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une place forte, qui tenoit en crainte et en alarmes toutes les places du Roi de Judée, ce Prince assembla son peuple, et fit un tel effort contre l'ennemi, que non seulement il ruina cette forteresse, mais qu'il en fit servir les matériaux, pour construire deux grands châteaux par les quels il fortifia sa frontière.

Je médite aujourd'hui, Messieurs, de faire quelque chose de semblable; et, dans cet exercicé pacifique, je me propose l'exemple de cette entreprise militaire. Les libertins déclarent la guerre à la Providence divine, et ils ne trouvent rien de plus fort contre elle que la distribution des biens et des maux, qui paroît injuste, irrégulière, sans aucune distinction entre les bons et les méchans, C'est

là que les impies se retranchent comme dans leur forteresse imprénable; c'est de-là qu'ils jettent hardiment des traits contre la sagesse qui régit le monde, se persuadant faussement que le désordre apparent des choses humaines rend témoignage contre elle. Assemblons-nous, Chrétiens, pour combattre les ennemis du Dieu

vivant; renversons les remparts superbes de ces nouveaux Samaritains. Non contens de leur faire voir que cette inégale dispensation des biens et des maux du monde ne nuit en rien à la Providence', montrons au contraire qu'elle l'établit. Prouvons, par le désordre même, qu'il y a une ordre supérieur qui rappelle tout à soi par une loi immuable; et bâtissons les forteresses de Juda des débris et des ruines de celle de Samarie. C'est le dessein de ce discours que j'expliquerai plus à fond, après que nous aurons im ploré, etc.

Le Théologien d'Orient, Saint Grégoire de Nazianze, contemplant la beauté du monde, dans la structure duquel Dieu s'est montré si sage et si magnifique, l'ap pelle élégamment en sa langue, le plaisir et les délices de son Créateur (1). Il avoit appris de Moïse, que ce divin architecte, à mesure qu'il bâtissoit ce grand édifice, en admiroit lui-même toutes les parties;

(1) Orat. XXXIV, t. 1, p. 557.

Vidit Deus lucem quod esset bona; «Dieu vit que la lumière étoit bonne (1)»: qu'en ayant composé le tout il avoit encore enchéri et l'avoit trouvé « parfaitement beau; » Et erant valdè bona (2) enfin qu'il avoit paru tout saisi de joie dans le spectacle de son propre ouvrage. Où il ne faut pas s'imaginer que Dieu ressemble aux ouvriers mortels, lesquels, comme ils peinent beaucoup dans leurs entreprises et craignent toujours pour l'événement, sont ravis que l'exécution les décharge du travail et les assure du succès. Mais Moïse, regardant les choses dans une pensée plus sublime, et prévoyant, en esprit, qu'un jour les hommes ingrats nieroient la Providence qui régit le monde, nous montre, dès l'origine, combien Dieu est satisfait de ce chef-d'oeuvre de ses mains; afin que le plaisir de le former nous étant un gage certain du soin qu'il devoit prendre à le conduire, il ne fût jamais permis de douter qu'il n'aimất à

(1) Genes, 1, 4. (2) Ibid. 31.

gouverner ce qu'il avoit tant aimé à faire, et ce qu'il avoit lui-même jugé si digne de sa sagesse.

Ainsi nous devons entendre que cet univers, et particulièrement le genre humain, est le royaume de Dieu, que luimême règle et gouverne selon des lois immuables; et nous nous appliquerons aujourd'hui à méditer les secrets de cette céleste politique qui régit toute la nature, et qui, enfermant dans son ordre l'instabilité des choses humaines, ne dispose pas avec moins d'égards les accidens inégaux qui mêlent la vie des particuliers, que ces grands et mémorables événemens qui décident de la fortune des Empires.

Grand et admirable sujet, et digne de l'attention de la Cour la plus auguste du monde ! Prêtez l'oreille, ô Mortels, et apprenez de votre Dieu même les secrets par lesquels il vous gouverne: car c'est lui qui vous enseignera dans cette chaire; et je n'entreprends aujourd'hui d'expliquer ses conseils profonds; qu'autant que je serai éclairé par ses oracles infaillibles.

Mais il nous importe peu, Chrétiens, de connoître par quelle sagesse nous sommes régis, si nous n'apprenons aussi à nous conformer à l'ordre de ses conseils. S'il y a de l'art à bien gouverner, il y en a aussi à bien obéir. Dieu donne son Esprit de sagesse aux Princes, pour savoir conduire les peuples, et il donne aux peuples l'intelligence, pour être capables d'être dirigés par ordre: c'est-à - dire, qu'outre la science maîtresse, par laquelle le Prince commande, il y a une autre science subalterne, qui enseigne aussi aux sujets à se rendre les dignes instrumens de la conduite supérieure et c'est le rapport de ces deux sciences qui entretient le corps d'un Etat, par la correspondance du chef et des membres.

Pour établir ce rapport dans l'empire de notre Dieu, tâchons de faire aujourd'hui deux choses. Premièrement, Chré tiens, quelqu'étrange confusion, quelque désordre même, ou quelqu'injustice qui paroisse dans les affaires humaines, quoique tout y semble emporté par l'ayeugle rapidité de la fortune; mettons

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