et en effet elle ravit et l'attacha plus fortement que jamais à M. de Maisonneuve.

XXVI.

Troupe de sauvages baptisés à Villemarie

Après les baptêmes dont on vient de parler, quantité d'autres sauvages se présentèrent pour recevoir ce sacrement. Ce qu'il y eut de plus sur

prenant, c'est que plusieurs d'entre eux firent cette demande après un échec qu'ils avaient essuyé de la part des Iroquois, et dans la persuasion où ils étaient que huit de leurs gens avaient été tués sur la place. Malgré leur défaite, ils demandèrent les uns après les autres l'instruction chrétienne et le baptême, dès leur retour à Villemarie, quoique plusieurs parmi eux eussent été adonnés aux sortiléges; et ils firent si bien que, dans le reste du mois de mars, un assez bon nombre, paraissant bien disposés, reçurent, en effet, ce sacrement. Mais leur joie fut à son comble lorsque, sur le commencement d'avril, apercevant à l'autre nord du fleuve SaintLaurent quelques sauvages qui cherchaient un passage sur les glaces pour venir à Villemarie, on reconnut bientôt que c'était la bande de ceux mêmes qu'on avait pleurés comme morts, qui au contraire, retournant victorieux, venaient changer le deuil en réjouissances; et comme cet événement intéressait tous ceux de leur nation, Paul envoya tout aussitôt des députés aux autres, qui étaient dans les bois, pour qu'ils vinssent participer à la fête publique. Enfin on conféra le baptême, cette année, à Villemarie, à soixante-dix ou quatre-vingts sauvages, quoiqu'on le refusât toujours à ceux qui laissaient entrevoir dans leurs demandes quelques motifs d'intérêt temporel, comme il arriva au frère de Joseph et plusieurs autres. Nous pouvons remarquer ici que toutes les personnes de considération de Villemarie, pour attacher davantage les sauvages à la religion, se faisaient un plaisir de leur servir de parrain ou de marraine : ainsi, parmi les dames, madame de la Pelterie, madame d'Ailleboust, mademoiselle Mance, mademoiselle Philippine de Boulongne, mademoiselle Charlotte Barré, Catherine Lezeau; parmi les messieurs, M. de Maisonneuve, M. J.-B. Legardeur de Repentigny, M. Louis d'Ailleboust, M. David de la Touze (*).

(*) Parmi les ouvriers qui voulaient bien rendre le même service aux sauvages, nous trouvons, cette année 1643: Gilbert Barbier, Nicolas et François Godet, Guillaume Boissier, César Léger, Jacques Haudebert, Mathurin Serrurier, Bernard Berté, Jean Caillot, J.-B. Davène, Jean Caron, Pierre Laforest, Léonard Lucot dit Barbot, Jacques Boni, Jean Philippe, Pierre Didier, Pierre Quesnel, Béllanger. Nous citons ici ces noms, qu'on ne retrouve guère que dans les régistres de la paroisse, afin de faire connaître ces généreux Français qui se sont dévoués les premiers à l'œuvre de Villemarie, pour laquelle, presque tous répandirent leur sang.

(A continuer.)

LE DIABLE EXISTE-T-IL ET QUE FAIT-IL?

(Suite.)

VI.

MAIS QUEL INTÉRET A LE DIABLE A NOUS NUIRE?

L'intérêt de sa malice, de sa jalousie, de sa haine !

10. C'est une loi générale de la création que tout être supérieur, appelle à soi et s'assimile l'être inférieur. La matière inorganique est attirée par le végétal, le végétal par l'animal, tous les trois par l'homme, l'homme par l'ange. Moins sensible à celui qui n'a d'ouverts que les yeux du corps, cette forme supérieure de la loi générale n'est pas moins réelle que les autres: l'ange, même déchu, appelle encore l'homme; mais il l'appelle selon les dispositions actuelles de sa volonté pervertie, pour le rendre mauvais comme il l'est devenu lui-même.

