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(TRENTE-SIXIÈME ANNÉE; TOME LXXII DE LA COLLECTION)

LOUVAIN

SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE

(M. J. Thirion)

11, RUE DES RÉCOLLETS, II

1912

Quelques faits de Transformisme expérimental (1)

Il s'est opéré, depuis une dizaine d'années environ, un revirement complet dans l'attitude des biologistes vis-à-vis des principales théories qui essayent de nous rendre compréhensibles l'origine des espèces et l'enchaînement des formes vivantes.

Les faits d'expérience, qui s'accumulent tous les jours, dévoilent les transformations et les variations que subissent rapidement tous les êtres vivants quand on change leurs conditions d'existence, et démontrent, à n'en pouvoir plus douter, la réalité d'un certain transformisme. On parle néanmoins, surtout dans les milieux matérialistes, de la crise du transformisme; on devrait plutôt dire de la crise du Darwinisme matérialiste. On ne peut plus en effet ouvrir un livre traitant des questions d'hérédité, d'évolution, sans y trouver des critiques, parfois très amères, des doctrines darwiniennes, de la sélection naturelle, de la lutte pour la vie, de la survivance du plus apte.

On est unanime à reconnaître que ces prétendues lois et ces principes, appelés à remplacer jusqu'à l'idée du Créateur par des causes naturelles, ont fait une faillite presque complète. Leur rôle a été réduit à très peu de chose; et devant cet échec, devant cette impuissance, un grand nombre sont restés ahuris et désorientés.

(1) Conférence faite à l'assemblée générale de la Société scientifique, el 16 avril 1912.

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Comment cela s'est-il produit? Pourquoi mépriset-on aujourd'hui des arguments qui paraissaient hier encore irrefutables? - Les faits ont-ils changé ? Les réfutations ont-elles été plus convaincantes? Les expériences ont-elles trompé l'attente de ceux qui les ont entreprises et conduites? Toutes ces raisons pourraient être invoquées, et il serait aisé de répondre à ces questions par l'affirmative.

En effet, Darwin et ses continuateurs ont eu une conception vague de l'évolution et du transformisme. Ils ont émis, pour expliquer un très grand nombre de faits, des hypothèses qu'ils n'avaient pas pris la peine de vérifier, et même qui n'étaient pas vérifiables. Ils ont accumulé les interprétations ingénieuses, certes, en tenant compte des tendances et des opinions de l'époque; mais ils n'ont jamais tenté de trouver à leurs hypothèses un appui expérimental.

Il faut toutefois leur reconnaître le mérite d'avoir indiqué les faits sur lesquels l'expérience devait s'exercer, d'avoir soulevé les questions à éclaircir et d'en avoir donné des solutions, tout erronées qu'elles soient.

Elles étaient erronées en effet, mais l'expérience tarda pendant un demi-siècle à le démontrer.

Après cinquante années d'efforts pour établir les doctrines darwiniennes, on est obligé de revenir enfin à une autre doctrine antérieure de cinquante ans à celle de Darwin. La tendance actuelle est bien caractérisée par Gaston Bonnier :

Un siècle a passé aujourd'hui depuis l'apparition de l'œuvre de Lamarck, un demi-siècle depuis celle de l'œuvre de Darwin; maintenant quelles sont les conclusions que fournissent l'examen attentif des faits, et les expériences entreprises? Des milliers de chercheurs dont l'ardeur première a été, il faut le reconnaître, suscitée bien plus par Darwin que par Lamarck, ont

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