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sonnelle. Hommes et femmes, femmes surtout, se rendent souvent au marché avec leur pipe et fument même en allaitant leur enfant.

Les indigènes Lulua fument souvent le chanvre dès le matin, et l'après-midi ils sont parfois si complètement abrutis qu'il devient difficile de leur faire comprendre quelque chose.

Le noir apprend très vite à fumer le chanvre et s'attache à cet excitant. M. Sapin, ayant dû s'arrêter avec sa caravane dans un village Lulua pendant quelque temps, a vu les hommes et surtout les femmes prendre très rapidement cette funeste habitude de fumer le chanvre. Au lieu de préparer la nourriture des hommes, elles allaient en cachette fumer du chanvre dans les cases de Lulua, et on devait les ramener ivres-mortes au camp.

Il pense que malgré tous les efforts, il sera dans certaines régions difficile de vaincre cette passion du noir pour le chanvre; cela sera en tous cas une œuvre de longue haleine, car le noir est trop attaché à cet excitant pour ne pas lutter énergiquement contre celui qui voudra lui supprimer ce plaisir sensuel.

É. DE WILDEMAN.

LA PORTÉE PRATIQUE

DES

RECHERCHES D'ANTHROPOLOGIE PÉNITENTIAIRE

Le terme « anthropologie pénitentiaire » réclame quelque précision. Par recherches anthropologiques dans les prisons, il faut entendre l'étude des délinquants comprise dans son sens le plus large et s'étendant à leur hérédité, à leurs tares constitutionnelles ou morbides, à leur morphologie, à leurs acuités sensorielles, au fonctionnement de leur appareil nerveux, enfin au domaine, plus subtil mais combien plus intéressant, de la psychologie et du développement moral des délinquants.

A côté de cette analyse systématique de leur personnalité physique, fonctionnelle et morale, il convient de faire une part tout aussi large à l'étude si complexe des facteurs mésologiques et des influences sociales criminogènes. Disons tout de suite que ces recherches doivent se faire à un point de vue éclectique, seule méthode qui donne de bons résultats en anthropologie criminelle.

Mais quelle peut-être la portée pratique des recherches anthropologiques dans les prisons?

La question s'impose après le bruyant insuccès des théories lombrosiennes, car l'exagération même et la généralisation hâtive de la thèse biologique de la cri

minalité ont jeté la suspicion sur toutes les recherches de ce genre, si consciencieuses soient-elles.

Tout autant que l'engouement enthousiaste pour le dogme du criminel-né, la réaction, excessive dans son intransigeance, qui en fut la conséquence, fit marquer le pas pendant de longues années à l'observation et à la science pénitentiaires. Il semble que l'heure soit venue où, dédaignant le scepticisme et les railleries des uns, l'hostilité des autres, les travaux d'anthropologie criminelle, dégagés des vaines préoccupations d'école et cantonnés sur le terrain solide de l'observation méthodique et positive des faits, s'imposent irrésistiblement à l'attention de tous ceux que la recherche de la vérité scientifique ne saurait laisser indifférents.

C'est à la faveur de ce mouvement que nous avons vu surgir, à côté d'initiatives privées en quête d'une documentation plus ou moins complète sur l'anthropologie et la psychiatrie des délinquants, des laboratoires universitaires de criminologie dont le champ d'études varie beaucoup. Les uns, comme celui de Reiss à Lausanne et celui de Stockis à Liège, s'adressent spécialement aux recherches et à l'enseignement de la police scientifique; d'autres sont destinés à fournir aux futurs magistrats, aux avocats et aux médecins légistes les notions essentielles de l'état de délinquance; d'autres enfin, comme le laboratoire de Lacassagne à Lyon, et l'Institut médico-légal de Paris, s'attachent plus particulièrement aux travaux de médecine légale.