20. La conduite des hommes méchants nous aide, hélas! à comprendre celle du diable. Ils marchent dans des voies ténébreuses; ils se réjouissent quand ils ont fait le mal, et ils tressaillent d'orgueil au milieu des œuvres les plus perverses. Dévoré par le besoin d'agir, et ne pouvant plus faire partager à l'homme la grâce, la joie, la pureté qu'il a perdues, le démon s'efforce de lui inoculer l'impiété, le blasphème, l'aversion du souverain Bien. Il voit l'ange fidèle, après l'avoir vaincu dans la grande lutte entre les deux armées angéliques, accomplir près de l'homme, son jeune frère, le charitable ministère qui lui a été confié ; il voit l'homme, comblé de ces dons magnifiques dont il est ignominieusement dépouillé, monter vers le tróne que sa chute a laissé vide. Il est jaloux, et sa jalousie le pousse incessamment à faire régner, avec le péché et par le péché, la mort sur notre globe. Enfin, impuissant à frapper Dieu dont le bras châtie son insolence, il essaie de se venger sur les êtres plus faibles que Dieu environne de sa tendresse paternelle. L'apôtre saint Jean a dit tout cela en quelques brèves et lumineuses paroles.

"Il se fit un grand combat dans le ciel. Michel et ses anges combattaient contre le dragon, et le dragon luttait soutenu par ses anges. Mais ils ne purent l'emporter, et leur place se trouva vide dans le ciel. Et ce grand dragon, l'antique serpent, appelé diable et Satan, séducteur de l'univers entier, fut jeté sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui... Terre et mer, malheur à vous! Car le diable est descendu vers vous; et sachant que son temps est court, il est animé d'une grande colère... Se voyant jeté sur la terre, le dragon poursuivit la femme qui

avait enfanté un fils (la femme mystérieuse que le prophète a vue revêtue du soleil, Marie.) Deux ailes ayant été données à la femme (pour lui échapper,) il conçut contre elle une rage furieuse et s'en alla guerroyer contre le reste de sa race, contre ceux qui gardent les commandements de Dieu, et ont le témoignage de Jésus-Christ." (Apocal., XII.)

Sans doute, dans cette guerre, le démon ne gagnera finalement qu'un surcroît de rage et de confusion à la vue des Bienheureux qui, en si grand nombre, l'auront vaincu, et dont ses vaines attaques rehausseront le bonheur, et la gloire; mais actuellement, il satisfait sa perversité, il se crée un empire, il contrarie les desseins de son vainqueur. C'est assez pour faire de lui ce lion rugissant qui rôde autour de nous, cherchant qui dévorer. (1 Petr., v, 8.)

VII.

LA RELIGION DU DIABLE.

Qui dit religion, dit lien qui unit et relie l'homme à Dieu d'abord, et ensuite aux autres créatures de Dieu, selon leur nature et leur place dans le plan général de l'univers. Adorer Dieu, - honorer les bons esprits et les hommes vertueux que Dieu, comme un bon père, fait participants de sa puissance bienfaisante,-pratiquer la justice et la charité à l'égard de ses semblables,-et faire du monde matériel un moyen de perfection pour l'homme et non un obstacle au règne de Dieu; tels sont les caractères de la vraie religion. Les fausses religions manquent à une ou plusieurs de ces quatre conditions fondamentales, soit par excès, soit par défaut. Ainsi le protestantisme, qui ne rend aucun honneur aux anges et aux saints, pêche par défaut. Assurément, il ne fait pas trop pour Dieu; mais il devrait faire plus pour les amis de Dieu.-Un certain marin normand avait été jeté par la tempête sur la côte anglaise; bien malade, il reçoit la visite de M. le ministre protestant. D'abord ils s'entendirent à merveille; le ministre l'entretenait de la charité de NotreSeigneur, et le marin trouvait que, sauf le costume, M. le ministre remplaçait assez convenablement son curé. Cependant il l'interrompt et lui dit: "Mais vous ne me parlez point de la sainte Vierge !-Non! nous autres, nous ne nous occupons pas de Marie! vous n'honorez pas la sainte Vierge, mère de Dieu! eh bien, vous n'êtes pas un vrai prêtre de la vraie religion!..." Et le vieux matelot envoie M. le ministre à tous les diables. Sur ce dernier point, son zèle était intempérant; mais sur le fond de la question, il avait cent fois raison.

Depuis la prédication de l'Evangile, les religions qui se sont formées par séparation du catholicisme, religion universelle et entière, pèchent en général par défaut. On ne veut pas se soumettre sur tel ou tel point: si c'est un dogme, on le nie; si c'est un commandement on l'oublie.

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