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respirent. La forme marine, en passant dans l'eau douce, augmentait considérablement de taille, et un neuvième segment s'ajoutait à l'abdomen.

On a observé des transformations analogues sur les poissons. L'Épinoche d'eau douce a environ 5 centimètres de long, son dos porte trois épines très aiguës et elle est revêtue de 5 plaques cuirassées sur ses faces latérales. Quand on la transporte dans l'eau de mer, sa taille augmente, atteint huit centimètres, les plaques écailleuses se multiplient, et les épines deviennent plus fortes.

La constatation de ces faits tourna naturellement l'attention des naturalistes vers l'étude des animaux littoraux. On se demanda si tous les animaux étaient capables de subir des changements de milieu, et quelles étaient les conditions les meilleures pour les réaliser.

L'observation des phénomènes naturels donna de suite des réponses satisfaisantes. On remarqua que certains groupes d'animaux supportent parfaitement le passage brusque de l'eau douce à l'eau de mer; les insectes, les crustacés, les poissons, grâce à la structure des parois de leur corps, résistent très bien à l'action du sel. On a trouvé des hydrophiles, des notonectes très loin en mer, et très vigoureux. Les animaux mous, tels que les tuniciers, les mollusques sont moins résistants et succombent généralement quand, à la suite d'une tempête, d'une inondation, ils sont jetés brusquement dans les mares d'eau douce, ou dans l'océan. Le passage, pour s'opérer dans de bonnes conditions, doit se faire lentement et progressivement.

C'est d'ailleurs ce qui se passe quotidiennement dans la nature de la mer à la rivière, la salaison progressive existe à l'embouchure, dans les eaux saumâtres où les animaux, par un va-et-vient continuel, peuvent s'habituer sans danger grave pour leur vie. N'existe-t-il

pas d'ailleurs des poissons qui passent périodiquement de l'un à l'autre milieu à l'époque du frai? Le saumon remonte en eau douce, jusque dans les montagnes, pour aller frayer, tandis que, en sens inverse, l'anguille descend les fleuves pour gagner les bas fonds du golfe de Gascogne ou de l'océan sur les côtes d'Écosse ou d'Irlande.

A la suite d'un passage brusque, la mort survient par soustraction ou addition d'une trop grande quantité d'eau à l'intérieur des tissus. Mais ce que les adultes peuvent supporter en ce genre, les oeufs le peuvent-ils ?

Oui, le plus souvent, à condition qu'il se soit écoulé un laps de temps suffisant pour permettre l'établissement d'un nouveau système d'échanges organiques entre les liquides internes du corps et l'eau extérieure. Dans ces conditions, les œufs ont pu subir, à l'intérieur du corps, une préparation progressive.

Il y a quelque quarante ans déjà que le professeur Plateau de Gand en a fait la démonstration, en se servant de la toute petite crevette d'eau douce, l'Asellus aquaticus, commune dans tous nos ruisselets. Paul Bert fit de même avec les Daphnies. Ils parvinrent à leur faire supporter, pendant quarante-cinq jours, une solution de sel à 1 1/2 pour %. Les animaux adultes moururent, mais ils avaient pondu entre temps, les œufs se développèrent, et les jeunes s'adaptèrent au nouveau milieu.

Après avoir constaté les faits, on a essayé différentes explications des variations de forme qui sont ainsi sur

venues.

La première et la plus simple consiste à dire que le protoplasme, pareil à une membrane perméable, laisserait passer seulement l'eau et arrêterait les sels qui y sont dissous. L'eau intervient, en effet, dans la constitution du protoplasme vivant dans des proportions qui

varient de 70 à 98%, suivant les espèces. On comprend facilement que la quantité d'eau libre dans l'organisme contribuera à lui faire supporter un changement brusque, suivant qu'il se déshydratera ou s'hydratera plus ou moins vite. Les animaux à peau nue résistent moins bien en général. L'anguille est un excellent sujet d'expérience pour le démontrer. Quand on lui laisse le mucus glaireux qui est sécrété par la peau, elle passe indifféremment de la rivière à la mer; mais dépourvue de sa mucine, elle succombe rapidement. Les arthropodes, à cause de leur manteau de chitine, résistent admirablement; les infusoires, par contre, meurent après une demi-heure, ratatinés et déshydratés.

L'eau est donc un facteur essentiel et important de la vie, chacun le sait; mais il ne faut pas toutefois exagérer son importance, ni croire qu'on doive négliger les sels qui y sont dissous, comme facteurs d'adaptation et de variation morphologique.

