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sies, soupçons, défiances, cruels bourreaux des hommes du monde, et sources de mille injustices, à quels excès les engagez-vous? Que méditez-vous malheureux, et que vous vois je rouler dans votre esprit ? Quoi! vous les allez porter vos soupçons, jusqu'aux oreilles importantes! vous méditez même de les porter jusqu'aux oreilles du Prince! Ah! songez qu'elles sont sacrées, et que c'est les profaner trop indignement que d'y vouloir porter comme vous faites, ou les injustes préventions d'une haine aveugle, ou les malicieuses inventions d'une jalousie cachée, ou les pernicieux rafinemens d'un zèle affecté.

Arrêtons-nous donc, Chrétiens , prenons garde comme nous parlons du prochain, surtout à la Cour, où tout est si important et si délicat. Ce demi-mot que vous dites, ce trait que vous lancez en passant, cette parole malicieuse qui donne tant à penser par son obscurité affectée, tout cela, dit le Sage, ne tombera pas à terre: A detractione parcite linguæ, quoniam sermo obscurus in vacuum non

ibit (1). A la Cour on recueille tout, et ensuite chacun commente et tire ses conséquences à sa mode. Prenez donc garde encore une fois à ce que vous dites, retenez votre colère maligne et votre langue trop impétueuse; car il y a un Dieu au ciel qui, nous ayant déclaré qu'il nous demandera compte à son jugement des paroles inutiles (2), quelle justice ne ferat-il

pas de celles qui sont outrageantes et malicieuses? Par conséquent, Chrétiens, révérons ses yeux et sa présence; songeons qu'il nous sera fait dans son jugement, comme nous aurons fait à notre prochain; si nous pardonnons, il nous pardonnera, si nous vengeons nos injures, « il nous » gardera nos péchés », comme dit l'Ecclésiastique (3): Peccatà illius servans servabit: sa vengeance nous poursuivra à la vie et à la mort ; et ni en ce monde, ni en l'autre, jamais elle ne nous laissera

(1) Sap. I, 11.
(2) Matt. XII, 36.

aucun repos. Ainsi n'attendons pas l'heure de la mort pour pardonner à nos ennemis; mais plutôt pratiquons ce que dit l'Apôtre : « que le soleil ne se couche pas » sur votre colère »: Sol non occidat super iracundiam vestram (1). Ce cœur tendre, ce cœur paternel ne peut comprendre qu'un Chrétien enfant de paix, puisse dormir d'un sommeil tranquille ayant le cœur ulcéré et aigri contre son frère, ni qu'il puisse goûter du repos voulant du mal à son prochain, dont Dieu prend en main la querelle et les intérêts, Mes Frères, le jour décline, le soleil est sur son penchant; l'Apôtre vous donne de loisir, et vous n'avez plus guère de temps pour lui obéir. Ne différons pas davantage une œuvre si nécessaire: hâtonsnous de donner à Dieu nos ressentimens. Le jour de la mort, Messieurs, sur lequel on rejette toutes les affaires du salut, n'en aura que trop de pressées : commençons de bonne heure à nous préparer les graces

peu

(1) Ephes. IV, 26.

qui nous seront nécessaires en ce dernier jour, et en pardonnant sans délai, assurons-nous dès aujourd'hui l'éternelle miséricorde du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

AUTRE CONCLUSION

DU MÊME SERMON,

PRÊCHÉ DEVANT LE ROI,

MAIS Si vous vous laissez gagner aux soupçons, si vous prenez facilement des ombrages et des défiances, prenez garde pour le moins, au nom de Dieu, de ne les pas porter aux oreilles importantes, et surtout ne les portez pas jusqu'aux oreilles du Prince: songez qu'elles sont sacrées, et que vous les profanez trop indignement, lorsque vous y portez, ou les inventions d'une haine injuste, d'une jalousie cachée, ou les injustes rafinemens d'un zèle affecté. Infecter les oreilles du Prince, ah! c'est un crime plus grand que d'empoisonner les fontaines publiques, et plus grand, sans comparaison, que de voler les trésors publics. Le grand trésor d'un Etat, c'est la vérité dans l'esprit du Prince et n'est-ce pas pour cela que le Roi David avertit si sérieusement en

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