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qui ne demandait qu'à renouveler, à Rome, scène tragique des fameuses vêpres siciliennes. »

J'avais la conscience que je ne méritais point ces reproches; j'avais moi-même pesé et examiné mûrement ces projets; je les avais trouvés mal imaginés, inutiles ou funestes, et je pensais avoir eu raison en les rejetant. Je me consolais en répétant souvent en moi-même ce précepte de philosophie chrétienne, que l'Arioste exprime si bien dans ces vers :

Sebben contro ogni debito m'avviene
Ch'io ni riporti si dura mercede,

E di me creda il mondo men che bene
Basta che innanti a quel, che tutto vede
E mi puor ristorar di grazia eterna
Chiara la mia innocenza si discerna.

Pourtant, de temps en temps, je m'inquiétais et me tourmentais en pensant que dans l'histoire de la chute de Rome et du gouvernement pontifical, il resterait peut-être un souvenir peu honorable de moi et de mon malheureux ministère. Je pris donc enfin la résolution d'écrire une courte réfutation des accusations dont j'étais l'objet et de remettre mon apologie à Tiberius Pacca, mon neveu, qui était comme moi

prisonnier dans le même fort, afin que, si je venais à mourir, il pùt la rendre publique à Rome ou partout où il l'aurait jugé convenable. Cette résolution prise, je songeai au moyen de vaincre les difficultés qui se présentaient à moi pour la mettre à exécution. Dès mon entrée à la forteresse, le commandant m'avait déclaré de la part du gouverneur qu'il m'était défendu sévèrement d'écrire quoi que ce soit, et même de signer mon nom sur des lettres de change ou sur tout autre papier. En effet, le second jour de mon arrivée, le geolier vint visiter mon logement, prit à mon valet de chambre, Michel, le papier, l'encre et les plumes, et lui dit que s'il avait à écrire la note de ses dépenses ou quelque autre chose, il n'avait qu'à aller dans sa chambre où il pourrait le faire en sa présence. Je trouvai, quelques jours après, un remède à cet inconvénient. Le comte Bacceli, un de mes compagnons de captivité, me procura tout ce qui m'était nécessaire pour écrire j'avais soin de tenir le tout bien caché. Je ne pouvais travailler pendant le jour; car souvent le commandant du fort survenait à l'improviste, ou bien le major, ou plus souvent encore le geolier et le soldat chargé du service de détail. Je pris le parti de

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me lever le matin un peu avant le lever du soleil; et, pendant ces heures de tranquillité et de silence, j'écrivis ces pages pour ma défense. Je les tins toujours sur moi, jusqu'au moment où je les remis à mon neveu, qui alors avait du commandant la permission de venir me voir à peu près deux fois par mois, et de me donner des nouvelles de ma famille. Mon neveu les cacha dans sa prison et eut ensuite l'adresse de les emporter avec lui, lorsqu'il partit de Fenestrelle pour Milan.

Tel est le véritable et aussi l'unique motif qui me fit écrire ces mémoires. Ils pourront servir un jour de guide et fournir quelques matériaux à ceux qui voudront écrire l'histoire des révolutions passées de la cour de Rome. Ils auraient été d'une bien autre importance encore si les États de l'Église n'étaient rentrés que bien tard ou jamais sous la puissance du Saint-Siége. La cessation de la souveraineté temporelle des papes aurait certainement formé une époque remarquable de l'histoire moderne, et aurait excité au plus haut degré la curiosité de la postérité.

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On aurait voulu en connaître toutes les circonstances les plus détaillées.

Aujourd'hui il n'est plus besoin d'apologie ni

pour moi ni pour les actes de mon ministère. Depuis que le pape est remonté avec tant de gloire et d'éclat sur le trône pontifical, on a changé de langage; et ces mêmes actes qui avaient été, peu d'années auparavant, blâmés et censurés, et l'auraient été plus tard encore, sont devenus tout d'un coup un sujet d'éloges et d'approbation générale. Le style énergique de mes proclamations et la fameuse bulle d'excommunication sont maintenant regardés comme des monumens glorieux de courage et d'indépendance apostolique. La fermeté du pape resté dans Rome au lieu d'agir comme les autres pontifes qui, avant de lancer l'anathême contre les empereurs, mettaient toujours en sûreté leurs personnes, passe aujourd'hui, et à juste titre, pour une preuve de dévouement magnanime pro ovibus suis, dévouement digne du souverain pasteur de l'Église catholique; et cette action est placée parmi l'époque la plus glorieuse de son pontificat. Triste condition d'un ministre ! Qu'il est amer de penser que c'est de l'événement et non de la sagesse et de la prudence que dépendent son honneur et sa réputation!

Heureusement pour moi, le retour glorieux du pape au Saint-Siége a fait changer de langage aux

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censeurs. Mais, revenant à mon sujet, je dois ajouter que la Providence divine a permis que, dans le temps si court de mon second ministère, après mon retour de France, il se présentât une autre occasion où l'on eut encore à décider si le Saint-Père devait abandonner sa capitale et se retirer dans un pays étranger: ce fut quand les troupes napolitaines, sous le commandement du roi Murat, mirent le pied sur le territoire de l'Église. Je fus alors d'avis que le pape devait partir; ce fut en effet la décision qu'il prit, et l'heureuse issue de ce voyage mémorable, qui fut un véritable triomphe, a été une nouvelle justification de ma conduite passée, et a montré que, suivant les diverses circonstances, j'avais donné le conseil qui m'avait semblé le plus sage et le plus

convenable.

Comparons, en effet, les circonstances de l'année 1809 avec celles de 1815, et remarquons-en la différence. Lors de l'invasion des troupes napolitaines, le pape abandonnait sa capitale non en fugitif, mais en souverain qui s'éloigne pour quelque temps de ses États. On ne pouvait taxer son départ de lâche abandon de son siége et de ses peuples chacun était persuadé qu'il serait bientôt de retour. Toutes les personnes de bon

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