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cœur si tendre et si étendu fait volontiers toutes les avances, s'il n'attend pas qu'il soit prévenu; mais si lui-même aime le premier, comme dit l'Apôtre St. Jean (1), pour conserver sa dignité propre, et marquer son indépendance dans la libéralité gratuite de son amour.

Voilà donc notre Souverain qui veut être aimé, et, pour cela, qui nous aime, pour altirer notre amour. Telle est son intime disposition: voyons-en les effets sensibles. Il nous donne son Fils unique; il se rabaisse, et il nous élève; il se dépouille, et il nous donne; il perd en quelque sorte ce qu'il est, et il nous le commumique. Comment perd-il ce qu'il est? Appauvrissement, etc. il est Dieu, et il craint de le paroître; il l'est, et vous pouvez attendre de lui tout le se- cours que l'on peut espèrer d'un Dieu. Mais il cache tous ses divins attributs sous une forme étrangère. Il nous parle ainsi qu'à Moïse, os ad os (2), comme un ami à un ami. Approchez avec la

(1) I. Jean, IV, 19.

(2) Num. XII, 8, Exod. XXXIII, [11.

même franchise, avec la même liberté de cœur que si ce n'étoit qu'un homme mortel. N'est-ce pas véritablement vouloir être aimé? n'est-ce pas nous préve nir par un grand amour? Saint Augustin est adınirable, et il avoit bien pénétré toute la sainteté de ce mystère, quand il a dit, qu'un Dieu s'est fait Homme «< par »>une bonté populaire »? Populari qua dam clementia (1). Qu'est-ce qu'une bonté populaire? elle nous paroît, Chrétiens, lorsqu'un Grand, sans oublier ce qu'il est, se démet par condescendance, se dépouille, non point par foiblesse, mais par une facilité généreuse; non pour laisser usurper son autorité, mais pour rendre sa bonté accessible; et par ce qu'il veut faire naître une liberté qui n'ôte rien du respect, si ce n'est le trouble et l'étonnement, et cette première surprise que porte un éclat trop fort dans une ame infirme. C'est ce qu'à fait le Dieu - homme; il s'est rendu populaire:

(1) S. August. contr. Acad. t. III, cap. XIX, t. 1, p. 294.

sa sagesse devient sensible, sa majesté tempérée, sa grandeur libre et familière.

Et que prétend-il, Chrétiens, en se rabaissant de la sorte? Pourquoi se défaire de ses foudres ? pourquoi se dépouiller de sa majesté, de tout l'appareil de sa redoutable puissance ? C'est qu'il y a des conquêtes de plus d'une sorte, et toutes ne sont pas sanglantes. Un Prince, justement irrité, se jette sur les terres de son ennemi, et se les assujettit par la force. C'est une noble conquête; mais elle coûte du sang, et une si dure nécessité doit faire gémir un cœur chrétien : ce n'est pas de celle-là que je veux parler. Sans répandre du sang, il se fait faire justice par la seule fermeté de son courage; et la renommée en vole bien loin dans les empires étrangers: c'est quelque chose encore de plus glorieux. Mais toutes les conquêtes ne se font sur les étrangers; il n'y a rien de plus illustre que de faire une conquête paisible de son propre état, que de conquérir les cœurs. Ce royaume caché et intérieur,qui s'établit sur l'homme intérieur, est d'une étendue infinie: il y a tous les jours de

pas

nouvelles terres à gagner, de nouveaux pays à conquérir; et toujours autant de couronnes. O que cette conquête est digne d'un roi! c'est celle de Jésus-Christ. Nous étions à lui par droit de naissance; il nous veut encore acquérir par son saint amour. Regnum Dei intra vos est: « le royaume >>de Dieu est au-dedans de vous (1)». Cet amour lui étoit dû par sa naissance et par ses bienfaits; il a voulu le mériter de nouveau, il a voulu engager les cœurs par des obligations particulières. Tanquam filiis dico, dilatamini et vos : « je vous parle >> comme à mes enfans; étendez aussi pour >> moi votre cœur (1).» Tanquam filiis,non pas comme des esclaves, mais comme des enfans qui doivent aimer, dilatez en vous le règne de Dieu : ôtez les bornes de l'amour, par l'amour de Jésus-Christ qui n'a point donné de limites à celui qu'il a eu pour nous. Cet amour est libre, il est souverain: il veut qu'on le laisse agir dans toute son étendue; et qui le contraint tant

(1) Luc, XVII, 21.

(2) II. Cor. VI, 13.

soit peu,

offense son indépendance. Il faut ou tout inonder, ou se retirer tout entier. Un petit point dans le cœur est de trop. Aimez autant que le mérite un Dieuhomme; et pour cela, Chrétiens, aimez dans toute l'étendue qu'a fait un Dieuhomme.

SECOND POINT.

JÉSUS-CHRIST s'est rendu semblable à nous, afin que nous lui fussions semblables; il s'est uni à nous, afin de nous faire vivre de sa vie en nous animant de son Esprit. Si vous demandez maintenant quel est l'Esprit de Jésus; il est bien aisé d'entendre que c'est l'Esprit de la charité. Un Dieu n'auroit pas été aimé comme il le mérite, si un Dieu ne l'avoit aimé: l'amour qu'on doit à un Dieu n'auroit pas eu un digne modèle, si Dieu lui · même n'avoit été l'exemplaire. Venez donc apprendre de ce Dieu aimant, dans quelle étendue et dans quel esprit il faut aimer Dieu.

L'étendue de cet amour doit être infi.

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