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été au timon du gouvernement, et qui pouvait m'aider de ses lumières et de ses connaissances, après s'être démis de la charge de secrétaire d'État, s'était éloigné des affaires, et ne quittait le mont Cavallo, où il s'était retiré, que pour assister aux chapelles et aux consistoires. Je ne pouvais avoir recours qu'à deux ou trois cardinaux, et encore étaient-ils occupés à tant d'autres soins et d'autres travaux, que l'on ne pouvait les charger de beaucoup d'affaires. Je prévoyais donc que, me trouvant ministre à la chute du gouvernement pontifical, obligé par le devoir de mon ministère de publier des représentations énergiques, et des protestations vigoureuses contre cette usurpation sacrilége, je verrais tomber sur ma tête une tempête terrible et éprouverais plus que tout autre les effets de l'indignation, de la vengeance et de la fureur de l'empereur.

Tel est en raccourci l'affreux tableau de l'état où se trouvaient les affaires publiques dans le gouvernement pontifical, lorsqu'on m'offrit le ministère. Je ne puis nier que je m'effrayai d'abord et que je me dis au fond du cœur: transeat à me calix iste. Dans des temps plus calmes et plus tranquilles, j'avais résolu de ne pas accepter la charge de secrétaire d'État, quand elle me serait offerte, et depuis plus de trois ans, je tenais prête dans mon porte-feuille la minute de la lettre que je devais écrire à la secrétairerie d'État, ne manquant pas de

raisons pour justifier mon refus aux yeux du public; mais ce même refus fait dans les circonstances affreuses dont j'ai parlé aurait été taxé, par les uns, de pusillanimité et de faiblesse, et regardé par d'autres comme une preuve d'esprit de vengeance*. Cette pensée et plus encore la voix de la conscience, qui rappelait à ma mémoire les

* Ces paroles ont besoin d'être expliquées. Toute la cour de Rome sait que les cardinaux qui parvenaient à cette dignité, après avoir parcouru la carrière de la nonciature, obtenaient parmi tous les autres des récompenses distinguées. On leur conférait ordinairement une légation, ou une charge du palais, ou quelque autre emploi éclatant, soit enfin un des meilleurs archevêchés ou évêchés de l'Etat. Avant que je fusse revenu du Portugal à Rome, on avait beaucoup parlé de ma destination future, et le Saint-Père avait plus d'une fois exprimé ses sentimens de bienveillance à mon égard. Mais la Providence ne permit pas que les désirs et les intentions de l'excellent pontife fussent suivis d'effet; et pendant six ans il ne se fit rien en ma faveur, jusqu'au 18 juin 1808, époque fatale où je reçus la nouvelle de ma nomination au ministère. D'un autre côté, on avait si mal géré les biens ecclésiastiques, que je n'avais pas même pu obtenir les 4,000 écus de rente de la faible pension qui me revenait. Je puis, sans crainte d'ètre démenti, assurer hautement que je ne m'en plaignis jamais au Saint-Père: néanmoins le public me croyait mécontent, ou au moins craignait que je ne le fusse; je dis craignait, parce que, je ne sais pourquoi, le peuple de Rome me portait un grand attachement et m'en avait donné des preuves dans plusieurs occasions. Ge

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sermens prêtés au pape, lorsque je fus élevé au cardinalat, me firent triompher de ma répugnance, et donner mon consentement à l'acceptation de cette charge. Je dois aussi ajouter que dès le moment où je prononçai le oui fatal, je sentis naître en moi un courage extraordinaire qui ne m'a jamais abandonné au milieu des fatigues, des agitations, des travaux et des outrages qui furent les fruits amers de mon ministère; courage dû sans doute à la grâce du Seigneur qui règle nos forces selon nos besoins.

soupçon, ces craintes du public se seraient changés en certitude, si j'avais refusé le ministère dans de pareilles cir

constances.

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Miollis.-M. Garobeau. Requête des conseillers ita

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liens. — Menaces. Le palais pontifical est envahi.

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Mon arrestation. Le cardinal Gabrielli. - Formation d'une garde civique. — Attentat. - Ordres du Saint-Père.

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EN entrant au ministère, je me proposai de donner dès le commencement aux Français des témoignages de mes intentions pacifiques et bienveillantes, et je dis à plusieurs personnes que je voulais jeter de l'eau sur le grand incendie allumé entre le gouvernement pontifical et l'autorité militaire française. Mes paroles parvinrent aux oreilles du général Miollis, qui en fut charmé; et dans une conversation qui eut lieu, si je ne me trompe, dans la maison Lante, il fit l'éloge de ma personne, et se montra satisfait de mon avénement à la charge de secrétaire d'État. Je savais bien que tous mes efforts seraient inutiles pour sauver

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Rome, dont l'empereur des Français avait irrévo– cablement fixé la destinée; il n'était alors arrêté dans l'exécution de ses projets que par les affaires d'Espagne, qui prenaient pour lui une tournure peu favorable. Je voulus néanmoins tenter toutes les voies de la modération et de la douceur; j'y étais porté par mon caractère naturellement ennemi de la violence, et par la maxime politique qui prescrit de faire marcher, dans les négociations et les controverses, les moyens de conciliation et d'accommodement avant les résolutions énergiques. Enfin, j'étais poussé à cette conduite par un motif de prudence; je voulais pouvoir un jour assurer dans ma justification que si, à l'exemple de mes prédécesseurs, j'avais enfin baissé visière et agi avec énergie et chaleur pour soutenir les droits

du pape, c'est que j'y avais été excité et provo

qué par les Français mêmes. Pour exécuter mon dessein il me fallait naviguer contre le vent; car, par une singulière combinaison des choses, Rome entière cherchait journellement à se faire des querelles et des disputes avec les Français et le petit nombre d'étrangers qui s'y trouvaient alors. Le pape, à qui plus qu'à aucun autre pontife ou souverain de notre siècle on peut appliquer l'éloge fait par l'Esprit-Saint dans le livre des Nombres, ch. xII, au grand Moïse : Erat vir mitissimus super omnes homines qui morabantur in terra; le pape, dis-je, avait déjà donné au gou

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