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SECOND POINT.

La raison pour laquelle le Sauveur des ames nous oblige à rendre à son Père un culte spirituel, est comprise dans ces paroles de notre Evangile : « Dieu est esprit, >>et ceux qui adorent doivent adorer en »esprit (1)». En effet, puisque Dieu nous a fait l'honneur de nous créer à son image, et que le propre de la religion est d'achever daus nos ames cette divine ressemblance; il est clair il est clair que quiconque approche de Dieu doit se rendre conforme à lui; et par conséquent, comme il est'esprit, mais esprit très-pur et très-simple, qui est lui-même son être, son intelligence et sa vie; si nous voulons l'adorer, il faut épurer nos cœurs et venir à cet esprit pur avec des dispositions qui soient toutes spirituelles; c'est ce qui s'appelle, dans notre Evangile, adorer Dieu en esprit : « La prière, dit Tertullien, doit procéder »> du même esprit auquel elle s'adresse. >> Personne ne reçoit celui qui lui est op

כן

(1) Jean IV, 24.

posé personne n'admet un autre que » son semblable » : De tali spiritu emissa esse debet oratio, qualis est spiritus ad quem mittitur..... Nemo adversarium recipit: nemo nisi comparem suum admittit (1).

Je ne finirai jamais ce discours, si j'entreprends aujourd'hui de vous raconter toutes les saintes dispositions que nous devons apporter au culte sacré de Dieu. Je dirai donc seulement, pour me renfer mer dans mon texte, celles que le stile de `l'Ecriture exprime spécialement sous le mot d'esprit, qui sont la pureté d'intention, le recueillement en soi-même et la ferveur; trois qualités principales de l'adoration spirituelle.

Notre intention sera pure, si nous nous attachons saintement à Dieu pour l'amour du bien éternel qu'il nous a promis, qui n'est autre que lui-même. Vous n'ignorez pas, Chrétiens, que l'ancien peuple a été mené par des promesses terrestres, la nature infirme et animale ayant besoin de

(1) Tert. de Orat. n. 10, 11, p. 153.

cet appât sensible et de ce foible rudiment. Mais les principes étant établis, l'enfance étant écoulée, le temps de la perfection étant arrivé, Jésus-Christ vient apprendre aux hommes à servir Dieu en esprit, par une chaste dilection des biens véritables, qui sont les spirituels: Adorabunt Patrem in spiritu. « Ils adoreront le Père >>en esprit »>.

Les choses étant changées, le NouveauTestament étant établi, il est temps aussi, Chrétiens, que nous disions avec le Sauveur: Dieu est Esprit; mais cet Esprit pur nous a donné un esprit fait à l'image du sien. Cultivons donc en nous-mêmes ce qui est semblable à lui, et servons-le saintement, non pour contenter les desirs que nous inspire cette nature dissemblable, je veux dire notre corps, qui n'est pas tant notre nature que notre empêchement et notre fardeau; mais pour assurer la félicité de l'homme invisible et intellectuel, qui, étant l'image de Dieu, est capable de le servir et ensuite de le posséder en esprit.

Et c'est ici, Chrétiens, que nous ne

la

pouvons assez déplorer notre aveuglement. Car si nous faisions le dénombrement des vœux que l'on apporte aux temples sacrés, ô Dieu! tout est judaïque, et de cent hommes qui prient, à peine trouverons-nous un seul Chrétien qui s'avise de faire des voeux et de demander des prières pour obtenir sa conversion. Démentez-moi, Chrétiens, si je ne dis pas vérité. Ces affaires importantes qu'on recommande de tous côtés dans les sacristies, sont toutes affaires du monde; et plût à Dieu du moins qu'elles fussent justes, et que si nous ne craignons pas de rendre Dieu ministre de nos intérêts, nous appréhendions au moins de le faire complice de nos crimes! Nous voyons régner en nous, sans inquiétude, des passions qui nous tuent, sans jamais prier Dieu qu'il nous en délivre. S'il nous arrive quelque maladie ou quelqu'affaire fâcheuse, c'est alors que nous commençons à faire des neuvaines à tous les autels, et à fatiguer véritablement le ciel par nos vœux. Car qu'estce qui le fatigue davantage que des vœux

et des dévotionsintéressées? Alors, on com mence à se souvenir qu'il y a des malheureux qui gémissent dans les prisons, et des pauvres qui meurent de faim et de maladie dans quelque coin ténébreux. Alors, charitables par intérêt, et pitoyables par force, nous donnons peu à Dieu pour avoir beaucoup; et, très-contens de notre zèle, qui n'est qu'un empressement pour nos intérêts, nous croyons que Dieu nous doit tout, jusqu'à des miracles, pour satisfaire nos desirs et notre amour-propre. O Père éternel, tels sont les adorateurs qui remplissent nos Eglises ! O Jésus, tels sont ceux qui vous prennent pour Médiateur de leurs passions! Ils vous chargent de leurs affaires, il vous font entrer dans les intri gues qu'ils méditent pour élever leur fortune, et ils veulent que vous oubliez que vous avez dit : « J'ai vaincu le monde (1)». Ils vous prient de le rétablir, lui que vous avez non seulement méprisé, mais vaincu. Oh! que nous pourrions dire avec raison ce

(1) Jean. XVI, 33.

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