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groupées dans le temps autour d'une phase principale qu'elles annoncent et prolongent.

Telles sont, semble-t-il, les règles fondamentales de la tectonique rationnelle.

Essayons de les appliquer à la revision de quelques coupes classiques, sans nous laisser impressionner par l'apparentes implicité de celles-ci, qui dans bien des cas. s'est montrée décevante.

Relisons plutôt les conclusions par lesquelles M. P. Termier terminait en 1907, à Liége, une étincelante conférence sur la synthèse géologique des Alpes (1). Et souvenons-nous qu'Henri Poincaré a écrit : « ... Qui nous dit que ce que nous croyons simple ne recouvre pas une effroyable complexité ? »> (2).

L'orientation des poussées orogéniques dont le jeu a déformé nos terrains primaires est manifeste. A lui seul le charriage du bord Nord du Bassin de Dinant par-dessus la bordure Sud du Bassin de Namur suffit à la faire reconnaître.

Enregistrons cette première donnée du problème. Dans l'ensemble les poussées ont été dirigées du Sud vers le Nord, à peu de chose près. D'autre part, les indications fournies tant par les sondages du Midi du Hainaut que par la fenêtre de Theux nous permettent de considérer que l'amplitude du charriage est de l'ordre de la dizaine de kilomètres. J'ai dit précédemment que M. Fourmarier considère le chiffre de 50 kilomètres comme un minimum. C'est là une seconde donnée d'importance fondamentale. Ajoutons que, parmi les innombrables coupes relevées dans le Bassin de Dinant ou dans l'Ardenne par les observateurs les plus divers, il est impossible d'en trouver une

(1) Deux conférences de Géologie alpine. Paris, Béranger, 1910. Voir aussi : A la gloire de la Terre, 2o édition, Paris, 1924.

(2) Science et Méthode, p. 10.

IVe SÉRIE. T. VII.

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seule qui se puisse accommoder de l'existence de failles d'étirement.

En possession de ces éléments nous pouvons aborder le problème tectonique dans toute son ampleur.

Du point de vue mécanique, il est évident que dans leur ensemble, le Bassin de Dinant et la zone anticlinale de l'Ardenne, y compris le synclinal de l'Eifel et l'anticlinal de Givonne, ont travaillé à la compression. Ils ont été enserrés entre une résistance située au Nord et une puissance représentée par de formidables poussées venant du Sud.

Le déversement des plis vers le Nord est d'une netteté idéale dans la Vallée de la Meuse entre Haybes et Charleville, ainsi qu'en font foi les photographies publiées J. Gosselet en 1888. Les belles études de M. Ét. Asselpar berghs sur le Synclinal de l'Eifel ne laissent aucun doute à ce sujet, l'allure la plus caractéristique étant celle de plis isoclinaux à plongement Sud, et le déversement des autres plis étant tout à fait général.

La partie de l'Ardenne que les agents d'érosion ont libérée de sa couverture mésozoïque offre donc, jusqu'à sa lisière méridionale, tous les caractères d'une région déformée par de puissantes sollicitations dirigées vers le Nord. L'arrière-pays dont l'avancée a provoqué ces déformations doit donc, de toute nécessité, se trouver sous le bassin de Paris, où sa présence se trahit d'ailleurs par l'existence de plis posthumes.

D'autre part, la bande houillère de Haine-SambreMeuse n'a pu être affectée que par des efforts transmis, non sans perte, par son Hinterland ardennais. La constitution de celui ci nous interdit de le considérer comme une masse rigide et indéformable; tout nous indique qu'il a subi lui-même, du fait des poussées orogéniques qui l'affectaient, des déformations capables d'absorber de très grandes quantités d'énergie mécanique. Les sollicitations qui ont déterminé les dislocations si compliquées

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de la bande Haine-Sambre-Meuse ne sont donc qu'une réplique atténuée de celles qui ont agi sur la région méridionale, c'est-à-dire sur l'Ardenne des géographes et le Bassin de Dinant.

De ces considérations si suggestives, rapprochons les résultats des sondages pratiqués dans le Midi du Hainaut. Ceux-ci ont montré que la Faille du Midi s'enfonce profondément vers le Sud, tout en offrant des allures plus ou moins harmoniques de celles des terrains qui la surmontent. Elle à tous les caractères d'une importante surface de charriage, plissée par des poussées orogéniques tardives (1) et jusqu'ici aucune évaluation de son rejet réel n'a pu être tentée.

De l'ensemble de ces faits on voit se dégager les deux branches d'un dilemme: ou bien l'ensemble de l'Ardenne est déraciné et a transmis les poussées à la manière des wagons d'un train mû par une locomotive placée en queue, ou bien il a fonctionné comme un accumulateur d'énergie mécanique, un ressort par exemple, capable de se détendre par décompression d'une seule de ses extrémités, l'autre demeurant immobile dans son encastrement.

