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engage la guerre contre les barbares, le prêtre contre les démons. » Jusqu'ici saint Chrysostome semble n’admettre qu'une supériorité toute morale; mais allons plus loin. « Nous voyons dans l'Ancien Testament, que les prêtres oignaient les rois, et aujourd'hui encore le prince courbe la tête sous les mains du prêtre. Ce qui peut nous apprendre que le prêtre est supérieur au roi; car celui qui reçoit la bénédiction est évidemment inférieur à celui qui la donne. » Vient alors l'histoire du roi Ozias qui était entré dans le temple pour faire un sacrifice. « Le pontife Azarias y entra après lui pour le chasser, non comme un roi, mais comme un esclave fugitif, ingrat et contumace..... Il ne regarda point à la grandeur et à la majesté de la puissance; il n'écouta point ce mot de Salomon : la menace du roi est semblable à la fureur du lion; mais levant les yeux vers le roi du ciel, il se précipita sur le tyran. Entrons avec lui et écoutons le discours qu'il lui tient : « Il ne t'est pas permis, Ozias, d'offrir l'encens à Dieu. » Il ne l'appela pas roi, car Ozias, en se déshonorant, s'était lui-même dépouillé de la majesté royale. Celui qui commet une faute est esclave, portât-il six cents couronnes sur la tête (1). » Cependant saint Chrysostome lui-même, dans un autre passage (2), se montre très-favorable à la puissance, commente avec force les principes de saint Paul et n'excepte pas les apôtres mêmes de l'obéis

sance.

Ainsi, à part quelques paroles dispersées et sans conséquence, les rapports de l'Eglise et de l'Etat

(1) Chrysost. Tepi äpxns. Homil. xxi (Eclog. ex div. homil.). (2) Chrys. in Paul. ad Rom. c. 13, serm. xxın,

restent en général, dans ces premiers siècles, tels que les ont établis Jésus-Christ et les apôtres. Persécutée, l'Eglise ne résiste que lorsqu'on la veut forcer de trahir la loi de Dieu. Triomphante, elle demeure soumise, tout en commençant à parler un langage plus ferme. Le pouvoir temporel conserve son autorité : les peuples n'ont pas d'autres maîtres que les rois. Le tribut, signe certain de la dépendance civile et de la suprématie politique, est payé par l'Eglise comme par les laïques. La cité du ciel et la cité de la terre vivent en paix.

Néanmoins, le christianisme léguait à l'avenir une des questions politiques les plus compliquées et les plus obscures, et que l'antiquité n'avait guère connue : celle des rapports de l'Eglise et de l'Etat. En proclamant un royaume de Dieu, en revendiquant la liberté de conscience, en affirmant enfin qu'il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes, le christianisme affranchissait l'homme de l'Etat; il lui donnait une autre loi, une autre fin, un autre principe. Le chrétien restait soumis, mais volontairement; et toute sa vie morale, sa vie véritable était en dehors de la cité. De même que le stoïcisme affranchissait l'homme de l'Etat (en théorie au moins), et en faisait un citoyen du monde, un membre de la république universelle, de même aussi le christianisme affranchissait l'homme en l'appelant à une cité céleste, dont Dieu est le roi, et dont les membres sont les saints. Cette idée avait été le fond de l'ouvrage célèbre de saint Augustin. Tous les philosophes anciens avaient eu leur cité, leur République. Saint Augustin répondait donc à une idée de l'antiquité, en propo

sant aussi à son tour une cité parfaite, qui, voyageant sur la terre, n'a son vrai royaume que dans le ciel. Ici-bas, elle est mêlée à la cité terrestre; elle jouit de sa protection; elle profite de la paix que celle-ci lui assure. Elle vit à l'ombre de ses lois ; mais sa vraie patrie est ailleurs. L'Etat n'est plus que le protecteur visible de la cité invisible, de la vraie cité.

Mais cette cité invisible, en attendant qu'elle trouve en Dieu la paix et l'éternel repos, vit et combat ici-bas sous une forme visible. Elle aussi, elle a ses lois, sa forme extérieure, son gouvernement: c'est l'Eglise. L'Eglise, en face de l'Etat, représente la liberté de la conscience; c'est sa grandeur. Mais bientôt ne recherchera-t-elle point autre chose? Etant le royaume de Dieu, consentira-t-elle longtemps à se soumettre au royaume de la terre? Appelée à maintenir parmi les hommes la paix, la foi, la pureté des mœurs, pourrat-elle supporter sans résistance le spectacle de l'impureté, de l'impiété, de l'orgueil et de la tyrannie sur le trône? N'est-elle pas chargée de défendre les petits contre les grands, les affligés contre les oppresseurs? Voilà l'Eglise intervenant entre les princes et les sujets; la voilà jugeant, décidant du gouvernement temporel, s'attribuant le suprême arbitrage entre les peuples et les rois; de cet arbitrage à la suprématie absolue et universelle, l'intervalle n'est pas grand. L'Eglise devient supérieure à l'Etat; mais, comme elle a elle-même un gouvernement, des lois, des pouvoirs et des armes, elle est un Etat au-dessus de l'Etat que dis-je, elle devient l'Etat lui-même. C'est ainsi qu'une révolution, née d'abord de la liberté, aboutit à une nouvelle espèce

d'absolutisme, l'absolutisme théocratique. L'Etat oppresseur dans l'antiquité devient opprimé il lutte et finit par recouvrer, après plusieurs siècles, la liberté et l'indépendance. Cette lutte, ce conflit, cette victoire, voilà l'histoire politique du moyen âge.

CHAPITRE SECOND.

SAINT BERNARD. LE SACERDOCE ET L'EMPIRE.

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Saint

Invasion des barbares: Boèce, Isidore de Séville. Saint Bernard.
Politique du 1x au XIIIe siècle. Fausses décrétales. Hincmar.
Nicolas Ier. — Grégoire VII. — Adversaires de Grégoire VII. -
Bernard. Hugues de Saint-Victor. Thomas Becket. Jean de
des jurisconsultes; décrétistes
Hugues de Florence. Théories des scholastiques.
Alexandre de Hales. - Saint Bonaventure.

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Salisbury. et légistes.

Innocent III.

Pierre Lombard.

Débats

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Les quatre premiers siècles de l'ère chrétienne avaient été employés par les apôtres et les Pères de l'Eglise à fonder le dogme chrétien, à répandre et à enseigner la morale, à convertir les gentils, enfin à conquérir l'Etat lui-même, et à établir le christianisme sur le trône des empereurs. Toutes ces grandes entreprises étaient à peu près achevées au commencement du ve siècle. C'est alors que le monde romain fut bouleversé, et la civilisation confondue pendant plusieurs siècles par les invasions des barbares : du ve siècle au 1x°, et même au XIe siècle, c'est une triste décadence, où il ne faut pas espérer trouver de traces d'une philosophie morale; c'était beaucoup alors de conserver quelques vestiges de la science, des lois, de la langue même de l'antiquité. Les seuls noms qui méritent d'être cités dans cet intervalle, sont ceux de Boèce et d'Isidore de Séville, beaucoup moins encore pour leur valeur propre (car l'un n'est qu'un rhéteur éloquent, l'autre un compilateur), que pour l'autorité dont ils jouirent au moyen âge. Boèce

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