A Naples, à Turin, à Pérouse, en Russie, à Madrid, à Giessen notamment, existent des chaires d'anthropologie criminelle réalisant plus ou moins parfaitement l'institution universitaire préconisée récemment par le professeur Hans Gross, de Graz; son programme comprendrait, outre une série de cours, l'organisation d'une bibliothèque, d'un musée et d'un laboratoire

criminologiques et la publication d'une revue périodique.

Aux États-Unis, malgré l'appui de puissantes sociétés scientifiques et d'institutions universitaires d'anthropologie criminelle, Mac Donald n'est pas encore parvenu à réaliser son vaste projet de laboratoire gouvernemental pour l'étude des criminels et des anormaux.

Jusqu'en ces dernières années, les administrations pénitentiaires étaient demeurées réfractaires à l'organisation de recherches systématiques d'anthropologie dans les prisons. On peut signaler, il est vrai : en Espagne, l'École de Criminologie de la prison de Madrid, où les fonctionnaires des établissements pénitentiaires reçoivent un enseignement comportant des notions générales de droit pénal, de psychologie, de pédagogie des anormaux et un cours d'anthropologie générale et criminelle; en Italie, dans les institutions réservées aux délinquants mineurs, des cabinets d'anthropométrie et de psychologie pédagogiques; en Allemagne, dans les grands centres pénitentiaires, des sections d'observation psychiatrique. Mais il n'existe pas à vrai dire, en ces différents pays, de laboratoires pénitentiaires ayant en vue d'organiser d'une manière méthodique des recherches d'anthropologie criminelle chez les délinquants en vue de déterminer les conditions de leur traitement physique et moral en prison.

Cette conception nouvelle des études de criminologie intéressait vivement l'administration pénitentiaire de notre pays. La Belgique n'eût-elle pas toujours à hon

neur d'instaurer en cette matière les réformes utiles et pratiques, telles que l'organisation du travail dans les prisons, le système cellulaire, le service de la comptabilité morale des détenus, etc., elle se devait d'être la première à créer un laboratoire de recherches anthropologiques chez les délinquants.

L'initiative de M. Renkin, alors Ministre de la Jus

tice, instituant un laboratoire d'anthropologie pénitentiaire à la prison de Bruxelles (Minimes), sur la proposition de M. Gonne, Directeur général des Prisons et de la Sûreté publique, fut unanimement applaudie par la presse scientifique et politique et par les sociétés de criminologie de tous les pays.

Transférée aujourd'hui à la nouvelle prison de Forest, la nouvelle institution pénitentiaire fut définitivement organisée par arrêté royal, en date du 13 novembre 1910, à la suite d'un rapport adressé au Roi par M. De Lantsheere qui avait succédé à M. Renkin au Ministère de la Justice; la méthode de recherches qu'elle consacre vient de recevoir l'adhésion unanime des nombreux criminalistes étrangers, réunis à Cologne à l'occasion du VII Congrès d'anthropologie criminelle (octobre 1911).

Il serait injuste de ne pas signaler, dans le même ordre d'idées, l'institut de criminologie que dirige le Professeur Ingegnieros au Penitenciaria nacional de Buenos-Aires; quoiqu'orientées plus spécialement vers le domaine de la psychologie criminelle, les recherches de cette institution ont aussi pour objectif d'inspirer le traitement moral et intellectuel des détenus. Ajoutons aussi qu'en Angleterre une enquête médicale, organisée sous les auspices de la Commission des Prisons, a porté sur trois mille délinquants condamnés à des peines de trois ans et plus; ses résultats seront publiés ultérieurement. Enfin, pour terminer cette revue sommaire des institutions universitaires et pénitentiaires d'anthropologie criminelle, citons la note suivante que la presse scientifique française a accueillie avec faveur:

« Le garde des sceaux vient de décider la création d'un laboratoire d'anthropologie criminelle dont l'organisation a été plusieurs fois demandée au Parlement, et qui constituera une véritable Clinique du délit. En vue de rechercher les conditions pratiques dans les

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