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Plus tard, Tullus y transporta les gentes d'Albe; et ce mélange d'Étrusques et d'Albains s'organisa en une tribu, Luceres, qui prit son nom ou de la ville même, Lucerum, ou du chef étrusque, Lucumo. Pour nous, nous inclinons à cette dernière étymologie.

Sur ce dernier point, nous cussions même désiré que M. Niebuhr eût marqué avec plus de fermeté le caractère étrusque de la troisième tribu; car c'est par elle que, dès son commencement, avant l'arrivée des Tarquins, Rome mêla à ce qu'elle avait de latin et de mœurs sabines un élément étrusque.

Quoi qu'il en soit, les solutions historiques de M. Niebuhr nous paraissent excellentes et avoir trois grands avantages : 1o de laisser au Latium la priorité d'origine et d'influence; 2o de donner aux Sabins une juste prépondérance dans la formation de la chose romaine, prépondérance sur laquelle s'accordent les traditions, et qui aurait été impossible si les Sabins avaient eu affaire à une colonie étrusque, modelée sur sa métropole, et qui, dès le principe, se serait enfermée dans une imitation rigoureuse; 3° de rendre compte de tout ce que les institutions romaines ont pu emprunter à l'Étrurie, sans que pour cela elle étouffe le génie latin et romain ; l'élément étrusque vient en tiers s'ajouter à un petit État déjà constitué; il pourra le fortifier et l'influencer, mais non le dénaturer et l'absorber.

L'opinion définitive de M. Niebuhr a encore le mérite de concorder avec les traditions et les historiens; elle les explique, les améliore, mais sans les contredire d'une matière tranchée fortune excellente pour la critique moderne, de pouvoir, sous la lettre de l'antiquité, susciter un esprit original et nouveau.

M. Niebuhr est d'accord avec Denys d'Halicarnasse sur les Sicules et les Aborigènes. (Antiquitatum roman., L. I, c. Ix, p. 24 et 25, édit. Reiske.)

Il se rapproche tout à fait de Tite-Live, qui s'exprime

ainsi sur les trois tribus : « Eodem tempore et centuriæ tres « equitum conscriptæ sunt, Ramnenses ab Romulo, ab Tito « Tatio Titienses appellati. Lucerum nominis et originis « causa incerta est. Inde non modo commune, sed concors « etiam regnum duobus regibus fuit. » (Livius, lib. I, cap. XIII.) « Dans le même temps (après la paix avec Tatius), ou «forma trois centuries de chevaliers; la première s'appela « Ramnenses, du nom de Romulus; la seconde, Titienses, « du nom de Titus Tatius. On ignore l'étymologie de Luce«res, nom de la troisième. De cette façon, les deux chefs a eurent paisiblement en commun le pouvoir et la domi

<< nation. >>

Enfin, je ne sais si je m'abuse, mais cette triple origine de Rome, je la retrouve dans Virgile. Ce beau génie était profondément versé dans l'archéologie nationale; rien dans ses poëmes n'est jeté au hasard, ni donné à l'industrie et à la nécessité des vers tout est traditionnel, archéologique, vraiment national. Dans ses Géorgiques, quand il a décrit les charmes et les douceurs de la vie agricole, il revient aux souvenirs de la patrie :

«Hanc olim veteres vitam coluere Sabini;

<< llanc Remus et frater: sic fortis Etruria crevit :
« Scilicet et rerum facta est pulcherrima Roma,
<< Septemque una sibi muro circumdedit arces. »

(Georgicon, lib. II, v. 532.)

« Ainsi dans les anciens jours vivaient les vieux Sabins ; <«< ainsi Rémus et son frère : voilà comment a grandi la forte « Étrurie : c'est de cette façon que Rome est devenue la « plus belle des cités, et qu'elle a su enfermer les sept col<< lines dans ses murailles et dans l'unité romaine. >>

N'y a-t-il pas là la réunion successive des trois éléments de la chose romaine?

« Hanc olim veteres vitam coluere Sabini. »

Voilà les Sabins.

« Hanc Remus et frater.

Voilà les habitants primitifs de Rome, Pélasges et Aborigènes.

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« Scilicet et rerum facta est pulcherrima Roma,
<< Septemque una sibi muro circumdedit arces.

Enfin Rome se constitue, et enveloppe les sept collines de ses murailles et de son unité.

Pour ma part, il m'est impossible de ne pas donner à ces vers un sens profondément historique: sous des trésors d'élégance, d'harmonie, de beauté et de politesse, Virgile cachait un génie naïf, amant des traditions et tout à fait archaïque. En vain quelques critiques ont voulu nous le faire. voir comme entièrement envahi par les idées et l'esprit de son temps; non, bien différent d'Horace, il aime surtout la nature simple et les temps primitifs : c'est pour les chanter qu'il est poëte. Seulement il ne refusera pas d'emprunter à un siècle poli l'élégance du langage. Il ne saurait retrouver la lyre d'Orphée; il rougirait de celle d'Ennius. Pur de ces affectations puériles qui nuisent parfois à Salluste et à Lucrèce, il chante avec la langue de tous, qu'il porte à son comble de perfection et de fini, et sa muse, à la fois originale et populaire, reste comme le type immortel de la poésie pour les temps de politesse et de civilisation.

FIN.

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