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* Mts. de Ledieu.

Mais les décrets d'ALEXANDRE VII et d'InnoCENT XI émanés du tribunal de l'inquisition, n'étoient point et ne pouvoient pas être reçus en France. Cependant les Protestans se prévaloient du silence de l'Eglise Gallicane, pour lui reprocher l'espèce d'indifférence avec laquelle elle laissoit violer les principes les plus sacrés de la morale évangélique. Plusieurs évêques de France avoient à la vérité opposé des censures sévères à ces coupables excès; mais ces décisions particulières et isolées ne pouvoient avoir autant de force et d'autorité, qu'une censure prononcée au nom de l'Eglise de France toute entière.

Aussitôt que Bossuet vit l'assemblée de 1682 en activité, il proposa l'établissement d'une commission chargée spécialement de l'examen de la morale. L'assemblée applaudit unanimement à un projet si digne d'elle; et M. de Harlay luimême plaça Bossuet à la tête de cette commission.

*

Il s'occupa aussitôt à recueillir toutes les propositions qui méritoient d'être censurées. Il les vérifia lui-même dans les auteurs dont elles étoient extraites; il traça un plan où toutes les matières se trouvoient classées suivant l'ordre des préceptes du Décalogue; il plaça sous chacun de ces préceptes les propositions des casuistes qui leur étoient contraires; et il attacha à chaque

proposition les notes et les qualifications qu'il présumoit devoir être énoncées dans la censure.

Il fit plus; il composa pour l'instruction des membres de l'assemblée plusieurs traités particuliers sur les points les plus importans, que les casuistes s'étoient efforcés d'obscurcir par leurs déplorables subtilités. Ce fut dans cette vue, et en cette occasion qu'il composa son traité sur l'usure, où il établit dans huit propositions, la doctrine de l'Eglise sur cette matière; les principes des probabilistes furent discutés et réfutés dans un autre traité. Il donna sur l'amour de Dieu des règles et des maximes qui rappeloient aux Chrétiens l'obligation que leur impose ce précepte, le premier, le plus saint et le plus naturel de tous les préceptes.

A l'exemple du concile de Trente, il joignit à la censure des propositions des chapitres de doctrine où il exposoit les principes et les règles, que la parole de Dieu et la nature même prescrivent sur les devoirs les plus essentiels de la vie chrétienne et sur toutes les parties de la morale.

Ce grand travail étoit précédé d'une préface, où il en développoit tout le plan, et en démontroit la nécessité; il avoit fait entrer dans cette préface les plus magnifiques éloges de l'Eglise

*Le 6 mars 1682.

romaine, et des papes ALEXANDRE VII et INNOCENT XI, qui avoient déjà porté de pareilles censures (1)

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Bossuet avoit si bonne opinion du zèle d'INNOCENT XI pour l'honneur de la religion et de l'Eglise, qu'il aimoit à se persuader, que les divisions actuelles du saint Siége et de la Cour de France n'empêcheroient pas le Pape de donner la sanction de son autorité à une censure qui seroit reçue avec applaudissement dans toutes les parties de l'Eglise. C'étoit dans cette confiance qu'il écrivoit à Rome au théologien du cardinal d'Estrées * (M. Dirois): « Vous pouvez être cer» tain que nous irons très-modérément, tâchant » de parler de sorte que le saint Siége puisse >> confirmer ce que nous ferons, et changer en >> bulles les décrets de l'Inquisition, dont l'auto» rité, comme vous savez, ne fait point loi ici; » de sorte que notre intention est de préparer » la voie à une décision, qui nous donne la paix ici, et y affermisse éternellement la règle des.

» mœurs ».

La commission du clergé avoit déjà examiné et approuvé toutes les parties du plan de Bossuet;

(1) On trouve tout ce travail de Bossuet pour l'assemblée de 1682, dans le tome 11 de ses OEuvres posthumes, et tom. VII, édit. de Versailles, p. 257 et suiv.

il étoit prêt à en faire le rapport à l'assemblée; et la censure alloit être portée, lorsqu'elle reçut ordre de se séparer le 29 juin 1682.

On ne peut que se livrer à des conjectures sur les motifs qui portèrent Louis XIV à rompre si brusquement une assemblée qui avoit si bien mérité de l'Eglise, du Roi et de la France: on attribua dans le temps cette résolution imprévue aux représentations du cardinal d'Estrées, chargé alors des affaires de France à la Cour de Rome.

Ce ministre fit valoir avec beaucoup d'art toutes les considérations qui devoient inviter le Roi à se renfermer dans les mesures de modération et de fermeté qu'il s'étoit prescrites, et qui avoient si heureusement rempli toutes les vues de sa sagesse, et tous les intérêts de sa politique.

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Le droit de Régale, étendu sur toutes les Egli

du royaume avec l'aveu et le consentement du clergé lui-même, la Déclaration de l'assemblée sur la puissance ecclésiastique, le dévouement entier et absolu de toute l'Eglise de France à un monarque dont elle connoissoit l'amour sincèré pour la religion, le concert de tous les ordres du royaume pour le maintien de sa dignité et des justes droits de sa couronne, tout avertissoit l'Europe, et Rome en particulier, qu'un

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prince qui avoit rempli tous ces grands objets avec autant de sagesse que de bonheur, n'avoit rien à redouter des ennemis ou des envieux de sa

puissance.

Louis XIV avoit voulu se défendre contre INNOCENT XI: mais il n'avoit jamais eu la pensée ni de l'attaquer, ni de l'humilier. Il étoit au contraire pénétré de respect pour les droits légitimes du saint Siége, et pour les vertus du pontife qui y étoit placé; et le cardinal d'Estrées n'eut pas de peine à lui persuader qu'après avoir montré avec tant d'éclat toute l'étendue de son pouvoir, il étoit digne de sa piété de s'arrêter avec l'Eglise Gallicane elle-même à ces bornes saintes et vénérables qu'elle venoit de replacer sur leurs antiques fondemens. Le cardinal ajoutoit qu'il étoit à craindre que l'assemblée ne se livrât peutêtre par excès de zèle à de nouvelles discussions qui acheveroient d'aigrir le Pape et ses conseils, et qu'il paroissoit plus convenable à la dignité du Roi d'abandonner au cours ordinaire des négociations les différends qui restoient encore à régler entre les deux puissances.

Ces considérations paroissoient plausibles, et elles se trouvoient conformes aux principes et aux sentimens habituels de Louis XIV.

Il paroît aussi, si l'on en croit l'abbé Ledieu,

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