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» Où seront deux ou trois personnes asem»blées en mon nom, là, je serai au ni»lieu d'elles (1).» En second lieu, il nois enseigne de nous corriger mutuellement par des avis charitables: Corripe eum inter te et ipsum solum ; « re renez, »dit-il, votre frère entre vous et lui (2), Enfin il commande expressément de par donner les injures, et il ne donne aucunes bornes à cette indulgence.« Pardonnez, » dit-il, les offenses, je ne dis pas jusqu'à »sept fois, mais jusqu'à septante fois sept » fois, c'est-à dire, jusqu'à l'infini, et sans aucunes limites; usque septuagies septies (3). Je trouve, dans ces trois pré ceptes, tout ce qu'il y a de plus important dans la charité fraternelle : car trois choses étant nécessaires, d'en établir le principe, d'en ordonner l'exercice, d'en surmonter les obstacles, Jésus Christ établit le principe de l'amitié chrétienne dans l'autorité de son nom: In nomine meo.

(1) Matth. XVIII, 20.
(2) 1bid. 15.

(3) Ibid. 22.

Il en prescrit le plus noble et le plus utile

exercice dans les avertissemens mutuels : Corripe eum. Enfin, il en surmonte le plus grand obstacle par le pardon des injures: Non dico tibi usque septies, sed usque septuagies septies. C'est le sujet de ce discours. Eutrons d'abord en matière, et montrons, avant toutes choses, dans le premier point,que Dieu seul est le fondement de toute amitié véritable.

PREMIER POINT.

QUOIQUE l'esprit de division se soit mêlé bien avant dans le genre humain, il ne laisse pas de se conserver au fond de nos cœurs un principe de correspondance et de société mutúelle qui nous rend ordinairement assez tendres, je ne dis pas seu lement à la première sensibilité de la compassion, mais encore aux premières impressions de l'amitié. De-là, naît ce plaisir si doux de la conversation qui nous fait entrer, comme pas-à-pas, dans l'ame les uns des autres. Le cœur s'échauffe, se dilate, on dit souvent plus qu'on ne veut, si

l'on ne se retient avec soin; et c'est peutêtre pour celle raison que le Sage dit (1) quelque part, si je ne me trompe, que la conversation énivre, parce qu'elle pousse au-dehors le secret de l'ame par une certaine chaleur, et presque sans qu'on y pense. Par-là nous pouvons comprendre que cette puissance divine, qui a comme partagé la nature humaine entre tant de particuliers, ne nous a pas tellement détachés les uns des autres, qu'il ne reste dans nos cœurs un lien secret, et un certain esprit de retour pour nous rejoindre. C'est pourquoi nous avons presque tous cela de commun, que non-seulement la douleur, qui, étant foible et impuissante, demande naturellement du soutien, mais la joie, qui, abondante en ses propres biens, semble se contenter d'elle-même, cherche le sein d'un ami pour s'y répa dre, sans quoi elle est imparfaite, et assez souvent insipide: tant il est vrai, dit Saint Augustin, que rien n'est plaisant à l'homme s'il ne le goûte avec quelqu'autre

(1) Eccles. XIX, 11.

homme dont la société lui plaise: Nihil est homini amicum sine homine amico (1).

Mais comme ce desir naturel de société n'a pas assez d'étendue, puisqu'il se restreint ordinairement à ceux qui nous plaisent par quelque conformité de leur humeur avec la nôtre; ni assez de cordialité, puisqu'il est le plus souvent cimenté par quelqu'intérêt, foible et ruineux fondement de l'amitié mutuelle; ni enfin assez de force, puisque nos humeurs et nos intérêts sont des choses trop changeantes pour être l'appui principal d'une concorde solide: Dieu a voulu, Chrétiens. que notre société et notre mutuelle confédération dépendît d'une origine plus haute; et voici l'ordre qu'il a établi. Il ordonne que l'amour et la charité s'attachent premièrement à lui comme au principe de toutes choses, que de-là elles se répandent par un épanchement général sur tous les hommes qui sont nos semblables, et que lorsque nous entrerons dans des

(1) Ad Prob. Ep. CXXX, t. II, p. 438.

liaisons et des amitiés particulières, nous les fassions dériver de ce principe commun, c'est-à-dire, de lui-même; sans quoi je ne crains point de vous assurer que jamais vous ne trouverez d'amitié solide, constante, sincère.

Cet ordre de la charité est établi, Chrétiens, dans ces deux commandemens qui sont, dit le Fils de Dieu, le mystérieux

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Abrégé de la loi et des Prophètes: Tu >> aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton >>> cœur, et tu aimeras ton prochain comme » toi-même » (1). Et afin que vous entendiez avec combien de sagesse Jésus-Christ a renfermé dans ces deux préceptes toute la justice chrétienne, vous remarquerez, s'il vous plaît, que pour garder la justice nous n'avons que deux choses à considé rer; premièrement, sous qui nous avons à vivre, et ensuite avec qui nous avons à vivre. Nous vivons sous l'empire souverain de Dieu et nous sommes faits pour lui seul; c'est pourquoi le devoir essentiel de la nature raisonnable, c'est de s'unir

(1) Luc, X, 27.

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