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ment elle perdrait le sentiment des nécessités réelles. Mais elle ne doit point l'oublier, sous peine de marcher au hasard dans des contradictions sans fin. Le vrai politique est un philosophe comme le pensait Platon, mais un philosophe qui sait que le règne de la philosophie n'est pas de ce monde, et qu'il faut savoir traiter avec les hommes tels qu'ils sont, afin de les conduire peu à peu à ce qu'ils doivent être.

DE LA

PHILOSOPHIE MORALE

ET POLITIQUE.

LIVRE PREMIER.

CHAPITRE PREMIER.

SOCRATE.

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Origines de la morale en Grèce. Les poëtes, les Sages, les philosophes, les Sophistes. Socrate. Caractère scientifique de sa morale. - Sa méthode. Ses théories. Théorie de la tempérance. Théorie de la justice. Ses idées sur la famille et sur le travail.

de Socrate.

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Principes religieux

Role politique de Socrate.

La philosophie morale et politique peut être considérée à bon droit comme une des inventions de la Grèce antique. Vous trouveriez encore en Orient des systèmes de morale, mais nulle part (la Chine exceptée) de véritables spéculations politiques. C'est d'ailleurs de l'antiquité grecque et romaine et non de l'antiquité orientale que nous tenons la plupart de nos idées. L'Orient ne s'est mêlé à la civilisation de l'Europe, au moins dans les temps historiques, que par l'intermédiaire du judaïsme et du christianisme. Mais le christianisme lui-même n'a fait que cultiver et féconder un sol préparé depuis longtemps par la philosophie des anciens. C'est donc à cette source qu'il nous faut retourner pour voir naître et s'annoncer les débats qui ont partagé

TOM. I.

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les modernes, ou qui partagent encore les contemporains, sur les fondements du devoir, du droit, de la souveraineté. On verra que ces problèmes, à peine nés, n'ont pas été peu approfondis par les anciens; peut-être même ceux qui ont le sentiment et le goût de l'antiquité trouverontils que si les modernes ont apporté dans ces débats plus d'ardeur et de passion, et aussi plus d'exactitude logique, ils n'ont point tout à fait atteint à la majesté et à la grandeur de ces monuments antiques, dont le souvenir et l'autorité ne s'effaceront jamais parmi les hommes.

:

La morale a commencé en Grèce avec la poésie. Les poëtes, qui furent les premiers théologiens de la religion grecque, en furent aussi les premiers prédicateurs. Ce peuple artiste apprit, comme en se jouant, la différence du juste et de l'injuste, de l'honnête et du honteux il fut d'abord bercé, comme les enfants, par la mesure et par le chant. Cette origine eut son influence sur toute la philosophie, et c'est presque toujours sous la forme du beau que les Grecs se sont représenté le bien. Après les poëtes vinrent les Sages, personnages assez obscurs, hommes politiques, législateurs ou savants, qui ramassèrent en quelques maximes vives et laconiques (1) les principes de la sagesse populaire ; quelques-unes de ces maximes eurent une grande fortune dans la philosophie ancienne. « Ce furent là, dit Platon, les prémices de la sagesse grecque (2)..» Un de ces sages passe pour le fondateur de la philosophie. Il semble que cette philosophie aurait dû être d'abord

(1) Bpzyuλoyía vis Axxovixń. Protag. (Plat. éd. Becker, p. 213). (2) Ἀπαρχὴ τῆς σοφίας (16., p. 515).

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toute morale. Il n'en fut pas ainsi. Elle se perdit en recherches prématurées sur le principe de l'univers, et ce ne fut que par un long détour, et à travers de. périlleuses pérégrinations, qu'elle revint au yvo: GUTÒV (connais-toi toi-même), qu'un des Sages avait le premier prononcé, sans en entrevoir toute la portée.

Cependant l'une de ces écoles, l'école de Pythagore, avait essayé d'introduire quelque méthode scientifique dans l'analyse des vérités morales. On voit apparaître les définitions, témoignage incomplet encore, mais déjà frappant, du besoin d'éclaircir les idées populaires (1). Mais ces premiers et insuffisants efforts de l'esprit scientifique s'unissaient à un symbolisme mystérieux qui ressemblait beaucoup plus à la langue de la religion et de la poésie qu'à celle de la philosophie. De plus, les doctrines de Pythagore, remarquables sans doute par l'élévation du caractère moral, inclinaient évidemment à l'ascétisme; la mortification du corps, l'obéissance au chef, la vie commune, sont des principes qui appartiennent à l'Orient beaucoup plus qu'à la Grèce. L'Institut pythagorique, qui a quelque temps gouverné les villes de la Grande-Grèce, avait beaucoup d'analogie avec les instituts sacerdotaux de l'Orient; l'aristocratie pythagoricienne serait devenue infailliblement une théocratie. A ce point de vue, on doit se féliciter qu'elle ait succombé. Néanmoins, il y a dans le pythagorisme beaucoup d'idées dignes d'admiration. Les analogies qu'il entrevit entre la musique, les mathématiques et la philosophie, se per

(1) Arist. Mét. A, 5; Magn. moral. 1, 1, Eth. Nicom. v, 8, Diog. Laërt. vш, 33.

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