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moire primitif; par exemple, les chapitres sur la morale et la politique chrétienne, sur le moyen âge avant et après saint Thomas d'Aquin, sur l'école de Machiavel, sur la morale du xvr siècle, sur la politique protestante au xvi° siècle, sur l'école de Montesquieu. D'autres ont été complétement refondus; par exemple, les chapitres suivants saint Thomas d'Aquin, Machiavel, Hobbes et Spinosa, Locke, Kant. Enfin les autres parties du livre, sans être aussi largement remaniées, ont été très-modifiées, et, je l'espère, améliorées.

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Ce que nous n'avons pas changé dans le livre, ce sont les doctrines d'abord nous ne le devions pas, et d'ailleurs nous n'avions aucune raison de le faire. C'était l'esprit de ce travail, beaucoup plus que son mérite, que l'Académie avait voulu récomp enser; j'espère qu'elle le retrouvera intact et fidèle dans le livre que nous publions.

Il me reste, en terminant, à exprimer mes remerciments au savant bibliothécaire de Strasbourg, M. le professeur Yung, pour l'extrême obligeance avec laquelle il a mis à ma disposition les trésors de sa bibliothèque et de sonérudition bibliographique.

INTRODUCTION.

Dans tous les temps il s'est rencontré des écrivains philosophes, qui, sans avoir participé aux fonctions publiques, où les ayant traversées, ont occupé les loisirs de l'état privé à rechercher les principes de la politique. Quelques-uns ont cru devoir s'excuser d'une telle entreprise. Machiavel, qui avait, autant que personne au monde, le droit de traiter ces matières, ayant été mêlé aux plus grandes affaires de son temps, se demande dans la dédicace du Prince à Julien de Médicis, s'il est permis à un particulier de donner des leçons à ceux qui gouvernent; et il répond ingénieusement que ceux qui sont dans les vallées peuvent voir beaucoup de choses que l'on n'aperçoit pas sur les hauteurs. J.-J. Rousseau se fait la même objection: « On me demandera si je suis prince ou législateur pour écrire sur la politique. Je réponds que non, et que c'est pour cela que j'écris sur la politique. Si j'étais prince ou législateur je ne perdrais pas mon temps à dire ce qu'il faut faire. Je le ferais, ou je me tairais. Ces pa

roles de Rousseau sont peut-être plus orgueilleuses que judicieuses. Il est plus facile de dire ce que l'on ferait étant prince, que de le faire quand on le devient. D'ailleurs le Contrat social est un ouvrage tout spéculatif, qui ne nous apprend guère comment il faut agir dans la pratique. Les paroles de Machiavel sont plus raisonnables; mais on peut les rétorquer. Car si l'on voit de la vallée beaucoup de choses qui échappent sur les hauteurs, on aperçoit aussi sur les hauteurs beaucoup de choses que ne voit pas l'habitant des vallées. Ce ne sont point là des raisons.

Le vrai principe du droit qu'ont les hommes privés qui réfléchissent de traiter des matières d'Etat, sans avoir besoin pour cela d'être ministres ou d'être princes, c'est le droit dévolu par la nature à la raison humaine d'observer et d'étudier tous les faits et tous les objets qui nous entourent, et qui intéressent notre condition. S'il a été permis à l'homme de sonder le secret du Créateur et de découvrir les lois du système du monde, lois auxquelles il n'a point coopéré, et qu'il ne peut qu'appliquer sans y changer un iota, comment lui serait-il interdit de pénétrer le secret d'un mécanisme qui le touche de bien plus près, dont il est partie intégrante, et quelquefois partie souffrante, et qui paraît être l'ouvrage des hommes ? Sans doute, s'il s'agit d'une

mesure à prendre, l'administrateur est ordinairement le plus compétent, quoique même alors le bon sens public ne soit peut-être pas méprisable. Mais rechercher le principe et la nature de l'Etat, en déterminer les conditions éternelles, les formes diverses, les lois de développement, les obligations et les droits, c'est là l'objet de la science et non du gouvernement. Celui-ci est trop occupé à agir, pour avoir le temps de penser. S'il s'avisait d'agiter des problèmes spéculatifs, il négligerait les affaires et les intérêts pour le maniement desquels il existe. Il faut cependant que ces problèmes soient traités et discutés: autrement le mécanisme de l'Etat deviendrait bientôt, semblable à ces outils grossiers, admirable invention de l'enfance des âges, mais qui conservés par la routine, défendus par le préjugé, sont un obstacle à tout progrès. Sans l'examen et la critique, le monde entier se transformerait en une Chine universelle.

Il y a donc une science de l'Etat, non pas de tel ou tel Etat en particulier, mais de l'Etat en général, considéré dans sa nature, dans ses lois, et dans ses princi pales formes. C'est cette science que j'appelle la philosophie politique, et dont j'entreprends l'histoire.

Mais, quoique la philosophie politique soit une science qui ait ses principes propres et ses lois particulières, quoi

qu'elle porte sur un ordre de faits qui ne doit être confondu avec aucun autre, il est utile et même nécessaire de ne point la séparer d'une autre science à laquelle elle est naturellement unie par mille liens divers, je veux dire la philosophie morale. Les publicistes anciens n'ont jamais mis en doute cette alliance de la morale et de la politique; et les plus grands d'entre eux ont été aussi les plus grands moralistes de leur temps: Platon, Aristote, Cicéron. Il n'en a pas toujours été ainsi chez les modernes ; la division des sciences a été cause que l'on a vu des moralistes négligeant presque entièrement la politique, et des publicistes étrangers à la science de la morale: cette séparation même n'a pas été sans inconvénient. Néanmoins, ces deux études n'ont. jamais cessé d'influer l'une sur l'autre, et elles ont une histoire commune.

Nous voudrions, dans cette Introduction, exposer les relations de ces deux sciences, et montrer par où elles se séparent et par où elles s'unissent. C'est là un sujet très-vaste et dont nous ne pourrons qu'indiquer les points principaux. Ce sera en même temps faire connaître l'esprit de ce livre, et en recueillir la pensée principale, un peu dispersée au milieu des études si variées et si complexes qui vont suivre.

Nous rencontrons sur cette question deux doc

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