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Nantes; elle était entière dans la théologie de ce savant prélat; il était résolu à ne jamais perdre de vue dans sa marche ce flambeau. Toutes les fois que l'évêque de Nantes lui disait: Cela attaque la foi des catholiques et l'église, il s'arrêtait; assuré ainsi de ne pouvoir s'égarer dans ce dédale, il était sûr de la réussite avec du temps et ses grands moyens d'influence; car, à la religion près, il était en mesure de tout exiger des évêques. En 1813, sans les évènements de Russie, le pape eût été évêque de Rome et de Paris, et logé à l'archevêché. Le sacré-college, la datérie, la pénitencerie, les missions, les archives, l'eussent été autour de Notre-Dame et dans l'Ile-Saint-Louis; Rome eût été transportée dans l'ancienne Lutèce.

L'établissement de la cour de Rome dans Paris eût été fécond en grands résultats politiques; cette influence sur l'Espagne, l'Italie, la confédération du Rhin, la Pologne, aurait resserré les liens fédératifs du grand empire; et celle que le chef de la chrétienté avait sur les fidèles d'Angleterre, d'Irlande, de Russie, de Prusse, d'Autriche, de Hongrie, de Bohême, fut devenue l'héritage de la France; cela seul explique ce discours qu'avait retenu mais que ne pouvait s'expliquer l'évêque de Nantes. Un jour, à Trianon, il représentait avec énergie

l'utilité et l'importance dont était le chef visible de l'église de Jésus-Christ pour l'unité de la foi. «Monsieur l'évêque, soyez sans inquié«< tude, la politique de mes états est intimement « liée avec le maintien et la puissance du pape; « il me faut qu'il soit plus puissant que jamais, « il n'aura jamais autant de pouvoir que ma politique me porte à lui en desirer. » L'évêque parut étonné, et se tut: quelques semaines après il voulut relever ce propos; mais il ne put y parvenir, Napoléon n'avait que trop parlé.

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C'est un fait constant qui deviendra démontré tous les jours davantage, que Napoléon aimait sa religion, qu'il la voulait faire prospérer, l'honorer; mais en même temps s'en servir comme un moyen social pour réprimer l'anarchie, consolider sa domination en Europe, accroître la considération de la France et l'influence de Paris, objet de toutes ses pensées : à ce prix il eût tout fait pour la propagande, les missions étrangères, et pour étendre, accroître la puissance du clergé. Déja il avait reconnu les cardinaux comme les premiers de l'état; ils avaient le pas dans le palais sur tout le monde: tous les agents de la cour papale eussent été dotés avec magnificence, et de manière à ce qu'ils n'eussent rien à regretter de leur existence Mélanges.-Tome I.

II

passée. C'est par une suite de tout cela, que Napoléon était sans cesse occupé de l'amélioration de l'embellissement de Paris : ce n'était pas seulement par amour des arts, mais aussi par une suite de son systême. Il fallait que Paris fût la ville unique, sans comparaison avec toutes les autres capitales: les chefs-d'oeuvre des sciences et des arts, les musées, tout ce qui avait illustré les siècles passés s'y devaient trouver réunis; les églises, les palais, les théâtres devaient être au-dessus de tout ce qui existe. Napoléon regrettait de ne pouvoir y transporter l'église de Saint-Pierre de Rome; il était choqué de la mesquinerie de Notre-Dame.

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Ve NOTE. SUR LES BULLES.

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(Volume II.)

<< Les contestations du pape avec Napoléon datent de << la fin de 1805 : j'en dirai la cause ailleurs. Pendant « qu'elles duraient jusqu'en 1809, les bulles furent données « à plusieurs évêques dans la forme ordinaire. Les diffé«< rends s'aggravèrent, le pape commença à omettre le nom « de Napoléon dans ses bulles une bulle fut délivrée' <«< dans cette forme. Sur l'observation qui en fut faite au « conseil d'état, Napoléon ordonna de passer outre, et de publier la bulle. Il s'exprima avec légèreté sur cette omission, en disant que son nom y fût ou n'y fût point, la « bulle n'en était pas moins bonne, et que cela ne lui faisait <«< rien du tout, en quoi il avait tort; car il ne s'agissait « point de lui personnellement, mais d'un droit de souveraineté, chose qui ne doit jamais être traitée légèrement.

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Les formes établies par le concordat de 1801 étaient les mêmes que les formes établies par le concordat de François 1er. Ces formes étaient elles-mêmes une chose insignifiante; cependant Napoléon n'eût pas été fâché de les changer, et s'étant aperçu que la cour de Rome affectait de ne plus prononcer son nom, il fit proposer que désormais les bulles ne fussent plus demandées directement par lui au pape, mais le fussent par le ministre du culte; et qu'en conséquence, il ne fût plus fait mention de son

JJ.

nom dans les bulles d'institution, bien entendu que du reste il ne serait rien changé à la formule qui constatait que la cour de Rome ne nommait pas les évêques, motu proprio. Le pape comprit parfaitement le piége. Cela n'avait pour but que de faire descendre le saint-siège en le faisant correspondre avec un ministre comme les autres évêques; il se refusa d'adopter cet expédient qui empirait sa position; il fit fort bien dans l'état de splendeur où était le trône impérial, le pape ne pouvait faire rejaillir rien sur lui, tandis que l'étiquette du palais impérial, les communications directes avec le souverain, distinguaient l'évêque de Rome et maintenaient sa splendeur et son rang.

Cette proposition eut ce bon effet, qu'elle fit sentir à la cour de Rome combien les temps étaient changés. L'empereur avait fait offrir de lever cette difficulté en rétablissant la pragmatique que lui renoncerait à nommer les évêchés, pourvu que l'institution canonique fût donnée par le synode métropolitain. Mais ce n'était pas à la cour de Rome qu'il fallait apprendre que la couronne n'aurait perdu aucune de ses prérogatives, puisque les chapitres qui avaient tant besoin du gouvernement lui eussent eux-mêmes accordé la nomination, tandis que le saint-siège eût réellement perdu toute intervention dans l'église de France.

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