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ner si le Prophète s'écrie, qu'il ne sait plus à qui se fier. Nous habitons, dit-il (1), au milieu des fraudes et des tromperies, chacun se défie et chacun se trompe: il n'y a plus de droiture, il n'y a plus de sûreté, il n'y a plus de foi parmi les hommes. Unusquisque se à proximo suo custodiat, et in omni fratre suo non habeat fiduciam...... et omnis amicus fraudulenter incedet, et vir fratrem suum deridebit... Habitatio tua in medio doli: « On ne trouve plus de Saints »sur la terre; il n'y a personne qui ait le »cœur droit: tous tendent des piéges pour »verser le sang; le frère cherche la mort » de son frère... Ne vous fiez point à votre >> ami... Car l'homme a pour ennemis ceux » de sa propre maison ». ». Periit sanctus de terra et rectus in hominibus non est; omnes in sanguine insidiantur, vir fratrem suum ad mortem venatur... Nolite credere amico... Et inimici hominis, domestici ejus (2).

(1) Jer. IX, 4, 5, 6.

(2) Mich. VII, 2, 5, 6.

Je pourrois bien, Chrétiens, faire aujourd'hui les mêmes plaintes; et encore qu'on ne vit jamais plus de caresses, plus d'embrassemens, plus de paroles choisies, pour témoigner une parfaite cordialité, ah! si nous pouvions percer dans le fond des cœurs, si une lumière divine venoit découvrir tout-à-coup ce que la bienséance, ce que l'intérêt, ce que la crainte tient si bien caché ; ô quel étrange spectacle! et que nous serions étonnés de nous voir les uns les autres avec nos soupçons, et nos jalousies, et nos répugnances secrètes les uns pour les autres! Non l'amitié n'est qu'un nom en l'air, dont les hommes s'amusent mutuellement et auquel aussi ils ne se fient guère. Que si ce nom est de quelqu'usage, il signifie seule. ment un commerce de politique et de bienséance. On se ménage par discrétion les uns les autres; on oblige par honneur et on sert par intérêt, mais on n'aime pas véritablement. La fortune fait les amis, la fortune les change bientôt : cómme chacun aime par rapport à soi, cet ami de toutes les heures court à chaque mo

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ment le hasard de se voir sacrifié à un inté rêt plus cher; et tout ce qui lui restera de cette longue familiarité et de cette intime correspondance, c'est que l'on gardera un certain dehors, afin de soutenir pour la forme, quelque simulacre d'amitié et quelque dignité d'un nom si saint. C'est ainsi que savent aimer les hommes du monde. Démentez moi, Messieurs, si je ne dis pas la vérité: et certes si je parlois en un autre lieu, j'alléguerois peut-être la Cour pour exemple; mais puisque c'est à elle que je parle, qu'elle se connoisseelle même et qu'elle serve de preuve àla vérité que je prêche.

Concluons donc, Chrétiens, que la charité envers Dieu est le fondement nécessaire de la société envers les hommes; c'est de cette haute origine que la charité doit s'épancher généreusement sur tous. nos semblables, par une inclination géné rale de leur faire du bien dans toute l'étendue du pouvoir que Dieu nous en donne. C'est de ce même principe que doivent naître, nos amitiés particulières, qui ne seront jamais plus inviolables ni plus sa

crées que lorsque Dieu en sera le médiateur. Jonathas et David étoient unis en cette sorte, et c'est pourquoi le dernier. appelle leur amitié mutuelle, « l'alliance, » du Seigneur »; Fœdus Domini (1); parce qu'elle avoit été contractée sous les yeux de Dieu et qu'il devoit en être le protecteur, comme il en étoit le témoin. Aussi le monde n'en a jamais vu ni de plus tendre, ni de plus fidelle, ni de plus désintéressée. Un trône à disputer entre ces deux parfaits amis n'a pas été capable de les diviser, et le nom de Dieu a pré-. valu à un si grand intérêt. Heureux celui, Chrétiens, qui pourroit trouver un pareiltrésor! Il pourroit bien mépriser à ce prix toutes les richesses du nionde; car une telle amitié contractée au nom de Dieu et jurée pour ainsi dire, entre ses mains, ne craint pas les dissimulations ni les tromperies. Tout s'y fait aux yeux de celui qui voit dans le fond des cours; et sa vérité éternelle, fidelle caution de la foi donnée, garantit cette amitié sainte des change

mens infinis dont le temps et les intérêts menacent toutes les autres. Un ami de cette sorte, fidèle à Dieu et aux hommes, est un trésor inestimable; et il nous doit être sans comparaison plus cher que nos yeux, parce que souvent nous voyons mieux par ses yeux que par les nôtres, et qu'il est capable de nous éclairer quand notre intérêt nous aveugle: c'est ce qu'il faut vous expliquer dans la seconde partie.

SECOND PO I N T.

LA science la plus nécessaire à la vie humaine, c'est de se connoître soi-même: et Saint Augustin a raison de dire qu'il vaut mieux savoir ses défauts, que de pénétrer tous les secrets des Etats et des Empires, et de savoir démêler toutes les énigmes de la nature (1). Cette science est d'autant plus belle qu'elle n'est pas seule. ment la plus nécessaire, mais encore la plus rare de toutes. Nous jettons nos regards bien loin, et pendant que nous nous

(1) De Trin. L. IV, t. VIII, p. 809.

perdons

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