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SUR L'ÉGLISE.

Fermeté immobile de l'Eglise au milieu des furieuses tempêtes qui l'ont agitée. Principe d'opposition aux vérités divines que l'homme porte dans son cœur. Aveuglement et présomption, deux causes de cette répugnance. Com bien, avec de pareilles dispositions dans les hommes, il est peu étonnant que l'Eglise ait eu à éprouver de si terribles contradictions. Sa victoire sur les hérésies: comment la curiosité les a-t-elle enfantées. Etonnante dépravation des mœurs dans l'Eglise même: Le triomphe de sa charité au milieu de tant de désordre.

Erat navis in medio mari.

Le navire étoit au milieu de la mer. Marc. VI, 47.

Le mystère de l'Evangile, c'est l'infirmité et la force, unies; la grandeur et la bassesse, assemblées. Ce grand mystère, Messieurs, a paru premièrement en notre Sauveur, où la puissance divine et la foiblesse humaine s'étant alliées, com

posent ensemble ce tout admirable que nous appelons Jésus-Christ: mais ce qui paroît en sa personne, il a voulu aussi le faire éclater dans l'Eglise qui est son corps, « où une partie triomphe par les »miracles, l'autre succombe sous les ou>>trages qu'elle reçoit »: Unum horum coruscat miraculis, aliud succumbit injuriis (1). C'est pourquoi nous voyons dans son Ecriture, que tantôt cette Eglise est représentée comme une maison bâtie sur une pierre immobile et tantôt comme un navire qui flotte au milieu des ondes au gré des vents et des tempêtes: si bien qu'il paroît, Chrétiens, qu'il n'est rien de plus foible que cette Eglise, puisqu'elle est ainsi agitée; et qu'il n'est rien aussi de plus fort, puisqu'on ne la peut jamais renverser, et qu'elle demeure toujours immuable, malgré les efforts de l'enfer. L'Evangile de cette journée nous la représente « parmi les flots » : Erat navis in medio mari; « portée deçà et delà par

(1) S. Leo. de Passio. Dom. Serm. III, c. II, t. I, p. 248.

>> un vent contraire » : Erat enim ventus contrarius (1). Et ce qui est de plus surprenant, c'est que Jésus, qui est son appui, semble l'abandonner à la tempête ; il s'approche, « et il veut passer», comme si son péril ne le touchoit pas : Et volebat præterire eos (2). Toutefois ne croyez pas qu'il l'oublie : il permettra bien que les flots l'agitent; mais non pas qu'ils la submergent ni qu'ils l'engloutissent. Il commande aux vents, et « ils s'appaisent; il »entre dans le navire, et il arrive sûrement »au port » : Ascendit in navim ; et cessavit ventus et applicuerunt (3): afin, Messieurs, que nous entendions qu'il n'y a rien à craindre pour l'Eglise, parce que le Fils de Dieu la protège. J'entreprends aujourd'hui de vous faire voir cette vérité importante; et afin que vous en soyez convaincus plus facilement, je laisse les raisonnemens recherchés, pour l'établir solidement par expérience.

(1) Marc, VI, 48.

(2) Ibid.

(3) Ib. 51, 53.

Considérez en effet, Messieurs, les trois furieuses tempêtes qui ont troublé l'état de l'Eglise. Aussitôt qu'elle a paru sur la terre, l'infidélité s'est élevée, et elle a excité les persécutions: après, la curiosité s'est émue, et elle a fait naître les hérésies enfin la corruption des mœurs a suivi, qui a si étrangement soulevé les flots, « que la nacelle y a paru presqu'en»veloppée »: Ita ut navicula operiretur fluctibus (1). Voilà, mes Frères, les trois tempêtes qui ont successivement tourmenté l'Eglise. Les infidèles se sont assemblés pour la détruire par les fondemens: les Hérétiques en sont sortis pour lui arracher ses enfans, et lui déchirer les entrailles et si enfin les mauvais Chrétiens sont demeurés dans son sein, ce n'est que pour lui porter le venin jusque dans le cœur. Il faut donc, mes Frères, que cette Eglise soit bien appuyée et bien forte ment établie; puisqu'au milieu de tant de traverses, malgré l'effort des persécu tions, elle s'est soutenue par sa fermeté;

(1) Matt. VIII, 24.

malgré les attaques de l'hérésie, elle a été la colonne de la vérité; malgré la licence des mœurs dépravées, elle demeure le cen. tre de la charité. Voilà le sujet de cet entretien, et les trois points de cette méditation.

PREMIER POINT.

COMME l'Eglise n'a plus à souffrir la tempête des persécutions, je passerai légèrement sur cette matière ; et néanmoins je ne laisserai pas, si Dieu le permet, de toucher des vérités assez importantes. La première sera, Chrétiens, qu'il ne faut pas s'étonner si l'Eglise a eu à souffrir, quand elle a paru sur la terre, ni si le monde l'a combattue de toute sa force: il étoit impossible qu'il ne fût ainsi; et vous en serez convaincus, si vous savez connoître ce que c'est que l'homme. Je dis donc que nous avons tous, dans le fond du cœur, un principe d'opposition et de répugnance à toutes les vérités divines; en telle sorte que l'homme, laissé à lui-même, non-seulement ne peut les entendre, mais qu'ensuite, il ne les peut souffrir; et qu'en

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