La seconde de ces propositions, incompatible avec tout ce que nous apprennent les coupes régionales, semble parfaitement inadmissible. Il est assurément permis de faire appel à de semblables mouvements de détente, mais je ne pense pas que personne les ait jamais invoqués sérieusement pour expliquer un charriage ayant couvert des dizaines de kilomètres.

Le Bassin de Dinant, ni plus ni moins que la HauteArdenne, ne peut d'ailleurs être considéré comme un bloc d'un seul tenant. Il est extrêmement probable que l'un et l'autre sont traversés de bout en bout par d'importantes cassures longitudinales qui ne sont autre chose

(1) Cfr. A. Renier, Les gisements houillers de Belgique, chap. X, .A.M.B., t. XX, 1919, p. 920 seq. et pl. V.

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que des surfaces de charriage. Je tâcherai de l'établir pour le Bassin de Dinant dans la dernière partie de cet exposé. Pour le synclinal de l'Eifel, c'est chose faite. Les minutieux travaux de levé qu'a faits M. Ét. Asselberghs, l'ont conduit à reconnaître l'existence d'une importante zone failleuse cisaillant la bordure méridionale de cette cuvette ou, plus exactement, de cette bande de plis isoclinaux déversés vers le Nord. Cette ligne de dislocation a pu être suivie depuis les environs de Martelange, à la frontière grand-ducale du Luxembourg, jusqu'à la vallée de la Vrigne, à deux lieues de CharlevillePlus loin elle disparaît sous les terrains mésozoïques du Bassin de Paris. L'Anticlinal de Givonne qui borde au Sud le Synclinal de l'Eifel est charrié sur la bordure méridionale de celui-ci (1), et l'importance du rejet vers le Nord atteindrait, d'après M. Asselberghs, une valeur minimum de dix kilomètres.

A elle seule cette acquisition nouvelle suffit à nous faire renoncer à voir dans le Bassin de Dinant et dans l'Ardenne, un bloc massif d'un seul tenant : elle porte par le fait même au maximum l'improbabilité d'une détente de l'ensemble par décompression. Brisé, un ressort à lames est hors de service.

Reste la seconde branche du dilemme le charriage de toute la masse de l'Ardenne vers le Bassin de Namur. A vrai dire, il n'est pas besoin d'un bien long plaidoyer pour la faire admettre. Il semble plutôt que ce soient les opinions adverses qui se trouvent pour le moment fort mal en point.

Limité au Nord par une surface de charriage à grand rejet, flanqué à l'Ouest d'une région sans racines, reconnue par sondages, déraciné aussi à l'Est comme le montre la fenêtre de Theux, bordé au Midi par la zone

(1) Et. Asselberghs, Sur l'existence d'une Faille de charriage en Ardenne française, C. R. Ac. Sc., Paris, t. 179, 1924, p. 279.

anticlinale de l'Ardenne dont la lisière méridionale est chevauchée par l'Anticlinal de Givonne, le Bassin de Dinant est complètement encerclé par des nappes charriées ; peut-on raisonnablement le considérer comme en place?

Si l'on tient compte de la direction des poussées, qui toutes se sont exercées dans le même sens et, à peu de chose près, dans la même direction, la réponse à cettǝ question ne fait aucun doute le Bassin de Dinant est déraciné et charrié dans son entier. Il ne peut être luimême qu'une nappe, ou, plus vraisemblablement, qu'un paquet de nappes.

Cette conclusion peut être illustrée par une comparaison fort simple. Avec une locomotive, placée en tête d'un train d'une certaine longueur, on peut réaliser un démarrage assez lent et assez doux pour que le premier wagon parcoure un certain trajet, proportionnel à la capacité d'allongement des liaisons, sans que le fourgon de queue soit entraîné. Mais avec une locomotive placée en queue, pour déplacer le premier wagon il faut faire avancer le train tout entier.

Poussé par l'arrière, le Bassin de Dinant a été superposé à l'avant, et, sur au moins dix kilomètres de largeur, au Bassin de Namur. Il a donc été tout entier charrié vers le Nord, il est sans racines.

Comme, d'autre part, la bande houillère HaineSambre-Meuse, erronément appelée Synclinal de Namur, n'est autre chose qu'une pile d'écailles, que la bande Silurienne du Condroz est une zone failleuse et qu'un important charriage existe dans l'extrême Sud de la région paléozoïque, le tronçon de l'ancienne chaîne hercynienne qui forme l'Ardenne des géologues nous apparaît comme un pays de nappes.

Il importe de se souvenir que la Géologie, étant une science d'observation, n'admet pas sans méfiance les

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