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endroit, mais le plus souvent ils n'en peuvent déceler la cause (1).

Dans l'étude de la nature vivante, il faut donc considérer deux choses, l'organisme et le milieu formant un complexe interdépendant.

Lamarck le premier a clairement conçu l'influence de ces deux éléments dans l'évolution; c'est pourquoi, à l'heure actuelle où tous les efforts des biologistes tendent à mieux connaître les conditions de la vie, l'éthologie en un mot, son nom est dans toutes les bouches. Il avait entrevu l'essence des échanges et des transformations que subissent les êtres vivants sous l'influence des circonstances où leur existence se déroule.

Examinons de plus près quelques-unes de ces circonstances capables de provoquer des variations, des changements de forme et la naissance d'espèces nouvelles. Un mot d'abord des variations brusques ou mutations.

Depuis les expériences fameuses du botaniste hollandais De Vries, qui est parvenu à rendre héréditaires une bonne douzaine de variétés de la fleur connue sous le nom d'Oenothera Lamarckiana, des faits analogues ont été rappelés en grand nombre, chez les animaux aussi bien que chez les végétaux.

Planchon a étudié la mutation de Solanum commersonii, une pomme de terre sauvage; pendant quatre années consécutives, les plantes se reproduisirent sans changement, mais elles prirent, dès la cinquième année, un aspect particulier, qui se dessina d'une manière plus marquée au cours de la sixième année, pour prendre les caractères comparables à ceux du Solanum tuberosum, la pomme de terre vulgaire. La variation ne fut donc pas tout à fait brusque, mais elle s'annonça dès

(1) Rabaud Étienne, Le transformisme et l'expérience, F. Alcan, Paris, 1911, p. 9.

la cinquième année, pour produire, pendant la sixième, des demi-mutations et quelques mutations complètes. Il existe donc, entre les deux termes extrêmes, un certain nombre d'intermédiaires.

Marchal est parvenu à produire des phénomènes analogues chez les animaux. En cultivant la Cochenille du Pêcher (Lecanium corni) sur l'acacia, il provoqua le passage brusque de cet insecte à une autre forme nettement distincte. Tout entomologiste, mis en présence de ces produits, aurait conclu à l'existence de deux espèces distinctes. Il cultiva le même insecte sur d'autres arbres, la vigne, la glycine, et produisit une série d'intermédiaires entre les deux formes premières.

Si l'on rapproche ces faits d'une foule d'autres d'observation fréquente sur le polymorphisme de certaines espèces, on arrive à cette conclusion: les variations. brusques, en apparence, seraient simplement une manifestation extérieure d'un processus interne continu. Il n'y aurait, entre ces deux catégories de variation, qu'un degré d'amplitude plus ou moins grand. Cette brusquerie de l'apparition ne serait qu'un épisode terminal d'une action lente et continue, et il faudrait simplement conclure que les variations morphologiques s'établissent plus ou moins rapidement suivant des circonstances et sous des influences le plus souvent inconnues.

Quand les conditions de vie changent rapidement, certaines espèces s'adaptent aisément à ces changements en modifiant leur forme extérieure; mais ces variations n'ont rien de durable, elles n'entraînent aucune modification héréditaire persistante, elles sont polymorphes sous l'influence du milieu.

Les cas de la Renoncule aquatique et de la Renouée amphibie sont bien connus: elles modifient entièrement l'aspect de leurs feuilles. Vivant à l'air, leurs feuilles sont larges, étalées, à limbe lisse, éclatant; elles sont

chevelues, minces, quand elles sont immergées. Le Dantec les compare au soufre qui, sans pour cela changer de composition, cristallise en rhomboèdre ou en prisme, et passe d'une forme à l'autre sans perdre pour cela aucune de ses propriétés (1).

Quand on se trouve devant un cas de mutation, il faut d'abord s'assurer qu'il ne présente pas de polymorphisme, avant de conclure à l'existence d'une réelle mutation héréditaire. Quelle est la limite entre les deux ? Quelles sont les raisons déterminantes de cette hérédité? Pourquoi telle variation passe-t-elle d'une génération à une autre, tandis que telle autre n'y passe pas ? Ce sont là autant de questions encore sans réponse, dont on poursuit la solution jusque dans les ultimes particules des cellules reproductrices.

