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Napoléon a appesanti sa main sur un grand nombre de membres du clergé, surtout en 1813. Les mémoires de Sainte-Hélène , que je crois sincères sur cet article, arti<«< culent qu'il y a eu plus de 500 captifs parmi le clergé. << Sûrement cela est bien déplorable: un seul serait trop. <«< Mais est-ce seulement sur les prêtres, ou sur des hommes pris en flagrant délit de contraventions à leurs engage«<ments et aux lois de leurs pays, que les coups sont tombés? << En quel pays cela serait-il toléré, ou resterait impuni ? Ici « la vérité force à des aveux pénibles.

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Il est singulier de voir citer le manuscrit de Sainte-Hélène comme une autorité; cet ouvrage est sans doute l'oeuvre d'un homme d'esprit, mais qui est parfaitement ignorant des matières qu'il traite. Il dit que le nombre des prêtres arrêtés a été de cinq cents: le fait est qu'il n'y a jamais eu plus de cinquante - trois prêtres retenus par suite des discussions avec Rome ils l'ont été légitimement. Le cardinal Piétro, parce qu'il était à la tête de la correspondance avec la petite église, pour établir des vicaires apostoliques, ce qui était contraire aux principes de l'église gallicane et à la sû

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reté de l'état; le cardinal Pacca, parce qu'il avait signé la bulle d'excommunication, dont on ne sut aucun mauvais gré au pape, mais dont on fit retomber la responsabilité sur le ministre qui l'avait signée : l'intention était, si quelque individu eût été assassiné à Rome, par suite de cette bulle, de prendre ce cardinal à partie; mais elle excita partout le plus grand mépris, ce qui fut un grand bonheur pour les cardinaux et les prélats de la cour de Rome. Le vicaire de Paris, d'Astros, était en correspondance avec le cardinal Piétro : il avait reçu et colporté clandestinement des bulles inconnues et non reçues en France; ce qui était contre les principes de l'église gallicane, et caractérisé comme délit par le code pénal.

Mais comment cinq cents prêtres auraient-ils été arrêtés pour les affaires de l'église, lorsque, dans les six prisons d'état, il n'y avait, à cette époque, que deux cents quarante-trois individus, en tout, qui se composaient: 1o de prêtres qui étaient dans le cas ci-dessus, d'émigrés définitivement maintenus sur la liste, ayant porté les armes contre la nation, agents de l'Angleterre ou des puissances étrangères, qui avaient violé leur ban; et, s'ils eussent été traduits devant les tribunaux, ils auraient été sur-le-champ condamnés à mort, rigueur que l'on ne voulait

pas exercer; 2o de chefs des chouans ou agents de la guerre civile, condamnés à mort, mais qu'on retenait parce qu'ils avaient fait des révélations, et qu'on avait besoin de leurs connaissances, soit pour les confronter avec les nouveaux chouans que l'on arrêtait, soit pour obtenir des renseignements sur les localités et les évènements passés qu'il était utile d'approfondir; 3° d'émigrés amnistiés mais scumis à la surveillance, qui avaient tramé des conspirations contre l'état et le gouvernement: si on les eût traduits aux tribunaux, ils eussent été condamnés à mort; mais l'instruction du procès eût contribué à entretenir l'inquiétude publique sur le danger que courait la France de perdre son chef. D'ailleurs, quelques-uns de ces complots étaient criminels, mais si bêtes, tel que celui du baron de la Rochefoucauld et du commissaire des guerres de l'armée de Condé, Vaudricourt, qu'il était suffisant de garder ces individus dans les prisons d'état jusqu'à la paix; 4° d'hommes de basse classe couverts de crimes prévôtaux, mais tenant à des bandes encore existantes, que les jurés n'avaient pas osé condamner, quoiqu'ils fussent convaincus de leur culpabilité, dans la crainte de leurs complices. Un procès-verbal signé des juges du tribunal qui avaient présidé aux dé

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bats, constatait ces faits; un autre procès-verbal du préfet et du conseil de préfecture était à l'appui, et demandait que ces personnes ne fussent pas mises en liberté, ce qui eût été dangereux pour la tranquillité publique : tels étaient les gens qui composaient le nombre des deux cents quarante-trois détenus dans les six prisons d'état, pour un empire de quarante millions de population, sortant d'une terrible révolution qui avait ébranlé toutes les bases sociales, empire long-temps agité par des discordes civiles et encore soulevé par les guerres étrangères. Un pareil résultat est sans exemple dans l'histoire des nations, puisque, dans le cours ordinaire des choses, il n'est pas d'état, en Europe, qui n'ait un nombre plus considérable de personnes arrêtées, écrouées dans les prisons, par diverses autorités, sous des formes approuvées par les lois. Ces deux cent quarante-trois individus, nombre qui depuis a toujours diminué, étaient retenus dans six maisons: Vincennes en était une; c'était donc, l'une portant l'autre, trente à quarante individus.

Ces prisons d'état furent instituées par un décret délibéré au conseil d'état, le 3 mars 1810: c'était un réglement libéral et un acte d'administration bienfaisant, mais qui, mal compris, a fait naître les plus étranges idées

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dans les pays étrangers. Sir Francis Burdett a reproché à Napoléon, dans une assemblée de Westminster, d'avoir établi six bastilles. Le décret était conçu en ces termes :

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Napoléon, empereur des Français, roi d'Italie, protecteur de la confédération du Rhin, << médiateur de la confédération Suisse, etc, etc. « Sur le rapport de notre ministre de la po«< lice générale. Considérant qu'il est un cer<«<tain nombre de nos sujets détenus dans les prisons d'état, sans qu'il soit convenable ni « de les faire traduire devant les tribunaux, ni «de les faire mettre en liberté; que plusieurs << ont, à différentes époques, attenté à la sû« reté de l'état, qu'ils seraient condamnés par << les tribunaux à des peines capitales; mais << que des considérations supérieures s'op« posent à ce qu'ils soient mis en jugement; que d'autres, après avoir figuré comme «< chefs de bandes, dans les guerres civiles, ont « été repris de nouveau en flagrant délit; et « que des motifs d'intérêt général défendent également de les traduire devant les tribu<«<<naux; que plusieurs sont ou des voleurs << de diligence, ou des hommes habitués au « crime, que nos cours n'ont pu condamner, << quoiqu'elles eussent la certitude de leur culpabilité, et dont elles ont reconnu que l'élar

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