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DE LA RELIGION,

CONSIDÉRÉE DANS SES RAPPORTS

AVEC

L'ORDRE POLITIQUE ET CIVIL,

PAR

L'ABBÉ F. DE LA MENNAIS.

Veri Dei ignoratio est summa omnium rerum-
publicarum pestis..... Itaque omnis humanæ so-
cietatis fundamentum convellit, qui religionem
convellit.

Plato, lib. X, de legib.

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AVERTISSEMENT

DE LA TROISIÈME ÉDITION.

Les quatre premiers chapitres de cet ouvrage, publiés d'abord séparément, ont été réunis, dans cette nouvelle édition, aux six derniers, avec lesquels ils ne forment qu'un tout. Les questions qu'on y a traitées tiennent au fondement même de l'ordre politique et de l'ordre religieux. Ce qui se passe dans les PaysBas en offre une preuve de fait assurément bien digne d'attention. La religion catholique, persécutée par un Prince calviniste, en vertu des principes gallicans, et cette persécution louée, encouragée, dirigée peut-être par les révolutionnaires françois, dont elle sert les desseins: c'est là, certes, un sujet de réflexions profondes pour les politiques et pour les chrétiens, pour les peuples et pour les rois. L'avenir nous réserve d'autres instructions; car tout a son terme, et mème la patience. On a vu jusqu'ici le mal en action: qui sait quel spectacle doit succéder à celui-là, et ce qu'à son tour la foi peut remuer dans la société pour la défense du vrai et du bien, et pour le salut du monde?

PRÉFACE.

On ne lit point aujourd'hui les longs ouvrages; ils fatiguent, ils ennuient; l'esprit humain est las de lui-même; et le loisir manque aussi. Tout se précipite tellement, depuis qu'on a mis la société entière en problème, qu'à peine est-il possible de donner un moment très court à chaque question, quelle qu'en soit d'ailleurs l'importance. Dans le mouvement rapide qui emporte le monde, on n'écoute qu'en marchant; et comment l'attention, sans cesse distraite par des objets nouveaux, pourroit-elle se fixer long-temps sur aucun? C'est ce qui nous détermine à publier seule la première partie de ce petit traité, tandis que certains souvenirs sont encore vivants. Dans trois mois on ne sauroit de quoi nous venons parler. Nous tâcherons de saisir, au milieu des événements qui se préparent, l'occasion la plus favorable pour faire paroître la seconde partie. Il ne faut pas troubler indiscrètement les méditations des peuples éclairés qui ont entrepris de réfor mer l'œuvre de la sagesse et de la puissance divine, ni les ramener trop brusquement de la bourse à l'autel, et de la rente à la religion.

Nous n'ignorons pas que cet écrit, dicté par une conviction profonde, choquera beaucoup d'opinions, à une époque où tant d'hommes ont un tact si fin snr ce qu'il est à propos de penser. Mais cette considération n'a pas dû nous empêcher de dire ce que nous croyons vrai. On n'est point obligé de plaire, et ce n'est pas une des conditions que la Charte a mises au droit de publier ses opinions; droit dont nous userons sans autre désir que celui d'être utile, sans autre espérance que de recueillir force injures et calomnies.

Personne n'est plus soumis que nous aux lois du pays où nous vivons; nous le serions de même à Constantinople; nous l'eussions été de même à Rome sous la république comme les empereurs, et par les mêmes motifs, et dans la mê¬

sous

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V

me mesure. Une fausse liberté ne nous séduit pas, et nous sentons en nous quelque chose qui nous met à l'abri de la servitude. Le christianisme a pour toujours délivré l'homme du joug de l'homme, et il n'est pas un chrétien qui ne puisse et ne doive, en obéissant, selon le précepte de l'Apôtre, répéter ces belles paroles que l'auteur de l'Apologétique adressoit aux magistrats romains : « Je reconnois dans le chef de >> l'empire mon souverain, pourvu qu'il ne prétende pas que >> je le reconnoisse pour mon Dieu : car du reste je suis libre. » Je n'ai d'autre maître que le Dieu tout-puissant, éternel, » qui est aussi le sien (1).

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Que si, examinant quelques-unes des lois qui nous régissent, nous les avons jugées défectueuses à plusieurs égards, elles nous autorisent elles-mêmes à émettre le jugement que nous en portons. On ne nous contestera pas sans doute un privilége qu'on ne cesse, quel qu'il soit, de vanter avec tant d'emphase. De semblables discussions, sincères, graves, sur un sujet qui occupe tous les esprits, ne sauroient être interdites que par un despotisme timidement soupçonneux, et, dans ses vagues inquiétudes, esclave de sa propre tyrannie.

Mais le génie du mal, tremblant pour ses œuvres, a su trouver une autre ruse, et se faire contre la vérité un autre rempart. « Combattez l'erreur, dit-il, mais en la séparant » des personnes; » comme il dit encore : « Soutenez la re» ligion, mais en la séparant de Dieu. » Qu'on lui laisse les réalités, il nous abandonnera les abstractions, afin d'avoir le droit de nous traiter de rêveurs. Assurément il seroit plus doux de n'avoir à établir que des théories générales; mais il n'en va pas ainsi en ce monde. Les sociétés humaines vivent ou meurent selon les doctrines des hommes qui les gouvernent; et l'on ne sauroit attaquer ces doctrines sans attaquer en même temps et les discours qui les expriment, et les actes qui les consacrent. Or, quand il s'agit d'actes et de discours,

(1) Dicam plane imperatorem dominum: sed quando non cogor, ut dominum, Dei vice, dicam. Cæterum liber sum illi. Dominus enim meus unus est Deus omnipotens et æternus, idem qui et ipsius. Apologet. adv. gentes, cap. xxxvii.

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