Toutefois, une chose apparaît certaine, c'est qu'il existe, entre les deux modalités extrêmes, des degrés intermédiaires, et que la différence entre les deux n'est pas aussi marquée que certains voudraient le prétendre. Giard me paraît avoir exprimé très justement ce qu'il faut penser des mutations:

<< En examinant la question de très près, dit-il, et en pénétrant au fond des choses, il m'est impossible de trouver, dans la théorie des mutations, autre chose qu'un utile complément des doctrines lamarckiennes et darwiniennes de la variation continue... Tandis que les variations ou fluctuations peuvent être comparées à des mouvements graduels d'oscillation de part et d'autre d'une position moyenne, les mutations représenteraient autant d'états d'équilibre stable entre lesquels ne peuvent s'établir des passages continus.

» Les formes intermédiaires à ces états d'équilibre ne sont pas réalisées explicitement, parce qu'elles ne

(1) Le Dantec, La crise du transformisme, F. Alcan, Paris, 1910, p. 53.

correspondraient pas à des états de stabilité suffisante (1) ».

Puisque ces variations brusques sont soumises aux mêmes causes primordiales que les autres, nous pouvons maintenant, après avoir montré comment il faut les interpréter, aborder l'étude des autres variations beaucoup plus nombreuses, dues à l'influence du milieu cosmique.

Tout d'abord, répondons à une question préalable. Tous les organismes subissent-ils l'action d'un milieu nouveau d'une manière uniforme? Non, les organismes répondent différemment à des conditions identiques ou analogues. Les parties diverses d'un même organisme ne subissent pas de la même manière l'influence d'un même milieu. Ainsi les organismes répondent différemment aux excitants suivant leur âge. Ils sont beaucoup plus sensibles dans leur état embryonnaire et dans leur jeunesse, et, par là même, beaucoup moins résistants; c'est donc à cet âge que les causes de variation ont le plus de chances de produire des effets durables. L'organisme adulte modifie au contraire sa morphologie beaucoup plus difficilement.

Il existe même des êtres vivants, animaux et plantes, qui paraissent vraiment résister à la variation; on les qualifie alors d'organismes robustes pour les opposer à ceux qui se modifient plus facilement et qu'on appelle pour cette raison des êtres délicats.

Ces êtres robustes ne subissent-ils réellement aucun changement? Sont-ils réellement fixés dans leur forme définitive? Nullement, on veut seulement indiquer par là, qu'après avoir varié, ils reviennent plus ou moins vite à leur forme première. Ils résistent mieux que les autres aux changements de milieu, ils s'adaptent mieux à un nombre plus grand de conditions de vie.

(1) Giard, Les facteurs de l'évolution. REVUE SCIENTIFIQUE, 1889, no 21.

Quand peut-on dire qu'un être est adapté à un milieu nouveau pour lui? Qu'est-ce au fond que l'adaptation?

On entend par adaptation, le fait, pour un être vivant placé dans un certain milieu, d'avoir avec ce milieu un système d'échanges compatible avec la vie.

Un être dont le milieu ambiant vient à changer se trouve placé entre deux alternatives: la vie ou la mort. S'il résiste et continue à vivre, on peut dire qu'il s'est adapté; s'il meurt, nous concluons qu'il n'y a pas réussi. Ici encore, entre les deux extrêmes, il existe des intermédiaires; les uns supportent le changement plutôt mal que bien, et mettent beaucoup de temps à s'adapter; les autres s'adaptent au contraire facilement, et le milieu nouveau provoque chez eux des variations morphologiques qui peuvent être durables ou non, héréditaires ou non. C'est dans l'occurrence que se manifeste réellement une sélection et une survivance des plus aptes. Mais cette sélection n'est pas, comme le concevait Darwin, une cause agissante et déterminante; c'est plutôt le résultat de l'action des facteurs nombreux qui ont modifié le milieu et peuvent provoquer une variation, conséquence de l'adaptation.

Voyons maintenant ce que l'expérience a démontré de l'action de ces facteurs externes de variation, et tout d'abord, des facteurs mécaniques, tels que la compression, l'action du vent, des vagues, des courants d'eau.

Vous connaissez ces petits crustacés cirripèdes nommés Balanes, qui recouvrent les rochers littoraux et qui, dans notre pays, se rencontrent communément fixés sur l'écaille des huîtres et des moules. A l'état larvaire, ils mesurent à peine quelques dizièmes de millimètre et recouvrent le plus souvent tout un rocher comme d'un enduit. Les larves se fixent, se métamorphosent, grandissent, se gênent au fur et à mesure qu'elles s'arrondissent et se compriment mu

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