Un grand nombre d'êtres, d'ailleurs, résistent admirablement à la dessiccation; les oeufs de tous les êtres qui vivent dans des mares desséchées pendant plusieurs mois de l'année, sont bien, il est vrai, arrêtés dans leur développement pendant ce laps de temps; mais, replacés dans l'eau, ils sortent de leur engourdissement pour évoluer rapidement.

La composition chimique de l'eau joue aussi un rôle très important, établi par une foule d'expériences qui démontrent que l'osmose seule est insuffisante à assurer les échanges, et qu'on aurait tort de considérer la substance vivante comme une membrane inerte.

La substance vivante a, au contraire, des affinités très variées et très spéciales, suivant les individus, pour telle ou telle substance chimique. On sait aujourd'hui que le milieu aqueux, pour suffire à la vie, doit être un mélange en proportions variables de sels de sodium,

de potassium, de calcium et de beaucoup d'autres sub

stances encore.

C'est d'ailleurs ce que les botanistes, les agronomes ont démontré depuis longtemps, dans leurs recherches sur les engrais chimiques; il suffira de rappeler ici les travaux de Molliard, pour démontrer que le développement de l'individu ne dépend pas seulement d'un simple changement de pression osmotique.

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Nous avons étudié jusqu'ici des animaux ou des plantes aquatiques; examinons maintenant quelques êtres terrestres ou aériens, et nous verrons ici encore le rôle de l'eau, de l'état hygrométrique, intervenir comme facteur très actif de. variation.

Les effets de la sécheresse et de l'humidité retentissent de manière très sensible sur l'aspect extérieur des êtres vivants. Les Botanistes ont particulièrement poussé cette étude, parce que les végétaux sont un matériel facile et donnent des résultats facilement analysables, tout en étant de portée générale. On a remarqué, depuis longtemps, l'abondance des plantes à piquants dans les régions où règnent un climat sec et une lumière vive. L'idée d'une corrélation entre ces faits vint naturellement à l'esprit, et c'est ce que démontra Lothelier dans un travail devenu classique. Il cultiva 18 espèces de plantes dans les conditions normales de leur habitat et comparativement dans une atmosphère humide. Sous la simple influence d'une trop grande humidité, il vit les plantes perdre peu peu leurs piquants, suivant deux modes distincts. Les piquants n'ont pas, en effet, la même origine; les uns proviennent de la transformation d'une feuille ou d'un rameau, les autres d'un organe accessoire comparable aux stipules. Ces derniers disparurent tout simplement, les autres reprirent leurs formes primitives; les épines provenant de rameaux s'allongèrent en pousses feuillues ou en feuilles, qui

à

prirent même une forme s'acheminant vers celle des feuilles submergées.

On observe pourtant parfois des piquants dans une atmosphère humide; c'est que l'anhydrobiose, la pénurie d'eau, se fait sentir dans l'intérieur des tissus de la plante, par suite d'une accumulation trop grande de sels ou de substances analogues. Malgré l'humidité de l'air ambiant, la plante, dans ces conditions, manque d'eau dans ses tissus. Molliard a réalisé expérimentalement cet état, en nourrissant des plants d'ajonc avec du sucre en solution à 5, à 10 et à 15°. Dans les deux premières solutions, la croissance fut activée, et en même temps, sans déperdition d'eau, les piquants se multiplièrent et la chlorophylle s'accumula, tout comme pendant une période de sécheresse. Cette sécheresse était interne et provenait de l'accumulation du sucre dans les tissus, aboutissant, au point de vue des échanges, à jouer, dans l'économie, le même rôle qu'une disette d'eau.

Chez les animaux, l'état hygrométrique de l'air explique, d'une manière très simple, certains phénomènes que l'on attribue généralement à l'instinct. Les escargots aiment l'humidité, chacun sait cela, ils ne sortent de leur coquille et ne cheminent le plus souvent qu'après la pluie ; certaines espèces suivent l'humidité partout, dans tous les endroits où elle dure le plus en temps de sécheresse; d'autres ne prennent pas cette précaution et restent fixés à l'endroit où la sécheresse les surprend, sur un mur ou sur une branche. Ils bouchent l'ouverture de leur coquille par une mince membrane pour résister à l'évaporation, se retirent au fond de leur demeure et attendent patiemment des temps meilleurs. Quand ils se dessèchent, ils se terrent; quand ils s'hydratent, ils cheminent !

Prenons quelques-uns de ceux qui sont, en apparence, desséchés, et plaçons-les sous une cloche saturée

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