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gneur Arezzo fut chargé de prévenir l'avocat des pauvres, monseigneur Cristaldi, que je lui adressais le conseiller italien pour terminer l'affaire. Le matin même, je retournai chez M. Garobeau, et lui exposai l'expédient que nous avions imaginé; je lui fis remarquer l'excessive condescendance du Saint-Père, et l'empressement que ses ministres avaient mis à faire ce qu'on demandait. Il me parut fort satisfait, et, avant de partir, il écrivit sur une feuille de papier le nom de monseigneur Cristaldi. Dans la journée, le conseiller italien se présenta chez monseigneur Cristaldi et lui dit avec assurance qu'il venait chercher les pièces originales du procès. L'avocat des pauvres lui répondit que telles n'étaient pas les instructions qu'il avait reçues de son gouvernement, mais qu'on lui avait permis seulement de faire des extraits des copies authentiques et de les lui remettre. Le conseiller répondit que ce n'était pas cela qu'il voulait, et partit d'un air menaçant. Le lendemain matin, il se présenta chez moi à l'audience, avec M. Garobeau, et me fit la même demande qu'à monseigneur Cristaldi. Je lui répliquai d'abord avec douceur qu'on était convenu avec M. Garobeau de livrer seulement l'extrait des copies authentiques des procès, et que s'il ne s'en contentait pas, il ne pouvait jamais se flatter d'obtenir de notre gouvernement la remise des pièces originales. Alors commença entre nous une discussion de

plus en plus vive, mais toujours en termes convenables et mesurés; et M. Garobeau,'quoiqu'il n'entendît pas ce que nous disions, comprit fort bien que nous n'étions pas d'accord; deux fois il s'adressa au conseiller italien et lui dit ces propres paroles: «< Donc, vous n'êtes pas content des copies?»> Ce qui prouve clairement qu'on n'était pas convenu avec lui d'autre chose que de la consignation des copies. La conversation finit par la menace ordinaire. Il déclara qu'on aurait recours à la force. Je répondis qu'il y avait plus d'un an que nous étions accoutumés à cette manière d'agir, et qu'une violence de plus ne suffirait pas pour nous abattre ou nous effrayer, et ne ferait pas abandonner au Saint-Père son système de fermeté et de constance héroïque. Les effets suivirent bientôt la menace, et le même jour, pendant que, selon ma coutume, je prenais mon repos de l'après-dîner, une patrouille française surprit la garde suisse et se précipita dans le palais pontifical; soit par une méprise du guide italien qui les conduisait, soit à dessein, au lieu d'aller dans la secrétairerie d'État, ils entrèrent dans mon appartement, placèrent des sentinelles aux portes et me retinrent prisonnier pendant un quart d'heure. Enfin, avertis de leur erreur, ils se portèrent à la secrétairerie d'État, et demandèrent les pièces du procès; on leur répondit qu'ils étaient mal informés et que ce n'était pas dans la secrétairerie d'État que se trouvaient les

procès des coupables, mais qu'on les conservait ordinairement dans les archives et secrétaireries des divers tribunaux et commissions. Pendant que cet acte inouï de violence se commettait dans le palais pontifical, deux autres patrouilles françaises se portèrent dans les demeures du cardinal Vincenti procamerlingue et de monseigneur trésorier, et les tinrent aux arrêts jusqu'à ce qu'ils eussent donné l'ordre de consigner entre leurs mains les pièces des procès. C'est ainsi que furent récompensés mon zèle et les peines que s'était données monseigneur Arezzo, pour contenter autant qu'il était en nous le général Miollis et le gouvernement de Milan. De plus, monsieur le général étant allé le soir même rendre visite à monseigneur trésorier, qui était malade au lit, pour s'excuser auprès de lui des violences qu'on avait commises, eut l'impudence (qu'on me passe le mot) de dire que je l'avais fait attendre pendant plusieurs jours, le flattant de la promesse de lui faire remettre les pièces du procès, et que tout à coup j'avais refusé de le faire. Ce fut de la même manière qu'on répondit aux soins que je prenais conjointement avec les autres ministres du pape pour faire en sorte que les Français ne manquassent de rien dans Rome et dans l'État (et cela aux dépens de notre trésor déjà épuisé), et pour empêcher que les peuples, fatigués de tant d'outrages, ne se portassent à quelque excès propre à compromettre encore plus notre

gouvernement avec la cour de France. Je travaillais de toutes mes forces à étouffer ce feu qu'une seule parole indiscrète aurait pu allumer, et qui eût produit un incendie terrible. Je passe maintenant au récit de l'événement qui servit de motif à M. le général Miollis pour me faire arrêter le 6 septembre 1808, et pour m'ordonner de sortir de Rome et de me rendre à Bénévent ma patrie.

Vers le temps que son éminence le cardinal Gabrielli était secrétaire d'État, l'autorité militaire fançaise commençait à enrôler dans les différentes villes de l'État un corps de troupes, sous le nom de garde civique. Ils donnaient pour prétexte qu'ils avaient besoin de gens sûrs et fidèles pour repousser les attaques des insurgés du royaume de Naples, qu'ils appelaient des brigands; mais leur véritable intention était de s'en servir pour changer le gouvernement. Je dois dire ici à la gloire éternelle des peuples de l'État du pape que, malgré les promesses flatteuses des Français et tous les moyens de séduction qu'ils employèrent, il n'y eut jamais qu'un petit nombre de sujets qui entrèrent dans la révolte. Un noble de province ruiné; un banquier en faillite et quelques gens de cette espèce furent pris pour chefs, et en promettant protection contre les tribunaux et les magistrats, exemption des impôts publics et des contributions, et impunité pleine et entière pour les crimes déjà commis, ils réunirent autour d'eux une bande

assez considérable composée de la lie du peuple. Le très éminent Gabrielli fit des protestations vigoureuses et solennelles contre un attentat si contraire au droit des gens. On le paya de belles paroles, mais on agit avec une insigne mauvaise foi. Tandis qu'on lui faisait croire à Rome qu'on ferait cesser ces graves désordres par la dissolution de ce corps de rebelles, on donnait secrètement des ordres contraires aux officiers français qui se trouvaient dans les provinces, et on recommandait aux chefs de la garde civique de hâter l'enrôlement. On profita également de ma douceur et de ma modération dans les premiers jours de mon ministère pour augmenter encore cette garde. Enfin les réclamations continuelles des gouverneurs, des évêques, des magistrats, et des peuples mêmes contre la violence et les excès des nouvelles recrues me forcèrent de parler et d'agir avec énergie, conformément aux ordres du Saint-Père qui était justement irrité. Avant de publier aucune protestation et de faire aucune démarche vigoureuse, je voulus, suivant mon système, tenter les moyens de persuasion. J'en parlai à diverses reprises aux officiers qui presque tous les jours venaient pour affaires de la part du général Miollis; j'en parlai au général lui-même, le priant, le conjurant de faire cesser de sa propre autorité un tel scandale dans l'État, de ne pas irriter davantage le Saint-Père, et de ne pas me ré

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